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Etiemble

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Critique littéraire

Étiemble ou le Comparatisme militant

"Le comparatisme est en crise, constate Adrian Marino. Avec Etiemble, auquel tout cet essai rend hommage, il estime que le comparatisme peut et doit faire peau neuve."L'esprit d'Etiemble, son enseignement et ses écrits, toujours non conformistes, ouverts au monde, universalistes (lâchons le mot), le désignent comme un avant-coureur." Avec Etiemble, le comparatisme devient non seulement engagé, mais militant. Cette discipline, pleine de promesses, dont plusieurs déjà tenues, ne peut indéfiniment rester prisonnière des aléas de programmes anachroniques, timorés, poussiéreux. Comme pour Goethe la poésie, le comparatisme est aujourd'hui, plus que jamais, le "bien commun" de toutes les études littéraires parce qu'il répond par excellence aux besoins de notre époque. Il importe donc qu'il cesse d'être la propriété jalousement gardée de l'érudition universitaire. Il faut absolument qu'il propose, lui aussi, ses solutions à mainte et mainte des questions complexes, voire angoissantes, qui se posent et s'imposent par les temps qui courent." Bulletin Gallimard n° 314, avril 1982.

05/1982

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Poésie

Le roman inachevé. Préf. d'Etiembl

Ce poème s'appelle "Roman" : c'est qu'il est un roman, au sens ancien du mot, au sens des romans médiévaux ; et surtout parce que, malgré le caractère autobiographique, ce poème est plus que le récit - journal ou mémoires - de la vie de l'auteur, un roman qui en est tiré. Il faut le lire dans le contexte de l'oeuvre d'Aragon. Il s'agissait ici d'éviter les redites : on n'y trouvera pas le côté politique des Yeux et la Mémoire ou les heures de la Résistance de La Diane française ou du Musée Grévin. Le domaine privé, cette fois, l'emporte sur le domaine public. Même si nous traversons deux guerres, et le surréalisme, et bien des pays étrangers. Poème au sens des Yeux et la Mémoire, ce Roman inachevé ne pouvait être achevé justement en raison de ces redites que cela eût comporté pour l'auteur. Peut-être la nouveauté de ce livre tient-elle d'abord à la diversité des formes poétiques employées. Diversité des mètres employés qui viendra contredire une idée courante qu'on se fait de la poésie d'Aragon. Il semble que, plus que le pas donné à telle ou telle méthode d'écriture, Aragon ait voulu marquer que la poésie est d'abord langage, et que le langage, sous toutes ses formes, a droit de cité dans ce royaume sans frontières qu'on appelle la poésie. Plus que jamais, ici, l'amour tient la première place.

03/2014

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Philosophie

Le mythe de Rimbaud . Genèse du mythe 1869-1949

""Les bibliographies, d'ordinaire, ça ne se lit pas. Il m'a donc semblé piquant d'en écrire une, et de la vouloir amusante. J'ai fait en sorte qu'on pût la lire dans le bon sens, et même à rebours, à la façon d'un roman policier ; aussi, qu'on y pût jouer ainsi qu'au jeu de l'oie. Toutefois, je ne saurais trop en déconseiller l'usage à ceux qui, pour mieux servir Rimbaud, n'ont su ou n'ont voulu que desservir son culte". Qand j'écrivais ces lignes, en 1954, je me demandais si vraiment ça se lirait, une bibliographie. Ma foi, oui, puisque voici une réimpression revue et augmentée, cependant que le dernier tome du Mythe, L'Année du Centenaire, en forme lui aussi de bibliographie analytique et critique, est en cours de réimpression. On n'a donc trouvé jusqu'ici que deux moyens d'obtenir un public : le meilleur, se faire ennuyeux au possible (ce dont je voudrais bien n'être pas trop capable) ; le moins bon, être bien amusant, ce qui me paraît un peu plus méritoire, encore que moins sublime. [... ]" Etiemble.

