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Alexievitch

Extraits

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Critique littéraire

Svetlana Alexievitch : la littérature au-delà de la littérature

Svetlana Alexievitch est une auteure russophone majeure du XXe siècle, consacrée par le prix Nobel de littérature en 2015, dont l'oeuvre explore les archives subjectives et la mémoire des anciennes républiques soviétiques. Elle a donné un grand nombre d'entretiens, à la presse russe en particulier, pour expliquer sa démarche et présenter la cohérence de son oeuvre ; peu d'entre eux sont traduits. Nous nous proposons dans ce volume de publier un de ces entretiens qui constitue une excellente présentation du travail de Svetlana Alexievitch. Intitulé "Le socialisme a disparu, mais nous sommes toujours là", il est paru en 2013 dans Droujba narodov (entretien avec Natalia Igrounova) et apporte des éléments importants sur la réception de son oeuvre en Russie et ailleurs. Le second texte inédit en français reproduit dans le volume est l'allocution que Svetlana Alexievitch a donnée à l'Université de Genève lors de la réception de son titre de Docteure Honoris Causa en octobre 2017. Dans celui-ci, à teneur plus autobiographique, elle expose l'importance de son milieu d'origine, la valeur déterminante qu'a jouée la Deuxième Guerre mondiale dans son éducation et sa formation et des éléments de sa méthode.

10/2019

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Poches Littérature internation

Derniers témoins

De tous les textes de Svetlana Alexievitch, celui-ci est le plus déchirant. Car qu'y a-t-il de plus terrible que l'enfance dans la guerre, de plus tragique que l'innocence soumise à l'abjection de la violence ? Les personnages de ce livre ont entre trois et douze ans. Garçons et filles, ils ont grandi au coeur des ténèbres du plus inhumain des conflits, cette Seconde Guerre mondiale dont les plaies restent toujours béantes soixante ans après. Il a fallu à Svetlana Alexievitch près d'un quart de siècle pour mettre un point final à ce monument de la littérature, dressé pour commémorer la plus injuste des souffrances. Derniers témoins change notre regard sur l'histoire, sur le monde, sur la guerre, sur l'enfance, sur la vie.

09/2016

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Poches Littérature internation

La fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement. Suivi de A propos d'une bataille perdue

Après soixante-dix ans de marxisme-léninisme, après des millions de morts, après l'implosion de l'URSS, que reste-t-il de l'Homo sovieticus ? Armée d'un magnétophone et d'un stylo, mue par l'attention et la fidélité, Svetlana Alexievitch a rencontré des survivants qui ont vécu la petite histoire d'une grande utopie et témoignent de cette tragédie qu'a été l'Union soviétique. Ce magnifique requiem fait ainsi résonner des centaines de voix brisées : des humiliés et des offensés, des gens bien, d'autres moins bien, des mères déportées avec leurs enfants, des staliniens impénitents malgré le Goulag, des enthousiastes de la perestroïka ahuris devant le capitalisme triomphant et, aujourd'hui, des citoyens résistant à l'instauration de nouvelles dictatures... A la fin subsiste cette interrogation : pourquoi un tel malheur ? Le malheur russe ? Impossible en effet de se départir de l'impression que ce pays a été "l'enfer d'une autre planète".

09/2016

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Littérature étrangère

Oeuvres. La guerre n'a pas un visage de femme ; Derniers témoins ; La supplication

Au sommaire de ce thesaurus consacré à l’auteur de La Fin de l’homme rouge (Prix Médicis Essai – 2013), trois stupéfiants «romans de voix» qui mêlent les témoignages les plus terribles et les plus intimes de deux tragédies du siècle soviétique : la Seconde Guerre mondiale, racontée du point de vue des femmes qui l’ont vécue (La guerre n’a pas un visage de femme) et de ceux qui n’étaient à l’époque que des enfants (Derniers témoins), et la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (La Supplication). Précédé d’un entretien de l’auteur avec Michel Eltchaninoff (Dans la tête de Vladimir Poutine, Actes Sud, 2015).

10/2015

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Littérature étrangère

La fin de l'homme rouge. Ou le temps du désenchantement

Armée d'un magnétophone et d'un stylo, Svetlana Alexievitch, avec une acuité, une attention et une fidélité uniques, s'acharne à garder vivante la mémoire de cette tragédie qu'a été l'URSS, à raconter la petite histoire d'une grande utopie. "Le communisme avait un projet insensé : transformer l'homme ancien le vieil Adam. Et cela a marché. En soixante-dix ans et quelques, on a créé dans le laboratoire du marxisme-léninisme un type d'homme particulier, l'Homo sovieticus." C'est lui qu'elle a étudié depuis son premier livre, publié en 1985, cet homme rouge condamné à disparaître avec l'implosion de l'Union soviétique qui ne fut suivie d'aucun procès de Nuremberg malgré les millions de morts du régime. Dans ce magnifique requiem, l'auteur de La Supplication réinvente une forme littéraire polyphonique singulière, qui fait résonner les voix de centaines de témoins brisés. Des humiliés et des offensés, des gens bien, d'autres moins bien, des mères déportées avec leurs enfants, des staliniens impénitents malgré le Goulag, des enthousiastes de la perestroïka ahuris devant le capitalisme triomphant et, aujourd'hui, des citoyens résistant à l'instauration de nouvelles dictatures. Sa méthode : "Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur l'amour, la jalousie, l'enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d'une vie qui a disparu. C'est la seule façon d'insérer la catastrophe dans un cadre familier et d'essayer de raconter quelque chose. De deviner quelque chose... L'histoire ne s'intéresse qu'aux faits, les émotions, elles, restent toujours en marge. Ce n'est pas l'usage de les laisser entrer dans l'histoire. Moi, je regarde le monde avec les yeux d'une littéraire et non d'une historienne." A la fin subsiste cette interrogation lancinante : pourquoi un tel malheur ? Le malheur russe ? Impossible de se départir de cette impression que ce pays a été "l'enfer d'une autre planète".

