FIBD 2020 - Pour la 5e année consécutive au Off of Off, le festival off de la BD d’Angoulême, le Prix Couilles au Cul du Courage Artistique a été décerné à un dessinateur, au 37°2 Impasse Charlie Schlingo. L'Algérien Nime a reçu la récompense, qui salue son courage et ses dessins particulièrement mordants vis-à-vis du pouvoir algérien...
Le 03/02/2020 à 10:08 par Antoine Oury
Publié le :
03/02/2020 à 10:08
L’intitulé est volontairement trivial et provocateur, mais il permet de rappeler que le métier des humoristes, et donc des dessinateurs de presse, c’est avant tout de faire rire, même si certains le payent parfois de leur vie. L’idée est de récompenser un artiste à la fois talentueux et courageux, qui doit se battre pour continuer de publier. En recevant ce prix, le lauréat qui subit des menaces dans son pays s’assure de soutiens à travers le monde et s’ouvre des opportunités professionnelles.
Né en Algérie à Oran en 1985, Nime se passionne très vite d'art de bande dessinée, notamment par le biais de son père, grand fervent du neuvième art. Il obtient en 2007 un diplôme national d'études des Beaux-Arts (option sculpture) tout en participant à la revue de bande dessinée pour la jeunesse Faynouk. Il a, par la suite, illustré plusieurs contes pour enfants, travaillé dans diverses agences de création graphique et de publicité, tout en continuant à évoluer dans le champ de la bande dessinée.
En 2009, il remporte le second prix du concours organisé par le festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA). Puis, devenu chroniqueur BD dans le supplément Week end du quotidien El Watan, Nime est accueilli en résidence à la Maison des auteurs d’Angoulême pour y développer le projet « Anecdotes », dans lequel il met en scène la société algérienne et le quotidien d'un jeune dessinateur algérien.
Depuis 2013, Nime gère sa propre agence de communication, spécialisée dans la création graphique et l'art dédié à la publicité, tout en continuant à travailler sur ses projets personnels tels que sa bande dessinée. Nous pouvons en trouver des extraits sur son blog “Dans ma bulle”, ou encore l'auto-édition d'un recueil de bandes dessinées dont il est l'auteur.
L’Algérie, en pleine campagne électorale, a condamné le dessinateur de BD Nime à un an de prison avec sursis, dont trois mois fermes, pour un dessin.
Arrêté le 26 novembre 2019 dans son agence publicitaire, tout son matériel informatique ainsi que celui de ses collègues furent confisqués. Benabdelhamid Amine, dit Nime, a été inculpé pour « offense au président de la République », « outrage à fonctionnaire de l’État » et « distribution de documents de nature à nuire à l’intérêt national ».
Il vient d’être libéré et, n’ayant toujours pas reçu en retour son matériel informatique et ses disques durs où se trouvent tous ses ouvrages, il vient chercher son prix à Angoulême en espérant trouver des éditeurs pour ses projets de bande dessinée.
Nime succède notamment au dessinateur guinéo-équatorien Ramón Esono Ebalé, alias Jamón y Queso, au dessinateur iranien Kianoush Ramezani et à la dessinatrice turque Ramize Erer.
Dossier : Tout sur le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême
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