09/1954

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Littérature française

Retours du monde

"Je ne voyagerai plus guère : le temps m'est court, et je m'aperçois un peu tard que, si j'ai donné bien des jours aux tombes thébaines, quelques-uns aux grottes de Touen-Houang, je ferais mieux maintenant d'aller voir d'un peu près, tout près de moi, cet art roman de Normandie que je connais mal, cet art roman du Poitou dont je ne connais que les images. Il est grand temps pour moi de découvrir la France. Au moment où de toute part nous voyons monter la barbarie, je me hâte de porter ce témoignage en faveur d'un humanisme, que la gauche refuse bêtement, désormais, sous prétexte que la droite longtemps le mutila. Si pourtant vous renoncez à l 'humanisme, à quoi bon l'homme ? " Etiemble

04/1969

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Littérature française

Blason d'un corps

" "Tout homme de quarante ans, toute femme de trente, s'ils ont aimé ou vécu, voyez leur corps balafré de cicatrices : les plus douloureuses, les invisibles, se cachent à l'intérieur. Au lieu de tuer son partenaire, l'amant, par maladresse, la femme, par cruauté, presque toujours se bornent à le blesser. Je m'exerce à deviner quel endroit de mon corps si vulnérable fatalement par vous souffrira : quand, comment, pourquoi frapperez-vous ? je l'ignore ; mais je sais que vous frapperez. Ainsi soit-il ! A-t-il vécu, celui qui meurt indemne ?" Ainsi pense Jean, le héros du récit, au début de sa longue passion pour Mayotte. Il sera exaucé : onze ans plus tard elle frappera en effet, mais pour se revancher d'un coup qu'il lui porta parce qu'elle lui faisait par trop de bien. Echec ? ou réussite ? Pour plaire, je devrais suggérer que j'ai voulu écrire, comme tout le monde, un roman de l'échec. Je mentirais : il s'agit bien d'une réussite. Tout au plus, de l'échec d'une réussite. J'ai assez bien connu les héros de cette passion pour affirmer qu'elle rendit heureux, à un point qu'ils qualifiaient d'inadmissible, ce couple qui ne parlait de soi qu'en s'appelant "nous un". Journaliste aussi engagé dans l'histoire que dans la chair, Jean ne put éviter ni la bombe d'Hiroshima, ni le calvaire des personnes déplacées, ni les horreurs du fachisme chinois, ni la crise du Maghreb, ni toutes les plaies de l'Egypte. Pourtant, ce qui lui importait plus que tout, c'était ce qui dépendait de lui, de sa volonté d'être heureux contre toutes les raisons qui le destinaient au malheur. Heureux, oui , avec la plus méprisable des créatures, ou du moins la plus méprisée : une métisse de Caraïbe, de nègre et d'Indien, une de celles qu'on appelle aux Antilles une "échappée-couli". Quoique le héros "se défie du romanesque", il avoue un jour à son amie : "Si j'étais autre chose qu'un pauvre diable de petit grand reporter, comme j'aimerais illustrer mon pays par un vrai roman d'amour !" Au lecteur de décider si mon ami a réussi l'échec de sa réussite." Etiemble.

03/1961

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Critique littéraire

Parlez-vous franglais ? Fol en France, mad in France, la belle France, label France

Les Français passent pour cocardiers ; je ne les crois pas indignes de leur légende. Comment alors se fait-il qu'en moins de vingt ans (1945-1963) ils aient saboté avec entêtement et soient aujourd'hui sur le point de ruiner ce qui reste leur meilleur titre à la prétention qu'ils affichent : le français. Hier encore langue universelle de l'homme blanc cultivé, le français de nos concitoyens n'est plus qu'un sabir, honteux de son illustre passé. Pourquoi parlons-nous franglais ? Tout le monde est coupable : la presse et les Marie-Chantal, la radio et l'armée, le gouvernement et la publicité, la grande politique et tes intérêts les plus vils. Pouvons-nous guérir de cette épidémie ? Si le ridicule tuait encore, je dirais oui. Mais il faudra d'autres recours, d'autres secours. Faute de quoi, nos cocardiers auront belle mine : mine de coquardiers, l'oeil au beurre noir, tuméfiés, groggy, comme disent nos franglaisants, K.O. Alors, moi, je refuse de dire O.K. Etiemble

05/1991

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XXe siècle

Josépha

1905. Dans une petite ville du Berry, Josépha, couturière en atelier de confection, est attirée par Simon, clerc de notaire, qu'elle aperçoit chaque soir à travers la fenêtre de l'étude. A Paris, Antoine Loizel, militant de la toute nouvelle Confédération Générale du Travail, organise les luttes ouvrières tandis qu'à La Chambre, Jules-Louis Breton, député socialiste, affronte la droite catholique à propos des malfaisances des congrégations religieuses. A Pétersbourg où une révolution s'ébauche, Ivan Karaguine, intellectuel révolutionnaire, est blessé à la tête au cours d'une manifestation. Dans quelles circonstances ces personnages vont-ils croiser le chemin de Josépha et influencer sa destinée ?

