Fascinant : des livres numériques moins chers se vendent mieux
Personne ne l’aurait imaginé — à l’exception peut-être de Jeff Bezos, qui avait inventé la tarification unique de 9,99 $ pour les ebooks — mais des livres numériques à un prix convenable se vendent mieux. La conclusion nous vient d’outre-Atlantique, alors que les éditeurs du Québec font les comptes. Entre 2020 et 2019, la hausse des ventes dépasse 120 %. Notamment parce que le prix a sensiblement diminué…
Le 01/04/2021 à 16:36 par Nicolas Gary
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Publié le :
01/04/2021 à 16:36
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Selon l’Institut de la statistique du Québec, les chiffres sont formels : une enquête présentée ce 31 mars assure qu’en 2019, 400.600 ebooks s’étaient vendus, et que les données globales restaient plutôt stables depuis 2014. Mais au terme de l’année pandémique, 2020 affiche un fantastique 123 % de croissance, avec 894.500 ventes de livrels. « Les ventes de livres numériques qui transitent par des établissements québécois augmentent de façon inégalée », observe l’étude.
QUÉBEC: le prix unique du livre fait son grand retour
Et d’ajouter que la « valeur des ventes des livres numériques qui transitent par des établissements québécois est de 10,5 M$ en 2020, en hausse de 69 % par rapport à 2019 ». On peut aller plus loin : entre 2016 et 2018, les ventes ont eu tendance à diminuer, passant de 520.295 exemplaires à 374.564.
Mais là où les clients ont su se laisser séduire, c’est que le prix de vente a significativement diminué. « Le prix moyen par livre est plus faible. Il est de 11,74 $ en 2020 comparativement à 15,48 $ en 2019 », indique l’étude. Il était de 14,92 $ en 2016 et 14,18 $ en 2014. Ainsi, après six années de hausse du prix moyen entre 2014 et 2019, la diminution constatée du prix unitaire a provoqué… un afflux des achats.
Prévisible, prévu, mais tout de même
Un bilan que l’ISQ avait déjà envisagé en fin d’année 2020 : dès septembre, il considérait que « l’évolution des ventes de livres numériques passant par des entreprises québécoises pourrait prendre une nouvelle tournure ».
L'ISQ pointait : « On peut en effet penser que le confinement à domicile lié à la pandémie de COVID-19 aura moussé la vente de livres numériques, puisque les consommateurs peuvent acquérir ces livres instantanément sans se déplacer, en les achetant sur Internet. »
Bien entendu, la pandémie a provoqué un afflux, même si les librairies avaient été assez rapidement autorisées à rester ouvertes, à travers la vente à emporter.
Pour 2020, sans trop de surprises, l’augmentation des ventes a débuté au mois de mars, avec 857.000 $ dépensés, puis 1,259 million en avril et 1,021 million en mai. Juin est revenu sur un rythme plus souple de 773.000 $, qui s’est poursuivi jusqu’en septembre, avec 917.000 $.
Octobre, novembre ont flirté avec le million dépensé, que décembre a joyeusement dépassé, 1,156 million $ précisément. Pour atteindre les 10,5 millions $ d’achat de livres numériques. L’Institut ne donne en revanche pas de renseignements sur les livres audio…
Pour prolonger la comparaison, en 2014, 505.657 exemplaires d’ebooks avaient été achetés, générant 7,168 millions $ de chiffre d’affaires.
crédit photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
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10 Commentaires
nathalie
02/04/2021 à 07:39
Quelle découverte !!! on se demande pourquoi les magasins low cost marchent si bien ! Ils avaient trouvé la solution, des prix bas . Et voilà qu'on découvre (après études complexes et cher payées à des consultants, je suppose ) que c'est pareil pour les livres électronique !
, Remarque : le Livre de poche avait fait pareil il y a 60 ans .
Vraiment je suis effondrée de ce type de commentaire présenté comme une découverte fondamentale .
