Parker Dains a écrit une lettre de protestation à l'éditeur jeunesse ABDO Publishing en se plaignant de la mention « pour garçon », trouvée en quatrième de couverture du The Baddest Book of Bugs (Le Grand livre sur les insectes).
Le 03/12/2014 à 16:02 par Cécile Mazin
Publié le :
03/12/2014 à 16:02
freeparking :-| CC BY 2.0
Que faire si, après avoir lu un livre très apprécié, on s'aperçoit qu'il dispose d'une mention qui indique une distinction de genre ? Écrire à l'éditeur pour exprimer sa déception par rapport à cette découverte injuste est une option. C'est exactement la réaction de Parker Dains, une jeune lectrice de Milpitas, en Californie, quand elle a découvert que son livre sur les insectes faisait partie d'une collection nommée « Biggest, Baddest Books for Boys » (« Les Grands livres pour les garçons »).
« Cela m'a rendu vraiment triste » — a déclaré Parcker Dains au journal local de sa ville. « J'ai pensé “Punaise, Papou, on doit faire quelque chose rapidement.”. »
Elle a donc écrit à l'éditeur ABDO, en lui adressant ce message : « Chers éditeurs : je suis une fille de 6 ans et je viens de finir le livre Le Grand livre sur les insectes. Je me suis beaucoup amusée avec la partie “Lueur dans l'obscurité des insectes” et les jeux-questionnaires finaux, mais, quand je me suis aperçue que sur la quatrième de couverture il y avait écrit “Les Grands livres pour les garçons”, cela m'a beaucoup peinée, parce que les livres strictement pour garçons, ça n'existe pas. Vous devriez changer le titre par “Les Grands livres pour les garçons et les filles”, car certaines filles rêvent aussi de devenir des entomologistes. »
Selon le journal local, la lettre était datée au 2 avril. La réponse de l'éditeur est arrivée 23 jours plus tard, avec le message suivant : « Chère Parker… nous avons aimé tes décorations sur l'enveloppe — tu dois être une personne très créative ! Alors que l'enveloppe était attrayante, ce que tu as écrit l'était encore plus. Tu as marqué un très bon point : il devrait y avoir un Grand livre pour les garçons pour tout le monde. Après tout, aussi les filles peuvent aimer “les choses de garçons” ! »
L'éditeur a ensuite rassuré la petite Parker, en lui assurant qu'ils avaient décidé de suivre son conseil, et qu'une collection « Les grands livres », sans la démarcation de genre, serait créée. Le 7 novembre, Parker Dains a reçu un colis contenant des livres ayant pour titre « Les grands livres ». Ils étaient accompagnés par une lettre de l'éditeur, écrite à la main, qui lui expliquait pourquoi la conception et l'impression des livres demandaient du temps.
« Tu peux remarquer que nous avons supprimé la mention “Pour garçon” du nom de la collection et nous sommes tous d'accord sur le fait que tu as eu une brillante idée. Aucune autre école ou bibliothèque ne pourra acheter ces livres, pour au moins deux autres mois, donc tu es la première à les lire ! »
La réaction de Dains ? « Je pense que cela a été si extraordinaire et je garde encore la lettre… ils ont suivi mon conseil. Je vais devenir la meilleure consultante du monde. » La petite lectrice a également ajouté : « Je pense que ABDO a appris une leçon… si les garçons le désirent, ils peuvent avoir de très longs cheveux et les filles très courts, au cas où elles voudraient se protéger des poux, comme certains de mes amis l'ont fait dans ma classe. » (via Mercury News)
La bataille de Dains est l'exemple d'une lutte engagée au Royaume-Uni pour que les éditeurs puissent éliminer les étiquettes « garçon » ou « fille » des livres. Le mois dernier, le célèbre éditeur jeunesse, Ladybird, a cessé d'être le dernier bastion dans cette querelle de genre, en acceptant d'adhérer à la campagne « Let Books Be Books » (Laissez les livres être des livres).
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