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Histoire littéraire

Le Livre de Babur. Le Babur-nama de Zahiruddin Muhammad Babur

"Au mois de ramazan de l'année 1494, je devins roi dans le pays de Ferghana à l'âge de douze ans". Ce texte, traduit du turc tchaghatai, constitue les mémoires de l'empereur Babur, premier Grand Moghol des Indes (1494-1529), cas presque unique d'autobiographie dans la littérature musulmane médiévale. Il nous permet d'entrer dans le quotidien de cet homme a` la destine ? e incroyable, fondateur d'un immense empire, fin strate`ge, guerrier impitoyable, poe`te et grand me ? ce`ne qui nous a transmis des informations capitales sur son e ? poque, les re ? gions qu'il a traverse ? es et les peuples qu'il a croise ? s. Outre son inte ? re^t historique, cette somme vaut autant pour ses enseignements sur l'art de gouverner que pour ses ce ? le`bres descriptions de la faune et de la flore indiennes, ainsi que des villes fonde ? es dans le nord de l'Inde par les premiers souverains musulmans. Il est constitue ? de trois grandes parties chronologiques : d'abord Babur jeune souverain mis a` l'e ? preuve en Asie centrale, ensuite l'installation de son pouvoir sur le territoire de l'actuel Afghanistan, puis le ce ? le`bre livre indien ou` Babur franchit l'Indus et va jusqu'au Bengale. Pour retrouver tous les volumes de notre Série indienne, cliquez ici (Lien -> https : //www. lesbelleslettres. com/selection/99-serie-indienne).

11/2022

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Romans historiques

Les ravissements du Grand Moghol

Fils du grand Humayun, Akbar a dirigé l'Empire moghol de 1556 jusqu'à 1605. Cet espace, qu'il n'a cessé d'agrandir, s'étendait du Cachemire au Bengale, avant que l'" Ombre de Dieu sur terre " ne se décide à conquérir le sud de la péninsule. Personnalité complexe, fils d'une chiite et d'un sunnite, dyslexique, hyper-mnésique, sans doute épileptique, assurément mystique, à la fois sanguinaire et paisible, ascète et jouisseur, Akbar, qui avait épousé une hindoue, a fait sortir des sables la ville de Fatehpur-Sikri, qui reste aujourd'hui encore un haut lieu du tourisme indien. Cette ville abritait de multiples temples et accueillit diverses religions. Elle mêlait délibérément les architectures musulmane et hindoue dans un esprit de syncrétisme exceptionnel dans l'histoire musulmane. Akbar a durant sa vie réfléchi sur les croyances et les dogmes religieux, ce qui permit pour la première fois en Inde de voir musulmans et hindous cohabiter en paix. C'est l'histoire étonnante de cet empereur que raconte Catherine Clément. Elle sait donner à son personnage le " tremblé " qui nous permet de comprendre la folie qui l'anime, et son insatiable quête métaphysique. Elle met en scène une cohorte de religieux de toutes origines, qui s'empoignent sous nos yeux : oulémas, ayatollahs, hindous de toute caste, moines jaïns, rabbins et jésuites... Elle restitue la profondeur et la malléabilité des dogmes religieux qui nous guident et nous étouffent.

03/2016

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Littérature anglo-saxonne

La déesse et le marchand

Deen, vendeur de livres anciens proche de la soixantaine, partage sa vie entre New York et Kolkata. Lors d'un séjour en Inde, ce spécialiste du folklore bengali entend parler d'une fable méconnue. Intrigué par les zones d'ombre entourant l'histoire telle qu'elle lui est transmise, Deen observe les personnages reprendre vie grâce au souffle du récit. Un marchand, persécuté par la déesse des serpents, se serait lancé dans une fuite éperdue à travers des contrées imaginaires. Sur une impulsion, Deen embarque pour la réserve naturelle des Sundarbans, à la frontière du Bangladesh, afin de visiter le sanctuaire dédié à ce marchand. Lui qui a plutôt le profil du rat de bibliothèque s'improvise alors baroudeur, loin d'imaginer que cette excursion n'est que le début d'une folle équipée, de la mangrove indienne à la lagune vénitienne. Remontant la piste de cette mystérieuse légende, il voit sa vie bouleversée par de nouvelles rencontres, d'effarantes péripéties et d'étranges coïncidences. Au point qu'il se met à douter — de lui-même, et de sa lecture du monde. Ce formidable roman d'aventures, aussi poignant que divertissant, est à la fois périple intime, élucidation d'une énigme étymologique et cartographie d'une crise planétaire. L'auteur offre ici une puissante résonance aux enjeux humains et environnementaux de notre temps, dévoilant une vision troublante des affres de nos sociétés figées dans le déni.