LOL
02/04/2021 à 10:14
Pour info, le prix du numérique est au contraire scandaleusement cher.
Rappel :
- un livre numérique ne coûte rien à produire (une fois le BAT tiré, on en produit autant qu'on veut à coût zéro). Exit donc l'imprimeur.
- un livre numérique ne coûte rien à diffuser : exit donc le diffuseur (tous les éditeurs ont un serveur sur lesquels ils peuvent s'appuyer pour cette structure)
- un livre numérique ne coûte rien à vendre : exit le libraire (idem avec le serveur du site, au prélèvement bancaire près).
Si l'on fait le calcul, pour un éditeur, c'est entre 75% et 90% d'économie par rapport à la version papier. Pourtant, en moyenne, le livre numérique se vend 20% moins cher seulement. Et le couillon d'auteur ne touche pas plus (sinon, on pourrait encore comprendre).
Donc, un truc qui ne coûte rien, bourré de merdes genre DRM qui empêche tout prêt dans une famille et pour les amis, voire même une relecture ultérieure sur une autre plateforme et obligeant le lecteur à avoir un PC sous Windows ou un Mac (super !), absolument pas pérenne (dans ces conditions, c'est du consommable pur !) est vendu 20% moins cher que la version papier qui permet de posséder un véritable objet.
Et on vient dire que c'est moins cher ?
C'est juste du marketing : c'est beaucoup beaucoup beaucoup plus cher... Mais c'est juste le client qui se fait avoir. Pas l'éditeur.
On a un peu l'habitude cependant.
Rathloriel
25/02/2022 à 10:26
Heu... Le livre numérique passe tout de même par un diffuseur/distributeur.
Quel éditeur (à part les groupes ayant leur propre réseau de diffusion mais le résultat est le même, ) a l'infrastructure et les épaules pour négocier en direct avec toutes les plateformes de vente numérique individuellement, établir les liaisons nécessaires, etc. ? Il ne s'agit pas simplement de le mettre sur son FTP et d'imaginer que tous les revendeurs vont venir gentiment venir le chercher...
Les livres numériques passent par le diffuseur/distributeur.
Le livre numérique dois tout de même rémunérer l'auteur et l'éditeur pour le travail accompli.
Par ailleurs, une part (de quelle importance, j'avoue ne pas le savoir) d'éditeurs rémunère plus l'auteur sur les versions numériques.
Une part grandissante d'éditeurs n'utilise plus non plus de DRM et travaille son fichier numérique plus que le simple export avec un clic...
Donc en aucun cas entre 75 et 90 % d'économie sur les fichiers numériques pour les éditeurs.
Dénicheur en herbe
02/04/2021 à 10:18
Je vous l'avait dit ... Plus c'est cher moins cela se vend. Sauf pour les iBidules. Cela dit, j'ai la page "promos du moment" d'un elibraire en signet depuis mon navigateur web. Ceci explique peut-être cela. :)
Gilles Herman
02/04/2021 à 15:55
Cher Nicolas,
Peux-tu élaborer sur la notion de « prix convenable ? » stp ? Convenable pour qui ? Par rapport à quoi ?
Merci,
Un ami de Québec.
Nicolas Gary - ActuaLitté
02/04/2021 à 16:14
Oh, que non, Gilles, je m'en garderais bien.
D'abord, parce qu'il existe deux écoles de pensées : celle où le revendeur décide du prix de vente et celle où l'éditeur le détermine. En l'état, je n'ai pas le sentiment (n'en déplaise à Québec solidaire) que les prix évoqués par l'Institut relèvent de la seconde option. Ou quelque chose m'a échappé ?
Et dans ce cas, il devient plus compliqué encore de tracer des plans sur la comète en matière de tarification.
Maintenant, je peux enfoncer des portes ouvertes pour te faire plaisir : un ouvrage homothétique fixé arbitrairement (en France) à 20 ou 30 % de moins que le prix papier, n'a aucun fondement. Je peux aussi évoquer, juste pour le plaisir, la politique tarifaire de Bragelonne qui est bien plus en relation avec les habitudes des consommateurs.
