La convention Semoy 2012 ne s'intéressait ps qu'aux femmes. Sans une table-ronde évoquant les aliens et autres envahisseurs de l'espace, une convention de SF manquerait un brin de sérieux. Or, la vie extraterrestre intéresse plus d'un écrivain : de Voltaire (un humain plus grand) à Wells (un tripode) en passant par une multitude d'auteurs de science-fiction aux imaginaires variés. Mais tous ces êtres hybrides, à forme humanoïde, zoomorphes ou simplement surprenants, sont-ils crédibles ?
Le 27/08/2012 à 08:46 par Clément Solym
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27/08/2012 à 08:46
On connaît tous ET, ce gentil extraterrestre au cou télescopique et aux grands yeux bleus. Son crâne développé et sa face plate le rapproche de notre forme humaine et l'être verdâtre en devient tout autant attendrissant. Mais il existe bien d'autres êtres de l'espace tous aussi différents les uns que les autres : les tripodes de Wells (1898), le monde intra terrestre (1745), les habitants du système solaire vus par Frank R. Paul (1940), les extraterrestres insectoïdes ; bref une fresque de monstres et de personnages qui ne sont pas toujours fondés sur des arguments scientifiques.
Je voulais vous apporter des bonbons, parce que les fleurs c'est périssable.
Mais je les ai bouffés
« Construire un extraterrestre est une initiative difficile », déclare Roland Lehoucq, CEA Service d'astrophysique, lors de sa conférence sur les ET, samedi, à la 39e Convention nationale de science-fiction. Certains ont quand même essayé de justifier leur entreprise. Ainsi, The Man from Mars, by Paul, créé pour le premier numéro de Fantastic adventures en mai 1939, est expliqué.
Sa forme est conditionnée par son environnement, Mars. Son nez et ses oreilles sont rétractables afin de pouvoir être sortis suivant le froid et le chaud ; les pieds ventouses sont efficaces pour se tenir sur le sol de Mars à cause de la gravité plus faible, ce qui favorise aussi des êtres plus grands ; les grands poumons sont indispensables dans un espace d'air rare ; un découpeur atomique, parce qu'on est quand même sur une planète évoluée ; des antennes pour faire de la télépathie ; de grandes oreilles pour capter l'environnement sonore dans une atmosphère raréfiée.
Voilà des extraterrestres qui commencent à ne plus être construits au hasard, ce qui devient intéressant, puisqu'on essaie d'introduire un argument scientifique. Le Mudpod, qui a un ongle long pratique pour manger et attraper les plantes, fait partie de ces projets réflexifs, où l'on réfléchit sur l'évolution possible de la vie, ici sur deux planètes Aurélia et Blue Moon, en tenant compte des conditions (océanique, désertique) et des contraintes de leur environnement.
Quoi qu'il en soit un ET ce n'est pas n'importe quoi et il ne s'agit pas de lui des mettre des jambes, des tentacules, et des yeux au bout des antennes.
Roland Lehoucq, astrophysicien, explique que ce regard scientifique qu'il porte sur les ET et dont il peut débattre lors de conférences, permet de prendre ces êtres comme plausibles et témoigner que la science peut s'intéresser à ces objets imaginaires, pour montrer comment elle fonctionne et se pose des questions sur des réalités.
« Nous souhaitons utiliser les êtres imaginaires pour parler de sciences. On trouve des réponses et des contres-réponses. C'est une démarche qui mime de façon légère celle de la science en laboratoire », déclare Lehoucq. « On fait des observations. Par exemple, la double mâchoire, que l'on retrouve chez certains extraterrestres, existe vraiment. La bave (un trait repoussant) prépare la digestion et lubrifie l'œsophage. Elle est aussi vectrice d'infections qui sont mortelles. Les dents identiques de l'Alien démontrent que cet être-là ne mâche pas, mais avale tout rond ».
Parallèlement à une tentative de classification systématique du vivant extraterrestre par Denis van Waerebeke,
Classification systématique du vivant...par mimikokomimi
Il existe également des « extraterrestres » terrestres… et réels : l'idiacanthe, poisson des abysses de 50 cm pour les femelles et de 5 cm pour les mâles ; le glaucus atlanticus ; le teleopsis dalmanni ; l'echiniscus blumi (1 mm), une mouche ou les yeux sont au bout de grandes antennes, séparés d'une distance de celle du corps. Et quelques êtres disparus comme pikaia, aysheaia, hallucigenia (« tellement les gens ont hallucinés sur le haut, le bas, le fonctionnement », déclare Lehoucq), marella, leanchoilia.
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