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Michel deguy

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Littérature française

Cher Michel Deguy

Dans une conversation récente Michel Deguy, lauréat d'un Grand prix de l'Académie française, définit "la poétique [...] comme une embouchure où la philosophie se jette dans la poésie et la poésie dans la philosophie". Dans "Cher Michel Deguy", Jérôme Karsenti s'imagine en fan monomaniaque de l'éminent poète, traducteur et essayiste, et tente de le rejoindre par d'autres embouchures, celles du réseau de plomberie de l'immeuble qu'ils occupent tous deux, à l'en croire, rue Monsieur-le-Prince à Paris. Plongé dans sa baignoire, l'admirateur effréné guette les sons qui lui parviennent de l'étage inférieur où vit le poète. Un peu du génie de son sublime voisin lui parviendra-t-il en glouglous versifiés ou en conversations secrètes ? Le texte prend la forme d'une lettre adressée à l'écrivain, où l'engouement s'embouche à une tendre ironie et où la littérature s'entend comme un chuchotis à travers un plancher mal isolé.

10/2021

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Critique littéraire

Le poète que je cherche à être. Cahier Michel Deguy

Dès ses premiers textes, Michel Deguy prenait le risque de s'engager à la poursuite de la poésie tout entière. En vers comme en prose, en philosophie comme en critique, l'écrivain de Figurations et de Gisants s'affirmera toujours poète. Ses livres constituent autant d'actes par lesquels il cherche le lieu et la formule d'une condition poétique écartelée entre tradition (Dante, Du Bellay, Gongora) et (post) -modernité (Höderlin, Beaudelaire, Celan). Voyageur avide d'horizons, inlassable animateur de revues, penseur curieux de tous les livres, Michel Deguy a accompagné de son écriture les différentes aventures intellectuelles qui, depuis les années 60, ont marqué la France et le monde. Il en résulte une poétique exceptionnellement riche dont la complexité masque encore la cohérence. Recomposant les interventions du premier colloque international consacré à Michel Dugy les Ier, 2 et 3 Juin 1995 à l'ENS de Fontenay/Saint-Cloud, ce volume collectif permettra de prendre la mesure d'une œuvre qui par son travail sur la langue manifeste, avec une énergie rare aujourd'hui, que la poésie n'est pas seule. Outre des textes composés pour la circonstance par des poètes de pratiques et de générations divers, ce volume contient un important inédit de Michel, Deguy, Façons et contrefaçons.

10/1996

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Poésie

Ut musica, ut poiesis

Livre posthume de Michel Deguy, "Ut musica, ut poiesis" aborde, sous forme d'une suite d'entretiens avec Bénédicte Gorrillot, la question des rapports entre musique et poésie, où la question du rythme devient primordiale : qu'est-ce que lire et écrire des vers sinon revenir à l'essence même de la prosodie ? Echange libre, intime, intelligent et lumineux, il donne aussi à entendre la voix émue et émouvante d'un Michel Deguy en lutte avec la maladie.

06/2023

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Poésie

La Commaison

La Commaison accueille et assemble trois ensembles : "La Vie subite" , "Poèmes et Tombeau pour Yves Bonnefoy" , "Poèmes 2019-2020" . Avec un texte inédit de l'auteur ( "Taciturnité" ) et une postface de Martin Rueff ( "Ce que fait la poésie" ), ce livre ouvre le catalogue de L'extrême contemporain, maison d'édition reprenant le nom de la collection fondée en 1988 par Michel Deguy. Le silence et la langue s'appartiennent. Ce ne sont pas deux choses mais une Chose. Le silence a besoin de la parole autant que l'inverse. Pour garder le silence, il faut avoir pu parler . . . (M. D. )

03/2022

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Littérature française

Ouï-dire

"Au seuil de la poétique est écrit : "Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent". Et qu'avons-nous entendu ? L'ouïe cherche à redire, en des poèmes tels que ceux-ci, les rythmes auxquels depuis toujours elle fut éduquée ; car notre vue implique une audition première, et nous ne touchons terre que parlant en notre langue, magnifiquement comme le costume ; de même que les hommes n'auraient pas idée de se présenter à eux (au désert, à la montagne, aux rives) autrement que vêtus de telle manière, nous nous présentons en certaines tournures : le chant-royal, épigrammes, procès-verbaux, parataxes, diérèses, blasons, madrigaux. La poésie est le contraire de l'esperanto. L'homme est greffé ici de l'étrange manière langagée. Implanté à ce flanc de terre où il est nomade, et pareil à un stoïque sacrifié qui dicterait jusqu'à la fin les derniers mots de son agonie, pour que d'autres les entendent, il perçoit l'écho répercuté dans les gorges", Michel Deguy.

