Naviguant à travers l'immense domaine de la littérature, les auteurs de notre ère numérique se trouvent à un carrefour critique. Le choix entre l'autonomie offerte par l'auto-édition et le prestige associé aux canaux de publication traditionnels est fascinant. C'est une décision qui reflète le paysage actuel du monde littéraire, caractérisé par des avancées technologiques rapides et des habitudes de consommation dynamiques.
Le 25/07/2023 à 10:42 par Victor De Sepausy
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Publié le :
25/07/2023 à 10:42
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Chaque voie de publication a ses avantages et ses défis distincts, dessinant une image unique du parcours qui attend un auteur. Comprendre ces nuances devient crucial car elles déterminent la trajectoire de leur voyage créatif. C'est ce choix même qui définit le parcours d'un auteur dans un monde littéraire en constante évolution.
L'émergence de l'auto-édition
Les plateformes numériques ont joué un rôle significatif dans l'ascension de l'auto-édition, perturbant la notion traditionnelle de la création de livres comme un privilège de cercle fermé. La démocratisation du monde de l'édition par l'auto-édition a ouvert les portes à d'innombrables auteurs. Des auteurs qui, dans une autre époque, se seraient peut-être retrouvés en marge du monde littéraire.
La puissance de l'auto-édition réside dans son inclusivité. Aujourd'hui, quiconque a un récit captivant a la possibilité de publier son livre, le rendant accessible à des lecteurs potentiels dans le monde entier. Les contraintes ont été levées, et le monde de l'édition est plus diversifié et dynamique grâce à cela.
La liberté de contrôle de l'auto-édition
L'un des plus grands attraits de l'auto-édition est le niveau de liberté et de contrôle sans précédent qu'elle offre aux auteurs. Elle leur permet de diriger leur travail, du processus d'écriture et d'édition, à la conception de la couverture, la fixation des prix, et même la stratégie de marketing.
L'auto-édition élimine le besoin pour les auteurs de s'aligner sur les exigences d'une maison d'édition traditionnelle. En essence, l'auteur devient l'architecte de son parcours créatif. Ce modèle d'édition leur permet de façonner leur récit et de le présenter au monde tel qu'ils l'ont imaginé.
L'avantage économique de l'auto-édition
D'un point de vue économique, l'auto-édition peut s'avérer plus rentable. Des taux de redevance plus élevés, généralement entre 60-70% contre 10-15% offerts par les éditeurs traditionnels, rendent l'affaire encore plus attrayante. De plus, les auteurs ont la possibilité de fixer le prix de leur livre, leur donnant la latitude d'employer différentes stratégies de marketing, y compris des réductions et des cadeaux.
Cependant, il y a un revers à cette médaille. Des profits plus élevés doivent être compensés par les dépenses personnelles associées à l'édition de qualité, à la conception, et au marketing. Bien que la perspective de gains plus élevés soit certainement attrayante, les auteurs devraient garder à l'esprit ces éléments cruciaux qui contribuent de manière significative au succès de leur livre.
Le défi de la visibilité dans l'auto-édition
La visibilité, ou plutôt son absence, est un obstacle majeur que rencontrent souvent les auteurs auto-édités. Avec le seuil d'entrée significativement abaissé, le marché est inondé d'une multitude de livres. En conséquence, se démarquer de la foule devient une prouesse difficile à accomplir.
Bien que l'auto-édition puisse promettre le succès, une dure réalité se cache derrière. Seul un faible pourcentage d'auteurs auto-édités parvient à obtenir un lectorat substantiel ou une reconnaissance sans une stratégie de marketing complète et robuste. La route vers la visibilité est souvent longue et exige une approche stratégique du marketing.
Préparation de votre manuscrit, quelle que soit la voie que vous choisissez
Assurez-vous que votre manuscrit respecte les directives de formatage standard, le rendant facile à lire et professionnel en apparence. Cela non seulement améliore l'expérience du lecteur, mais envoie également un message positif aux éditeurs traditionnels concernant votre engagement et votre professionnalisme. N'envoyez jamais votre manuscrit entier à une maison d'édition - réduisez-le plutôt à un ou deux chapitres. Vous pouvez utiliser un outil de division de PDFs pour le faire rapidement et facilement.
Que vous visiez l'autonomie de l'auto-édition ou que vous recherchiez le prestige des canaux traditionnels, votre manuscrit est votre carte de visite. C'est votre opportunité de captiver les lecteurs avec votre voix et votre récit uniques.
Le prestige de l'édition traditionnelle
Malgré la montée de l'auto-édition, l'édition traditionnelle conserve une aura de prestige. Elle est perçue comme un tampon d'approbation des professionnels de l'industrie, un témoignage du talent et du potentiel de l'auteur. Une lettre d'acceptation d'un éditeur est une reconnaissance de la capacité de l'auteur, et avec elle vient la promesse d'une exposition à grande échelle.