09/2013

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Russie

La guerre n'a pas un visage de femme

"La guerre "féminine" possède ses propres couleurs, ses propres odeurs, son propre éclairage et son propre espace de sentiments. Ses propres mots enfin".

06/2021

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Développement durable-Ecologie

La supplication. Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse

"Sur Tchernobyl, des dizaines d'ouvrages ont été écrits, des milliers de mètres de bandes vidéo tournées... Ce livre, cependant, parle non pas de Tchernobyl mais du monde de Tchernobyl dont nous ne connaissons presque rien, non pas de la catastrophe mais de ce qui a suivi, d'un monde nouveau et différent, pour lequel il n'y a pas de langage". Trois années durant, j'ai voyagé et questionné des hommes et des femmes de générations, de destins, de tempéraments différents. Tchernobyl est leur monde. Il empoisonne tout autour d'eux, la terre, l'air, l'eau mais aussi tout en eux, la conscience, le temps, la vie intérieure. Faire que ce que plusieurs racontent devienne l'Histoire : en voyageant, en cédant la parole à ces gens, j'ai souvent eu l'impression de noter le futur, notre futur. Ainsi parle Svetlana Alexievitch de La Supplication. Tout comme l'oeuvre de Primo Levi sur Auschwitz ou celle d'Alexandre Soljenitsyne sur le Goulag, son livre nomme l'indicible en faisant entendre, pour la première fois, les voix suppliciées de Tchernobyl.

10/1998

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Littérature étrangère

Les cercueils de zinc

Les Cercueils de zinc, publié en 1989, est "un livre sur une guerre ignorée et cachée à son propre peuple - un livre sur la guerre des Soviétiques en Afghanistan. Les gens ne devinaient ce qui se passait qu'en voyant arriver, d'un pays inconnu, des cercueils de zinc..." Pour l'écrire, Svetlana Alexievitch s'était rendue sur place avant d'enquêter pendant quatre ans dans ce qui s'appelait encore l'Union soviétique. Ce sont les dernières années de cette guerre de dix ans qui sont ici évoquées. L'auteure donne à entendre la douleur des mères devant ces cercueils contenant les restes de leurs fils, parfois trop grands pour entrer dans leur appartement, parfois lestés de terre pour faire le poids d'un corps sans membres. Svetlana Alexievitch a recueilli les témoignages des soldats, des épouses, des amies des soldats, des médecins, des infirmières, des pilotes d'hélicoptère... Le livre paru, on ne lui pardonna pas d'avoir démoli le mythe du soldat soviétique accomplissant son devoir internationaliste - la télévision le présentait en train de planter des pommiers alors qu'en réalité il lançait des grenades dans des maisons où s'étaient réfugiés des femmes et des enfants ou bombardait un village. Après une campagne orchestrée pour gêner la diffusion de l'ouvrage, un procès fut intenté à l'auteure, à Minsk, en 1992, où des témoins cités dans le livre furent obligés de se récuser. II reste que cette guerre déclenchée par Leonid Brejnev a été le tombeau de l'Union soviétique, et a fait de l'Afghanistan le futur berceau d'Al-Qaida. Les Cercueils de zinc, troisième opus du cycle Les Voix de l'utopie, est un témoignage capital qui se hisse à la hauteur des grands livres sur la guerre dans une nouvelle édition entièrement revue par l'écrivain.

02/2018

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Philosophie

La force de vivre : Hugo, Nietzsche, Alexievitch. Français-philosophie - Prépas scientifiques, Edition 2020-2021

Pour une préparation complète et efficace de l'épreuve de français-philosophie des concours des grandes écoles scientifiques, cet ouvrage vous propose : - Une étude générale sur le thème et l'essentiel du savoir sur les trois oeuvres du programme 2020-2021. - Une analyse comparée des trois textes. - La méthodologie pour construire votre réflexion, élaborer un plan, rédiger une dissertation et un résumé. - Des sujets de dissertations et de résumés intégralement corrigés.

06/2020

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Science-fiction

Sumerki

Quand Dmitry Alexeïevitch, traducteur désargenté, insiste auprès de son agence pour obtenir un nouveau contrat, un étrange texte lui échoit. C'est le récit d'une expédition dans les forêts inexplorées du Yucatán au XVIe siècle, armée par le prêtre franciscain Diego de Landa. Et les chapitres lui en sont remis au compte-gouttes par un mystérieux commanditaire. Aussi, quand l'employé de l'agence est sauvagement assassiné et que les périls relatés dans le document s'immiscent dans son quotidien, Dmitry Alexeïevitch prend peur. Dans les ombres du passé, les dieux et les démons mayas se sont-ils acharnés à protéger un savoir interdit ? A moins que le manuscrit espagnol n'ait fait perdre la raison à Dmitry Alexeïevitch. Alors que le monde autour de lui est ravagé par des ouragans, des séismes et des tsunamis, le temps est compté pour découvrir la vérité.