09/2021

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Littérature étrangère

Devdas

" Je n'ai aucune idée de ce que Parvoti est devenue maintenant à la suite de tant d'années. Je ne cherche pas à le savoir non plus. Mais c'est pour Devdas que j'éprouve un profond chagrin. Après avoir lu l'histoire tragique de sa vie, vous éprouverez sans doute le même sentiment que moi. Néanmoins, si jamais vous rencontrez un malheureux, un débauché et un pécheur comme Devdas, alors priez pour son âme. Priez pour que, quoi qu'il advienne, personne ne meure de la même façon pitoyable que Devdas. La mort n'épargne personne. Mais qu'à cette dernière heure, le front du mort reçoive le toucher de doigts affectueux, que la flamme de sa vie s'éteigne sous le regard d'un visage empli d'affection et de compassion, qu'il voie au moins une larme dans les yeux d'un être humain. Ce serait pour lui un bonheur suffisant au moment de son départ pour l'autre monde. " Le narrateur conclut ainsi l'histoire tragique de Devdas, le personnage central du roman. Publié en 1917, ce roman raconte l'une des plus fascinantes histoires d'amour de notre époque. Devdas captive encore aujourd'hui aussi bien les lecteurs que les cinéphiles, ce qui témoigne de sa classe et de son caractère. Un des chefs-d'œuvre de Sarat Chandra Chatterjee (1876-1938), considéré au Bengale comme un Maître conteur (Kathashilpi), Devdas révèle un trésor de la littérature romantique indienne.

04/2006

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Sciences historiques

Réunionnité via Pondichéry. Le jour où j'ai retrouvé l'origine de mon nom là-bas, édition bilingue français-tamoul

"Je livre ici le récit d'une première et si étrange visite à Pondichéry, qui par le jeu du détour m'a permis d'appréhender mon pays natal à travers un redimensionnement identitaire difficile à concevoir ailleurs qu'au Tamil Nadu. Ce texte pourrait relever du romanesque, mais pourtant résulte bien de ce qui s'est passé là-bas, à la fin du mois de décembre 2015, dans notre Inde, celle du grand Sud qui fait face au golfe du Bengale. Tout s'est passé dans et autour de la ville portuaire de Pondichéry, d'où nos ancêtres tamouls ont été conduits à prendre le bateau pour être débarqués dans notre île, après des semaines d'une traversée aussi éprouvante que tragique. C'était après l'abolition de l'esclavage de 1848, quand ceux-ci n'étaient pas encore appelé les Engagés du Sucre." [...] "Sur le sol de Pondichéry, face à l'océan indien, c'était la première fois que j'entrevoyais mon île natale d'aussi singulière façon, et que s'imposait une conscientisation d'une identité enfin complétée, parce que dépassant et renforçant le cadre insulaire." Je livre ici, à tous les Réunionnais issus du peuplement historique, le récit de la découverte d'un nous-mêmes. Un récit parturiant aussi singulier qu'universel, doubalé d'un essai, et des considérations philosophiques autour de l'ego, héritées du non-dualisme de la métaphysique indienne moderne.

10/2019

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Revues

Décapage N° 67, printemps-été 2023 : La panoplie littéraire de Catherine Cusset

Des divagations littéraires, engagées et étonnantes. Avec Jean-François Kierzkowski, Laurent Quintreau, Aymeric Patricot, Nicolas Fargues. Et la chronique de Patrice Jean : "Le vrai travail de l'écrivain n'est pas d'apprendre à écrire, mais de s'exercer à s'extraire de son temps et de sa classe sociale, par d'amples lectures". Rencontre imaginaire avec Colette : "Je supporte de plus en plus mal ce que j'appelle la littérature". Des nouvelles inéditesAvec Patrice Pluyette et pour sa première publication : Jean-François Santolini. Retrouvez la troisième partie de L'Italie à mes pieds d'Alexis Ferro - une comédie à l'Italienne pleine d'allant. La Panoplie littéraire de Catherine CussetCatherine Cusset a écrit 17 livres, qu'elle classe en "romans autobiographiques", "autofictions", "vrais romans" et "romans vrais". Elle revient sur son parcours d'écrivain, de ses premières lectures à son dernier roman". Le livre que je ne pensais pas écrire"Un grand roman picaresque qui devient une réjouissante pochade ; un petit récit qui se transforme en une volumineuse confession de 1000 pages ; un roman sur les tigres du Bengale qui finalement raconte la disparition du cacatoès à huppe jaune... Parfois, l'auteur commence un projet avec une idée précise en tête et au fil de l'écriture, il découvre que c'est un autre livre qui s'impose. Comment commencer et finir son roman ? Peut-on tout prévoir ? Comment tenir le fil de son histoire ? Douze écrivains racontent les coulisses de la création.

05/2023

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Poches Littérature internation

Souvenirs d'enfance

Ce petit livre des Souvenirs d'enfance est l'une des dernières œuvres importantes de Rabindranath Tagore. Il a été écrit pendant l'été de 1940 dans la petite bourgade de Kalimpong, près de Darjeeling. C 'est de là que partaient vers les montagnes du Tibet les pittoresques caravanes de mulets lourdement chargés conduites par ces guides tibétains, solides montagnards, gais et paisibles. La famille Tagore quittait au moment des vacances la plaine du Bengale où était installée l'université de Santiniketan ("séjour de paix ") que le poète avait fondée au début de ce siècle. La chaleur de cette saison qui précède la mousson était pénible à supporter pour une santé déjà très atteinte. L'exode de la famille vers la montagne entraînait aussi un petit nombre d'amis, et cette année-là j'étais du nombre. C'est ainsi que j'ai assisté à ces réunions amicales autour du lit de ce maître vénéré de tous et si digne de vénération. Il nous racontait ses souvenirs d'enfance, et l'un ou l'autre de ses assistants écrivait le récit qu'il en faisait. Ce retour vers le plus lointain passé, celui des heures claires dans la fraîcheur des jours d'enfance, est, semble-t-il, familier à ceux qui vieillissent. Le poète racontait avec un humour charmant, égayant l'histoire de ces sourires tendres et malicieux que nous connaissons bien et qui rendaient si agréable la moindre des conversations que nous avions avec lui. Christine BOSSENNEC.