Cette approbation peut ouvrir la voie à diverses distinctions, y compris des prix littéraires, des critiques dans des publications estimées, et même des ventes de droits internationaux. Ces opportunités peuvent significativement booster la réputation et la commercialisabilité d'un auteur, renforçant l'attrait de l'édition traditionnelle.
Le support de l'édition traditionnelle
Au-delà du prestige, l'édition traditionnelle offre également un système de support étendu. Une maison d'édition est un consortium d'experts dédiés à la promotion d'un livre à son potentiel maximum. Cela va de l'œil critique d'un éditeur qui affine le manuscrit, à une équipe de marketing travaillant sans relâche pour promouvoir le livre.
Ce support va au-delà de ce qu'un auteur individuel peut généralement fournir. Il démontre comment l'édition traditionnelle, malgré sa rigidité perçue, peut offrir aux auteurs le bénéfice de l'expertise et des ressources. Cela peut être un facteur décisif pour les auteurs lorsqu'ils choisissent entre les deux voies.
La réalité financière de l'édition traditionnelle
Malgré ses avantages, l'édition traditionnelle n'est pas sans ses inconvénients financiers. Les taux de redevance sont nettement inférieurs à ceux de l'auto-édition, et une avance, bien qu'attrayante, est essentiellement un prêt sans intérêt compensé par les ventes futures.
De plus, le voyage de l'acceptation du manuscrit à la mise en rayon du livre est souvent long. Il met à l'épreuve la patience d'un auteur et peut peser sur ses ressources financières. Ainsi, les auteurs devraient attentivement considérer ces facteurs lorsqu'ils contemplent leur voie de publication.
Réflexions finales
Choisir entre l'auto-édition et les canaux traditionnels est une décision complexe. Elle est influencée par les objectifs personnels, les réalités financières, et la tolérance de l'auteur pour le risque et le rejet. Aucune voie n'est intrinsèquement supérieure ; chacune offre ses récompenses et défis uniques.
Crédits illustration Pexels CC 0
3 Commentaires
Kapisa kyamba willy
29/07/2023 à 07:25
Bonjour
Merci.Vos conseils sont édifiants
Ici nous avons beaucoup de manuscrits à éditer
Nos moyens sont très limités
Et ceux qui veulent se lancer font de l'art pour l'art et non de l'art pour la vie,écrire,vendre,gagner aussi comme pour le best seller
Pendant que nous nous préparons à commémorer la journée internationale du manuscrit à Butembo(les écrivains ,écrivains)pouvez -vous nous aider,par une collaboration concrète,pour un contrat gagnant gagnant
Butembo,c'est en RDCongo
Suis prêt à vous envoyer des petites actualités sur le livre ici,la culture,bibliothèque,lecture,projets culturels à orienter pour l'intérêt de nous tous
Cela est -il possible
Merci pour tout
Kapisa kyamba willy
Roger Raynal
31/07/2023 à 09:45
Ayant pratiqué édition "traditionnelle" et auto-édition, je me dois de nuancer certaines affirmations de l’article.
Ce dernier traite de l’édition "traditionnelle" dans de grandes maisons pârisiennes. C’est un leurre. Elles ne publient que les célébrités, les copains, les fils&filles de, les recommandés et les biens en cours. Parfois, un quidam est tiré au sort et publié : il vendra au mieux 200 livres et personne parmi le " consortium d’experts" ne s’occupera de lui. Exit.
Dans la grande majorité des cas, l’éditeur traditionnel, pour les nouveaux auteurs, c’est une petite maison tenue à bout de bras par une (oui), deux ou trois personnes. Cet éditeur possède l’espérance de vie d’un nouveau-né au Second Empire. Malgré la passion qui l’anime, les conséquences en sont :
— Qu’il n’y a aucune avance ou "à-valoir" (même chez une grande maison, pour un premier roman, c’est le cas)
— Que les droits d’auteurs sont compris entre 5 et 10 % sur le papier (certains arrivant même à donner moins en numérique parce que "vous allez en vendre plus" — la bonne blague !)
— Que les ventes sont minimes, se comptant en dizaines, tout au plus, et sont souvent réalisées par l’auteur qui court, à ses frais, les salons où abondent les auteurs qui s’échangent leurs livres que personne (ou presque) n’achète. Si 'auteur fait ses comptes, il en est de sa poche. Heureusement qu’il a un autre travail !