03/2018

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Philosophie

La force de vivre. Hugo, Les Contemplations (Livres IV-V) ; Nietzsche, Le Gai Savoir (préface et livre IV) ; Alexievitch, La Supplication, Edition 2020-2021

Cet ouvrage s'adresse aux élèves des classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques. Il a pour objectif de les aider à réussir l'épreuve littéraire des concours. Pour l'année 2020-2021, le programme porte sur : Hugo, Les Contemplations (livres IV et V) ; Nietzsche, Le Gai Savoir (préface et livre IV) ; Alexievitch, La Supplication. Le thème associé à ces oeuvres est : La force de vivre. Complet et précis, ce livre est l'outil indispensable à une meilleure connaissance des oeuvres et du thème. Il comprend : une introduction générale qui situe le thème dans l'histoire de la pensée et analyse les différentes problématiques qu'il recouvre. Trois études détaillées : pour se familiariser avec chacune des oeuvres au programme : résumé et structure, analyse du contexte, encadrés thématiques ; pour comprendre comment chaque oeuvre illustre le thème au programme. Une réflexion synthétique et problématisée sur le thème "La force de vivre " à partir des oeuvres étudiées. Une méthodologie de la dissertation et du résumé, des dissertations et des résumés corrigés, un répertoire de citations commentées et un lexique des notions qui se rattachent au thème.

06/2020

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Philosophie

La force de vivre. Victor Hugo, Les contemplations, livres IV et V ; Nietzsche, Le gai savoir, avant-propos et livre IV ; Svetlana Alexievitch, La supplication, Edition 2020-2021

Tout le programme de français-philosophie 2020-2021 - Le portrait des 3 auteurs - Le résumé et l'analyse de chaque oeuvre - Le thème en fiches synthétiques - 2 sujets de dissertation rédigé - 120 citationsL'épreuve de français-philosophie aux concours des écoles d'ingénieurs est exigeante et décisive. Mais comment étudier 3 oeuvres importantes de la littérature, comprendre la pensée de 3 auteurs différents, les mettre en relation avec un thème précis, alors que les matières scientifiques occupent déjà une grande partie de votre temps ? - Pour vous accompagner dans ce travail, vous trouverez ici une présentation claire des auteurs, de leur époque et une analyse de chacune des oeuvres ainsi que les aspects essentiels du thème et des oeuvres au programme expliqués et commentés. - Une fiche méthodologique et 2 sujets de dissertation entièrement corrigés vous permettront de vous préparer aux concours. - 120 citations utiles à connaître complètent ces outils.

06/2020

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Littérature française

L'évangile selon saint Vladimir

Nous sommes en guerre contre les néonazis pour sauver les Russes et les Ukrainiens. - Vladimir Poutine?;?[…] la Russie est […] un esprit vierge de critique et de réflexion - Svetlana Alexievitch. Ces deux propos résument la trame de ce livre et illustrent le drame peut-être le plus interpellant de notre époque?: le manque de connaissance et d’esprit critique, surtout face à des tragédies telles que celle que la Russie poutinienne a provoquée, qui convoquent les émotions et affaiblissent la raison. Beaucoup - trop - croient les paroles de Poutine?; de son côté, l’Occident n’est pas exempt d’erreurs et de torts. Remettre l’église au milieu du village est indispensable pour une approche honnête de cet imbroglio qui retourne les esprits. L’évangile selon saint Vladimir tente, humblement, de répondre à cette nécessité.

10/2023

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Histoire internationale

Dos au monde. Portraits de Serbie

Dans Le Libraire de Kaboul, qui a connu un grand succès international et reçu de nombreux prix, Asne Seierstad nous faisait partager la vie quotidienne d'une famille afghane après la défaite des talibans et révélait un pays aux mille facettes, ruiné mais plein d'espérance. Cette fois, c'est en Serbie qu'Asne Seierstad nous emmène. Avec la même sensibilité et le même respect, elle a rencontré ses habitants avant, pendant et après la guerre. Ils nous confient leurs joies, leurs peines et leurs espoirs dans ce pays martyr, dévasté hier, aujourd'hui tombé dans l'oubli. Parmi eux, il y a Boiana, journaliste héroïque au moment des conflits, devenue une grande star de télévision. Il y a aussi Danijela, qui attend le retour de son mari, criminel de guerre, emprisonné à Nuremberg, sans oublier les réfugiés du Kosovo qui rêvent de retrouver leur pays. Asne Seierstad nous livre un témoignage bouleversant, aussi précieux que celui de Svetlana Alexievitch dans La Supplication.

09/2005

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Europe centrale et orientale

Tchernobyl. Vivre, Penser, Figurer

Cet ouvrage aborde la problématique de Tchernobyl au sens large, autour de plusieurs axes : historique, environnemental, artistique et littéraire. La plupart des auteurs ukrainiens, russes et français ont un lien très profond et personnel avec l'accident nucléaire, les travaux de liquidation, le travail et la vie dans la zone interdite autour de la centrale sinistrée, mais aussi dans d'autres zones contaminées. Ce sont aussi bien des liquidateurs que des chercheurs, des artistes et des penseurs. La plus grande catastrophe industrielle du XXe siècle et ses conséquences recèlent encore bien des mystères et continuent de hanter les esprits. Comment ne pas s'interroger, avec Svetlana Alexievitch : "Tchernobyl, est-il le passé ou l'avenir de l'humanité ? " Au moment où l'Ukraine demande à l'UNESCO de reconnaître Tchernobyl comme patrimoine de l'humanité, comprendre la portée de cette catastrophe et de l'univers qu'elle a engendré est plus que jamais essentiel.