Entre les deux, on peut trouver le Dilettante qui propose 50 % moins cher ses ebooks.
“Prix convenable” implique donc de jouer l'équilibriste sur une équation réunissant : rémunération de l'auteur, de l'éditeur (et des autres acteurs impliqués dans la diffusion et vente), attentes des clients, usages numériques, modes de consommation – ajoutons également prix de vente aux bibliothèques.
Convenable, cela signifie surtout "qui convient". La question serait donc : à qui vend-on des livres ?
Clément
02/04/2021 à 16:11
Un survol des chiffres de l'étude m'amène à faire une autre interprétation. Si on regarde bien, le prix moyen dans l'année est le résultat direct des « ventes » d'avril, qui sont complètement atypiques. Si on retire le mois d'avril de la moyenne annuelle, le prix moyen reste constant par rapport à l'année précédente (et c'est assez stable depuis plusieurs années d'ailleurs).
Le nombre totalement atypique d'unité « vendues » en avril (premier mois du confinement pandémique au Québec) me semble plutôt s'expliquer par la prolifération de livres qui ont été rendus disponibles gratuitement par les éditeurs à cette période.
Si mon hypothèse est bonne, il n'y a donc pas de lien de cause à effet ici entre la baisse de prix et les achats de livres numériques — seulement un reflet d'un changement de pratiques, qui a heureusement été de très courte durée.
Je ne dis évidemment pas que le prix n'influence pas les décisions d'achat, je dis seulement que ce n'est pas aussi direct/simple que ça...
Musashi1970
03/04/2021 à 09:24
Non mais sérieusement, tout le monde a l'air étonné par une évidence aussi sidérante. Je suis bien d'accord avec Nathalie et LOL, le livre numérique n'est qu'un simple pdf, du coup, une fois le livre papier, numérisé, il peut être distribué à coût zero. Quand on pense qu'un livre papier coute entre 15 et 25 euros et qu'un livre numérique coute aux alentour de 15 euros, c'est juste une honate !!!
Pas étonnant que les le livre numérique ne décolle pas. Un ivre numérique ne devrait pas couter plus de 5 euros....Et là on verrait, si les soi-disant amoureux du papier, ne se jette pas sur les livres numérisés pour assouvir leur soif de lecture.
Moi même réticent au début à passer du papier à la tablette ou liseuse, je préfère maintenant la version numérique moins encombrante, plus pratique, avec lecture paramétrable, un vrai plus. Le but c'est bien de rétribuer l'auteur, que ce soit en version papier ou numérique, le but c'est de lire.
Alors, adios les intermédiaires, passer au numérique pour un prix satisfaisant pour tous le monde et on verra si c'est un fiasco ou une révolution, ....
LOL
05/04/2021 à 08:19
« n'est qu'un simple pdf »
Techniquement, ce serait plutôt un bête fichier web. Le pdf fige le format de présentation (la page, la taille du texte et son emplacement) tandis que le HTML (le format web) laisse le travail au navigateur (Firefox; Chrome) pour les ordinateurs, le lecteur de e-pub pour les liseuses (comme KO-reader, pour ceux qui peuvent installer un autre outil sur leur liseuse d'origine).
Donc, techniquement, le e-pub demande moins de boulot qu'un BAT, puisque une grosse partie du travail de mise-en-page est squeezée. Mais comme on aime travailler dans l'ancien temps et que finalement ça ne demande pas de boulot à la fin, un e-pub est produit à partir du format final (le BAT) envoyé à l'éditeur.
Il est dommage en revanche que les avantages de ces formats, notamment les liens hypertextes, ne soient pas vraiment exploités. Il faudrait pour cela travailler (sic !) un peu sur le format e-pub pour le rendre plus sexy pour le lecteur.
Mais bon, le lecteur, il (pour parler comme Macron & Co) est juste bon à payer très cher un truc construit en appuyant sur un seul bouton !