10/1966

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Poésie

Donnant Donnant. Poèmes 1960-1980

Ce livre regroupe tous les recueils de Michel Deguy publiés de 1960 à 1980 et remplace les deux volumes précédemment parus en Poésie/Gallimard sous les titres Ouï dire et Poèmes II. Une préface inédite, en forme de manifeste, offre une analyse saisissante du fait poétique tel que l'auteur le perçoit désormais. C'est que le parcours en poésie de Michel Deguy s'est développé d'abord comme un passage du simple au complexe pour aboutir à une forme de maîtrise de la complexité. Aux paysages de la terre qu'il faut arpenter et repérer s'adjoignent les sites, les strates, les agencements du langage qu'il faut d'un même mouvement explorer et comprendre afin de signifier autrement. Ce défi ne vise nullement à la fin de la langue, qui s'apparenterait à la fin d'un monde, il cherche au contraire la résurgence, le retour de l'urgence initiale, le rythme capable de susciter avec les premiers mots un seuil de reconnaissance et de résistance au non-dire du bavardage ambiant. C'est un périple obstiné qui s'apparente à une opération de survie : exploration érudite qui place tout son élan dans un questionnement sans repos, dans un vertige en quête d'espace et de sens. A quoi concourent les mots d'un vocable donné ? Pour qui vont-ils sonner ou chanter ? Et qu'en est-il des bruits de la tribu ? S'interrogeant sur les destinations possibles du poème, Michel Deguy ouvre le champ à l'infini plutôt que de le baliser. Le destin de la poésie lui apparaît errance inéluctable, course sans illusion, passage de l'ère des prophéties, des envoûtements, aux temps de dépossession. La responsabilité des poètes est néanmois engagée, et quasi absolue : proies de l'éphémère, ils ont pouvoir, ni plus ni moins, d'éveiller en l'homme jusqu'aux forces contraires qui fabriquèrent les dieux.

09/2006

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Philosophie

Au jugé

On trouvera ici apposées les chroniques dont je fis lecture à France Culture pour le Collège international de philosophie en 2003 et 2004, une fois par mois ouvrable (au sens universitaire). J'isole en incipit celle dont l'air fut d'une chanson : et pour son unicité de poème brechtien attendant sa mélodie, et en raison de son refrain. Au gré des circonstances, donc, les bulletins mensuels de mon étonnement. Plus loin, deux tentatives de journal tenu, l'un en France pour Libération, l'autre aux Amériques pour Parallax. Au jugé, c'est le tir d'adresse, où les deux sens de ce mot se fondent, celui de la destination et celui de l'habileté. Il se fait, plutôt qu'à l'aveugle, à l'éclair de lucidité qui atteint la cible sans la viser tout en la visant de toute son habitude, de tout son corps et de tout son cœur. Ma fable zen préférée, je l'ai un peu inventée - et la répète brièvement : si le Maître archer perce la cible au centre, et au centre de son centre, dans la nuit même ou les yeux bandés, c'est que la flèche et la cible ne sont pas distinctes. On n'est pas plus adroit chez les Nippons que chez les Normands, ça s'observe dans tous les championnats modernes. Mais il s'agit d'autre chose : c'est que la flèche invente la cible, et du même jet la promet, la projette, la suscite, l'expose, la fixe.

10/2004

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Philosophie

L'amitié avec Claude Lanzmann

Shoah (1985), film de Claude Lanzmann, fut et demeure réponse à la question qu'Adorno formulait pour ses contemporains : "Pouvons-nous, encore… ? " . Mais qui protégera la Shoah et Shoah, maintenant que Claude Lanzmann est mort ? Protéger de quoi ? De l'inéluctable devenir culturel touristique, souvenir de voyage, produits dérivés d'Auschwitz. Sous le déluge du fake et de la trumperie mondiale, quelle arche alors transportera le témoignage jusqu'à quelle colombe ? Dans ce livre, qui atteste d'une longue amitié, il est moins question du salut pour les Juifs que d'un salut par les Juifs, universel et profane, dont le marranisme moderne ferait l'exemplarité modèle, mais comment ? pour un salut des Nations, au seuil d'un chaos destructeur, à quoi il faut que succède une trêve infinie qui remplace le projet du XVIIIème siècle d'une "paix perpétuelle" .