04/2021

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Actualité et médias

Comprendre le monde. Les grands entretiens de XXI

Leurs parcours de vie sont singuliers. Ces hommes et ces femmes ont beaucoup appris, beaucoup reçu. Ils ont marqué l'époque. Chacun de leurs entretiens mêle l'intime à l'universel. De leurs apprentissages, de leurs rencontres, des obstacles surmontés, ils tirent les leçons. Scientifiques, écrivains, historiens, philosophes, chercheurs, témoins engagés, leurs regards se complètent et se répondent. Ces voix exceptionnelles nous éclairent.

11/2016

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Actualité et médias

La désolation. Les humains jetables de Fukushima

Des milliers de silhouettes anonymes s'affairent sur le site dévasté et contaminé de la centrale nucléaire de Fukushima-daiichi. Qui sont ces ouvriers, précaires et silencieux, occupes a ramasser des déchets radioactifs, traquer les fuites ou sécuriser les installations instables ? Ce sont des sacrifiés venus oeuvrer, par patriotisme d'abord. par nécessité tenancière ensuite, au sauvetage puis au démantèlement de cette centrale qui va durer au moins quarante ans. Isolés dans leur propre pays, ils restent méconnus ailleurs. Arnaud Vaulerin a suivi pendant plus de deux ans ces „ gitans du nucléaire „ qui s'exposent a des radiations parfois extrêmes sur un site ou règnent l'anarchie et la loi du silence. Il a découvert que le pire est peut-être a venir : périls sismiques et climatiques, sécurité limitée, fuites en série, bricolages et risques médicaux encore inconnus. Cinq ans après, la catastrophe est loin d'être terminée. A travers cette plongée au pays de la mort incertaine, invisible, impensable, Arnaud Vaulerin nous offre un document précieux sur les risques nucléaires qui menacent nos démocraties, dans la lignée de La Supplication de Svetlana Alexievitch.

02/2016

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Littérature étrangère

La mer dans une goutte d'eau

"J'ai découvert le monde à travers des gens comme Hanna Krall et Ryszard Kapuscinski", confiait récemment Svetlana Alexievitch, lauréate du prix Nobel de littérature. Réunir en un seul volume les deux grands noms du reportage polonais, dont se réclament aujourd'hui les meilleures plumes de la "littérature du réel", est l'occasion de faire découvrir leurs textes les plus anciens, d'une remarquable qualité littéraire. Les récits-reportages de Kapuscinski sur les années 1960 et ceux de Krall sur la décennie suivante abordent souvent des thématiques semblables et témoignent d'une même empathie face aux plus démunis, aux victimes de l'oppression. Soumis à un contrôle sévère, le reporter de l'époque communiste ne pouvait critiquer le système dans son ensemble : il lui fallait se tourner vers les destins individuels, vers le détail qui prendrait soudain une signification plus large, plus universelle. "Nous disions du reportage qu'il était l'art de voir la mer dans une goutte d'eau", rappelle le grand opposant Adam Michnik. Au fil de textes où le lecteur ne boude pas son plaisir, une éclatante illustration des ruses du coeur et de l'intelligence face à la censure.

11/2016

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Littérature comparée

Une bête entre les lignes. Essais de zoopoétique

InsoliteCNL – Entre les lignes de nos textes, de nos cultures et de nos vies, se glissent des bêtes – familières, indifférentes ou effroyables. Anne Simon aborde la richesse de nos relations aux animaux à travers les récits et les rêves des écrivains.

Si la littérature est apte à évoquer la puissance et la profusion des vies animales, c’est que la langue et l’écriture elles-mêmes, souvent considérées comme des « propres » de l’espèce humaine, se découvrent traversées par l’animalité. La langue poétique permet d’accéder aux bêtes qui, soufflant et traçant leurs histoires de vie et de survie à même le monde, nous ont peut-être appris à lire.

Entre le temps immémorial de notre évolution avec les bêtes sauvages et le temps contemporain du saccage du vivant, Anne Simon explore les livres-arches qui déploient les mondes fascinants auxquels nous ouvrent les animaux.

Ces voyages imaginaires – en dialogue avec des travaux d’historiens, d’anthropologues ou de philosophes – élargissent nos galaxies mentales et nous permettent de renouveler notre entrelacement avec les autres vivants.

Un ouvrage pour (re)découvrir Marcel Proust, Jean Giono, Maurice Genevoix, Béatrix Beck, Jacques Lacarrière, Andrzej Zaniewski, Jean Rolin, Olivia Rosenthal, Yves Bichet, Maryline Desbiolles, Tadeusz Konwicki, Henrietta Rose-Innes, Marie Darrieussecq, Éric Chevillard, Svetlana Alexievitch, Jacques Derrida, Jean-Christophe Bailly…