05/1996

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Littérature étrangère

Kali-Katha

Kishore Babou a-t-il perdu la raison ? Il vient de subir un pontage cardiaque, à l'âge de soixante-douze ans, et une bosse bien visible sur sa tête témoigne aussi du coup qu'il a reçu accidentellement sur son lit d'hôpital, mais ce sont surtout ses pérégrinations dans les quartiers pauvres de Calcutta qui inquiètent sa femme et ses enfants. Car Kishore Babou est le patriarche d'une riche famille de négociants marwaris - donc originaire du Rajasthan - installée dans les beaux quartiers de la capitale du Bengale, et personne dans son entourage ne comprend pourquoi ce personnage tyrannique, et jusque-là surtout préoccupé par sa réussite, se met à fouiller dans le passé, au point de rechercher des documents concernant l'arrivée de son arrière-grand-père à Calcutta au milieu du dix-neuvième siècle. Mais Kishore Babou est bien en proie à une sorte de révolution intérieure, s'interrogeant sans cesse sur la trajectoire de sa famille et son attitude aux moments clefs de l'histoire indienne. Cette plongée dans le passé réveille également des blessures plus intimes, comme le souvenir de Lalit Bhaiyya, l'unique frère mort prématurément, et de Bhabhi, la belle-sœur secrètement aimée. La vie de ses deux meilleurs amis Shantanou et Amolak, tous deux engagés dans la lutte pour l'indépendance de l'Inde - l'un dans les groupes révolutionnaires armés, l'autre aux côtés de Gandhi -, occupe également une large place dans les réflexions de Kishore Babou. Les trois amis s'étaient d'ailleurs promis de se retrouver le 1er janvier 2000...

11/2002

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Littérature française

Non

Non, ouvrage de critique, a été écrit en roumain, entre 1930 et 1933, lorsque Ionesco avait vingt ans. Dans une première partie, Ionesco attaque violemment trois gloires reconnues de la littérature roumaine : le poète Tudor Arghezi, le poète Ion Barbu et le romancier Camil Petresco. En fait, plus qu'à eux, il s'en prend aux critiques qui les ont encensés. Ces essais critiques sont entrecoupés de passages où l'on reconnaît les grands thèmes de Ionesco : dans une sorte de journal, des réflexions sur la vanité du métier de critique et surtout sur la peur de la mort, leitmotiv le plus essentiel de toute l'oeuvre de Ionesco : "Je vais mou-ou-ou-ou·ou-ou-rir." La seconde partie est une suite d'essais sur la critique. Ionesco essaie d'y démontrer la vanité de la critique, et même son impossibilité. Et aussi l'impossibilité et l'absurdité de l'art. Il s'amuse, par exemple, à écrire un éloge dithyrambique puis un éreintement de La Nuit bengali de Mircea Eliade. Il retrace de façon caricaturale la carrière type d'un écrivain en Roumanie. Il avance des paradoxes sur le roman, et sur le génie littéraire. Dès qu'on s'exprime, on cesse d'être soi-même. La valeur esthétique n'existe pas. "Si Dieu existe, à quoi bon faire de la littérature ? Si Dieu n'existe pas, alors, à quoi bon faire de la littérature ?" Dans la Roumanie d'alors, le jeune Ionesco était ce qu'on appelait "négativiste". Le lecteur français y reconnaîtra ce regard clownesque et angoissé à la fois devant l'évidence de l'absurde, qui est au coeur même de son théâtre.

04/1986

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Sociologie

Rabindranath Tagore, sentinelle d'une inde nouvelle

Loin de l'hagiographie, cet ouvrage, composé d'une dizaine d'articles, s'interroge sur l'impact que le poète bengali Rabindranath Tagore (1861-1941) a eu sur le monde littéraire, artistique et politique. Il aide à comprendre comment ce penseur et réformateur social, la "grande sentinelle", ainsi que l'appelait Gandhi, mit en garde l'Inde et l'humanité tout entière contre les dangers du grégarisme, et prépara et accompagna avec intelligence et courage ses compatriotes sur les chemins de la liberté, de la démocratie et de la modernité. Y est étudié Tagore l'idéaliste, l'humaniste tenté par la politique, qui tissa avec des intellectuels occidentaux des liens qui, parfois, s'effilochèrent à cause, certes, de soucis de communication, de l'évolution des positions qui mena à des clivages d'opinion, mais surtout parce que ce fut une période où la pensée évolua sans répit et où la grandeur des hommes se lisait dans leur capacité à réagir pour éviter le chaos. Dans ce contexte d'entre-deux-guerres et de pré-indépendance nationale, Tagore sut réagir et rappeler chacun à ses responsabilités. Tout en poursuivant son oeuvre plurielle (littéraire et socio-éducative), il se rallia finalement à Gandhi. Sur le plan personnel, il se tourna tardivement vers la peinture et devint un artiste prolixe et décomplexé qui se fit découvrir en France. Comme l'intégralité de son oeuvre nous renvoie à l'enfance, ce collectif s'achève sur un clin d'oeil à la naissance et à la renaissance, la sienne et celle de l'Inde, pour inciter à la (re)lecture d'ouvrages dont l'universalité et la contemporanéité offrent des clés pour un meilleur entendement de l'époque actuelle.

