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Pléiades

Robinson Crusoé

Si l'on s'en était tenu à la volonté de Defoe, son nom n'aurait jamais été associé à celui de Robinson Crusoé. Les historiens de l'Angleterre seraient sans doute les seuls à le connaître aujourd'hui, en tant qu'espion, ou en tant qu'homme de plume à l'activité presque exclusivement politique. En effet, lorsque paraît à Londres, en 1719, la première partie de Robinson Crusoé, le récit des aventures de ce marin qui a passé vingt-huit ans sur une île déserte (ou presque) est censé avoir été "écrit par lui-même". Le succès immédiat et considérable du livre ne change rien à l'affaire : Defoe n'en revendique pas la paternité. Le nom véritable de l'auteur, connu de quelques rares contemporains, demeurera tu plusieurs décennies encore après sa mort. Et c'est une chose singulière que "l'un des premiers maîtres du roman", selon Virginia Woolf, ait soigneusement évité de passer pour romancier. De Robinson Crusoé on ne connaît le plus souvent que la première partie, celle de l'épisode insulaire. La survie du héros y est décrite avec un réalisme d'une puissance inédite jusqu'alors - et inaltérable. C'est qu'il importe pour Defoe que son récit soit de la plus grande véracité possible. La présente édition reproduit également la seconde partie du roman, écrite dans la foulée. Les aventures picaresques s'y multiplient, conduisant le héros jusqu'en Chine et en Russie. À mesure que l'histoire avance, la voix du narrateur semble se dissocier peu à peu de celle de Robinson, qui, progressivement, tend à se rapprocher de la figure de Don Quichotte. La portée édifiante du récit, revendiquée par l'auteur, s'estompe au profit de la pure joie romanesque. "Tant que notre goût ne sera pas gâté sa lecture nous plaira toujours", écrivait Rousseau à propos de Robinson. Virginia Woolf estimait pour sa part que ce roman "ressemble à l'une de ces productions anonymes de toute une race plutôt qu'à l'effort d'un seul homme ; la célébration de son bicentenaire [1919] nous renvoie aux commémorations dont nous pourrions honorer le site multiséculaire de Stonehenge lui-même. Cela vient de ce qu'on nous a tous lu Robinson Crusoé pendant notre enfance, et l'état d'esprit dans lequel nous avons été à l'égard de Defoe et de son histoire est semblable à celui des Grecs à l'égard d'Homère". Le texte de Defoe est accompagné ici – pour la première fois – par les cent cinquante gravures que l'artiste suisse F.A.L. Dumoulin (1753-1834) avait réalisées à partir du roman. Un dossier iconographique retrace par ailleurs deux cents ans d'illustrations, depuis le frontispice de l'édition originale (1719) jusqu'aux chefs-d'oeuvre de N.C. Wyeth (1920). L'appareil critique proposé par Baudouin Millet a été spécialement établi pour la présente édition : il s'agit de la première édition critique en français des deux parties de Robinson Crusoé. Quant à la traduction, c'est celle, classique, que donna en 1836 Pétrus Borel. Borel (sans lequel il y aurait "une lacune dans le Romantisme", disait Baudelaire) et son travail de traducteur sont d'ailleurs présentés par Jean-Luc Steinmetz à la fin du volume.

11/2018

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Théâtre

Théâtre. Tome 2, Les Noces de deuil ; Les Joies de la famille ; Deux arguments de ballet

Voici le second tome du Théâtre de Philippe Hériat. Le rapprochement des deux pièces réunies dans ce volume ne se justifie pas que par leur succession chronologique. Et l'opposition extrême de leur ton non plus ne doit pas faire oublier leur parenté. Serviteur avant tout des sujets qu'il traite, Philippe Hériat a toujours pensé qu'une pièce de théâtre devait être dialoguée dans le style de l'époque où son action se passe et dans le langage des personnages qui l'animent. Les Noces de Deuil, dont on ne saurait contester que leur représentation à la Comédie-Française fit une certaine sensation, se déroulent aux temps romantiques et leurs héros sont empruntés à l'aristocratie d'une province hautaine. Les Joies de la Famille, au contraire, récemment créées à la Comédie des Champs-Elysées, se situent dans la bourgeoisie parisienne riche et de nos jours. D'où la différence de leur ton et de leur atmosphère. Et si l'une des deux pièces est un drame, c'est que l'impasse y devient complète, tandis que dans la comédie tout se termine heureusement. Les sujets eux-mêmes ne sont pas si éloignés qu'il peut paraître. Le drame romantique montre deux êtres jeunes, épris l'un de l'autre et que tout, dès le début, sépare ; un crime, en détruisant entre eux le principal obstacle, semble d'abord les rapprocher, et chacun des deux amants croit que c'est l'autre qui s'est rendu meurtrier par amour ; on découvre que le crime supposé n'était qu'u suicide ; les deux amants ne s'aiment plus : c'est le crime qui les unissait. Et un troisième personnage, leur adversaire et leur juge, prononce le mot-clef de la pièce : "Les grandes amours vivent d'empêchement." La comédie bourgeoise, de son côté, propose l'histoire d'une vieille dame, de coeur et d'esprit jeunes, aimant la vie, mais en butte à l'opposition de sa descendance intéressée. Elle aussi, tout l'empêcherait d'être heureuse : l'âge, les idées reçues, les appétits contraires, si elle ne se rebiffait. Dans l'une et l'autre de ces pièces on reconnaît donc certains thèmes communs : l'affranchissement des servitudes sociales et familiales, les droits de l'individu, la lutte pour le bonheur. Ce sont ces mêmes thèmes qui, au travers d'intrigues, d'époques et de milieux divers, circulent à travers toute l'oeuvre dramatique ou romanesque de Philippe Hériat, puisque, semblable en cela à d'autres écrivains contemporains, de plus en plus nombreux et non des moindres, l'auteur des Boussardel écrit alternativement pour le livre et pour la scène. Il n'est pas jusqu'aux deux arguments de ballet placés à la fin du volume qui, outre leur attrait de curiosité, n'ajoutent une touche complémentaire à la physionomie d'un écrivain tenté par toutes les formes d'expression. Piège de Lumière, que le Grand Ballet du Marquis de Cuevas danse de façon ininterrompue depuis huit ans à travers trois continents, et Conte cruel, que Philippe Hériat composa pour l'Opéra à partir d'un conte de Villiers de l'Isle-Adam, ne démentent pas non plus la qualification de romantique souvent appliquée à leur auteur.

11/1960

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Littérature française

Un homme de plus

Le poète, essayiste, traducteur du grec (Yannis Ritsos, Constantin Cavafis...) et du tchèque (Vladimir Holan, Jaroslav Seifert), Dominique Grandmont (né le 25 janvier 1941), nous confie ici un livre considérable de pensées et d'Histoire(s), où par la mémoire du récit se réinvente l'autobiographie, le long de 12 chapitres et un épilogue, plus particulièrement tourné vers la Grèce, pays de prédilection de son auteur qu'il nous donne à découvrir comme son " enfance impossible à partager " (Chap. X), avec toutefois, en des sauts périlleux, des points de fuite (parfois par de simples retours à la ligne) en Russie et en France. Livre d'une vie ou de vie, la vie le fondant, fondant son écriture-même en rien formaliste, se pouvant être rapproché sur certains aspects, dans l'enchantement de la pensée et sa lucidité, du Voyage en Arménie de Mandelstam et Le Métier de vivre de Pavese. Traces subtiles mémorielles, des années 1950 à nos jours, de voyages, d'êtres rencontrés (Ritsos et Aragon pour les plus célèbres, mais aussi d'hommes et de femmes oubliés de l'Histoire : ouvriers, guides, gens de cafés, danseurs et musiciens, poètes...), au travers desquels ce que nous sommes se trouve interrogé " puisque c'est de l'imaginaire qui entre dans un réel dont il [le narrateur] ne ressortira plus " (Chap. I), puisque aussi écrire crée un fait : " Ce n'est pas moi, la première personne. C'est le moyen le plus sûr de relier les temps et les lieux sans mélanger les dates. " (Chap. I) Ou encore, écrit-il, nous aiguillant sur le sens du titre donné à cet ouvrage, Un homme de plus : " C'est parce que je n'y comprends rien que la vérité existe, et que j'arrive à exister en dehors de cet inexplicable qui nous constitue. Je ne puis croire qu'à l'impossible pour essayer de le comprendre, et c'est ce que j'ai sous les yeux. C'est à ce titre-là qu'écrire est un sacrement d'obscurité où l'écrivain n'est jamais qu'un homme de plus, même s'il est choisi par ceux qui lui demandent de porter la parole commune. " (Chap. XII) Ecriture éminemment poétique, comme en témoigne encore cet extrait, parmi bien d'autres, dans ce passage situé cette fois à Moscou : " De jour comme de nuit, les corbeaux viennent tournoyer autour de l'étoile rouge qui surmonte la tour Saint-Sauveur, à l'entrée du Kremlin. Ils jouent à se pourchasser ou à se laisser porter par les remous de l'air chaud, sous la neige protectrice qui ne cesse de tomber. Je les vois ralentir dans leur vrille ascendante, avant de s'imprimer dans la marge blanche de la nuit pour lancer des éclairs de connivence sauvage, comme des mouettes sur une mer obscure que le sel d'argent de la mémoire aurait inversée. " (Chap. X). Poésie et politique inconciliables, semble-t-il, car ce qu'il nomme ses " camarades " sont " ceux dont la politique ne rendrait jamais compte, ou qui n'avaient pas le temps d'attendre l'ascenseur, cette femme d'un soir dont les doigts tremblaient tellement que les billets de banque semblaient se multiplier dans ses mains, ou celui qui rit tout seul sur la place déserte comme un cheval qui hennit, ceux qui ne sont pas revenus parce que j'avais lu sur un mur en Grèce qu'en dehors de l'impérialisme et des monopoles, il y avait la solitude. " (Chap. VIII)