04/2021

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Critique littéraire

Un nouvel âge de l'enquête. Portraits de l'écrivain contemporain en enquêteur

L'"âge de l'enquête" : c'est la formule d'Emile Zola qui décrit là un XIXe siècle emporté par une fièvre d'investigations et de déchiffrements. Une formule d'actualité au XXIe siècle, au moment où s'ouvre un nouvel âge de l'enquête : les écrivains contemporains investissent à nouveaux frais le terrain social, à la croisée du reportage, des sciences sociales et du roman noir. C'est cette passion renouvelée du réel que je voudrais saisir ici, à travers les gestes de l'enquête. S'étonner, explorer, collecter, restituer, poursuivre, suspendre : cette liste ouverte d'opérations concrètes, de pratiques et d'expérimentations dessine le cheminement même de l'enquête. Elle dessine également les moments d'une dynamique, inlassable et inachevable, qu'empruntent aujourd'hui les écrivains pour élucider, nommer et raconter l'épaisseur du monde, en donnant voix aux vies silencieuses. Cette obsession de l'enquête, je la traque à mon tour depuis le XIX e siècle jusqu'à aujourd'hui, dans une littérature qui s'invente aux franges des disciplines d'Emmanuel Carrère à Jean Rolin, d'Ivan Jablonka à Hélène Gaudy, d'Emmanuelle Pireyre à Patrick Modiano, de Philippe Artières à Kamel Daoud, de Philippe Vasset à Svetlana Alexievitch. Il m'a semblé, chemin faisant, que cette littérature du réel s'écrivait dans le sillage de Georges Perec. Ses dispositifs inventifs, minutieux et critiques sont autant d'instruments d'exploration, qui font de la littérature un protocole de savoir et un outil de connaissance intime.

05/2019

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Histoire littéraire

Pen International. Une histoire illustrée. La littérature ne connaît pas de frontières

PEN - "Poets, Essayists, Novelists" - a été fondé à Londres en 1921 pour promouvoir l'amitié, la coopération intellectuelle et l'échange entre écrivains du monde entier. L'organisation s'est développée depuis lors pour constituer aujourd'hui un réseau international d'écrivains, une véritable communauté qui s'étend sur plus de cent pays. Cet ouvrage raconte l'histoire extraordinaire de la manière dont PEN a mis la liberté linguistique et la défense de la liberté d'expression au centre de la lutte de l'humanité contre la répression et la terreur. De la résistance contre les autodafés et la persécution des écrivains dans l'Allemagne nazie au soutien d'écrivains dissidents pendant la Guerre froide et aux campagnes en faveur d'écrivains et de journalistes emprisonnés en Chine aujourd'hui, PEN n'a cessé de s'élever contre toutes sortes de censure et d'autocensure. Parmi les formidables auteurs qui ont constitué autant de "cas" dans son combat, on retrouve notamment Federico Garcia Lorca, Stefan Zweig, Musine Kokalari, Wole Soyinka, Salman Rushdie, Ngügï wa Thiong'o, Anna Politkovskaïa, Hrant Dink ou Svetlana Alexievitch. Cet ouvrage raconte leur histoire et celle de tant d'autres, notamment par le biais de photographies d'archives et de nombreux documents souvent inédits. Les voix de ces écrivains et celles, nombreuses, de tous ceux qui ont combattu pour défendre la devise qui ouvre la Charte de PEN - "La littérature ne connaît pas de frontières" - continuent à résonner parmi nous. Leur courage a fait de PEN International le mouvement fort, vibrant et dynamique qu'il est aujourd'hui.

10/2021

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Ouvrages généraux

La fabrique des émotions disjointes

Les faits d'affects sont à valences multiples. Ils méritent donc d'être interrogés dans le pourquoi de leurs motifs souvent inconscients, dans le comment de leurs manifestations gestuelles et, tout aussi bien, dans le pour quoi de leurs destins éthiques et politiques. Car tout cela fonctionne ensemble dans chaque moment de l'histoire. Ce volume, comme le précédent, s'autorise à vagabonder entre des analyses de cas singuliers très divers, mais pour voir s'y dessiner une configuration particulière bien que, malheureusement, très puissante et répandue. Les faits d'affects y sont réglés selon une disjonction : "fronts contre fronts", en quelque sorte. On entre là dans le vaste domaine d'une anthropologie politique des sensibilités et, notamment, de ce que Svetlana Alexievitch nommait les "documents-sentiments" relatifs à l'expérience des femmes russes enrôlées dans les combats de la Seconde Guerre mondiale. Comment, alors, ne pas s'interroger, en amont sur la "fabrique des émotions" dans le cadre propagandiste nazi, en aval sur la notion économique de "promotion" capitaliste ? Comment, au fil de ce parcours, ne pas revenir à la notion - toujours à revisiter, de Hegel à Marx et de Freud à l'anthropologie contemporaine - du fétichisme, là où justement les relations des sujets aux objets prennent un tour réifié, aliéné, mortifère ? La disjonction affective ne caractériserait-elle pas, pour finir, ce "malaise dans la culture" duquel nous peinons à nous extraire dans un monde où notre liberté dans le "partage du sensible" se heurte constamment à une sorte de loi du marché affectif ?

03/2024

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Sociologie

Mille origines

Charif Majdalani est passionné par les mélanges culturels et les identités plurielles, dans toute leur richesse, drôlerie et complexité. Il nous fait part de ses réflexions sur ces sujets alors qu'il revient d'un voyage lointain et qu'il survole de nombreux lieux qui le font rêver, avant d'atterrir à Beyrouth, sa ville, son lieu de vie, si emblématique de ces carrefours de populations. Il part alors à la rencontre d'une vingtaine de personnes qui lui confient leur parcours et leur histoire familiale. Charif Majdalani les retranscrit dans un style littéraire à la façon de Svetlana Alexievitch dans "La fin de l'homme rouge". Racontés à la première personne du singulier, ces récits incarnent des vies faites d'exil, d'émigration, de guerres, d'identités religieuses multiples ou d'amours contrariés. Comme Rawwad, chrétien et premier de sa classe en cathéchisme qui apprend de la bouche du directeur de son école qu'il est musulman par son père et juif par sa grand-mère. Ou Jenny, philippine, femme de ménage devenue esthéticienne, qui se désole de comprendre trop tard que rien n'a remplacé sa présence auprès de ses filles restées au pays. Ou encore Marylin, qui doit attendre de tomber sur son ancien amoureux par hasard dans les rues de Singapour, loin de sa famille libanaise désapprobatrice de cette union, pour oser se mettre en couple avec lui et avoir un enfant. A travers ces monologues, Charif Majdalani dresse un portrait en kaleidoscope de Beyrouth, du Liban et de sa région, à l'image des croisements infinis qui se rencontrent partout dans le monde. Et offre un livre à la fois érudit et vibrant.