05/2011

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Religion

Le secret du véda

Le Véda, ou Connaissance, désigne un ensemble de textes considérés comme les livres sacrés de l'Inde et constitue l'un des plus anciens documents de la pensée humaine, mais son interprétation reste l'objet de multiples controverses. Il s'agit en effet d'hymnes sacrificiels, mêlés à une foule de mythes dont le secret s'est perdu. Censés avoir été révélés à des voyants rishi), ils ont été composés dans une langue archaïque, où abondent images obscures et allégories ambiguës qui semblent avoir des significations multiples. Dans cet essai, Sri Aurobindo propose quelques hypothèses pour interpréter ces textes millénaires. Les formules sacrées du Rig Veda, dit-il, sont l'expression d'un culte panthéiste de la nature, mais leur symbolisme hermétique recouvre aussi un système du monde cohérent et une véritable discipline psychologique. Cet enseignement restait caché aux profanes, car les prêtres des temps védiques réservaient l'accès à la science des dieux et à la connaissance de soi aux initiés, seuls à même, par leur conduite intérieure, de suivre le long chemin qui permet de vaincre les ténèbres de l'ignorance et d'accéder à la vérité. Cette analyse de la pensée symbolique de ceux que l'on a appelés les " Pères primitifs " est une clé essentielle pour comprendre les grandes écoles philosophiques et religieuses de l'Inde qui, démontre Sri Aurobindo, sont issues du Véda. D'une façon plus générale, elle éclaire le processus de transformation des mythes et les débuts de l'histoire de la pensée. Sri Aurobindo (1872-1950) est le fondateur de l'ashram de Pondichéry. Après avoir été chef révolutionnaire au Bengale dont il était originaire, il devint yogi, poète et philosophe. Ses écrits ont eu un grand retentissement dans le monde entier.

01/1975

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Royaume-Uni

Churchill, sa vie, ses crimes

Les monographies sur Winston Churchill disponibles en langue française, si elles fournissent de précieux éléments historiques et biographiques, versent souvent dans l'hommage au " grand homme " avec une certaine complaisance voire une admiration pour son action politique. Ce livre prend le parti inverse et rappelle que la mémoire des grandes figures historiques est toujours une entreprise collective, conflictuelle et déterminée par notre présent. Tariq Ali, historien et écrivain britannique reconnu, nous invite à repenser l'action politique de Churchill du point de vue des populations et des Etats qui en ont subi les conséquences. C'est aussi le portrait d'une époque, celle de l'empire britannique déclinant, de l'Europe en guerre et de la décolonisation, qui a façonné le monde dans lequel nous vivons. Ce livre, largement documenté, fait le point sur la bibliographie existante et offre un regard inédit sur le sujet. C'est pour nous un ouvrage de fonds dont la traduction en français représente un coût financier important pour une maison comme la nôtre. C'est pourquoi nous sollicitons le dispositif d'aide à la traduction du CNL. Tariq Ali s'attaque dans ce livre à l'image, toujours célébrée, de Churchill. Dans sa longue carrière de journaliste, d'aventurier, d'homme d'Etat et d'historien, le nationalisme et l'impérialisme constituent le fil directeur, avec des conséquences désastreuses. Jeune homme, il participe aux batailles en Afrique du Sud, au Soudan et en Inde, qui visent à maintenir l'ordre impérial. Comme ministre lors de la Première Guerre mondiale, il est responsable d'une série d'erreurs catastrophiques conduisant à des morts par milliers. Ses efforts pour écraser les nationalistes irlandais sont autant de plaies qui ne sont toujours pas cicatrisées. Endossant le rôle de défenseur de son pays pendant la Deuxième Guerre mondiale, la période la plus période la plus vénérée de sa carrière, il n'a pas hésité à sacrifier des territoires lointains : Tariq Ali évoque ainsi l'attaque brutale contre la résistance grecque, la famine au Bengale qui a coûté la vie à plus de 3 millions d'Indiens, l'assaut aérien contre les civils à Dresde et Hambourg, et son insistance sur l'utilisation d'armes nucléaires au Japon. Comme leader une fois la paix revenue, alors même que l'Empire s'écroulait, Churchill n'a jamais renoncé à sa philosophie impériale et il est l'un des architectes du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Il reste l'idole de personnages comme Boris Johnson, George W Bush et Donald Trump. Son bilan est terrible, amplement documenté dans l'acte d'accusation de Tariq Ali. Tariq Ali s'attaque dans ce livre à l'image, toujours célébrée, de Churchill. Dans sa longue carrière de journaliste, d'aventurier, d'homme d'Etat et d'historien, le nationalisme et l'impérialisme constituent le fil directeur, avec des conséquences désastreuses. Jeune homme, il participe aux batailles en Afrique du Sud, au Soudan et en Inde, qui visent à maintenir l'ordre impérial. Comme ministre lors de la Première Guerre mondiale, il est responsable d'une série d'erreurs catastrophiques conduisant à des morts par milliers. Ses efforts pour écraser les nationalistes irlandais sont autant de plaies qui ne sont toujours pas cicatrisées. Endossant le rôle de défenseur de son pays pendant la Deuxième Guerre mondiale, la période la plus période la plus vénérée de sa carrière, il n'a pas hésité à sacrifier des territoires lointains : Tariq Ali évoque ainsi l'attaque brutale contre la résistance grecque, la famine au Bengale qui a coûté la vie à plus de 3 millions d'Indiens, l'assaut aérien contre les civils à Dresde et Hambourg, et son insistance sur l'utilisation d'armes nucléaires au Japon. Comme leader une fois la paix revenue, alors même que l'Empire s'écroulait, Churchill n'a jamais renoncé à sa philosophie impériale et il est l'un des architectes du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Il reste l'idole de personnages comme Boris Johnson, George W Bush et Donald Trump. Son bilan est terrible, amplement documenté dans l'acte d'accusation de Tariq Ali.

