rencontres poésie

Né en 1921 à Montpellier, Frédéric Jacques Temple fêtera bientôt ses cent ans ! Occasion de rendre hommage à ce poète discret qui vient tout juste de faire son entrée dans la prestigieuse collection Poésie/Gallimard. Une consécration en quelque sorte pour ce poète indépendant et vraisemblablement solitaire qui n’a jamais couru après les honneurs littéraires même si en 2013, il reçoit le Prix Apollinaire, le Goncourt de la poésie.

Parce que la poésie est ce qui nous sauve du monde, parce que, par la langue de l’enfance, elle décèle les beautés cachées, parce qu’elle nous ouvre les portes du rêve et nous protège parfois du réel, l’album Les quatre saisons d’En sortant de l’école est l’une des pépites de cette rentrée littéraire.

Ou alors, un peu de tout cela, et un peu plus encore.

Dans la continuité d’un catalogue qui cherche à faire connaître et reconnaître des artistes féminines des quatre coins du monde, les éditions Les Prouesses proposent de plonger dans le travail de Audre Lorde, poétesse et militante. Contrechant est une anthologie illustrée dans laquelle il est requis de s’oublier… 

ROMAN FRANCOPHONE – Revoir Marceau de Romain Meynier est un premier roman à la fraîcheur préservée et qui fait preuve d’une élégante étrangeté. C’est l’histoire d’un homme en vacances en Lozère que sa femme, la veille de leur retour à Paris, décide de quitter en l’enfermant à double tour dans la maison de campagne. Elle ne lui laisse ni clés ni explications. 

Les émotions humaines peuvent créer des distorsions dans l’environnement. Une maison qui redevient la forêt sur laquelle on l’a construite, un carrefour qui se multiplie… Ces mystérieux phénomènes, appelés « flow », sont la spécialité de Hirota et de son chat, qui se déplacent sur les lieux pour tenter d’en comprendre l’origine. Chima postule comme assistante et se laisse rapidement embarquer dans ces petites enquêtes qui donnent bien souvent le tournis.

Allis, jeune femme inquiète, trouve un travail d’aide à domicile à la campagne dans un fjord. Elle fuit la ville et un scandale dont elle a honte.

Une drôle d’histoire, émouvante, avec des rebondissements. Essentiels pour une lecture attachante, ces ingrédients ne résument pourtant pas le charme de ce petit livre au titre étrange et étranger et à la couverture fraîche.

POESIE - Personne n’a jamais dit que la poésie était morte. Empoussiérée, reléguée voire oubliée, en revanche, sans doute. Aussi, les lecteurs de romans ne sont pas toujours lecteurs de poésie — et inversement. Les auteurs de romans ne sont pas tous quant à eux, tant s’en faut, des poètes. Simon Johannin, si. Le deuxième recueil de poèmes de Simon Johannin a paru en octobre dernier aux éditions Allia. Nous sommes maintenant nos êtres chers est en lice pour le Prix de l'Instant.  

Entre périples et amertume, Saisons de voyage, publié aux éditions Stock, nous fait bourlinguer, mais pas seulement... Dans un récit teinté de mélancolie, de désenchantement, mais aussi de poésie, Cédric Gras nous emmène en effet aux quatre coins du monde, mais aussi sur le terrain du questionnement.

POESIE - Avec ce dernier opus, l’écrivain-essayiste Emmanuel Godo se fait poète du silence et nous invite à partager la vie intérieure d’un homme pour qui la beauté du monde apparaît dans « Les trous de lumière du manteau de la mort ». Et si ce dernier livre était le plus important ?

Notre confrère et chroniqueur Jean-Luc Favre Reymond, vient de faire paraître, une cartographie de la poésie française et francophone contemporaine, intitulée, Dans une autre demeure, un titre qui n’est pas anodin, et qui porte de la moitié du XXe siècle jusqu’à nos jours.

C’est un pari audacieux, voire hautement risqué que nous proposent les éditions Caractères, sous la houlette de sa directrice Nicole Gdalia, également poétesse et universitaire. Docteure en Sciences de l’art et des religions, elle a été notamment responsable de la chaire UNESCO, pour le dialogue interculturel. — dans le cadre du 71e anniversaire de la fondation des éditions Caractères par Bruno Durocher. 

Jim était le chien de François Schuiten. L’illustrateur de la série Les Cités Obscures (Casterman) rend ici hommage à son compagnon de vie, un Flat-Coated Retriever. 