07/2022

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Critique littéraire

Hygiène des lettres. Volume 5, C'est le bouquet

"Ce cinquième tome d'Hygiène des lettres - où je m'occupe de l'art entre tous malaisé : celui d'écrire en prose - sera, c'est juré, le dernier de la série. C'est pourquoi, notamment, j'ai choisi dès longtemps de l'appeler C'est le bouquet ! Au feu d'artifice du 14 juillet, quand j'étais gosse et que de toutes parts les cris fusaient : "C'est le bouquet !", je me sentais malheureux. La fête allait donc s'achever pour un an. Elle s'achève cette fois pour toujours. De même que le bouquet désigne les gerbes de fusée qu'on tire, afin de finir en beauté, la cinquième partie de ce volume est composée de nombreuses petites fusées, aussi jolies qu'il est en mon pouvoir : bouquet d'un bouquin qui, d'autre part, doit être considéré dans son entier comme le bouquet de ma série de pétards. Dans Poètes ou faiseurs ?, je me bornais à dire au vers libre son fait. Ici j'ose écrire que Proust est un auteur intelligent, qu'il n'était pas plus bergsonien que Benda, qu'en revanche il exerçait un art fortement marqué de raison et de raisons. Cent blasphèmes aussi horribles. Pensez donc ! A Robbe-Grillet, je préfère Yassu Gauclère, à La Princesse de Clèves, le Francion. J'ose prétendre que Diderot professait l'athéisme dès les Pensées philosophiques mais que Breton garda toujours la nostalgie d'un autre monde. Le type même du livre à ne pas lire, si l'on veut briller dans le monde". Etiemble.

10/1967

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Histoire internationale

L'Europe chinoise Tome 2 : De la sinophilie à la sinophobie

Marcel Granet m'avait laissé entendre à ses cours que la route de la soie avait probablement permis aux Grecs de connaître plus qu'un peu de la culture chinoise. Cela continua durant l'Empire romain : on a trouvé sur les côtes du Viêt-nam quantité de monnaies romaines qui prouvaient que la voie maritime doublait pour eux la voie terrestre : au point qu'il fallut interdire aux citoyens romains de se vêtir de soie ruineuse : les seules femmes dès lors eurent droit à ce luxe. Jusqu'à l'ambassade de Macartney, qui marque les débuts de l'impérialisme européen, dès lors acharné à s'asservir à l'Empire du Milieu, j'étudiai cinq années durant cette Europe chinoise, dont je livre ici la première moitié. Je m'arrête à Leibniz, sinophile entre tous. Le tome second commencera par un examen de Montesquieu, qui représente, lui, le début du courant contraire, instruit qu'il avait été par un jésuite dissident qui lui avait dit pis que pendre de la Chine. Avec la route de la soie, ce sont les missionnaires en effet, les jésuites au premier chef, qui renseignèrent l'Europe sur un pays qu'ils connaissaient fort bien, lui fournissant mathématiciens, fondeurs de bons canons pour battre la Russie, s'efforçant même d'installer le catholicisme là-bas en prônant des rites chinois, ce qui suscita, aux environs de 1700, une véhémente querelle entre les ordres rivaux, qui prétendaient avoir leur part du gâteau. [... ] Etiemble.

04/1989

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Littérature française

TROIS FEMMES DE RACE

"Comme je ne me suis jamais réclamé du "réalisme socialiste", ni du reste de son frère jumeau le "réalisme bourgeois", je n'ai pas résisté au plaisir de l'anachronisme dans Dolores et Sur deux fleurs de balisier. Lorsque je visitai le couvent désaffecté qui m'a donné l'idée de Dolores, je savais que les métisses d'Indien avaient alors le droit d'entrer dans les couvents de la République mexicaine ; mais comme ce privilège leur était interdit du XVIe au XIXe siècle, il m'a paru parfaitement légitime de prolonger de quelques décennies un statut alors périmé. D'autant plus légitime que certains des plus libéraux parmi les Mexicains avec qui je fis amitié traitaient souvent avec mépris les métis, sans même voir que leurs enfants ou petits-enfants ouvraient sur le monde leurs grands beaux yeux d'Indiens, gènes dominants... Et si, dans Deux fleurs de balisier, je fais allusion à Terra amata, site qui date d'environ un demi-million d'années mais qui n'était pas encore mis au jour quand je rédigeais cette histoire, c'est afin de plus facilement introduire quelques-uns des éléments qui manifestent le métissage complexe dont tous mes compatriotes, que cela leur plaise ou non, sont aujourd'hui le fruit. Ceci enfin, au sujet du Serpent noir. Tandis qu'en haute Egypte, André Gide m'avait chargé de relire son Thésée dans l'édition américaine et de lui proposer mes corrections, d'où sortit l'édition Gallimard de ce testament, je l'avais prié de lire Le serpent noir, ce qu'il fit de bonne grâce. Quelques mots de ce récit furent par lui substitués aux miens." Etiemble.