05/2023

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Littérature étrangère

Après la mousson

Selina Sen prend pour décor de ce premier roman mené tambour battant les faubourgs de New Delhi, où se sont installés en 1947, après avoir fui le Bengale, les grands-parents de ses deux héroïnes. Chhobi, la soeur aînée, qu'occupent essentiellement ses projets professionnels, tente de veiller-tant bien que mal-sur la jeune, ravissante et impulsive Sonali. Leur mère, dont le mari militaire en poste dans l'Himalaya est mort des années auparavant, se bat vent debout contre la solitude et la difficulté des temps. En cette année 1984, celle de l'assassinat d'Indira Gandhi par ses gardes du corps sikhs, l'insécurité et l'inquiétude règnent. Dadu le grand-père, muré dans la nostalgie de ses terres perdues avant la Partition, n'est plus d'aucun soutien, seule la présence lumineuse de Dida, la grand-mère, cuisinière émérite et protectrice du foyer, adoucit la vie quotidienne de cette lignée de femmes. L'arrivée de Sonny, un fils de famille, dans la vie de la belle Sonali va perturber l'équilibre précaire de la maisonnée. Séduite et abandonnée par le fringant jeune homme, Sonali se jette dans les bras d'un de ses cousins, un obscur marin, qu'elle épouse. Le nouveau mari embarque sur un bateau à la cargaison plus que suspecte, qui disparaît corps et biens. Sonali veut obtenir réparation: révélant une force de caractère insoupçonnée, elle se lance avec les femmes de sa famille dans une enquête qui les conduira à rien moins que des trafics d'armes et des malversations financières. Si le roman de Selina Sen se lit comme un récit d'aventures souvent rocambolesques, il décrit surtout, à travers une famille ordinaire, les mutations d'une société indienne où les jeunes générations prennent en main leur destin. Après la mousson est aussi un livre flamboyant, profondément ancré dans son territoire: la langue ciselée de l'auteur y restitue à merveille la saveur des mets, les couleurs des étoffes et le chatoiement de la ville.

04/2009

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Histoire internationale

Histoire de l'Inde moderne. 1480-1950

Berceau d'une civilisation millénaire, l'Inde, par ses richesses, a toujours attiré l'étranger. L'aube du XVIe siècle voit arriver les premiers navigateurs portugais. Tandis qu'ils édifient sur ses rivages un empire maritime et que Goa se couvre d'églises, d'autres conquérants venus d'Asie centrale, des Turco-Mongols, pénètrent dans le nord de la péninsule. Babur, leur chef, fonde un Etat qui, sous le règne d'Akbar, devient l'un des puissants du monde, l'Empire moghol. Une brillante civilisation s'épanouit, dont témoignent encore tant de splendeurs architecturales. La prospérité de l'Inde émerveille les voyageurs européens et suscite la convoitise des compagnies de commerce qui établissent des comptoirs. Au XVIIIe siècle, l'Empire moghol, en proie aux querelles de succession, s'affaiblit, et de nouveaux Etats indiens se forment. Anglais, et français, profitant de ce déclin du pouvoir, se disputent la suprématie commerciale et politique de la péninsule. A Pondichéry, Dupleix cherche à établir un protectorat sur le Deccan, mais ses rêves échouent. Les anglais sont libres de s'emparer de l'Inde. En un demi-siècle, après avoir conquis le Bengale, ils vont édifier un gigantesque empire à la fois terrestre et maritime. Celui-ci atteint son apogée sous la reine Victoria, proclamée impératrice des Indes pour incarner la légitimité britannique aux yeux de deux cents millions de sujets indiens. Le premier siècle colonial n'entraîne pas de bouleversements radicaux dans la société rurale. Mais au lendemain de la Grande Guerre, Gandhi, dont l'image messianique se répand dans le monde des campagnes, mobilise des mouvements de protestation spectaculaires. Bientôt le Congrès nationaliste, sous l'impulsion de Nerhu, conteste la domination coloniale tandis que Jinnah revendique un Etat séparé pour les musulmans. En 1947, le Raj britannique s'effondre, laissant place à l'union indienne et au Pakistan. Naissance douloureuse, la partition clôt dans le sang et dans les larmes ce qui aurait pu être la victoire exemplaire d'un mouvement anticolonialiste non violent.