Il faudra sûrement plusieurs lectures pour saisir les multiples voix de cet ouvrage si particulier et peut-être même que plusieurs lectures n'y suffiront pas d'ailleurs. Mais peu importe les chemins empruntés, les interprétations sans doute différentes selon les lecteurs, ce livre agit. Enigmatique et  empreint d'émotions fortes, il pénètre intensément celui qui le découvre, le secoue et le surprend, l'interpelle, le dérange, l'obnubile encore longtemps après l'avoir refermé.

Réussir sa vie, ou ne pas trop la rater... est-ce l’unique alternative ? En demande-t-on trop aux femmes ? Être mère, amante, maîtresse, professionnelle... Parfois, franchir les limites, et basculer dans les côtés les plus sombres de l’âme humaine. 

POÉSIE – Avec Cinéma inferno, recueil à quatre mains, Jean Marc Flahaut et Frédérick Houdaer proposent une histoire fragmentaire du cinéma des années 70-80. C’est culotté et bien envoyé. On retrouve l’originalité et l’iconoclastie de l’un et l’autre des deux poètes, sans pouvoir toujours distinguer, dans chaque texte, la voix de l’un ou de l’autre. 

N’allez surtout pas imaginer, en achetant ce livre, que vous allez découvrir, pas à pas, la vie de Ludwig Van Beethoven. Non. D’ailleurs, ce n’est certainement pas ni l’ambition ni la prétention d’Erik Orsenna qui considère occuper « sans légitimité aucune », à l’Académie Française, le siège de Louis Pasteur et d’Émile Littré ! Alors, devenir biographe de Beethoven, quelle gageure ! Et, de fait, il appuie ses propos sur une bibliographie terriblement importante, détaillée dans les « Gratitudes » qui concluent son ouvrage, comme celle de Brigitte et Jean Claude Massin dont il affirme que « les Massin sont des savants, je ne suis qu’un promeneur » !

BANDE DESSINÉE – D’abord, on est pris de court par le noir et blanc, ensuite la mise en page, troublante et déconcertante dans sa sobriété. Et plus oppressante encore parce qu’entre le noir et le blanc que l’on retrouve dans les dessins, au fil des saynètes, laisse à l’esprit un sentiment dérangeant. Délicieusement dérangeant.

« Entre célébration et doute intime... » Le poète est étranger au monde des communiqués de presse. Pourtant, le communiqué annonçant que le Prix Apollinaire 2016 était attribué à Pierre Dhainaut, pour l’ensemble de son œuvre, touche au plus juste. Oui, le poète ne cesse « d’interroger le monde et le langage ».

Dans un huis clos étouffant, Sarah Schmidt, revisite un fait divers aussi mystérieux qu’inquiétant. L’atmosphère de cette famille distordue vous prend à la gorge et ne vous lâche plus. Détonant  !

Sur le principe du titre, L’Aube appartient aux pies, chaque phrase énonce un lien d’appartenance entre des êtres ou des objets pour pousser le lecteur à porter un regard attentif et rêveur sur ce qui l’entoure.

ROMAN FRANCOPHONE - Sarah, 17 ans, vit chez ses parents comme un oiseau en cage. Son monde peu à peu est devenu trop étroit ; elle étouffe à petit feu sous le lourd carcan qui l’entoure. Ses livres sont contrôlés, sa chambre fouillée avec régularité. Les siens tentent — pour son bien, pensent-ils — de réprimer son attirance pour les femmes. Pour Rose et Jasmine, en particulier.

Asa est une ado douce et sincère – mais quand ses parents meurent dans un accident de voiture, elle n’arrive même pas à pleurer. Elle est juste seule, comme au milieu d’un grand désert. Sur un coup de tête, sa tante Makio la recueille. Mais cette mystérieuse autrice n’a pas l’habitude des contacts sociaux prolongés… Entre les lignes nous présente les délicats balbutiements de deux êtres fragiles qui apprennent à se connaître. 

Bon. Il suffit d’ouvrir la radio. D’écouter le journal. De lire un quotidien. Et cela nous tombe dessus : la rhétorique de l’époque, la rhétorique médiatique, est à la guerre. Avec son cortège de rodomontades. Et ses discours, a contrario, pacifistes et sirupeux. Comment l’ignorer ? C’est partout autour de nous. Partout.