05/1981

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Littérature française

Quelques essais de littérature

Par sa vigueur et sa combativité, Etiemble aura été le grand réveilleur de la littérature comparée. Le présent essai en est une nouvelle preuve. On y trouve des réflexions sur la tradition et l'innovation. Une critique de l'européocentrisme. Des groupes de textes qui nous parlent de la littérature du Japon, de la Chine, du monde malais, du monde arabe, de la Turquie, de la Hongrie, de la Russie, de l'Afrique, de l'Allemagne, du Portugal, de la Suisse Romande, de la Wallonie, et même de la France, ce qui est l'occasion d'une nouvelle offensive contre le franglais. Par une dérision proche du désespoir, Etiemble nous livre ses deux derniers textes dans ce qu'il appelle "le français de l'avenir", autrement dit l'anglais. Le dernier s'intitule "This is my best". Il est difficile de rassembler en un livre tant de science, tant de variété dans les connaissances, mais aussi tant d'indignations, d'imprécations, de saintes colères. Ce recueil d'une rare richesse permet de situer à leur vraie place un grand nombre d'auteurs non européens, autant dire inconnus en France.

05/1982

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Critique littéraire

Essais de littérature (vraiment) générale. 3e édition revue et augmentée

"Nos gens à la mode ne jurent que par une Théorie littéraire en son temps tolérable peut-être, mais dont le savoir retarde au moins d'un quart de siècle et des trois quarts de la planète. Après quarante ans passés à ne pas lire les sottises en vogue, pour fréquenter les Japonais, les Chinois, les Arabes, les Tibétains, les Turcs, les Malais ou les Egyptiens de Pharaon, il m'a semblé que j'avais le devoir de risquer quelques excursions rapides dans la littérature universelle, ne serait-ce que pour orienter quelques jeunes courages vers ce qui pourrait devenir, dans vingt ans, ou quarante, la théorie littéraire digne de ce nom : celle par exemple qui, parce qu'elle tiendrait compte de la seule littérature japonaise, saurait que les théories de Lukacs et de Goldman sur le roman sont depuis mille ans périmées." Etiemble.

12/1975

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Critique littéraire

Nouveaux essais de littérature universelle

«Si j'ai pris un malin plaisir à ouvrir ces Nouveaux essais de littérature universelle sur la presse du département où je naquis (et ce, dans l'immeuble aujourd'hui détruit où s'imprimait Mayenne-Journal, hebdomadaire de ma sous-préfecture), pour les clore sur la littérature des Pintupis, seuls aborigènes australiens qui survécurent aux massacres perpétrés par les trois cents et quelques forçats dont Sa Gracieuse Majesté décida de «peupler» le continent australien, c'est afin de bien justifier mon titre : Nouveaux essais de littérature universelle ; de Mayenne aux Pintupis, la distance est aussi grande que la différence des cultures. Ou je n'y connais rien à l'universel, ou je ne pouvais pas faire beaucoup mieux pour, je ne dis pas : justifier, mais pour excuser ce deuxième et - vu mon espérance de vie qui dépasse de six ans déjà celle de l'existence moyenne des universitaires, soixante-dix-sept ans (moyenne la plus élevée de toutes les professions françaises) - ultime sans doute volume de ce genre. On y trouvera divers essais sur les cultures européennes, arabes, sur la littérature chinoise et sur la japonaise, sur la grecque ancienne et celle d'aujourd'hui (en la personne de mon cher et grand Stratis Tsirkas, dont une rue d'Athènes porte aujourd'hui le nom), sur la turque et la bengalie. Suffit, ce me semble, à justifier mon titre.»Etiemble.

10/1992

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Littérature française

Hygiène des lettres. Tome 3, Savoir et goût

"Quand j'étais en Chine, mes hôtes m'ont recommandé de publier toute ma pensée ; voilà j'espère qui est fait dans ce Nouveau Singe Pèlerin. Tant de gens écrivent sur la Chine qui n'en connaissent rien, que je n'ai pas cru indiscret de publier ce que j'y vis : outre que des années consacrées au chinois m'avaient préparé à ce voyage, j'eus la chance de le faire en pleine crise des Cent Fleurs, et en compagnie de quelques-uns de nos meilleurs sinologues qui ont enrichi de la leur mon expérience. Par ces temps où l'on croit prouver son génie quand on étale son ignorance, je suis de ceux qui pensent que le savoir et le goût sont frères siamois et qu'on n'aime jamais que cela, ou celui-là, qu'on connaît bien. Outre que le troisième tome d'Hygiène des Lettres, Savoir et goût, contient une longue étude sur la Chine, la grande querelle qui des écrivains divise les professeurs (et dont je traite comme celui qui a un pied dans les deux camps) n'est pas étrangère, elle non plus, à mon idée d'écrire un livre sur la Chine. C'est pourquoi j'ai choisi de publier en même temps ces deux ouvrages", Etiemble.