Pour ce qui est du "prestige", "témoignage du talent et du potentiel de l’auteur" et autre " reconnaissance de la capacité de l’auteur", il suffit de constater que la moindre starlette de l’écran ou de la chanson n’a aucun problème pour publier un "chef d'oeuvre" devant lequel s’esbaudira la critique pour comprendre qu’il s’agit avant tout de commerce, et non de talent. Cela se comprend fort bien, c’est logique, mais il ne faut pas alors parler de "talent", ni d’autre "potentiel" que celui de vendre un nom connu. Parlons prix littéraires : il en existe tellement qu’en étant publié et avec un minimum d’application (je ne parlerai pas de "talent"), on peut obtenir un prix. Bien entendu, ce "prix" n’aura aucune incidence sur les ventes (à part, peut-être, une dizaine sur le lieu de l’obtention). Les "grands" prix, qui font vendre, sont réservés à "l’élite" (l’entre-soi germanopratin). N’y songez pas si vous êtes un gueux.
Bref qu’apporte l’éditeur ? À minima la correction de l’orthographe, la mise en page, une couverture et un distributeur (parfois). Un diffuseur ? Ne rêvez pas, personne ne défendra vos couleurs chez les petits éditeurs (et très rarement chez les grands) auprès des libraires qui, souvent pris par leurs tâches, sont peu intéressés par les petits éditeurs...
Du côté de l’auto-édition, pour peu que l’on sache écrire en français, et utiliser un traitement de texte, les choses sont claires : vous vendrez grâce à votre réseau (comme chez les petits éditeurs), vous n’aurez pas de prix (sauf concourir aux rares réservés aux auto-édités), vous serez repoussés de nombreux salons (ce qui vous fera faire de substantielles économies de carburant) et vous ne pourrez dédicacer en librairie (horesco referens) mais partout ailleurs (et le choix est large). Accessoirement, vous serez pris de haut par les snobs de la littérature pour qui « il n’est de bonnes lettres que de Pâris » qui, parce que nombre de livres auto-édités sont, disons, d’une qualité très moyenne, se feront une joie de vous confondre avec la masse, et d’en déduire un rapport de cause à effet sans jamais, bien entendu, avoir lu une seule de vos phrases…
Par contre, vous serez libres… Libres de publier quand vous voudrez, sans attendre un, deux ou trois ans, libres de choisir vos phrases, vos thèmes d’écriture, votre style (« comment, vous n’écrivez pas au présent ! C’est une folie ! »). Bref, pour paraphraser un ancien haut fonctionnaire du Kremlin qui eut maille à partir avec les lettres françaises : j’ai choisi la liberté.
Todd
15/01/2024 à 15:18
Je ne peux qu'approuver le commentaire critique de "Roger Raynal". Cet article a tout faux parce qu'il prend tout à l'envers. J'ai travaillé pour une grande maison d'édition parisienne pendant des années, et publié aussi (dans une autre, de taille plus modeste, mais vénérable et dont l'enseigne est réputée). On décroche un prix parce qu'on est édité chez Gallimard, Grasset ou au Seuil, et on est édité chez eux parce qu'on est "les célébrités, les copains, les fils&filles de, les recommandés et les biens en cour" (je cite RR). C'est ce qu'on appelle la mafia germanopratine. C'est un milieu étanche, un biotope en vase clos. Si l'on fait partie de ce milieu, on décroche la timbale quelle que soit la valeur (en majorité minable) de ce qu'on écrit et l'on passe toute sa vie à travers les disgrâces qui frappent de plein fouet les autres. On échappe aux accusations de pédophilie, comme Matzneff, dont la production littéraire est totalement dénuée d'intérêt, ou de fââchisme, comme S. Tesson, qui est une espèce de sous-Jean Raspail, dont l'intérêt littéraire est nul également, mais dont les réseaux tentaculaires s'étendent des bigots tradis jusqu'à la gauche caviar. Comme le dit RR, s'ils ont du succès, c'est parce qu'acheter le dernier X ou Y constitue un "signe de distinction" cultureux, comme lire Libération - c'est un brevet décerné par les réseaux de l'élite parisienne composés de "célébrités et de fils-de" qui auront droit à la grosse artillerie médiatique à chaque sortie d'un de leurs ineptes ouvrages. Inversement, vous pouvez être un génie et écrire comme un dieu: zéro, pour vous. Si, par extraordinaire, vous êtes un nobody et que votre manuscrit est imprimé, la promotion sera si inexistante que vous en serez réduit à essayer de le vendre personnellement à vos voisins de palier: pathétique. Je me souviens, car je suis (hélas) assez vieux pour ça, de l'hilarité de Jacques Laurent - qui, lui, avait du talent - quand on racontait que Françoise Sagan avait fait publier Bonjour Tristesse en l'expédiant anonymement par la poste: "Quelle connerie!" (sic)