05/1994

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Economie

Le Marché. Histoire d'une conquète sociale

Le monde actuel vit un paradoxe inouï. D'un côté, la cause semble entendue : il est plongé dans la crise par les comportements erratiques des marchés financiers. De l'autre, des millions d'êtres miséreux rêvent d'avoir accès au marché, au lieu où, à la ville, ils pourraient troquer un petit rien contre un autre qui les tirerait du besoin. Le marché est une institution d'échange dont toute l'histoire est marquée par les dérèglements des usages qu'en firent et en feront des êtres cupides, intéressés par leur seul enrichissement à court terme et aux antipodes de la fiction chère à la théorie économique d'un individu mû par la seule rationalité éclairée. Le marché est aussi un moyen d'émancipation pour les damnés de la terre ou du travail sans qualité. C'est ce que rappelle Laurence Fontaine, historienne qui a le goût de l'archive et de l'anecdote exemplaire et la passion des allers-retours explicatifs entre hier et aujourd'hui. Ici, l'économie est à la hauteur de ces hommes et de ces femmes qui veulent améliorer leur sort par l'échange de menus biens ou de produits coûteux, dans la Lombardie ou le Paris du XVIIIe siècle, comme dans les provinces reculées du Bengale, de la Chine ou de la Mauritanie contemporains. Car le marché est facteur d'émancipation, notamment pour les femmes, qui accèdent à la responsabilité par l'échange, le commerce, la gestion du budget, voire le crédit. Emancipation des pauvres rivés à leur endettement, émancipation de la femme qui desserre l'étau du patriarcat, émancipation globale d'une économie informelle qui accède aux circuits monétaires régulés. Mais émancipation d'une extrême fragilité si elle ne s'accompagne pas de la reconnaissance pour chacun des mêmes droits que pour les autres. N'en déplaise aux repus de la consommation, cette reconnaissance passe aussi par la possibilité d'accéder aux mêmes biens : les exclus demandent une chose première parce qu'ils la savent essentielle pour tout le reste - un accès sans condition au marché.

01/2014

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Littérature française

Anaissoune à l'école des blancs

A la lecture de ce récit une phrase que connaissent tous les écoliers francophones me vient à l'esprit, Rodrigue, dans le Cid de Corneille, clamait : Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années. Anaïssoune avec ses 7 ans est certes une âme bien née ! Benjamin d'une grande fratrie, orphelin déjà de père et de mère, il a grandi au sein d'une famille qui l'entoure d'un amour infini. Il va être arraché aux siens pour intégrer l'Ecole nomade de Gourma Rharous et son départ est un véritable drame. Il parvient à braver les obstacles, à concilier son sens de la révolte et son désir de fuite pour retrouver sa famille avec les principes d'honneur inculqués par son éducation traditionnelle peule. Malgré sa méfiance pour tout ce qui vient de l'Ouest et grâce à son courage et à sa finesse d'esprit, il va réussir à résoudre cette équation aux données contradictoires : comment rester soi même, fidèle aux siens, à ses principes d'honneur et devenir un " petit esclave des blancs " fier et libre. Anaïsssoune voudrait revenir chez lui et vivre auprès des siens dans ce Gourma qu'il aime tant mais son intelligence et ses réussites scolaires le prédisposent à poursuivre toujours plus loin sur le chemin de la connaissance. Au cours de ces années vécues dans " la prison dorée " de Bengao, il va aussi forger sa personnalité au contact des enfants peuls et touaregs et tisser avec eux des liens d'estime et d'amitié indestructibles. Au moment où le Mali cherche à résoudre le difficile problème de la réconciliation nationale, ce récit nous apporte une brise d'espoir, l'espoir que les hommes d'honneur et de valeur de ce Nord, aujourd'hui meurtri, sauront rétablir la trame du tissu social et les liens solides de fraternité et d'amitié qui liaient les familles des ethnies peule, sonraïe, arabe et touarègue du nord du Mali. Puisse le temps de la Baraka revenir dans notre pays !