10/2019

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Poésie

Comme si Comme ça. Poèmes 1980-2007

Voici, après Donnant Donnant, le deuxième volume de Poésie/Gallimard qui, sous le titre inédit de Comme si Comme ça, propose une refonte éditoriale complète des écrits poétiques de Michel Deguy. D’un parcours en poésie qui s’est d’abord développé comme un passage du simple au complexe, pour aboutir à une forme de maîtrise de la complexité, ce livre porte amplement témoignage dans ses extensions et explorations multiples. Aux paysages de la terre qu’il faut arpenter et repérer s’adjoignent les sites, les strates, les agencements du langage qu’il faut d’un même mouvement questionner et comprendre afin de signifier autrement. Ce défi ne vise nullement à la fin de la langue, qui s’apparenterait à la fin d’un monde, il cherche au contraire la résurgence, le retour de l’urgence initiale, le rythme capable de susciter avec les premiers mots un seuil actuel de reconnaissance et de résistance au non-dire du bavardage ambiant. Pour ce faire, Michel Deguy use de toutes les formes possibles, du poème à la notation philosophique, de la méditation à l’analyse scrupuleuse aux accents parfois pamphlétaires. Aussi, au coeur même de cette oeuvre foisonnante, qui semble à l’écoute de sa propre amplitude, de son expansion permanente, se révèle un texte bouleversant, l’un des thrènes les plus poignants de la littérature : A ce qui n’en finit pas. Dans le livre-univers de Michel Deguy, il y a ce soleil noir qui, à défaut de changer la vie, éclaire, transfigure et change la mort.

09/2012

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Poésie

La vie subite. Poèmes, biographèmes, théorèmes

La vraie vie est-elle absente ? La vie se lève dans la vie : subite. Poèmes : le temps du poème est le présent. Son dire est sentencieux ; il résiste en consistant dans sa concentration. Le beau est un exemple ; une chose belle ("a thing of beauty"...) ne participe pas à la Beauté. La participation, c'est la comparaison, qui montre le préférable. Biographèmes : quelques vivants sortent de la Caverne ; mais ne dardent pas le soleil. Se hissant comme des anthropologues qui découvrent la scène, ils considèrent les hautes terres successives, l'océan inhabité, l'envergure des comparses – laissant être l'immensité à elle-même. Les témoins sont des choses. Je dois la vérité en éclats de vie. Théorèmes : la poétique est l'extension du domaine de la poésie. La clairvoyance de l'imminent est une tâche de poétique, que le poéticien instruit à bon escient.

10/2016

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Littérature française

DONNANT DONNANT

"Qu'est-ce que ça donne ? demande le Français d'une situation en cours, circonstance et expérience. Poésie est un nom à donner à ce dont on attend quelque chose, à savoir le poème qui nomme en donnant ainsi la chose. Donnant donnant vaut ordinairement pour un échange surveillé entre exigences distinctes. Je voudrais entendre la formule comme celle d'une réciprocité prodigue, d'un mouvement du don qui invente les termes entre lesquels l'échange passe, métamorphosés en eux-mêmes par le don (comme entre la terre et une langue, l'être et la pensée, les mots et les choses, la poésie et le poème...) ; relation où chaque terme devient donataire d'être donateur et réciproquement. Où avons-nous besoin de poésie ? Par le besoin de donner, donner une réception, à la donation, de la capacité d'accueil, ou contenance du langage ; don complet, et qui transit : pardon. Ca peut donner des cartes, des airs, des brevets, et les cartes (à jouer) donnent un lien à l'autre, et au destinataire inconnu qu'on appelle poésie. Ex dato. Et les airs (à jouer), divisions du vent qui font voler les papiers, mines de ressemblance, variations de l'aria, fredonnent des sorties, plutôt qu'ils imposent un manifeste. Les brevets cependant, déposent, abrégés d'invention du donné, dot du livre à un suivant, antidote qui réponde à la répartition d'origine, et qui redonne au don ce qui lui est dû et à une langue ce qui lui revient de dire." Michel Deguy.

03/1981

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Poésie

A ce qui n'en finit pas. Thrène, Edition revue et augmentée

Le thrène et un chant funèbre accompagné de danses. Te survivre ne va pas de soi. Je ne crois à aucune survie hors celle qui est la mienne pour aujourd'hui et qui reprend la peine au réveil. Je ne crois à aucun commerce avec les morts hormis celui que j'entretiens avec ton empreinte en moi. Je ne crois à aucune vie éternelle, nous ne nous retrouverons jamais nulle part, et c'est précisément ce défoncement du futur qu'aucun travail de deuil ne remblaiera en quoi consiste la tristesse, cette tristesse qui disparaîtra à son tour avec " moi ". Il y a un mois mourait ma femme. Je ne peux dire tu mourais, d'un tu affolant, sans destinataire ; et je dis bien " mourait ", non pas dépérissait ou lisait ou voyageait ou dormait ou riait, mais " mourait ", comme si c'était un verbe, comme s'il y avait un sujet à ce verbe parmi d'autres. Le livre sera non paginé parce que chaque page, ou presque, pourrait être la première, ou la nième. Tout recommence à chaque page ; tout finit à chaque page. M. D.