10/2019

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Littérature anglo-saxonne

Home [EDITION EN GROS CARACTERES

L'histoire se déroule dans l'Amérique des années 1950, encore frappée par la ségrégation. Dans une Amérique où le « White only » ne s'applique pas qu'aux restaurants ou aux toilettes, mais à la musique, au cinéma, à la culture populaire. L'Amérique de Home est au bord de l'implosion et bouillonne, mais c'est ici la violence contre les Noirs américains, contre les femmes qui s'exprime. Les grands changements amorcés par le rejet du Maccarthisme, par la Fureur de vivre ou le déhanché d'Elvis n'ont pas encore commencés. En effet, les Noirs Américains sont brimés et subissent chaque jour le racisme et la violence institutionnalisés par les lois Jim Crow, qui distinguent les citoyens selon leur appartenance « raciale ». Pour eux, le moindre déplacement, même le plus simple, d'un état à l'autre, devient une véritable mission impossible. En réponse à cette oppression, l'entraide et le partage – facilités par l'utilisation du Negro Motorist Green Book de Victor H. Green qui répertorie les restaurants et hôtels accueillant les noirs dans différents états – sont au cœur des relations de cette communauté noire dans une Amérique à la veille de la lutte pour les droits civiques. rnLa guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible qui s'exprime aussi bien physiquement que par des crises d'angoisse. Il est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée rencontrée à son retour du front et un appel au secours de sa jeune sœur va le lancer sur les routes américaines pour une traversée transatlantique de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale. Il doit absolument rejoindre Atlanta et retrouver sa sœur, très gravement malade. Il va tout mettre en œuvre pour la ramener dans la petite ville de Lotus, où ils ont passé leur enfance. Lieu tout autant fantasmé que détesté, Lotus cristallise les démons de Frank, de sa famille. Un rapport de haine et d'amour, de rancœur pour cette ville qu'il a toujours voulu quitter et où il doit revenir. Ce voyage à travers les États-Unis pousse Frank Money à se replonger dans les souvenirs de son enfance et dans le traumatisme de la guerre ; plus il se rapproche de son but, plus il (re)découvre qui il est, mieux il apprend à laisser derrière lui les horreurs de la guerre afin de se reconstruire et d'aider sa sœur à faire de même. rnrnrnHome est le dixième roman de Toni Morrison. À travers l'histoire dure et torturée de ce jeune soldat, c'est un roman de la rédemption que nous offre ici l'auteur. Ce retour à l'Amérique du XX e siècle, avec une focalisation sur les années 1950, est un développement nouveau dans l'œuvre de Toni Morrison, mais on retrouve pourtant les thèmes qui caractérisent son œuvre. Elle laisse le lecteur découvrir ces années 1950 qui ne sont finalement que suggérées qu'à travers de petits indices. Elle laisse le souvenir de cette époque se reconstruire à travers les images distillées dans notre inconscient collectif. C'est encore et toujours dans la suggestion que l'art de Toni Morrison se révèle. Elle réussit à faire d'un roman finalement assez court une véritable œuvre tout en subtilité, en vérités voilées qui se glissent progressivement jusqu'au lecteur avant d'exploser au grand jour.

03/2024

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Histoire ancienne

Histoire Romaine. Livres 36 et 37

Le livre 36 est le premier qui nous soit parvenu par la tradition directe, et, comme le livre 37, il comporte très peu de lacunes, mais elles amènent à discuter deux questions, celle de la suture entre 36 et 37 et celle de la rédaction originelle du récit concernant les affaires de Crète. Ces deux livres, qui couvrent les événements des années 69 à 60, peuvent être qualifiés de "pompéiens" . Ils correspondent, sur le plan extérieur, à la dernière phase de la guerre de Mithridate et à la conquête pompéienne de l'Orient grec, et, à Rome, à l'affirmation de la puissance de Pompée, et à la montée des oppositions qui vont le conduire à se rapprocher de César et de Crassus pour former le "premier triumvirat" . Ces événements sont connus par d'autres textes, et l'originalité de ces livres ne se trouve pas dans l'information elle-même, quoique sur certains faits, d'ordre institutionnel notamment, elle soit sans équivalent. Nous présentons un tableau détaillé des concordances avec les récits parallèles : Cicéron (discours et correspondance), Salluste (Histoires et Catilina), Plutarque (Vies de Lucullus, de Pompée, de César, de Cicéron), Tite-Live (pour cette période uniquement les Periochae), Appien (Guerre mithridatique et Guerres civiles). Cette comparaison permet d'évaluer le travail de Dion, d'analyser ses choix narratifs, de repérer des allusions littéraires et de se rendre compte des informations qu'il est le seul à donner. Bien que la trame annalistique et la distinction entre affaires intérieures et affaires extérieures soient présentes, l'analyse du travail de composition montre que Dion évite l'impression d'hétérogénéité en constituant des ensembles narratifs, notamment pour le récit des campagnes militaires, et en articulant événements extérieurs et événements de Rome. En tant qu'historien des campagnes de Lucullus et Pompée, Dion se distingue généralement de ses prédécesseurs par la sobriété de son récit, mais certains passages sont très marqués par la rhétorique et la dramatisation, comme la bataille décisive livrée contre Mithridate et sa mort. Les digressions (par exemple à propos du siège de Jérusalem, de l'augurium salutis ou de l'étendard du Janicule) sont en relation directe avec le cours des événements. En outre, il fait preuve d'une certaine originalité quand il accompagne son récit de réflexions et d'énoncés sentencieux. Une réflexion historique de grande ampleur est vraiment le fil conducteur. Si l'année 69 sur laquelle s'ouvre le livre 36 est marquée par l'élargissement des conflits en Asie (Tigrane et Mithridate), le véritable tournant se produit en 67, avec le commandement extraordinaire attribué à Pompée. C'est pourquoi le vote de la loi Gabinia occupe une grande partie du livre et fait l'objet d'une rédaction particulièrement soignée, avec un ensemble exceptionnel de trois discours, dont l'argumentation et les aspects formels sont étudiés avec précision (celui de Pompée est sans doute fictif). Ces discours soulignent le caractère décisif, selon l'historien, de cette étape du passage de la République au Principat et manifestent son intérêt pour les questions institutionnelles. De même la conjuration de Catilina forme une part importante du livre 37, et permet à Dion de livrer une réflexion très critique sur l'affaiblissement du Sénat. La place accordée aux personnages est cohérente avec la perspective d'ensemble des livres républicains : par exemple, le contraste entre l'échec de Lucullus et la réussite de Pompée anticipe sur sa domination politique future, et la présentation de Pompée, César et Cicéron est conçue de façon à préparer les événements ultérieurs. Les effets de contraste et d'ironie et les comportements politiques comptent bien plus que le souci de cohérence psychologique.

11/2014

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Manga

Collection Yaoi Pack N° 24. 5 mangas

Ce pack manga contient : Days of Mimura et Katagiri (160 pages - Volume : 2 / 2) : En couple depuis quinze ans, Mimura et Katagiri vivent comme un vieux couple marié et leur amour et leur activité sexuelle ne s'étaient pas aussi bien portés depuis longtemps.Une fois passé le cap de la treintaine, toutes leurs connaissances se hâtent pour se trouver quelqu'un et se marier. D'ailleurs aujourd'hui encore, un ami vient de les appeler pour les inviter à son mariage. Comme d'habitude, ils décident de s'y rendre tous les deux, mais... Katagiri est un peu étrange. Il demande de la poitrine de dinde et du tofu froid pour le repas, fait de l'exercice tous les soirs, et finit même par dire " j'avais envie d'être un peu plus classe ".... Il n'aurait quand même pas l'intention de maigrir pour avoir du succès et se trouver une femme à marier... ! ? Touch and Love (176 pages - Volume : One Shot) : " Je suis amoureux... de ta nuque ! "Hidé est un fétichiste des nuques, et plus particulièrement de celle de Kôki, qu'il connaît depuis le lycée. Lorsque Kôki, amoureux de Hidé, découvre les penchants de son ami, il accepte de s'y prêter, persuadé que ça vaut mieux que rien , mais la situation ne tarde pas à se compliquer, et Kôki réalise petit à petit que ce n'était pas forcément la meilleure solution pour se rapprocher de lui...Lunch with You (160 pages - Volume : One Shot) : Eisuke, qui est à la fois mon ami d'enfance et mon petit ami, aime prendre soin de moi et me prépare un bentô tous les jours. J'apprécie beaucoup l'attention, mais tout ça est finalement devenu si ordinaire pour moi que je n'arrive plus à lui exprimer sincèrement mes sentiments. Pourtant un jour, je l'ai vu donner un bentô à une fille, alors qu'il avait dit " mes bentô sont réservés à Ryô-chan ". En plus, il ne répond même plus au téléphone. Qu'attend-il de moi... ? Le premier amour du Bad Boy ! (176 pages - Volume : One Shot) : Futaba, qui a trente-six ans mais qui est loin de les paraître, assiste à un repas d'anciens élèves de son lycée, où il espère revoir Ono, un camarade de classe qu'il admirait en secret à l'époque, et qui a depuis connu le succès et la richesse à Tôkyô. Alors, lorsqu'Ono apparaît et lui adresse la parole, il n'ose déjà pas le croire , mais quand, par-dessus le marché, Ono lui demande de lui rendre un petit service en acceptant de le loger, lui et son fils, pendant deux semaines, Futaba a l'impression de vivre un rêve éveillé. Mais les intentions d'Ono ne sont peut-être pas aussi pures que Futaba ne l'imagine... Et s'il cherchait simplement à profiter de la gentillesse et de la candeur de son ancien camarade de classe...? How do you like cherry Boy ? (176 pages - Volume : One Shot) : Kentarô, qui travaille dans la société de construction créée par son père, fait la rencontre de Kawada, un salary-man envoyé par son entreprise sur le lieu des travaux afin d'en superviser l'avancement. Le nouvel arrivant s'attire très tôt l'antipathie de ses nouveaux collègues par son côté froid et ses remarques désagréables, mais un jour, Kentarô découvre par hasard que Kawada, malgré ses grands airs, est encore puceau ! Dans un élan de bonté, il décide de l'aider à passer à l'étape supérieure en lui présentant des filles, mais Kawada semble plus intéressé par Kentarô lui-même...

