roman Une passion dans le désert

...

Mo est un collégien un peu geek qui vit seul avec sa mère dans les montagnes du centre de la France. Quelques kilos en trop, pas beaucoup d'amis, Mo préfère s'évader dans le virtuel. Jusqu'au jour où, lors d'une course d'orientation, il se perd dans la montagne. Seul au milieu des bois, il réalise que quelque chose l'observe, là-haut, dans les branches. Gaby, le grand type qui vit dans une vieille ferme des hauteurs le sauve mais cette rencontre ne va cesser d'hanter Mo. Malgré lui, l'adolescent se lance en quête d'une vérité qui va chambouler sa vie pour toujours. Des terriers de blaireaux sur la lande à un lac argenté niché au cœur d'un cratère de volcan, la quête de Mo ne laissera personne indemne.

s'ouvre donc sur cet adolescent mal dans sa peau, un peu agaçant et qui passe son temps sur les jeux vidéo. Et puis, presque imperceptiblement, l'écharpe d'ombre qui plane sur la vie de Mo s'enroule autour du lecteur. Les pages se tournent, l'histoire se déroule et il devient tout simplement impossible de lâcher le livre. Ce qui devait être une petite heure de lecture se transforme en une soirée entière.

Le roman commence avec une enquête teinté de fantastique, se transforme en initiation et finit dans l'ambiance d'un thriller. Emmanuelle Maisonneuve construit habillement le récit de nombreux allers-retours narratifs et sème de petits indices au détour de chaque page, pour le plus grand plaisir du lecteur. Mo évolue page après page, entouré par de formidables personnages tel que Gé, son oncle chasseur ou Gaby le montagnard.

Un formidable roman au langage tantôt familier, tantôt poétique, fait de secrets, d'espoir, d'apprentissage et de quête. On ne peut trop en dire sans dévoiler le mystère mais n'hésitez pas, saisissez un appui et grimpez Dans les branches.

Au seuil d'une mort certaine, il est proposé à Alex, un Australien du XXIe siècle, Laure, fidèle compagne du brigand Cartouche dans la France du XVIIIe et Tom, un garçon des bas-fonds londoniens du XIXe aux allures dickensiennes de s'engager dans une quête à travers le temps. L'objectif donné par leur commanditaire : développer leurs pouvoirs et trouver une pierre magique  susceptible de mettre fin aux ambitions d'Hermès, un démon fourbe, métamorphe et impitoyable.

C'est ainsi que les trois jeunes gens sont projetés dans ce premier opus en pleine guerre de Cent Ans, alors que Bourguignons et Armagnacs s'apprêtent à s'entre-tuer aux portes de Paris. Si la violence de l'époque constitue en elle-même une menace, nos héros s'apprêtent à croiser le fer avec des créatures autrement plus terrifiantes dans les ruelles sombres de la capitale !

De Patrick Mc Spare, nous connaissions la série fantastico-historique des "Hauts-conteurs" : une histoire originale se situant au 12e siècle, mettant en scène une communauté d'aventuriers "maîtres des mots" sans cesse aux prises avec des forces maléfiques. La nouvelle série se passe dans le même univers, mais sur différentes époques. C'est en effet à des enjeux bien plus importants (la survie de l'humanité, entre autres) que sont confrontés les nouveaux héros.

Le premier tome a une double ambition réussie : d'une part, Patrick Mc Spare propose une immersion totale au sein d'une époque peu traitée en littérature de jeunesse. Sous la « petite » histoire, un pan de la « grande » histoire de France nous est décrite avec fluidité et sans lourdeur pédagogique. D'autre part, les créatures de cauchemar issues de l'imagination de l'auteur, les scènes de combat rondement menées et les situations cocasses et anachroniques dans lesquelles on retrouve nos aventuriers rendent l'avenir de la série prometteuse. À suivre !

Il y a du monde. Dans le coeur d'Alice. Sa mère, morte si soudainement d'une rupture d'anévrisme il y a un moment déjà. Son père, un écrivain connu et reconnu, en mal d'inspiration pour cause de deuil compliqué, sombrant dans une dépression légitime. Édouard, le meilleur ami, le confident, celui qui nourrit des sentiments ambigus et confus pour Alice. Léopold, un soupirant. Jonas, étudiant en psycho pour lequel elle a un coup de foudre. Julie, la copine de Jonas, tellement prévenante et douce que la détester devient un challenge insurmontable. Hubert, le voisin perturbé, et perturbant, sous traitement psychiatrique, qui sillonne les rues à la recherche de la Grande Ourse...