06/1958

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Histoire internationale

L'Europe chinoise Tome 1 : De l'Empire romain à Leibniz

Marcel Granet m'avait laissé entendre à ses cours que la route de la soie avait probablement permis aux Grecs de connaître plus qu'un peu de la culture chinoise. Cela continua durant l'Empire romain : on a trouvé sur les côtes du Viêt-nam quantité de monnaies romaines qui prouvaient que la voie maritime doublait pour eux la voie terrestre : au point qu'il fallut interdire aux citoyens romains de se vêtir de soie ruineuse : les seules femmes dès lors eurent droit à ce luxe. Jusqu'à l'ambassade de Macartney, qui marque les débuts de l'impérialisme européen, dès lors acharné à s'asservir à l'Empire du Milieu, j'étudiai cinq années durant cette Europe chinoise, dont je livre ici la première moitié. Je m'arrête à Leibniz, sinophile entre tous. Le tome second commencera par un examen de Montesquieu, qui représente, lui, le début du courant contraire, instruit qu'il avait été par un jésuite dissident qui lui avait dit pis que pendre de la Chine. Avec la route de la soie, ce sont les missionnaires en effet, les jésuites au premier chef, qui renseignèrent l'Europe sur un pays qu'ils connaissaient fort bien, lui fournissant mathématiciens, fondeurs de bons canons pour battre la Russie, s'efforçant même d'installer le catholicisme là-bas en prônant des rites chinois, ce qui suscita, aux environs de 1700, une véhémente querelle entre les ordres rivaux, qui prétendaient avoir leur part du gâteau. [... ] Etiemble.

02/1988

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Littérature française

Le mythe de Rimbaud. Tome 5, L'année du centenaire

"En 1954, lorsque je donnai la première édition de la Genèse du mythe, deux critiques au moins voulurent bien regretter que je n'aie pu tenir compte des textes publiés à l'occasion du centenaire qu'on célébrait cette année-là. Ainsi que l'écrivait un rédacteur du Bulletin critique du Livre français, mon ouvrage y eût certainement gagné en pittoresque. J'en étais si persuadé moi-même que, dès 1953, et quoique mes thèses fussent alors soutenues, je guettais ce qui préparait la foire de 1954. Durant toute l'année sainte, je restai activement à l'affût. Si la chasse fut très peu "spirituelle", Dieu qu'elle fut bonne ! Dieu ? ou Diable ? On en jugera. Voici en effet L'année du centenaire. Je l'ai conçue et rédigée comme la Genèse, qu'assez de gens dont je fais cas ont aimée au point que je n'hésite pas à récidiver ce que nos génies sublimes appellent volontiers "mon labeur de ramassage" . Va pour ramassage ! [... ]En tapant ce livre-ci, ma secrétaire s'amusait bien, ce qui ne me surprend pas trop, vu que je m'amusais, moi, en l'ajustant (aux deux sens de ce mot : celui qu'il prend en mécanique ; celui que lui donnent les tireurs). Le public, semble-t-il, fut de cet avis puisque je dois présenter une édition nouvelle. Je l'ai amputée de quelques imperfections, enrichie de diverses références ; [... ]" Etiemble.

04/1961

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Critique littéraire

Premières notions

Voici les critiques littéraires d'Etiemble. A côté d'études consacrées à des auteurs tels que Nizan, Maurice Sachs ou Jean Prévost, Cocteau ou Romains, on trouvera de substantiels exposés concernant des écrivains plus anciens : Lawrence d'Arabie, Balzac ; et de véritables pages d'histoire de la littérature. Avec une remarquable impartialité qui n'exclut pas la passion, Etiemble brosse de vastes tableaux des littératures américaine ou soviétique contemporaines. Ces vues d'un des esprits les plus lucides et les plus indépendants de notre temps constituent un apport précieux à la culture, et l'on ne sait s'il faut admirer plus Etiemble pour son érudition ou pour son esprit critique.