03/2015

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Monographies

Les Gérard Cochet de La Piscine

En 2009, les descendants du peintre et graveur Gérard Cochet (1888-1969) faisaient don au musée de Roubaix de 102 oeuvres sur papier, préparatoires à des costumes ainsi qu'à des décors pour des spectacles lyriques donnés à l'Opéra-Comique. Ces dessins concernent plus spécifiquement trois oeuvres : Manon Lescaut de l'abbé Prévost et Jules Massenet (1938), Les Noces de Figaro de Mozart (1939) et Amphytrion 38 de Jean Giraudoux et Marcel Bertrand (1944). Entre 1938 et 1949, Cochet travaillera ainsi à plusieurs reprises pour la salle Favard. On lui doit également les costumes pour Mesdames de la Halle d'Offenbach (1940) ainsi que pour Le Oui des jeunes filles de René Fauchois et Reynaldo Hahn. Ces créations, bien accueillies par la critique, représentent en quelque sorte l'acmé de la carrière de décorateur de Gérard Cochet. Il avait, en effet, précédemment réaliser plusieurs décors pour des bâtiments publics et, en qualité de peintre de la marine, contribué à la décoration de plusieurs vaisseaux. Né à Avranches, Gérard Cochet grandit à Nantes où il s'initia très jeune à la peinture avec son ami Amédée de La Patellière (1890-1932) auprès d'un artiste local, tout en poursuivant des études classiques. En 1909, avec l'assentiment de ses parents, il décide de se consacrer uniquement à la peinture et se rend à Paris. Il s'inscrit à l'Académie Julian et ambitionne d'entrer à l'école des Beaux-Arts. Pour ce jeune homme discret, ces premières années sont particulièrement délicates. En proie au doute, il peine à se défaire de son apprentissage quelque peu académique et à trouver sa propre voie vers une modernité à laquelle il aspire. C'est au modeste Salon des humoristes qu'il expose pour la première fois en 1913. Ces timides débuts sont vite interrompus par la guerre. Bien que réformé, il décide de se porter volontaire. Le 5 mai 1915, Il est grièvement blessé en Argonne et perd son oeil droit. Définitivement reformé en juillet 1916, il s'initie à la gravure auprès d'André Dauchez et pratique la céramique au sein de l'atelier Lachenal. De la première, il apprendra le sens de la synthèse et la seconde lui permettra de gagner en spontanéité. Au début des années 1920, il s'affirme comme graveur de premier plan, multipliant les illustrations notamment pour les éditions Crès et Grasset. En 1924, il est récompensé pour son oeuvre gravé par le prix Blumenthal. Membre fondateur de la Jeune Gravure Contemporaine en 1929 et membre des Peintres-Graveurs Français à partir de 1946, il illustre de nombreux ouvrages de bibliophilie. Parallèlement à sa carrière de graveur, il développe également sa peinture. Une première exposition personnelle lui est consacrée par la galerie Briand-Robert en 1927. Son oeuvre peint le rapproche de la Jeune Peinture Française dont les membres les plus représentatifs sont Dunoyer de Segonzac, Marcel Gromaire, Charles Dufresnes, ses amis Yves Alix et Robert Lotiron... . Ce mouvement informel incarne pour le critique Claude Roger-Marx une certaine "mesure française" . Ils élaborent un réalisme renouvelé et affirment un certain sensualisme. Il n'est pas ici question, de "retour à l'ordre" , la plupart de ces peintres s'inscrivaient dès avant-guerre dans un réalisme construit, instruits des leçons du cubisme et de Cézanne mais regardant aussi Corot, Courbet ou Delacroix comme Gauguin, Manet ou Bonnard. Gérard Cochet développera plusieurs thématiques, Il sera le peintre des paysages et des paysans de la Manche, des champs de course, des intérieurs bourgeois et évoquera aussi régulièrement l'univers du théâtre et de la musique, qu'il affectionna tant et que cette exposition met en valeur.

03/2022

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Sociologie urbaine

Récits de la ville malade. Essai de sociologie urbaine

Ces récits de la ville malade répondent aux discours sur la prolifération des taudis, la ghettoïsation des cités, la disparition du patrimoine, la gentrification des quartiers populaires et la dénaturation des villes, et décèlent les prémices d'un nouveau discours lié à la pandémie du Covid-19. Selon le vocabulaire international de sociologie des villes, le monde urbain contemporain s'enchante de ses Smart Cities, Green Cities, Inclusive Cities et autres Slow Cities mais qu'en est-il des Sick Cities ? Sont-elles restées dans l'angle mort de l'observation des chercheurs ? Les récits de la ville malade, rassemblés ici par le sociologue et historien Yankel Fijalkow, répondent aux discours sur la prolifération des taudis, la ghettoïsation des cités, la disparition du patrimoine, la gentrification des quartiers populaires et la dénaturation des villes. Ce livre propose trois " récits de ville " : les îlots insalubres au début du xxe siècle ; la critique du progrès dans les années 1970 ; la peur de la perte de l'authenticité dans les années 2000. Dans les textes politiques, les géographies littéraires ou les rapports d'expertise, la répétition de ces narrations s'inscrit dans une grammaire spécifique. Les îlots insalubres parisiens au début du xxe siècle, les campements, la Zone, les bidonvilles et les taudis contemporains sollicitent nos regards et nos jugements. Comme en 1950 puis en 1970, la pratique de la rénovation urbaine revient en 2000 suivant le mot d'ordre radical des politiques : démolir et reconstruire. Comme en 1930, les petites villes et les pays reviennent à l'agenda des acteurs de la ville : décideurs, élus, habitants. A chaque modernité nouvelle, les sociétés urbaines sont prises par la folie de démolir et retrouvent les accents d'une passion patrimoniale qui les conduisent à rechercher des espaces préservés et " authentiques ". Que dire de l'éternel recommencement, des discours des experts proposant de répondre à la " crise " ? Peut-on dresser la sociologie des récits de la ville malade obsédant l'histoire urbaine à la manière d'un ostinato ? Peut-on dessiner la géographie de ces lieux malheureux : marges, périphéries, centres et archipels ? Peut-on rapprocher les composants du Story Telling - du politologue William Roe Polk - sur la ville malade et la mise en scène du récit de la cité idéale ? Peut-on dépasser la rationalisation et la romantisation de l'urbain ? Yankel Fikalkow construit un discours dans le temps, un discours configuré et situé. Les représentations mettent en jeu l'imaginaire collectif de la ville, la manière dont se dessinent des intentionnalités capables de s'inscrire dans des projets comme l'a montré l'historien et géographe Marcel Roncayolo. Chaque situation de transformation urbaine apparaît comme une scène racontée par des acteurs sur des lieux et des processus spatiaux, persuadés de disposer d'un savoir légitime sur la ville. Car la formation du récit commun de la bonne ville est politique. Cette enquête interroge l'éternel scénario de la ville malade et pose un ensemble de questions face au présent de notre condition urbaine : est-il toujours porteur d'invention ? Les regards critiques sur la ville ne peuvent-ils que conduire les aménageurs à construire des Fake Cities ? Peuvent-ils les empêcher ? L'auteur, dans un chapitre ultime, propose une analyse à chaud de la pandémie du Covid-19, non pour décrire une situation clinique mais déceler les prémices d'un nouveau discours sur la ville malade. Ce chapitre développe les arguments suivants : l'oubli de l'hygiénisme et/ou sa réinterprétation partielle, imprécise et erronée ; la négligence à l'égard des sciences sociales et de la complexité des mondes sociaux urbains ; la quasi-incrimination de certains quartiers ; la méfiance renouvelée à l'égard des villes... La privation des usages publics de l'espace urbain au nom de mesures sanitaires est un problème majeur alors que l'un des maux qui frappent la ville contemporaine est le recul des espaces publics et leur transformation en espaces de marchandisation, de " mise en tourisme ", de " upgrade " au nom de l'attractivité, du confort, et, bientôt sans doute, au nom de critères environnementaux et sanitaires...

