L'histoire est intrigante. Alors que le lancement du livre de Michel Houellebecq fait déjà un véritable carton, avec des milliers de ventes, un auteur tente de faire valoir ses droits.
Le 11/09/2010 à 18:38 par Clément Solym
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11/09/2010 à 18:38
En 1999, Michel Levy organise l'auto-édition de son ouvrage. « J'ai choisi mon imprimeur, réalisé ma mise en page et déposé mon ouvrage en plusieurs exemplaires à la BnF selon la procédure à suivre », nous explique-t-il. Quel rapport avec Michel Houellebecq ? Le titre donné à son livre par Michel Levy, La carte et le territoire.
« Si aujourd'hui, un auteur écrivait un livre qu'il intitulait Les particules élémentaires, ou Extension du domaine de la lutte, je ne suis pas convaincu que l'éditeur laisserait faire. L'utilisation du titre de mon livre par Michel Houellebecq est une usurpation », poursuit M. Levy.
Dans une lettre adressée à Flammarion le 19 août, dont ActuaLitté s'est procuré copie, l'auteur faisait valoir à Flammarion que la parution de l'ouvrage à venir de Michel Houellebecq « me porterait un préjudice certain, en tant qu’auteur et en tant qu’éditeur, et ne correspondrait ni aux usages ni au droit de la propriété intellectuelle ». Et de rappeler à l'éditeur que lui-même avait entrepris les démarches pour déposer l'ouvrage, en 2000, sous le numéro DL-0010879.
Flammarion nie. Complètement
Interrogé par l'AFP, l'éditeur avait pourtant déclaré que ces affirmations ne le touchaient pas, estimant qu'il s'agissait d'un « non sujet, le livre en question n'a jamais été publié, même pas à compte d'auteur ». Et de préciser, par réponse de courrier, que « le titre, association de deux mots de langue courante, n'est pas original au sens du droit d'auteur et ne peut donc recevoir de protection juridique dans le cadre que vous invoquez ».
L'exemple de deux ouvrages utilisant le même titre n'est pas neuf : Vanessa Caffin, publiée par Belfond, a ainsi utilisé Mémoire vive pour son roman publié en septembre 2010. Un titre que Samantha Vandesteen avait choisi pour son ouvrage, paru en août 2007. Nous avons demandé conseil auprès d'un avocat pour connaître les dispositions légales dans ce type de situation.
Le livre ne pouvait pas passer inaperçu
Mais le plus rageant dans la position de Michel Levy est surtout que l'ouvrage écrit par ses soins n'aurait, selon lui, pas pu échapper à l'attention de Michel Houellebecq. En effet, la présidente de l'association des amis de Michel Houellebecq n'est autre que sa soeur. « C'est en 1999 que l'association a été créée, et la date à laquelle j'ai fini mon livre. Je lui en ai évidemment offert un exemplaire, l'événement était important pour moi et pour elle. Elle avait un exemplaire chez elle. Michel Houellebecq, que je n'ai jamais rencontré, était en présence de ce livre. Le livre ne pouvait pas passer inaperçu. La coïncidence est assez étrange. »
Et de conclure : « Michel Houellebecq a peut-être l'attention de millions de personnes et des médias, mais cela ne lui donne pas pour autant le droit de s'approprier le titre de mon livre.Et quand un éditeur se met à mentir, c'est probablement qu'il a des choses à cacher... »
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