06/1952

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Critique littéraire

Rimbaud

"Tel qu'en eux-mêmes, hélas ! Les critiques le changent, Rimbaud se disloque et s'évanouit. Le seul fait que tous les hommes intelligents aient exhumé de Rimbaud leurs idées, leur croyance ou leurs goûts : Jacques Rivière, une mystique chrétienne ; Rolland de Renéville, une rêverie orientale ; Benjamin Fondane, l'angoisse de Kierkegaard et de Dostoïevski, ce seul fait devrait éveiller la méfiance. A quoi s'ajoute, pour confirmer notre inquiétude, que ceux qui n'ont point transformé le poète en leur sosie, ceux-là, à peu d'exceptions près, n'ont point compris les Illuminations, ni la Saison. Ceux donc qui auraient pu définir le génie de Rimbaud, aveuglés par leur foi et leur mépris du fait historique, n'ont pas su ou peut-être pas voulu s'y astreindre. Ceux qui l'auraient voulu en étaient incapables. Nous prétendions échapper aux reproches et toujours contrôler par l'histoire l'intuition. "Une première partie", écrivions-nous, "qui dénonce dans les interprétations jusqu'ici proposées, les erreurs et les préjugés, prépare et prétend justifier une seconde partie où se précise, espérons-nous, le sens d'un texte dont nous n'acceptons pas qu'il soit annexé par tel clan." Avec les années, l'opinion s'accrédita que nous n'avions pas tellement tort d'intituler Rimbaud notre travail, et non Rimbaud blanc, ou bien Rimbaud noir." Etiemble.

09/1991

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Littérature étrangère

Shrikanto

L'auteur peint dans ce roman célèbre "une société sans amour et sans pitié". "Inoubliables, dira Etiemble, les trois principaux personnages de cette oeuvre de vérité, de passion discrète et de profonde compassion. . ".

10/1985

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Littérature française

La peau et les os

Georges Hyvernaud est né en 1902 en Charente, professeur dans les écoles normales d'instituteurs, il fut mobilisé en 1939, capturé et prisonnier en Allemagne. La peau et les os (publié en 1949) est le témoignage de ces années. La parution à partir de 1985 de ses Œuvres complètes a fait sortir de l'oubli cet écrivain que Raymond Guérin et Etiemble ont défendu. Georges Hyvernaud est mort le 24 mars 1983.

04/1997

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Religion

Les Entretiens de Confucius

Les Entretiens de Confucius ont été rassemblés aux alentours de 400 avant J.-C. Il s'agit d'un texte dont l'influence considérable s'exerce encore de manière durable sur la plus grande partie de l'humanité. Les Entretiens sont, après deux millénaires, le livre central de l'histoire de la Chine. Confucius séduit par sa bonne humeur, sa générosité, sa bonhomie, et réussit à concilier la vigueur des principes moraux et les faiblesses des humains. Les Entretiens proposent un art de vivre qui demeure un modèle pour le monde moderne.

01/2005

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Sociologie

Un modèle social à la dérive. Famille, travail, logement en France

A travers ces cinq conférences publiées il y a une dizaine d'années avec l'Association Emmaüs, et devenues rapidement indisponibles en librairie, on voit les profondes métamorphoses intervenues dans notre pays dans l'univers du travail (Baudelot, Weber), de la famille (Singly), des migrations (Etiemble) ou du logement (Bouillon). Comme le montre Nicolas Duvoux dans sa préface, il est urgent de concevoir et de mettre effectivement en place un plan de relance capable de refonder un système social pensé en 1945 et devenu totalement obsolète par rapport aux réalités de la France contemporaine.

02/2022

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Littérature française (poches)

Les Egarements du coeur et de l'esprit

Entre Marivaux et Laclos, le code et la pratique de l'amour au XVIIIe siècle et bien au-delà. Comme l'écrit Etiemble, "sans étiqueter 'pré-freudien' notre Crébillon fils, on peut constater que la peur du jeune Meilcour devant la jeune et belle Hortense, le mouvement qui le porte, non sans peurs et sans reproches, vers une amie de sa mère et du même âge qu'elle, la faiblesse qui le livrera plus tard à la Senanges, une pute, initiatrice au cœur vide, tout cela compose assez fidèlement le tableau de l'adolescent privé trop jeune de père et qui n'a pas réglé ses comptes avec son œdipe. "

10/1977

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Critique littéraire

Les paradoxes du romancier. "Les Égarements" de Crébillon

Etiemble saluait naguère en ce roman une forme " à peu près irréprochable". La critique actuelle découvre dans les Egarements du cœur et de l'esprit de Claude Crébillon un miroir de ses propres préoccupations. Et sans doute y a-t-il peu de romans " expérimentaux " qui, au XVIIIe siècle, annoncent aussi bien notre nouveau roman. Intrigues, décors, personnages s'y fondent dans un subtil vertige ; les égarements du langage ; le romancier ne parle plus que de ses jeux, de ses doutes, de ses paradoxes. On les retrouvera, minutieusement analysés, dans cet ensemble critique dû à onze chercheurs des universités de Lyon, de Grenoble et de Saint-Etienne. Crébillon y trouve sa vraie dimension.