04/2021

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Poésie

Les lettres du jardin

"Les Lettres du jardin" est le premier titre d'une nouvelle collection (Les lettres de...) inspirée par la structure linguistique des langues sémitiques : en arabe (comme en hébreu), la plupart des mots ont pour origine trois sons, une racine qui se retrouve dans tous les mots d'une même famille. A partir de cette racine se fabriquent des mots selon des schèmes, en rajoutant des lettres avant, après, au milieu, de nouveaux sons. Comme un motif musical autour duquel on brode. Comme une formule qui se complexifie. Parfois, la racine est très claire, très simple : par exemple, la racine K-T-B rassemble dans une même famille tous les noms et verbe liés à l'écriture et l'on voit bien le lien entre un livre - kitâb, un écrivain - kâtib, un bureau - maktab, le destin (ce qui est écrit) - maktoub et le verbe d'écrire - kataba. Mais d'autres fois, on se demande ce qui peut bien avoir fait pousser ces mots dans le même champ, dans la même famille, à partir de la même racine tant leur sens semble à prime écoute éloigné. Par exemple : La racine Ha-L-M rassemble dans une même famille les mots rêve - holm, apaisement, bonté - hilm, puberté - ihtilâm, papilles gustatives - halama et téton du sein - houlayma. La racine CH-'-R rassemble dans une même famille les mots sentiments - chou'our, les 5 sens - macha'ir, cheveux - cha'r, poésie - chi'r et petites pâtes en cheveux d'ange - cha'riya. Certaines racines sont moins drôles, mais tout aussi poétiques. Par exemple, la racine H-D-D rassemble dans une même famille les mots frontières - houdoud, forgeron - haddad, fer - hadid, amertume - hidda et deuil - hidad. Le jeu est infini... Le jeu et l'enjeu de la collection Racines est d'explorer celles qui nous surprennent, en proposant un champ de mots linguistiquement de la même famille, sémantiquement étrangement ensemble, comme point de départ d'une écriture poétique et graphique. ------------------- En pratique, nous donnons une liste de mots d'une même famille à un. e poète : il. elle écrit deux poèmes en utilisant, autant que possible, les mots de cette famille. Le poème peut jouer sur les mots, chercher la truculence linguistique et le rythme, se rapprocher de la comptine. Ou au contraire, explorer le fonds et le sens, questionner le lien sémantique entre ces mots. Nous donnons cette même liste à un. e illustrateur. trice : il. elle propose huit illustrations + trois motifs pour la couverture en cherchant un principe graphique ludique faisant écho aux mots. Cette nouvelle collection est donc basée sur le jeu et l'apprentissage linguistique. Chaque livre est composé de : - une couverture avec rabat, à l'intérieur de laquelle on retrouve l'alphabet arabe et des consignes prononciation / l'alphabet français et des consignes de prononciation (à compléter dans la maquette présentée ici) / la racine et son champ de mots, placés dans le rabat, qu'on peut garder ouvert pendant qu'on lit le livre afin de se rappeler du champ de mots. - deux pages de poèmes, qui ouvrent le livre de chaque côté et accueillent le lecteur, dans l'une et l'autre langue. - huit pages d'illustration : deux accompagnent les poèmes, six sont pensées comme des cartes de jeu (ou de Tarot) et associent une illustration et un mot (avec sa prononciation dans les deux langues). - une affiche centrale : attachée au centre du livre (avec deux points métal), elle peut facilement être détachée et accrochée au mur d'une chambre ou d'une classe pour garder en mémoire les mots et leur prononciation. Chaque livre sera accompagné d'un jeu de cartes (vendu séparément) composé de cartes reprenant les mots illustrations du livre + cartes de jeu d'écriture et de calligraphie. Nous réaliserons la version sonore du livre, gratuite en libre accès sur notre site, pour accompagner la sortie de chaque titre. ------------------- Les lettres du jardin explorent la racine J-N-N, l'une des plus jolies ! Qui nous a parue évidente pour ouvrir joyeusement la collection. Elle rassemble dans une même famille les mots jardin - junayna, paradis - janna, fou - majnoun, djinn ou esprit malin - djinn et le bébé dans la ventre de sa mère - janine. Layla Zarqa s'est emparée des mots de façon très ludique. Son principe d'écriture était de créer des étiquettes pour chaque mot et de les assembler, les combiner, les déplacer à souhait jusqu'à entendre sonner le poème. Clothilde Staës a créé des tampons, des formes en linogravure et comme Layla Zarqa avec les mots, elle joué et cherché le sens de chaque mot en image.

03/2023

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Autres éditeurs (P à T)

Les lettres du rêve

Les lettres du rêve explorent la racine Ha-L-M, une très jolie racine en arabe ! Qui nous a parue évidente pour ouvrir joyeusement la nouvelle collection "Racines" du Port a jauni. Elle rassemble dans une même famille les mots rêve - holm, apaisement, bonté - hilm, puberté - ihtilâm, papilles gustatives - halama et téton du sein - houlayma. A l'inverse de Layla Zarqa (qui a écrit l'autre titre de cette nouvelle collection, Les Lettres du jardin), Raphaële Frier a aimé l'idée d'explorer le sens de ces mots mis ensemble, creuser le lien qui les unit dans la sensation du corps de l'enfant qui tête, dans le souvenir éveillé du rêve. Kam a choisi de relier le thème du rêve au surréalisme, dont on retrouve l'inspiration dans son graphisme. Dans cette série de mots, il a ressenti un frottement entre sensation de l'enfance et monde des adultes, entre nature et culture, entre ville et campagne. Autour de ces thèmes, il a dessiné une série d'images dont les motifs, les gestes, les couleurs se répondent et se transforment. ---------------------- Les Lettres du rêve est le second titre de cette nouvelle collection (Les lettres de...) inspirée par la structure linguistique des langues sémitiques : en arabe (comme en hébreu), la plupart des mots ont pour origine trois sons, une racine qui se retrouve dans tous les mots d'une même famille. A partir de cette racine se fabriquent des mots selon des schèmes, en rajoutant des lettres avant, après, au milieu, de nouveaux sons. Comme un motif musical autour duquel on brode. Comme une formule qui se complexifie. Parfois, la racine est très claire, très simple : par exemple, la racine K-T-B rassemble dans une même famille tous les noms et verbe liés à l'écriture et l'on voit bien le lien entre un livre - kitâb, un écrivain - kâtib, un bureau - maktab, le destin (ce qui est écrit) - maktoub et le verbe d'écrire - kataba. Mais d'autres fois, on se demande ce qui peut bien avoir fait pousser ces mots dans le même champ, dans la même famille, à partir de la même racine tant leur sens semble à prime écoute éloigné. Par exemple : Comme l'indique "Les lettres du jardin", la racine J-N-N rassemble dans une même famille les mots jardin - junayna, paradis - janna, fou - majnoun, djinn ou esprit malin - djinn et le bébé dans la ventre de sa mère - janine. La racine CH-'-R rassemble dans une même famille les mots sentiments - chou'our, les 5 sens - macha'ir, cheveux - cha'r, poésie - chi'r et petites pâtes en cheveux d'ange - cha'riya. Certaines racines sont moins "drôles", mais tout aussi poétiques. Par exemple, la racine H-D-D rassemble dans une même famille les mots frontières - houdoud, forgeron - haddad, fer - hadid, amertume - hidda et deuil - hidad. Le jeu est infini... Le jeu et l'enjeu de la collection Racines est d'explorer celles qui nous surprennent, en proposant un champ de mots linguistiquement de la même famille, sémantiquement étrangement ensemble, comme point de départ d'une écriture poétique et graphique. ------------------- En pratique, nous donnons une liste de mots d'une même famille à un. e poète : il. elle écrit deux poèmes en utilisant, autant que possible, les mots de cette famille. Le poème peut jouer sur les mots, chercher la truculence linguistique et le rythme, se rapprocher de la comptine. Ou au contraire, explorer le fonds et le sens, questionner le lien sémantique entre ces mots. Nous donnons cette même liste à un. e illustrateur. trice : il. elle propose huit illustrations + trois motifs pour la couverture en cherchant un principe graphique ludique faisant écho aux mots. Cette nouvelle collection est donc basée sur le jeu et l'apprentissage linguistique. Chaque livre est composé de : - une couverture avec rabat, à l'intérieur de laquelle on retrouve l'alphabet arabe et des consignes prononciation / l'alphabet français et des consignes de prononciation (à compléter dans la maquette présentée ici) / la racine et son champ de mots, placés dans le rabat, qu'on peut garder ouvert pendant qu'on lit le livre afin de se rappeler du champ de mots. - deux pages de poèmes, qui ouvrent le livre de chaque côté et accueillent le lecteur, dans l'une et l'autre langue. - huit pages d'illustration : deux accompagnent les poèmes, six sont pensées comme des cartes de jeu (ou de Tarot) et associent une illustration et un mot (avec sa prononciation dans les deux langues). - une affiche centrale : attachée au centre du livre (avec deux points métal), elle peut facilement être détachée et accrochée au mur d'une chambre ou d'une classe pour garder en mémoire les mots et leur prononciation. Chaque livre sera accompagné d'un jeu de cartes (vendu séparément) composé de cartes reprenant les mots illustrations du livre + cartes de jeu d'écriture et de calligraphie. Nous réaliserons la version sonore du livre, gratuite en libre accès sur notre site, pour accompagner la sortie de chaque titre.