06/2018

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Littérature française

Dans la tanière du tigre

"Pendant que nous buvons le vin blanc acidulé des vignobles de Nashik, je récite ces deux vers du poète et rabbin Yehuda Halevi : "Mon coeur est en Orient et moi au bout de l'Occident". Je lui raconte la Chine, le Japon, l'Asie du Sud-Est, une histoire familiale liée au passé colonial français, mon grand-père magistrat en Indochine, l'enfance de ma mère sur la baie d'Ha Long, mes études chinoises, mon recrutement surprise par le quai d'Orsay, ces années à Pékin à me tenir le plus loin possible d'une politique verrouillée par le maoïsme - et ce n'était que maintenant que je m'apprêtais à résoudre l'équation : j'avais été longtemps ce "jeune homme bien élevé" mais j'avais besoin du danger pour me sentir vivant. Je me surprends à me comprendre moi-même, à enfin saisir le mouvement qui me fait et me défait. Je réfute cette consigne de prudence suivant laquelle un diplomate ne doit pas s'identifier par trop avec les heurs et malheurs du pays où il est accrédité. Je pense à l'inverse : dans le grand gouvernement des sensations et de l'inconscient, la seule manière de comprendre est de plonger dans les profondeurs. De courir tous les risques". Dans les rues étouffantes de Delhi, Ahmedabad et Bombay, dans les villages reculés du Bengale ou dans le désert du Thar, l'auteur poursuit des énigmes : qu'est-ce qui pousse un jeune homme bien élevé à partir toujours plus loin de là où il est né, toujours plus avant dans la tanière du tigre ? Pourquoi entraîner sa famille dans une aventure dont on ignore l'issue ? Comment vivre dans la violence assourdissante du monde, et continuer d'aimer ? De son amitié nouée avec l'écrivain et militante Arundhati Roy naissent des dialogues à bâtons rompus, des rencontres intenses avec la jeunesse engagée d'un pays, des souvenirs d'une autre jeunesse, brûlante et insomniaque, dans les nuits de Pékin.

01/2022

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Animaux, nature

Alpha chat

Les Alphachats sont une race à part : ce sont tout d'abord des chats (de race ou de gouttière) peints "au poil près" par l'illustratrice naturaliste Gabriella Gallerani, et bien rangés dans un ordre "alpha-bêtique". A chacun sa lettre, qui pour y grimper, se cacher, jouer, s'étirer, bailler ou simplement prendre la pose : A comme Angora, B comme Bengal, C comme Chartreux, ou encore G comme Greffier, M comme Maine Coon, P comme Persan, S comme Siamois... jusqu'à Zzz pour les 18 à 20 heures par jour qu'un chat passe à dormir. Les Alphachats sont aussi les chats qui ont fait l'histoire, la littérature, le cinéma, la BD, la musique et, naturellement, le bonheur des auteurs qui ont vécu en leur compagnie. Qu'ils soient tigrés ou écaille-de-tortue, roux ou noirs, avec ou sans pedigree, ces chats ont quelque chose en commun : chacun a un nom. En voici donc plus de 600 assortis d'autant d'anecdotes glanées par Paola Gallerani : sans Apollinaris, Bébert, Boise, Catarina, Giuseppe, Jellylorum, Murr et Tyke, est-ce que Twain, Céline, Hemingway, Poe, Morante, Eliot, Hoffmann et Kerouac auraient écrit les mêmes oeuvres ? Si nous sommes certains que c'est pour Pulcinella que Domenico Scarlatti a composé la fugue Le Chat pour clavecin, sans Elvis (le chat, what else) John Lennon aurait-il composé les mêmes chansons ? Et s'il n'y avait pas eu Spithead, Newton aurait-il inventé la chatière ? Sans parler du Fripouille de Klee, des Sam de Warhol et de la Polly de Kubrick... Les chats muses, dans le sens le plus traditionnel, mais aussi les chats comme Micetto qui se cachait sous la soutane du pape Léon XII, ou Brilliant, l'angora favori de Louis XV, Lucifer et Perruque, les éminences à fourrure de Richelieu, ou encore Jock, qui assistait avec Churchill aux conseils de guerre, et Socks "First Cat" à la Maison Blanche sous Clinton, tous ont contribué à inspirer bien des décisions. Et si Mitsou et Marcus sont les chats d'acteurs célèbres (Marilyn Monroe et James Dean), Orangey et Pyewacket montent eux-mêmes sur les podiums pour recevoir le PATSY Award (pour Diamants sur canapé et L'Adorable Voisine). Enfin qu'en serait-il d'Alice sans le chat du Cheshire, ou de Titi sans Gros Minet ? C'est pourquoi même les chats "de fiction" ont leur place ici. Et comme les derniers seront les premiers : CC, le premier chat cloné, Nadjem le plus ancien chat égyptien dont on connaisse le nom et All Ball, le premier chat adopté par une gorille. Voici donc un portrait inédit pour le style et la beauté des illustrations de ces fascinants "tigres de maison", en forme de recueil des faits et dits mémorables de tous les chats qui ont su se rendre dignes de leur nom.