07/1998

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Littérature française (poches)

Le goût des mathématiques

Le goût des mathématiques est paradoxal : alors qu'il est signe de logique et de rigueur, les mathématiciens soutiennent qu'ils sont essentiellement des rêveurs. Alors qu'elles se fixent sur des objets abstraits, on en tire des applications pratiques. Faire des mathématiques, souvent, c'est fuir une certaine réalité. Et presque toujours faire face à l'incompréhensible et ne pas pouvoir se le masquer : une lucidité qui fait naître le désir de percer l'énigme. Parfois aussi, le goût des mathématiques se perd, se transformant en dégoût : se rendant compte qu'elles sont impuissantes à répondre aux grandes questions, on les trouve inutiles, on les dénigre, on les accuse de tous les maux... Balade métaphysique, poétique, humoristique ou politique dans le monde surprenant des mathématiques, en compagnie de Platon, Descartes, Charles Perrault, Henri Poincaré, Etiemble, Sonia Kovalevskaïa, Cédric Villani, Jonathan Swift, Victor Hugo, Stendhal, Lewis Carroll, Robert Musil, Eugène Ionesco, Jacques Roubaud, Raymond Queneau et bien d'autres.

10/2013

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Poésie

Florilège

"Avec ses contemporains Wang Wei et Du Fu, Li Bai (701-762) est un des plus puissants génies poétiques de l'empire des Tang. [... ]Subsistent plus de mille poèmes de formes variées choisis et classés ici par thèmes dominants : l'amitié, la femme, l'ivresse, etc. , annotés pour que rien n'échappe au lecteur de notre langue qu'aura séduit, fasciné, et, disons-le, foudroyé la qualité des poèmes français, rythmés et rimés pour répondre aux structures métriques des originaux. [... ]Je gagerai sans risque que ce Florilège traduit par un savant au tempérament de poète va enfin permettre aux amateurs de se délecter au ton, aux thèmes, aux mètres de Li Bai. Pour celui qui pensait qu'avec le vin, la poésie, elle seule, pouvait nous faire admettre ce que le ciel et la terre font de notre misérable espèce, qu'est-ce que cent ans, qu'est-ce que mille ans, qu'est-ce que douze cents ans et plus de retard ? Mourir en voulant cueillir un reflet de lune dans l'eau, quelle jolie fable du monde poétique et de la vie de Li Bai ! "Etiemble.

05/2023

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Critique littéraire

Suzanne Césaire. Archéologie littéraire et artistique d'une mémoire empêchée

EssaisCNL – Suzanne Césaire (1915-1966), épouse d'Aimé Césaire, est l'auteure d'une oeuvre trop longtemps méconnue mais essentielle pour l'histoire littéraire antillaise et l'écocritique postcoloniale. Cofondatrice et pilier théorique de la revue Tropiques (1941-1945) où elle a publié plusieurs articles, elle est aussi l'auteure d'une pièce de théâtre et a entretenu une correspondance littéraire avec nombre d'intellectuels de son temps. Cet ouvrage analyse la pensée de cette théoricienne martiniquaise des cultures caribéennes à travers ses écrits, tout en décryptant les marques de sa présence dans les oeuvres de ses contemporains (André Breton, Aimé Césaire, René Etiemble, Michel Leiris) et les résonances de sa grammaire émancipatrice et humaniste chez Kamau Brathwaite, Ina Césaire, Edouard Duval Carrié, Fabienne Kanor, Lénablou et Daniel Maximin. Anny-Dominique Curtius élabore une méthode d'archéologie littéraire et artistique pour comprendre les raisons d'un si long silence sur l'oeuvre de Suzanne Césaire et explore l'originalité et la modernité de sa pensée critique. L'approche comparatiste, interdisciplinaire et genrée de cet ouvrage puise dans l'esthétique qu'a privilégiée Suzanne Césaire elle-même pour façonner ses grilles conceptuelles et épistémologiques. Sa réflexion cannibale, audacieuse et libre s'inscrit dans ce qu'elle appelle une "lucidité totale" sur la Caraïbe.