03/2023

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Ecrits sur l'art

Intensités. 12 artistes aujourd'hui

Ce livre, résultat de plusieurs années d'écriture, se présente sous la forme de trois sections, regroupant 12 artistes, précédées d'une introduction qui cherche un chemin théorique, en marge de toute esthétique prédéfinie. Face à la charge émotionnelle qui constitue l'affirmation originelle de l'oeuvre sur le corps du spectateur, Yannick Mercoyrol affirme en effet une forme de solidarité, devant toute image, entre pensée et sensation, de sorte que "l'image serait une sensation de (et pour) la pensée" . Si "toute image est aussi un mode spécifique de la pensée" , alors écrire devient comme une réponse au désir, en soi, suscité par l'oeuvre. L'auteur propose ainsi une "lecture" des oeuvres au motif que l'art contemporain exige toujours cet effort d'élucidation, par le spectateur, de ce qui est donné à voir, mais sans se référer exclusivement à une grille de lecture instituée, même si l'ombre portée de la phénoménologie semble encore sensible dans ces pages. L'effet physique de l'oeuvre est en effet ce qui fait advenir dans sa réflexion la notion centrale d'intensité, que l'auteur lie d'ailleurs étroitement aux polarités tangibles dans les oeuvres, et dont il va jusqu'à penser qu'elles définissent un principe de contradiction interne, un champ de forces opposées qui en garantissent la puissance de formulation, l'irréductibilité et, in fine, la portée à la fois sémantique et pulsionnelle. A rebours de l'esthétique de la modernité, il refuse toute équivalence du texte à l'image, pour lui préférer une ambivalence qui fait de l'écriture le lieu de l'expérience d'un "insavoir" , d'une "archéologie de la sensation" qui n'aboutirait ni à une vérité, ni à une unité de sens, encore moins à une connaissance stable. Mercoyrol revendique de parler à partir du silence de la sidération première face à l'oeuvre, mais sans verser dans une philosophie absconse, un manifeste de cénacle ou une littérature qui prendrait prétexte de l'artiste pour faire briller sa lyre. Dès lors, les 12 artistes dont il questionne l'intensité ne représentent pas un panorama, mais plutôt différents horizons de l'art d'aujourd'hui : "contre l'univocité d'une chapelle ou la subjectivité olympienne d'une "sensibilité" , les oeuvres éveillent des voix, parfois inaudibles, qui traversent notre corps". A l'opposé d'un livre monographique ou monosémique, il propose une traversée d'esthétiques et de genres très divers : peinture, dessin, sculpture, photographie, installation - les artistes étant eux-mêmes de notoriété et d'âges fort différents. En outre, l'abondance des illustrations permet de nouer de manière très étroite le texte et l'objet auquel il se rapporte, évitant autant le discours "hors sol" que le livre d'image. Néanmoins, il ordonne leur présence en 3 temps. Le premier, intitulé "Rages" , fait la part belle à une expressivité dont les récentes expositions, entre autres, de Baselitz ou Leroy attestent la prégnance dans l'univers contemporain. S'ouvrant avec le seul artiste disparu (Rebeyrolle), cette section rend hommage à son importance, sous-évaluée aujourd'hui, notamment dans sa volonté de concurrencer le réel par la peinture. Les deux chapitres suivants, consacrés à une artiste à la carrière déjà avancée (Arickx) et à un de ces Français exilés à Berlin (Bruère), présentent les facettes multiples de ces "expressionnisme" qui peuvent tout autant regarder du côté de Bacon que de Dodeigne ou des Allemands. Comme en contrepied, la deuxième section explore des univers du silence, des oeuvres qui semblent repliées sur leur question intérieure, parfois une forme de minimalisme, tout en ouvrant à une des questions centrales de l'art contemporain : la relation au vivant. L'arbre, dessiné, peint (Hollan) ou photographié (Bae Bien-U), la terre (Kurita), les objets du quotidien (Pozzo) forment le portrait éclaté d'une réalité presque invisible, bafouée, et pourtant éminemment résistante, à l'écriture aussi qui doit s'inventer, dans la patience de la contemplation, afin d'approcher l'être-là d'oeuvres assourdies et pénétrantes. On songe à Morandi bien sûr, mais aussi à bien des artistes aujourd'hui (Laib, Neu, Penone, etc.) dont le geste se pose dans des parages voisins. C'est, particulièrement dans cette section, que la pra-tique de description analytique de l'auteur manifeste sa nécessité et, aussi, sans doute, sa pertinence pour le lecteur, qui se rapproche parfois de sa propre sensation muette devant ces travaux. La dernière section, enfin, intitulée "Pla-cer/Déplacer" , parcourt des oeuvres plus distinctes encore, et pourtant rassemblées par ce souci, central aujourd'hui, du point de bascule, de jeu de retournement, de recyclage : que ce soit par la sculpture cinétique redéployée dans les dispositifs de Weil ou Shingu, dans la réinvention de l'anamorphose chez Rousse ou du dessin chez Zonder, ou encore dans la subtile et magistrale critique de l'image dans la peinture installée de Cognée, Yannick Mercoyrol montre comment ces univers agencent un regard, multiple et percutant, qui écrit un segment du monde d'aujourd'hui.

02/2023

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Poésie

Narcisse. Précédé du Dialogue du Prince et de la Chimère

Entre lyrisme, mysticisme et symbolisme : le "Narcisse" de Joachim GASQUET (1873-1921). Profondément philhellénistes ou cultivés, enclins aux questionnements de leurs époques, à la place que l'homme revêt sur terre ou encore habités par une étrange spiritualité, quelques grands artistes et écrivains ont revisité le cas Narcisse, mi-homme, mi-fou, mortel et divin, amoureux d'une image... Joachim Gasquet va lui aussi se pencher sur ce miroir, ce symbole : "ce mince monde" tel qu'il évoque à la fois la porte de la connaissance et le seuil d'un ailleurs, se focaliser sur l'hypothèse d'une Unité telle qu'elle n'existe qu'en nous ou plutôt dans l'instant suspendu de la révélation. Motivé par une lutte intérieure cherchant à réconcilier la réflexion et l'action et par celle extérieure offrant une controverse au symbolisme de salons, sa critique dérive en un chant gorgé de symboles innés, une cascade remplie d'échos, un hymne naturel et grandiose offert à la polyphonie des Idées. L'onde limpide renvoie l'image du corps mais aussi du microcosme intérieur en parfaite harmonie avec la nature, réfléchit le macrocosme et suggère la perfection qui les relie ; mais cette ressemblance (cet "à l'image du Tout") est fugace, insaisissable, l'effleurer suffit à la brouiller. Qu'en est-il alors de la vie, de la durée et de ce à quoi Narcisse aspire ? L'intérêt que l'auteur porte très tôt, aux Maladies de l'Imagination et sa découverte des cahiers verts d'un jeune aixois interné, vont donner légitimité à son lyrisme, lui permettre d'abuser des comparaisons, autoriser l'ambiguïté et provoquer la métaphore. Le langage devient passage, l'esprit de l'homme un verre transparent à mi-chemin entre la nature et le divin, et le "comme" s'efface au profit d'un déplacement, d'un monde vers un autre monde. L'imagination est en liberté, elle plonge, elle saute, elle défie le temps, elle enjambe les espaces brimés et confie ses résonances mystérieuses susceptibles d'interprétations multiples, elle métamorphose les préjugés. Est-il donc folie de se complaire en l'Amour puisqu'il est impossible ; folie de se réfugier en la Beauté perçue qu'on ne peut embrasser ; folie de s'acharner à maintenir la grâce en la Nature humaine ; folie de tenter une fusion entre panthéisme et monothéisme ; folie de recevoir autant d'informations simultanées, précises qu'on ne peut que parcimonieusement traduire ; folie de désirer le bonheur comme on rêve d'une femme, de le chercher à toutes les sources d'où pourra sourdre l'âme, la dulcinée, la quête... ? Joachim Gasquet appartient à ce Grand XXe siècle ébranlé politiquement et socialement, qui sort des guerres napoléoniennes, accumule les changements de régimes et se reconnaît dans un réalisme inspiré par les découvertes scientifiques ; il s'agit de peindre la société telle qu'elle est, entre cupidité et misère sociale, hérédité et modernité...Tout un programme contre lequel les poètes vont s'insurger... Entre 1891 et 1906, divers courants tentent de prononcer la mort du symbolisme et notamment celui que Mallarmé incarnait. L'Ecole romane, l'Ecole française, l'humanisme, le Naturisme, les Toulousains... tous participent finalement à l'essor d'une nouvelle vision, à cette unité possible entre l'homme et le monde, à cette harmonie musicale réconciliant le passé et l'avenir, la vérité et la beauté, les idéaux et leurs formes, le symbole et la vie. Le langage innove en rapprochant l'Antiquité, la nature, l'ésotérisme et les mystères, les légendes et les mythes, les sensations humaines et leurs correspondances qui deviennent synesthésie ! Quant au poète, il se fait mage ou chaman toujours investi de sa haute fonction visionnaire mais au service des Idées primordiales et du questionnement métaphysique (l'existence, l'essence, l'âme, l'origine et la fin...), il suggère et propose une énigme, il évoque les analogies infinies qui se tissent cachées entre le monde sensible et le Sens (entendu comme vérité ineffable -réalité de l'insensé), il dévoile alors une nouvelle langue ! Le romantisme allemand, avec Goethe ou le mysticisme de Novalis inspire ce possible contre-pied qui va justifier et conforter l'émergence du symbolisme de la fin du XIXe. Ce sera Maeterlinck et non Gide qui délivrera une traduction de Friedrich von Hardenberg (1772-1801) et qui inspirera le surréalisme. Tous se lisent et se côtoient, les salons vont bon train, la poésie classique est morte et le langage de la folie revendique le droit d'être plus "vrai" que le réalisme, d'être au plus juste s'il devient intuitif et ancré dans l'archaïque, le primitif, le légendaire, le mythologique, le passé, le rêve... Les "Narcisse" de Paul Valéry et Joachim Gasquet émanent de ce contexte, décliné en variations de 1891 à 1941 pour l'un, écrit et retouché de 1893 à 1921 pour l'autre. Tous deux symbolistes et disciples de Mallarmé, pétris par des Maîtres proches (André Gide ou Paul Cézanne), ou d'entourage (Edouard Manet et Frédéric Mistral), leurs destins de provinciaux se séparent pourtant dès 1894. Tandis que Valéry monte à Paris, délaisse la poésie et reste donc à l'écart des querelles (jusqu'à la parution de "La jeune Parque" en 1917), Gasquet lui, participe aux tentatives littéraires disparates de l'époque. Directement mêlé aux ascensions de groupes et aux dissensions, impliqué dans la direction de Revues, son syncrétisme poétique, philosophique et religieux ne sera pas compris qui englobe toutes ses lectures et toutes ses amitiés. Puis vient l'heure de la guerre également et Joachim lui seul, part et reviendra blessé, hors NRF, transformé encore et dédaigné ; maudit ? laissant à sa mort les fragments retouchés d'un Narcisse somptueux, pétales rassemblés et publiés à titre posthume par Edmond Jaloux en 1931. Le symbolisme réclame un "je" chercheur qui tente d'évoquer l'indicible, l'invisible, le voilé, l'étrangeté, l'indéfini et l'infini... il crée des ponts, rapproche des termes qui appellent des associations inédites, provoquent des connexions et convoquent l'irréalisé ! C'est ce que le poète et critique d'art aixois (ami de Paul Cézanne) nous propose en effet dans cette oeuvre lyrique délibérément rédigée en prose. Alors ce symbolisme tient au coeur plus qu'aux recettes de quelconques gloires, il est à NOUS TOUS, et s'éveille à la lecture d'oeuvres mystérieuses tel que le Narcisse de Joachim GASQUET, fussent-elles oubliées ou reconnues, anciennes ou à venir... Clarisse FRONTIN Publication web Apologie du poète Printemps des poètes 2016