09/2013

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Religion

Le couple en question

Depuis plusieurs années, les Editions Beauchesne me relançaient pour que je participe à la collection Verse et Controverse. Mais en fait j'étais réticent. Je redoutais d'être pris dans le piège d'un dialogue de sourds ; cela m'était arrivé plusieurs fois, oralement, à propos de la réflexion que suscite la psychologie moderne dans le domaine de la sexualité et du mariage. Et j'avais bien constaté que c'était, comme on dit, du temps perdu. Un certain soir de 1970, le Centre des Intellectuels français nous mettait en présence, Jacques de Bourbon Busset et moi, au cours d'un dîner où nous étions sept ou huit convives. Il s'agissait de prévoir une séance de la Semaine des Intellectuels dont le thème était, cette année-là, le "bonheur" . Je connaissais les autres, mais pas encore - du moins personnellement - J. de Bourbon Busset. Et lui non plus, naturellement, ne me connaissait pas. Le "courant a passé" . Une certaine convergence de vues dans une très grande différence de structure mentale et intellectuelle. Et un effort pour se comprendre. Là-dessus, la soirée a eu lieu - folklorique. Nous étions six sur l'estrade de la grande salle de la Mutualité, avertis qu'il allait "se passer quelque chose" . Et de fait, dès le début, après une brève bagarre aux portes avec le service d'ordre, une bonne cinquantaine d'intégristes de choc ont envahi la salle : pétards, feux de Bengale, oeufs crus... D'un peu plus, Mme Menie Grégoire qui siégeait à côté de moi en gobait un, d'oeuf, sans le vouloir... Jacques de Bourbon Busset, au bout de la rangée, me faisait penser à Henri IV : souriant, calme, le panache blanc dans la bataille... Les assaillants, repoussés par un public nombreux et décidé, n'ont pas pu monter sur l'estrade. Au bout d'une bonne demi-heure, ils étaient définitivement expulsés, et nous pouvions parler. Et quand, l'an dernier, les Editions Beauchesne - qui ont de la suite dans les idées - m'ont redemandé de participer à Verse et Controverse, cette fois avec J. de Bourbon Busset, j'ai tout de suite accepté. Et lui, de son côté, tout de suite a dit oui. Nous pensons, en effet, qu'il peut sortir pour le lecteur quelque chose d'intéressant de notre rencontre : ce chantre de l' "amour fou" , qui chante l'amour parce qu'il le vit avec une femme de même classe que lui ; et le presque vieux célibataire et psychologue qui en a entendu, comme tel et comme prêtre, plus que bien d'autres sur ce sujet. Et voilà le résultat de notre rencontre... Marc ORAISON.

01/1973

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Cirque

Nouma Hawa, Reine des fauves. La véritable histoire de la première dompteuse du monde

Cet essai relate le parcours invraisemblable d'une petite lingère ardéchoise dévorée d'ambition qui va faire de sa propre vie un roman d'aventures digne d'un conte des mille et une nuits. Maîtresse de son destin comme un auteur déciderait de celui de son héroïne, elle se crée de toutes pièces un personnage spectaculaire, exotique et fascinant. Se jouant des conventions sociales, elle devient dompteuse de fauves puis propriétaire de sa propre ménagerie. Une maîtresse femme qui ne se laissera pas plus intimider par la domination masculine qui règne dans le monde forain que par les crocs du redoutable tigre du Bengale. A la scène comme à la ville, Nouma Hawa aura été une femme libre - en un temps où l'émancipation féminine n'est encore qu'un horizon. Mariée plusieurs fois, elle a connu les divorces, la solitude (si malvenue pour une femme mûre de l'époque) et même, selon certaines rumeurs, un libertinage assumé. Sur l'arène, elle alimente les fantasmes les plus troubles de ses contemporains, frêle sylphide parmi les bêtes sauvages, intrépide amazone face à des dangers souvent mortels, étendant l'empire de sa séduction jusqu'à réduire à des matous les fauves les plus féroces de son seul regard de braise. C'est la femme fatale à tous égards, faisant sienne sans sourciller la lourde réputation des premières dompteuses, qui seraient à la fois sauvages, dépravées et dominatrices. Apanage qui toucherait au vulgaire si notre héroïne n'avait su en faire, précisément, ses armes et sa parure, et disons-le, jusqu'à son bouclier médiatique. Née en 1845 (et morte en 1925), la belle Nouma Hawa va vivre "de plein fouet" le virage du XIXème au XXème siècle, période de profondes mutations qui se répercutent évidemment sur le monde du cirque. Tout d'abord, l'Exposition internationale d'Electricité (1881) ainsi que l'Exposition universelle de 1889 marquent un tournant dans l'économie du spectacle ambulant. On y découvre les inventions les plus révolutionnaires, notamment le phonographe et le kinétoscope, ainsi que d'autres créations de Thomas Edison comme l'ampoule et les générateurs électriques, dont les forains vont profiter pour développer des attractions originales et innovantes et des équipements modernisés afin de prendre en marche le train du progrès. De même, l'apparition du cinématographe (dont la popularisation devra beaucoup au monde du cirque) va bouleverser la conception des numéros qui sauront ingénieusement intégrer des projections filmées. L'industrie du cinéma, précédant de peu la Première Guerre mondiale, s'empare très vite elle-même de l'image des fauves qui ont le don de faire voyager les spectateurs (mobilisant par conséquent nombre de conseillers animaliers, souvent d'anciens dresseurs). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, en 1924, la Metro-Goldwyn-Mayer, l'un des plus anciens studios de cinéma, choisit pour emblème un lion rugissant, image acccompagnée bientôt du son (enregistré sur gramophone en 1928). Quant à Nouma Hawa, son sens inouï de l'adaptation, son intelligence et son inventivité en termes de stratégies commerciales ainsi que son génie dans l'utilisation des médias - et dans la médiatisation de sa propre vie - feront d'elle une star à tous les âges de son existence. Elle finira ses jours à Genève dont elle a marqué des générations d'enfants et de leurs parents magnétisés par celle que ses contemporains surnommèrent à juste titre "la Reine des fauves" et qui fut sans conteste la dompteuse la plus populaire de la Belle-Epoque.

11/2023