12/2020

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Littérature française

La jeunesse d'un clerc

"Dossier scientifique sur les moeurs et les idées de cette espèce en voie de disparition : le clerc. La Jeunesse d'un clerc, Un Régulier dans le siècle et Exercice d'un enterré vif sont écrits d'un ton parfois enjoué, souvent vif, et m'ont offert, trente ans après ma première lecture, quantité de moments délicieux. Je les ai lus, ces trois livres, une bonne demi-douzaine de fois ; ils résistent bien à cette promiscuité. Benda fut bien plus divers qu'on ne pense. Intellectuel, oui ; intellectualiste, peut-être ; rationaliste, assurément, de ceux qu'on méprise aujourd'hui et que l'on calomnie au nom du viscéral, de l'irraison , de la folie ; mais religieux aussi. Religion de la science, religion de la justice, religion de la vérité et même, plus inattendue chez lui, cette religion de Lamartine dont le grand âge lui-même ne sut jamais le délivrer. Benda, c'était l'homme qui disait à chacun son fait : aux gens de droite dans les journaux de gauche ; et réciproquement. Impitoyablement fidèle à sa vocation, la grandeur de la France, la survie de l'espèce et sa mort elle-même lui importaient infiniment moins que son idée de la justice et de la vérité", Étiemble.

02/1968

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Littérature française

Les cahiers d'une hypocrite

"La bonne littérature, dit Etiemble, c'est celle qu'on laisse en soi pourrir, germer, fleurir quinze ou vingt ans. Tant pis pour les enfants prodiges". Tant pis, donc, pour Christiane Singer I. Il eût fallu qu'elle s'y prit dès sa naissance pour laisser germer en elle " sa " bonne littérature. Peut-être est-ce d'ailleurs ce qu'elle a fait. De toute façon, l'important n'est pas là. L'important, c'est ce livre qu'elle a écrit. Elle a la prudence de n'y parler que de ce qu'elle connaît bien : elle-même, le monde qu'on lui a donné, celui qu'elle s'est inventé. Ces deux mondes sont surprenants : réels et un peu insolites, présents et bizarrement surannés. Elle n'a pas le souci de discipliner sa promenade. Elle ne s'inquiète ni de chronologie, ni d'ordre, ni d'architecture. Elle ne nous propose que des "Cahiers". Mais cette hypocrite est sincère : elle dit exactement tout ce qui lui passe par la tête et le coeur. Je ne sais à quel moment l'imagination l'emporte sur le souvenir et réciproquement, dans ce livre. Tout ce que je puis indiquer est qu'il ressemble à son auteur. Je crois que ce qu'elle écrit est vrai. Seulement pour elle "le vrai est léger, le vrai c'est ce qui danse". Les mots dansent peut-être, mais leur ballet commande tout le reste. Raymond JEAN.

04/2022

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Religion

Citations de Confucius et de ses disciples d'après Les Entretiens de Confucius

" Il y a du Socrate en lui : on l'a dit et redite ; du Montaigne aussi. Moins dialecticien que le premier, moins psychologue et moins artiste que le second, il séduit par une bonhomie, une bonne humeur, une vigueur des principes et les faiblesses des humains. " René Etiemble, Confucius. " La traduction en langue française des " Entretiens de Confucius " ou " Lunyu " ne date pas d'hier, et a connu des versions multiples, dont plus de soixante-dix éditions imprimées. (...) La première traduction publiée du chinois en français fut effectuée, d'après les catalogues, par Guillaume Pauthier, en 1846. Elle fut suivie de près par celle d'un sinologue jésuite, Séraphin Couvreur, laquelle remporta un vif succès. (...) L'équipe de rédaction, après avoir confronté divers interprétations et commentaires courants, à le plaisir d'offrir aux lecteurs une traduction du texte en chinois moderne qui se veut concise et facile ; et pour les aider à mieux comprendre ce texte ancien et à apprendre le chinois classique, elle l'accompagne également de plus de 1200 notes et gloses ; un index des noms de personnes, que l'on trouvera en fin de volume, donne une série de courtes notices biographiques sur tous les noms de personnes soulignés dans le texte. (...) Ce travail a permis aux rédacteurs, tous réunis par une tendre vénération pour ce texte ancien, de progresser tant en français qu'en chinois, et de mieux sentir l'actualité et l'universalité de tant d'enseignements que l'on peut dégager de l'ouvrage de Confucius. "

12/2021