12/2014

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Linguistique

Etudes de Linguistique Appliquée N° 207, juillet-septembre 2022 : La reformulation : un lieu d’articulation entre la linguistique et la didactique des langues. 1e édition

Avant-propos. - La reformulation : un mot gigogne d'une grande intensité... par Jean PRUVOST Introduction par Joan BUSQUETS, Mariella CAUSA, Marie-Odile HIDDEN La reformulation paraphrastique dans le discours à visée informative : étude sur corpus avec une perspective comparative français-italien Par Corinne ROSSARI, Jessica CHESSEX, Claudia RICCI, Linda SANVIDO Notre contribution vise à cerner les motifs rhétoriques en jeu dans les reformulations paraphrastiques. Nous partons de l'usage de trois marqueurs français - c'est-à-dire (CAD), en d'autres termes (EAT), autrement dit (AD) - en nous interrogeant sur les circonstances discursives qui favorisent leur emploi, et en vérifiant si, selon les marqueurs, ces circonstances se différencient. Pour les cerner, nous nous focalisons sur les formes qui décèlent la présence dulocuteur dans son dire (verbes dicendi et modaux). Nous avons choisi d'investiguer des genres discursifs dont le but premier est d'informer : la presse écrite et l'encyclopédie, en appliquant une méthodologie fondée sur une démarche de linguistique de corpus instrumenté. Afin d'investiguer également la transversalité inter-langues des circonstances discursives propres à chacun de ces connecteurs, nous procédons dans une perspective comparative avec l'italien : à partir de corpus parallèles, nous analysons les pendants italiens des trois connecteurs français pris en compte : cioè, ossia, ovvero - comme correspondants de CAD et AD - et in altre parole - comme correspondant de EAT. Les emplois du verbe reformuler dans les forums de discussion Par Hélène VASSILIADOU A travers l'analyse du verbe "reformuler" dans un corpus de forums de discussion, on propose une nouvelle entrée pour circonscrire la notion de reformulation et apporter des arguments supplémentaires en faveur de la restriction de son champ sémantique. Dans le type de corpus choisi, les locuteurs explicitent les stratégies qui sous-tendent leur activité reformulative. Il en ressort que l'intuition des locuteurs profanes confirme que reformuler signifie mettre en forme différemment afin de préciser, de clarifier la signification d'un segment. La reformulation paraphrastique avec ou sans marqueurs : quelques repères Par Catherine FUCHS Après un bref rappel du statut de la reformulation en linguistique (comme notion théorique) et en didactique des langues (comme pratique à mettre en oeuvre), l'article propose un petit parcours des concepts-clés permettant de comprendre les enjeux essentiels sous-jacents à la problématique de la reformulation paraphrastique, selon qu'elle est marquée à l'aide de connecteurs, ou non marquée (c'est-à-dire opérant en l'absence de marqueurs explicites). La reformulation en classe de FLE : une compétence spontanée à enseigner ? Exploration chez des italophones de 13-14 ans Par Sonia GEROLIMICH, Claire MARTINOT Apprendre à reformuler oralement dans la langue étrangère comme on le fait dans sa langue maternelle est une compétence à développer systématiquement en didactique des langues étrangères. Cependant, le développement de cette compétence peut conduire l'apprenant à agir en langue étrangère comme il le fait dans sa langue maternelle. Le didacticien de FLE doit donc à la fois repérer les compétences reformulatoires spontanées chez ses apprenants et chez les natifs français, afin de permettre aux premiers de se rapprocher de la pratique des seconds. Pour illustrer cette proposition, notre étude compare les reformulations d'un même texte source, restitué d'une part, par de jeunes apprenants italophones de 13-14 ans en français langue étrangère et en italien langue maternelle (ILM), d'autre part, par de jeunes francophones natifs de 6, 8 et 10 ans. Il ressort que les procédures de reformulation sont très comparables chez les apprenants italophones en FLE et en ILM et que les apprenants privilégient en langue étrangère, comme attendu, les mêmes procédures que dans leur langue maternelle. La mise en oeuvre de certaines procédures de reformulation, sollicitées par l'enseignant de FLE, apparait donc comme un moyen de consolider un savoir-faire langagier, tout en privilégiant les reformulations paraphrastiques qui rapprochent le savoir-faire des apprenants de celui des natifs. La reformulation comme vecteur de développement de la littératie : le cas des apprenants adultes de (français) langue étrangère Par Marie-Odile HIDDEN L'article porte sur un sujet encore peu étudié en didactique des langues, la reformulation par des adultes allophones comme vecteur de développement de la littératie. Il s'intéresse à la reformulation-réajustement, c'est-à-dire la recherche d'une formulation plus appropriée lors d'une tâche rédactionnelle. L'auteure présente et analyse les résultats d'une enquête et d'une expérimentation sur la reformulation auprès d'un groupe d'apprenants allophones de niveau B1 en français qui montrent que si ces apprenants parviennent à mettre en oeuvre des opérations reformulantes relativement variées, ils rencontrent encore des difficultés non négligeables. Elle propose ensuite deux démarches pédagogiques favorisant la production de reformulations en langue étrangère. La reformulation dans l'écriture collaborative : niveau d'engagement et pattern d'interaction Par Francesca LA RUSSA, Elena NUZZO Dans cet article, nous nous intéressons à la reformulation d'apprenants d'italien L3 qui travaillent en binômes dans une tâche d'écriture collaborative, d'une portion variable (mot ou expression) de texte écrit après avoir reçu le feedback correctif. La reformulation est ici envisagée comme un processus collaboratif, dans lequel les apprenants travaillent ensemble sur la forme linguistique et co-construisent les connaissances pour arriver à la version reformulée. Nous observons ce processus en portant une attention particulière à deux facteurs : l'engagement des apprenants pendant la révision et la réécriture du texte et le pattern d'interaction entre eux. A cette fin, nous avons conduit une analyse qualitative des interactions entre deux binômes d'apprenants au cours de la révision et réécriture du texte, après avoir reçu du feedback de la part de l'enseignant. L'analyse des interactions montre qu'un niveau d'engagement élevé ainsi qu'un pattern d'interaction collaboratif dans cette phase mènent le plus souvent les apprenants à reformuler de manière correcte leurs erreurs. L'écriture à l'ère du numérique : apport de la capture vidéo écran pour l'étude de la composition et de la reformulation Par Jérémie SEROR Un nombre croissant de chercheurs se penchent sur l'apport des environnements numériques et leurs potentialités pour le développement de l'écriture en langue seconde et étrangère. Ces travaux sont particulièrement importants alors que l'écriture médiatisée par le numérique prend une part de plus en plus importante dans la vie des apprenants. Cet article se penche sur l'emploi de la technique de la capture vidéo écran comme moyen d'explorer les processus de composition et de reformulation d'apprenants en environnements numériques. Il souligne les aperçus rendus possibles par cette méthode de recherche et l'apport de ces connaissances pour faire valoir la diversité des stratégies, ressources et actions déployées par des apprenants lors de la rédaction de textes avec des appareils électroniques. Les conclusions explorent les applications pédagogiques de ces observations qui, lorsqu'elles sont triangulées avec d'autres sources de données, permettent une compréhension plus approfondie des défis et complexités auxquels les apprenants font face lorsqu'ils composent et reformulent leurs textes et la pertinence d'inscrire de manière plus explicite ces processus dans la conception d'une pédagogie de l'écrit et de la reformulation. BIOBIBLIOGRAPHIE DES CONTRIBUTEURS