Chacun est une planète qui gravite autour du même soleil: Alice. Cette jeune fille de dix-sept ans, ordinaire ou presque, qui partage son temps entre le lycée et ses sorties, son père et ses amis. Et qui va élaborer des stratagèmes compliqués pour s'y loger ? Dans le coeur de Jonas.

est un escroc. Oui, parfaitement. Il feint de vous vendre la petite histoire d'une amourette adolescente classique, mais vous glisse, sans en avoir l'air, de la finesse, de la profondeur, de la sensibilité et de la réflexion. Il aborde avec légèreté et nonchalance des thèmes graves, très sérieux. Et il ne se contente pas de les effleurer, non, il les traite en profondeur. Il ficelle le tout avec un vrai style, du second degré, un humour quasi britannique.

C'est intelligent et sensible. Ne vous laissez pas avoir par le titre, Dans le coeur d'Alice n'a rien d'une bluette digne d'un téléfilm de M6. On avait déjà adoré Crimes et jean slim et ce dernier livre confirme notre penchant certain pour cet auteur de talent qui s'y trouve. Dans le coeur des Histoires sans Fin.

Trois ans de travail pour adapter de manière très personnelle et inédite, la Bible, certains textes notamment fondateurs de notre histoire littéraire et culturelle, avec la liberté et la volonté de leur ôter leurs caractéristiques religieuses originelles.

Un défi relevé haut la main par l'écrivain qui fait de cet ouvrage une véritable œuvre d'art poétique et sensible, accessible à tous, capable d'offrir une lecture romanesque  variée, empreinte de magie et d'émotions, d'aventures et de tragédies, respectueuse des textes anciens mais intensément innovante dans la manière de les raconter.

Des histoires sordides de familles déchirées, des histoires d'amour, des récits de guerre traversés de violence, de beauté, de rêves et même de rires parfois, délivrées tantôt sous forme de contes, de chansons voire même sous forme théâtrale.

L'ensemble est alors varié, sans ennui, plein de rythme et de mouvement, d'une écriture limpide, sans emphases et d'une tonalité plutôt juste, directe, proche du lecteur et s'accompagne d'illustrations surprenantes et superbes (120 au total) de Rébecca Dautremer.

Très personnelles, immédiatement reconnaissables par leur style unique et propre à l'artiste, elles créent l'harmonie avec le texte, apportent une grande profondeur aux personnages, une identité particulière, insolite et belle, faite de couleurs douces, de traits fins, d'une certaine innocence, très éloignées des iconographies religieuses.

Réalisées au crayon, à la gouache ou même à l'encre, elles procurent un apaisement, un bien-être, un plaisir (même si elles sont tristes) et une émotion vive, parfois bouleversante (la naissance de Jésus, sa mort, par exemple), qu'on se surprend à redécouvrir alors, certaines histoires, à les savourer entièrement, mieux qu'auparavant, du temps où la Bible était un ouvrage encore austère, pas toujours accessible, lu  presque par obligation.

Bien sûr cet ouvrage est subjectif, ne rend pas compte de la totalité de la Bible mais il initie sans distinction aux textes fondateurs de notre culture, l'air de rien, simplement en racontant des histoires, en laissant libre cours à l'imaginaire de l'artiste.

Peu importe au final si l'Ange Gabriel devient l'Homme oiseau, si Goliath ressemble à un catcheur, l'essentiel reste le bonheur à tourner les pages, à se saisir d'une histoire puis d'une autre, sans souci de chronologie, à se sentir happé par les dessins qui mènent avec grâce à la rêverie, au voyage, à l'évasion. Et ça, c'est peut être bien plus fort que Dieu, d'ailleurs.

Les originaux du titre Une Bible de Philippe Lechermeier et Rébecca Dautremer s'exposent à Paris au Bastille Design Center du 9 au 11 janvier prochain (exposition-vente).