04/2023

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Littérature étrangère

Le cas du docteur Koukotski

Le jeune chirurgien et obstétricien Pavel Alexeïevitch Koukotski, descendant d'une longue et brillante lignée de médecins, possède un don pour lequel il n'a aucune explication scientifique: une vision quasi radiologique qui lui permet de voir immédiatement de quel mal souffrent ses patients. Mais ce don disparaît chaque fois qu'il a des relations sexuelles avec une femme. Sauf avec Eléna, qu'il arrache à la mort au début de la Seconde Guerre mondiale et dont il tombe amoureux dans la salle d'opération... Avec Le cas du docteur Koukotski, Ludmila Oulitskaïa nous offre un vaste roman où les vies d'une demi-douzaine de personnages hauts en couleur se fondent dans une narration riche en événements et en rebondissements, couvrant ainsi un demi-siècle d'histoire russe. Son plaisir de raconter et sa maîtrise de la matière romanesque sont plus que jamais éclatants, sans que l'auteur perde de vue les grandes questions éthiques - ici, plus particulièrement, les rapports entre religion et science - qui traversent toute son œuvre. Le cas du docteur Koukotski est le sixième titre de Ludmila Oulitskaia traduit en français, après notamment Sonietchka (Gallimard, 1996, prix Médicis étranger), De joyeuses funérailles (Gallimard, 1999) et, plus récemment, Un si bel amour et autres nouvelles (Gallimard, 2002). Elle est un des auteurs russes les plus importants de sa génération et sa réputation ne cesse de grandir à travers le monde, notamment aux Etats-Unis et en Allemagne, où ses livres atteignent des tirages très importants.

09/2003

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Histoire internationale

Pierre le Grand. Sa vie, son univers

Outre sa taille (près de deux mètres), ses appétits, son extraordinaire puissance de travail et sa prodigieuse soif de connaître, Pierre Ier Alexévitch avait une passion : les bateaux - et c'est grâce à cette passion que la Russie devait, à l'aube du XVIIe siècle, sortir tout à la fois de son isolement et de sa " barbarie ". dès le début de son règne, en effet, Pierre décida de doter son pays d'une marine digne de ce nom, et, pour se familiariser avec les arcances de la construction navale, entreprit une véritable tournée européenne, la célèbre " grande ambassade ", qui dura deux ans et dont il ramena suffisamment d'idées pour faire basculer la Russie du Moyen Age dans les Temps modernes. Mais s'il avait acquis la technique, il lui manquait l'essentiel : un accès à la Baltique - et, si possible, à la mer Noire. Ce fut là l'argument de la " grande guerre du nord ", qui l'opposa pendant vingt ans à son cousin Charles XII de Suède et apprit aux cours européennes qu'elles auraient désormais à compter avec une nouvelle - et formidable - puissance militaire. Vainqueur, Pierre pu se consacrer à sa seconde passion, Saint-Pétersbourg, la ville qu'aux prix d'innombrables vies humaines et grâce à une volonté tenace, il parvint à faire surgir des marais glacés de la Néva. A ce personnage hors du commun, Robert K. Massie a consacré une biographie hors du commun, dont on ne sait ce qu'il faut admirer le plus, du souffle épique ou de l'érudition.

11/1985

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Littérature étrangère

Le conseiller du Président

Le vieil écrivain Ignaty Alexeïevitch Prissiadkine est le conseiller d'un président russe qui pourrait être Vladimir Poutine. En tant qu'ancien directeur de la Commission des droits de l'homme, Ignaty a été placardisé et pantoufle sans jamais être consulté. Son succès de plume passé consiste en une Nouvelle tchétchène. Rien de mieux pour le désigner comme remplaçant de la journaliste Pollitrovskaïa à une conférence du Comité Helsinki à Cologne ! Il rêve cependant d'une vie à la campagne, comme Léon Tolstoï. C'est sans compter les appétits de pouvoir de sa femme Valentina et de sa fille Macha, toutes deux despotiques et cupides. Elles l'utilisent pour s'arroger les privilèges " dus " à une intelligentsia à la botte du Kremlin, qui a " privatisé à la russe " les idées de démocratie et de liberté. Leur aspiration essentielle est de rester au centre de la vie mondaine de la nomenklatura jusqu'à ce qu'elles puissent s'établir en Allemagne. Le conseiller du président vole de catastrophe familiale en catastrophe diplomatique. Il trouve de temps en temps refuge dans son bureau du Kremlin d'où la maladie seule l'emportera... dans une Volga infernale. Andreï Malguine brosse dans ce roman de mœurs impitoyable un portrait féroce de la Russie de Poutine. Les bassesses et les intrigues de l'élite sont disséquées avec un humour jubilatoire qui tourne au jeu de massacre. Ce petit monde s'organise autour de la faiblesse humaine, des petites vanités et de l'attrait du pouvoir - politique et médiatique -, des mensonges, rumeurs et hypocrisies. Où va cette Russie bondée d'" âmes mortes " ? Car Malguine a un maître : Nicolas Gogol...