01/2023

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Littérature comparée

Revue de littérature comparée N° 377, janvier-mars 2021 : La RLC a 100 ans

Daniel-Henri PAGEAUX, Regards sur cent ans de comparatisme On a souhaité donner d'abord, de façon tout à la fois précise et synthétique, un historique de la RLC, en insistant sur les orientations intellectuelles, voire philosophiques qui ont présidé à sa fondation, puis en donnant un panorama aussi détaillé que possible des questions et des thèmes abordés, en particulier à partir des numéros dits "spéciaux" . En un siècle, la RLC a su tenir, tant au plan national qu'international, un rôle et une fonction de tribune, de lieu permanent d'échanges, de propositions et de réflexions. Bernard FRANCO, Fernand Baldensperger et les premières définitions de la littérature comparée Dans le tout premier article de la Revue de Littérature Comparée publié peu de temps après la fin de la Première Guerre mondiale, Fernand Baldensperger propose une définition de la littérature comparée imprégnée d'un idéal humaniste qui a traversé l'histoire de la discipline. Il la rapproche de la méthode de l'histoire littéraire prônée par Lanson et de l' "histoire comparée des littératures" évoquée par Joseph Texte, dans une relation ambivalente d'opposition avec la méthode des parallèles. Une telle conception est proche des origines romantiques de la discipline, qu'il s'agisse des premières définitions de la littérature comparée chez Ampère ou du relativisme esthétique propre à la critique romantique en général. Mais dans sa volonté d'embrasser les sciences humaines, Baldensperger défend également une conception de la discipline bien plus moderne qu'on ne l'a souvent dit. Francis CLAUDON, Fernand Baldensperger (1871-1958). Retour sur une ambition F. Baldensperger (1871-1958), premier directeur de la RLC, a laissé des mémoires. Une vie parmi d'autres (1940) comporte bien des indications intéressantes. L'expérience de l'étranger s'est faite, pour lui, vers 1880-1890, à Saint- Dié et à Zurich, par et contre l'Allemagne du Reich wilhelminien. D'autre part Baldensperger s'est élevé contre une certaine myopie intellectuelle de l'époque. Sa carrière s'est développée grâce à des appuis politiques (L. Liard, S. Charléty, M. Barrès), ses emplois, (Strasbourg en particulier, au moment de la fondation de la revue) ont été des choix calculés. Sa conception des "interrelations littéraires" s'inscrit dans la tradition historiciste de Taine ; elle diffère, sans l'exclure, de celle, formaliste et esthétisante, de ses contemporains germaniques (Walzel, Jolles). Pierre BRUNEL, Paul Hazard (1878-1944) Trop tôt disparu, Paul Hazard a fait une brillante carrière, qui l'a conduit au Collège de France en 1925 et à l'Académie française en 1940. Originaire du Nord, il a été attiré par l'Italie et il est devenu le maître des études sur les littératures du Midi, mais sans jamais perdre le contact avec ses origines tant comme écrivain que comme comparatiste. Plus jeune que Fernand Baldensperger et à certains égards pouvant être considéré comme son disciple, il a été choisi par lui pour diriger, à sa fondation même en 1921, la Revue de littérature comparée. Elle lui doit beaucoup, même si, très respectueux de celui qui présida à ses destinées de comparatistes, il tendait à s'effacer derrière lui. Il a d'ailleurs, après 1935, assuré une continuité indispensable et, grand voyageur, comme Baldensperger, il s'est comme lui, largement ouvert au monde. Etienne CROSNIER, Paul Hazard, l'amour d'une vie pour les littératures du Nord Né à Noordpeene, près de Dunkerque, Paul Hazard (1878-1944), ancien élève de l'ENS et agrégé de Lettres classiques, est considéré aujourd'hui comme le grand spécialiste de la littérature italienne du XVIIIe siècle. Sa thèse de doctorat, La Révolution française et les lettres italiennes (1789-1815), en est la pierre angulaire. Mais Paul Hazard ne s'est jamais détourné de ses premières amours, les littératures nordiques. Il met ainsi en lumière, dans "L'invasion des littératures du Nord dans l'Italie du XVIIIe siècle" (RLC, 1921), l'influence et la modernité des oeuvres d'Ossian, Shakespeare et Goethe. Avant de nous surprendre avec un essai, Le Charme d'Andersen (1930), qui révèle, au-delà de son attachement aux littératures enfantines, l'humanisme profond de l'enseignant et du chercheur qu'il n'a jamais cessé de manifester dans ses écrits. William MARX, Comparatisme et nationalisme au lendemain de la Grande Guerre Fondée au lendemain de la Première Guerre mondiale dans une Europe saignée et dévastée, la Revue de littérature comparée se donna pour mission d'ouvrir à un "nouvel humanisme" adapté à ce monde sortant à peine des cendres, et susceptible de retarder un feu qui ne demandait qu'à renaître. Or, dans un contexte marqué de nationalismes exacerbés, l'histoire comparée des littératures ne fut pas toujours considérée comme une entreprise neutre et pacifique. La Revue elle-même, qui fut dès le départ traversée de ces tensions, sut toutefois se doter d'un programme théorique suffisamment solide pour s'en délivrer. Yves CHEVREL, Vingt-cinq ans après : le recommencement Durant l'occupation de la France par les nazis, de 1940 à 1945, la direction de la RLC a décidé de ne pas publier la revue. L'année suivante en Grande-Bretagne parait, à Cardiff, une revue qui en assure l'intérim : Comparative Literature Studies. F. Baldensperger y publie, en 1945, un article où il revient sur les débuts de la RLC, en rappelant les espoirs soulevés par la fin de la "Grande Guerre" et en les confrontant aux réalités qui ont suivi. De son côté, J. -M. Carré titre "Recommencement" l'article de tête de la première livraison de la RLC à reparaître en 1946. Les deux articles, de tonalités différentes, manifestent l'un et l'autre la volonté de concevoir la littérature comparée comme une discipline au service d'un humanisme moderne. Véronique GELY, Les "femmes de lettres" dans les quatre premiers numéros de la Revue de littérature comparée La Revue de littérature comparée en 1921 reflète la difficile entrée des femmes dans le champ littéraire, aussi bien comme objets que comme sujets d'étude et d'analyse. Mécènes, étudiantes et chercheuses, les écrivaines sont peu visibles dans les titres des différentes rubriques. Elles sont toutefois bien présentes. La RLC mentionne et commente les travaux de chercheuses qui sont parfois citées comme des autorités. Le phénomène le plus marquant est la référence constante faite à "Madame de Staël" , véritable "mère fondatrice" de la littérature comparée. Jean CANAVAGGIO, Un maître des études hispaniques et sa collaboration en 1921 à la Revue de littérature comparée. Alfred Morel-Fatio (1850-1924) On doit à Alfred Morel-Fatio une brève contribution au premier numéro de la Revue de Littérature comparée. Le présent article, après en avoir résumé le contenu, retrace la carrière du fondateur des études hispaniques en France et s'emploie à montrer comment on peut comprendre qu'il n'ait pas donné une étude plus importante aux deux éditeurs de la revue. Chantal FOUCRIER, De She à L'Atlantide : une polémique questionnée par La Revue de littérature comparée en 1921 On connaît le succès remporté par L'Atlantide, roman que Pierre Benoit fit paraître en 1919 et qui valut à ce dernier l'accusation d'avoir plagié She, récit qu'avait publié Henry Rider Haggard en 1887. L'affaire ayant suscité un procès, la presse se divisa dans d'innombrables articles qui ont contribué à donner à la question judiciaire la portée d'un débat intellectuel. En 1921, la Revue de Littérature Comparée fit état de cette polémique comme point d'appui d'une réflexion sur l'exploitation des sources dans la création littéraire. C'est à ce titre qu'elle intégra l'analyse des deux romans qu'avait rédigée l'angliciste P. -H. Cheffaud à la demande de Pierre Benoit en 1920. Après avoir éclairé le type d'arguments développés dans ce texte-plaidoyer, la présente étude se propose de montrer que celui-ci trouve plusieurs échos dans les problématiques comparatistes du moment, telles que l'influence des oeuvres étrangères comme ferment de l'originalité dans les littératures européennes. Dominique MILLET-GERARD, Claudel - Dante 1921 Cet article étudie l'Ode jubilaire pour le six-centième anniversaire de la mort de Dante, composée par Claudel sur la suggestion de l'italianiste Henry Cochin et publiée dans le Bulletin du jubilé du Comité catholique français. L'Ode est évoquée à deux reprises dans la Revue de littérature comparée de 1921. Doublé - comme dans la Vita Nova - d'un texte en prose explicatif, ce long dithyrambe en vers libres, nourri de citations de Dante, est esentiellement constitué d'une double prosopopée, celle de Béatrice suivant celle de Dante, sur les thèmes de l'exil, de l'amour et de la Joie, ce qui en fait un palimpseste du Soulier de Satin. De fait, l'impact autobiographique de l'Ode apparaît manifestement au regard des Lettres à Ysé contemporaines, et récemment livrées au public. Célébration et comparaison semblent ici céder le pas à une discrète substitution.

08/2021

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Israël

Interdictions israélites. Recherches économico-juridiques sur l'interdiction de la propriété aux Israélites, Edition

L'ouvrage de Cattaneo, les Ricerche economiche sulle Interdizioni imposte dalla legge civile agli Israeliti, fut composé entre novembre 1835 et mars 1836 ; amputé d'un paragraphe par la censure, il parut en 1837. La traduction est due à Arnaud Clément, agrégé de philosophie, traducteur de La philosophie de Leopardi d'Adriano Tilgher (Editions Conférence, 2016) ; elle est précédée d'un essai introductif de Pierre Savy, maître de conférences en histoire du Moyen âge à l'université Gustave Eiffel et directeur des études pour le Moyen Age à l'Ecole française de Rome, dont les recherches portent sur l'histoire des communautés juives en Italie du Nord à la fin du Moyen Age, co-éditeur, avec A. Guetta de The Question of the Jewish Minority in Early Modern Italy (Viella, 2020) et avec Katell Berthelot d'une Histoire des Juifs. En voyage en 80 dates, de l'Antiquité à nos jours (Paris PUF, 2020). L'ouvrage contient également trois appendices : l'appendice I contient les pages vi-viii de la Préface aux Memorie di economia publica (Milan, 1860), pages qui relatent l'accueil réservé aux Interdizioni, dont l'argument se voit résumé ; l'appendice II donne la refonte du chap. des Interdictions des Israélites, etc. , rejeté par la censure ; enfin l'appendice III propose un texte de Giuseppe Mazzini qui fait état du " Différend entre Bâle-Campagne et la France ", reprenant le problème de Cattaneo du point de vue du rapport entre les deux législations. Quel est le point de départ de l'ouvrage de Cattaneo (voir la " Question de droit public ", § 5) ? L'achat par deux frères juifs, les frères Wahl, d'un terrain dans le canton de Bâle-Campagne avait été annulé par les autorités municipales au motif que la législation locale interdisait aux Israélites de posséder des terres, alors même que les frères Wahl avaient agi comme citoyens français et que la république suisse avait conclu des traités avec la France. Prenant la défense des Israélites et après avoir exposé " L'occasion de ce mémoire " (chap. I) et les " Origines des interdictions israélites " (chap. II), Cattaneo expose les effets économiques (chap. III) de l'interdiction de la propriété comme des autres interdictions (chap. IV), ainsi que les effets de l'interdiction de la propriété sur la population (chap. V) et sur la morale (chap. VI), puis achève d'exposer les " causes de la décadence des interdictions israélites " (chap. VII) avant de conclure. On ne résumera pas ici l'intégralité de l'argumentation ; on insistera plutôt sur quatre points. Convergence disciplinaire. - L'argumentation de Cattaneo se fonde essentiellement sur l'histoire (l'auteur remonte le fil des interdictions et en dresse une assez précise histoire), l'économie (avec l'exposition des conséquences économiques et sociales des interdictions des israélites, y compris au moyen de lois nettement formalisés, § 9, p. 88, par ex. , ou la comparaison des richesses marchandes et des richesses foncières, § 11, p. 97 sqq.) et le droit (puisqu'il s'agit de montrer comment les mentalités se sont traduites dans le droit). Voilà pourquoi de ce mémoire pourrait être tiré " un chapitre qui aurait valeur d'appendice aux habituels traités d'économie sociale " (p. 32). On ajoutera à ces disciplines la statistique (§ 25), établissant le " nombre probable des Israélites vivants ". Cet essai constitue donc un échantillon de l'entreprise, définie par Romagnosi, d'unification du droit et de l'économie " en soumettant les prétentions de l'intérêt au frein du droit, et les assertions du droit aux sanctions de l'intérêt " (p. 29-30) : il ne s'agit que de mener un " travail particulier ", et donc de " préparer " l'entreprise ainsi définie (p. 30). Le fondement de l'argumentation : l'intérêt - C'est la convergence de ces disciplines qui permet à Cattaneo de faire fond moins sur les principes abstraits ou transcendants de tolérance et d'humanité, principes jugés " inopportuns " (§ 7, p. 53), que sur l'intérêt de la société tout entière. Loin des généralités liées à la fraternité entre les hommes, Cattaneo mesure le profit que la communauté pourrait tirer d'une levée des interdictions des israélites : " Laissez faire l'Israélite, et il saura aussi nourrir la fécondité et l'aménité de la terre de son industrie qui a amassé des millions " (§7, p. 51) Comme l'énonce le dernier chapitre avant la conclusion, " Les conseils de la bonne économie auraient tout sauvé " (§ 32, p. 200) : il s'agit donc de traiter la question comme un " problème d'économie politique " (p. 201). Le paradoxe. - Le nerf de l'argumentation est éminemment paradoxal : Cattaneo fait voir la contradiction fondamentale des interdictions faites aux israélites : ce qui devait nuire à ces derniers est précisément ce qui les a fait prospérer alors que ce qui devait favoriser les non-Juifs les mit à la botte des Juifs : " en déclarant illicite l'intérêt légal et en terrorisant l'homme consciencieux de mettre son argent à profit, on favorisa sans le savoir l'afflux des infortunés à la porte de l'usurier " : les juifs " furent poussés vers les richesses mobilières qui devenaient de plus en plus fructueuses " (§ 8, p. 64 ; voir aussi § 17, p. 126 ; § 24, p. 157). La logique de ce paradoxe est déployée dans toute sa rigueur, notamment au moyen de comparaisons entre l'intérêt des biens mobiliers et immobiliers (chap. III, voir par ex. p. 84 sqq. ; p. 91), entre les taxes dont font l'objet les uns et les autres (§ 12, p. 109 sqq.), entre les litiges auxquels ils donnent lieu (§ 14), enfin entre les inconvénients moraux dont pâtit une jeunesse dorée peu habituée aux affaires et seulement soucieuses des rang (§ 15, p. 118) et les bénéfices moraux et sociaux qu'en tirent les juifs en terme de solidarité et de loyauté (§ 20). Non seulement les interdictions ont nui à l'économie, mais elles ont en réalité profité aux seuls Juifs. On voit la nécessité d'associer intérêt collectif et tolérance pour offrir aux Juifs les possibilités communes à tous les hommes. Un homme des Lumières. - On comprend dès lors que Cattaneo se montre ici un homme des Lumières (dans la lignée d'un Beccaria ou d'un Verri). D'abord parce que, l'appel à la levée des interdictions faites aux juifs de posséder du foncier ne revient pas tant à projeter une société idéale qu'à établir les conditions concrètes d'une société libérale dans laquelle le profit de chacun puisse contribuer au bonheur de tous. Ensuite, parce que le conflit entre les différents traités doit être tranché selon le critère de la liberté : " Il y a ici, entre les statuts antérieurs et les traités récents, un conflit [... ]. Dans un tel cas, c'est toujours l'alternative de la plus grande liberté qui doit prévaloir " (§ 6, p. 47). - Du point de vue économique, on remarquera la différence marquée entre capital et argent (p. 60, § 40), la promotion de l'agriculture (" mure des autres industries ", § 9, p. 81) qui le rapproche des physiocrates. - Le lecteur français ne pourra pas ne pas entendre Voltaire derrière les moqueries des " hobereaux à moitié sauvages " toisant les " hommes d'affaires de très grande importance sociale " (p. § 15, p. 115 ; voir Voltaire, Lettres philosophiques, lettre X). - Plus fondamentalement, on reconnaîtra à l'anthropologie de Cattaneo un caractère profondément historique : aucun trait n'est donné à un groupe humain par la nature, tout se construit par l'histoire et par les décisions économiques. D'où l'intérêt d'une reconstitution des raisons qui conduisirent les Juifs à s'adonner à l'usure (§ 8) ; d'où aussi les perspectives ouvertes sur l'avenir : " si l'on ne veut pas qu'il [le Juif] soit usurier, qu'on en fasse un propriétaire et notre honnête désir sera satisfait " (§ 28, p. 174), sur l'éducation : " L'art de l'usure n'est pas une affaire de sang, mais d'éducation et de position : et les juifs sont capables d'autres sortes de biens et d'autres sortes de maux " (p. 29, 176), sur l'honneur : " cet honneur devient inaccessible à ceux que la loi place dans un état permanent de dégradation " (p. 177, § 30 ; voir aussi p. 178). Parce que l'humanité est ouverte à l'histoire, aucune fatalité ne s'abat sur les hommes et le meilleur est à attendre d'une intégration des Juifs aux communautés politiques. On ne s'indignera donc pas de quelques lignes d'apparence sévère avec les Juifs (sur " l'amour du gain ", p. 77-79, sur le peu d'intérêt des juifs pour les sciences et les lettres, § 21) : ces lignes semblent bien destinées à accréditer au contraire un regard de forte compassion à l'égard des Juifs : Cattaneo souligne leur profonde et antique moralité (§ 8, p. 77), l'ampleur des massacres qui les frappèrent (§ 8, p. 71), les " exclusions ignominieuses " dont ils firent l'objet (§ 8, p. 77), les massacres " continus et quotidiens " (§ 27, p. 167) montrant par là que si ces vexations multiples purent un temps triompher de leur âme " généreuses par nature " (§ 21, p. 143 ; voir également p. 147-148 ; p. 181), ces dernières y trouvèrent grande occasion de vertu (voir l'émouvante p. 189, § 31). La sensibilité de Cattaneo au sort des Juifs frappe par son intensité, même si son expression demeure maîtrisée et intégrée à une argumentation de facture parfaitement classique. Insistons enfin sur l'intérêt de publier une traduction française de cet ouvrage de Cattaneo. D'abord, parce qu'il y va de l'histoire des juifs d'Europe. A un moment où l'Europe se constitue comme entité politique, il paraît indispensable de prendre en vue l'histoire des peuples à l'échelle du continent tout entier, et pour cela même de se tourner vers celui qui, le premier, usa de l'expression des " Etats-Unis d'Europe ". Une seconde raison tient au fait que Cattaneo avait avec la France un rapport tout à fait singulier, et que cet ouvrage même prend longuement appui sur la France (voir par ex. la mise au point sur l'" Etat civil des Israélites en France après 1791 ", § 3 ; ou l'histoire du décret impérial de mai 1806, § 31, p. 181 sqq.). C'est donc bien une figure capitale de l'Europe en voie de constitution qu'il s'agit de faire connaître au lectorat français. Dans une traduction élégante, ce beau livre - on sait la qualité matérielle des ouvrages publiés par les Editions Conférence - prend la suite du premier volume des oeuvres de Cattaneo, Inde. Chine. Mexique. Philosophie de l'histoire (tr. C. Carraud, 2021). Il illustre le combat magistral d'un intellectuel européen, de première importance bien que méconnu en France, contre les vexations infligées aux juifs : il est beau et hautement significatif que l'Europe ait pris conscience d'elle-même chez un auteur qui a pris au sort des communautés juives un intérêt aigu. Le lectorat du xxie siècle, juif comme non-juif, ne peut pas l'ignorer.

03/2023