01/2008

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Histoire internationale

Le rapport Nemtsov. Poutine et la guerre

Boris Nemtsov, l’un des principaux opposants russes, qu’on voyait en tête de toutes les manifestations de l’opposition, préparait un rapport sur «Poutine et la guerre» dans lequel il entendait montrer comment et pourquoi l’agression russe contre l’Ukraine avait été décidée. Pour ce faire, il avait commencé à rassembler des informations, convaincu qu’en Russie, à part Vladimir Poutine, personne n’avait besoin de cette guerre qui lui aura permis de faire remonter sa cote de popularité de 44 à 89 %. Boris Nemtsov n’a pas eu le temps d’achever son réquisitoire. Il a été abattu par des tueurs le 27 février 2015, sous les murs du Kremlin, sans qu’à ce jour la justice russe n’ait réussi à identifier un quelconque commanditaire. Ce Rapport est donc basé sur les informations qu’il avait réunies et sélectionnées. Ses notes manuscrites, les documents rassemblés par lui ont tous été utilisés pour la rédaction finale, qui reste une des rares tentatives de contrer la version du pouvoir, car en Russie, on le sait depuis Anna Politkovskâia, le courage politique se paie au prix fort. Composé de onze chapitres, le Rapport analyse les circonstances et la préparation programmée de l’annexion de la Crimée par les fameux «petits hommes verts», suivie d’un soi-disant référendum, et s’intéresse à la présence patente des services secrets et des militaires russes dans les «républiques» autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Le Rapport démonte patiemment la propagande officielle, relayée par les médias aux ordres. Pour les auteurs du Rapport Nemtsov, il est clair que la Russie, en plein revival stalinien comme le soulignait par ailleurs Svetlana Alexievitch, mène une vraie guerre contre l’Ukraine coupable de vouloir devenir un pays démocratique indépendant. II reste que le coût de cette politique aventuriste, malgré la popularité record de Poutine, risque d’être très lourd alors que les sanctions américaines et européennes conjuguées avec la chute des revenus pétroliers enfoncent chaque jour un peu plus la Russie dans une crise économique sans précédent.

02/2016

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Histoire internationale

Souvenirs et mémoires (1917-1925)

Le nom du général Alexeï Broussilov (1853-1926) reste attaché à la grande offensive russe de l'été 1916, ultime victoire de l'Armée impériale avant les secousses révolutionnaires qui ont emporté le régime. Rallié à la révolution de février 1917, il soutient le gouvernement provisoire puis l'abdication de Nicolas II. Généralissime des Armées russes, il est l'un des témoins privilégiés de la construction de l'Armée rouge, qu'il intègre en 1919. En 1929 paraissent en français, dans la traduction du général Albert Niessel, des Mémoires couvrant la période 1914-1917. Consacrés à la guerre et aux débuts de la révolution, ils apportent un éclairage radicalement nouveau sur son parcours personnel au milieu du tumulte révolutionnaire. Cependant cette publication est fragmentaire, la veuve de Broussilov ayant exigé que la partie du manuscrit évoquant les années 1917 à 1925 reste secrète, au moins jusqu'en 1950. La traduction de Niessel fut léguée au Service historique de la Défense à Paris en 1955 et retrouvée en 2007 par Alexandre Jevakhoff, historien et préfacier du présent volume. C'est la version complète, enrichie par un important appareil critique établi par Loïc Damilaville, qui est proposée au lecteur. ? A travers le témoignage exceptionnel de l'un des principaux acteurs russes de la Première Guerre mondiale, c'est toute une époque qui revit, des dernières décennies du régime tsariste jusqu'aux débuts douloureux de l'ère soviétique. Le général Alexeï Alexeïevitch Broussilov (1853-1926) est né à Tiflis. Il connaît une ascension fulgurante et en 1916 il devient commandant en chef des armées du front sud-ouest. Nommé généralissime des Armées russes, il est ensuite conseiller militaire du gouvernement. Malgré son ralliement aux bolcheviks, Broussilov est arrêté en août 1918, puis libéré deux mois plus tard. Après la guerre, il est chargé de diverses missions et meurt en 1926.

11/2020

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Critique

François Beaune. Pour une littérature brute

Un ouvrage collectif de création/recherche sur et avec François Beaune, sous la direction de Stéphane Bikialo. Avec les contributions de Stéphane Bikialo, François Beaune, Silvain Gire, Maud Lecacheur, Eric Loret et Catherine Rannoux. Né en 1978 à Clermont-Ferrand, François Beaune vit à Marseille. Depuis son premier livre, Un homme louche (Verticales, 2009), jusqu'à La Lune dans le Puits (Verticales, 2013), Omar et Greg (Le Nouvel Attila, 2018) ou Calamity Gwenn (Albin Michel, 2020), il collecte des "histoires vraies" et oeuvre à la création de ce qu'il nomme son "entresort" , une galerie de personnages incarnant le monde actuel. Invité du festival Bruits de Langues en 2020, il succède à Marie Cosnay dans la collection éponyme. Pour rendre compte de la pluralité des terrains investis par l'écrivain (romans, récits, portraits, chroniques, dessins, BD, émissions de radio), Stéphane Bikialo, a réuni une équipe composée de Maud Lecacheur et Catherine Rannoux (universitaires), de Silvain Gire (cofondateur et responsable éditorial d'ARTE Radio pour laquelle l'écrivain a réalisé plusieurs documentaires), et d'Eric Loret (critique littéraire et essayiste). Chacun s'est lancé librement dans les échanges avec François Beaune : l'enjeu était de le faire réagir à des réflexions, des analyses sur son oeuvre et de dialoguer avec lui sur sa démarche d'écriture entre documentaire et fiction. "Les êtres humains sont étonnants, et il faut leur donner la place de l'être, un espace livre que j'appelle Entresort, qui leur permet d'exprimer la complexité de ce qu'ils ont à dire". L'ensemble des contributions a été recomposé autour de thématiques (l'attention au réel, au sous-réalisme, au louche, aux vies ordinaires, la recherche d'une littérature brute) et d'enjeux centraux de l'écriture de François Beaune : l'art du portrait et le hasard des rencontres, les techniques de montage et de fictionnalisation, et une définition singulière du statut de l'auteur. L'horizontalité de la relation qu'il noue avec ses modèles et qu'il revendique, affirmant le principe d'une co-auctorialité avec ces derniers, conduit à une forme d'effacement de l'auteur qui permettrait au lecteur d'être en prise directe, dans un rapport brut, avec ses personnages. Les échanges avec l'écrivain sont entrecoupés d'extraits de L'Entresort, son journal de bord, qui témoignent de sa méthode de collecte d'histoires. Précisant au fil des entretiens les enjeux politiques de son écriture, François Beaune se situe dans une histoire de la littérature qui s'inscrit aussi bien dans la filiation (critique) de Balzac et de sa Comédie humaine que de Svetlana Alexievitch ou Florence Aubenas et de leurs oeuvres basées sur des entretiens, ou encore de Jean Dubuffet et de sa revendication d'un art brut.

03/2023

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Critique

Le Jour d'après. et autres essais 2001-2023

Les trente essais que Cécile Wajsbrot a réunis ici ont été écrits pour des publications en revue, ou lus à l'occasion de colloques en Alle- magne, en France et dans d'autres pays d'Europe au cours de ce nou- veau siècle. Aussi divers qu'ils soient en apparence, par leurs sujets - d'un voyage en Corée à un trajet entre Dresde et Francfort, du Grand Meaulnes à un roman de Christa Wolf, de Victor Hugo à Imre Kertész, du Conte du Graal à la science-fiction - ce qui frappe, à leur lecture, c'est la cohérence d'une réflexion sur l'art du roman que Cécile Wajsbrot avait déjà exposée dans Pour la littérature publié aux éditions Zulma en 1999, et qu'elle ne cesse depuis d'approfondir et d'enrichir de son expérience de romancière. De par ses origines et son histoire familiale - la mort à Auschwitz de son grand-père arrêté à Paris par la police française lors d'une rafle - l'auteur de Beaune la Rolande et de Mémorial a fait dès l'enfance l'expérience indélébile du décalage entre le discours officiel sur la résistance qu'on lui enseignait à l'école et le récit familial qu'elle entendait à la maison. Ce qui l'a amenée très tôt à s'interroger sur le silence dont à ses yeux, s'est rendue coupable, en France toute la littérature de l'après-guerre : "Après la catastrophe, après Auschwitz, ceux qui ne voulaient rien savoir et détournaient les yeux et ceux dont la confiance en l'humanité avait volé en éclat - se rejoignaient dans un même silence et dans un même soupçon, met- tant en doute en littérature - et plus précisément dans le roman le personnage, l'intrigue, l'histoire, pour ne sauver que le langage. Autre- ment dit, par intérêt ou par désolation, ceux qui n'avaient "rien vu à Hiroshima" - pour reprendre la phrase de Duras - et ceux qui avaient tout vu érigeaient autour de la question de la responsabilité, individuelle et collective, un grand mur de silence et continuaient d'écrire à l'abri de ce rempart, préservant ainsi leur tranquillité ou leur équilibre précaire". A partir de ce constat, - et du fait qu'il en est allé autrement en Allemagne, raison pour laquelle elle se sent plus chez elle à Berlin qu'à Paris - il s'agit inlassablement, pour Cécile Wajsbrot, de déterminer ce que peut et doit être la littérature pour la génération de ceux qui sont venus "après-coup" , c'est-à-dire qui n'ont connu Auschwitz qu'à travers les témoins. Et donc de mettre fin à l'ère du soupçon, de faire à nouveau confiance à la lit- térature telle qu'elle s'est constituée depuis des siècles - de Pline faisant le récit de l'éruption du Vésuve à Svetlana Alexeievitch témoignant de celle de Tchernobyl - et à sa capacité de faire face à l'événement, de dire la catastrophe. "Le jour d'après" , dans l'essai qui donne son titre à ce recueil, c'est le jour d'après les événements (en l'occurrence ceux du Bataclan à Paris, en novembre 2015), et c'est la question qui se pose à l'écrivain lorsque l'événement vous fixe et vous pétrifie et vient frapper d'inanité, temporairement, votre travail en vidant les mots de leur sens. Et la réponse, c'est bien le recours à la littérature, admettre que l'unique ressource, ce sont les mots déjà écrits, les livres de la bibliothèque, plonger "dans les eaux profondes de la littérature" : "A l'écoute de cette autre musique, cette musique nécessaire, nous pourrons alors faire abstraction de la musique facile entonnée par l'air du temps. Ce sera la parole magique qui fera sortir du cercle ensorcelé des mots et des pensées obligées, qui donnera une autre mesure de la langue et du temps".

03/2024