11/2017

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Poésie

Elle a ma préférence. Glossaire amoureux de la poétique

Le " elle " du titre, c'est la poésie, à laquelle Deguy a consacré son oeuvre. Ce titre en forme de chansonnette, et ce sous-titre – plus modeste que " dictionnaire " – pour souligner le caractère personnel de la démarche de l'auteur, qui se tourne vers le lecteur. Et " poétique " (terme substantivé hérité d'Aristote) plutôt que " poésie ", pour figurer le poète au travail, en train de " faire ". Le livre se présente comme un petit glossaire. Sous chaque lettre de l'alphabet des articles de quelques lignes à quelques pages. Les entrées peuvent être un nom propre (Aragon, Baudelaire...) ou un nom commun (image, seuil, génie, ...) qui peut être un terme " technique " (métaphore, synthèse...), mais dans le seul but d'ouvrir le champ / chant de la poésie au lecteur, sans souci particulier de technicité. Une forme libre, qui permet d'entrer dans le livre là où on veut, selon l'humeur. Il s'agit pour l'auteur de montrer, à l'heure de l'omniprésence de l'image, combien les mots de la langue ordinaire, " dans sa prouesse quotidienne ", sont aussi ceux de la poésie et d'en éclairer ainsi la lecture.

08/2018

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Poésie

Brevets

Tout est abrégé - et déposé, ici : brevets. Ce sont six livrets en brochure. Le premier esquisse l'autoportrait, avec quelques pages des carnets où je poursuis une poétique. Le deuxième parle de musique, de photo, de cinéma, de rhétorique, de traités d'anatomie... Muses anciennes et modernes, dont les noms s'abrègent par leurs initiales dans le titre de la séquence : Polymnie, Melpomène, Uranie... Le titre du troisième est bavard : je me mêle des questions dites culturelles. Le quatrième rassemble quelques interviews, plus ou moins réelles. Le journal de la grande peur, cinquième livret, recompose des pages publiées dans Traverses. Enfin le dispositif annonce et énonce une disposition inquiète et positive de " poète sans état " à l'égard des temps qui courent vite. M.D.

02/1986

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Critique littéraire

L'enfermement. Actes du Colloque Franco-Néerlandias de novembre 1979 à Amsterdam

Co-éditions avec la Maison descartes d'Amsterdam Les 29 et 30 novembre 1979 s'est tenu à la Maison Descartes (Institut Français d'Amsterdam) un colloque franco-néerlandais sur le thème de "L'Enfermement", sous la présidence de Charles Grivel du côté néerlandais et de Michel Deguy du côté français. Les intervenants venaient d'horizons divers. Poètes, comme Maurice Roche pour la France et Rein Bloem pour les Pyas-Bas. Psychanalyste : Anton Mooij. Sociologues : le néerlandais Pieter Nijhoff et le français Jean Duvignaud. Historiens : Robert Muchembled. Professeurs de littérature française (Roger Kempf) et de linguistique (Teun van Dijk). Cette diversité dans la formation, cette convergence des points de vue, voilà peut-être ce qui a permis de cerner le difficile concept d'enfermement. S'agit-il bien d'ailleurs d'un concept ? N'est-ce pas là un mythe à la mode ? Toutes les civilisations, toutes les sociétés définissent et suscitent, chaque fois d'une manière différente et pour elles-même, une certaine expérience de l'enfermememnt. Pour la mort ou la sexualité sans doute, mais aussi pour l'art et le savoir : les idéologies ou les doctrines ne sont-elles pas aussi des formes de l'enfermement ? Il s'agit alors de se demander pourquoi notre époque, et plus particulièrement une certaine situation de la société intellectuelle, valorise, non sans complaisance, cet "enfermement".

01/1981

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Littérature française

La Machine matrimoniale ou Marivaux

"N'est-ce rien que d'être un autre ? " demande la pupille pubère de La Dispute. De toutes les différences - d'âge, de sexe, de qualité, d'identité - traversées par le désir, la comédie, l'entremetteuse, compose le drame de manière à en machiner la bonne fin, selon son genre, sans un esprit d'arrangement : mariage des rivaux, ou marivaudage. Le théâtre de Marivaux n'a pas fini de nous faire jouer. Le présent essai en administre une preuve, habile à suivre le fil des trente pièces (et plus ! ) données à la langue française par Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, pour y apprendre, gaiement, les règles du jeu non hasardeux de l'amour et du hasard.

12/1999

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Sciences politiques

Péguy

Charles Péguy, pour qui "tout commence par la mystique et finit en politique" , auteur de plusieurs "Jeanne d'Arc" et infatiguable éditeur des "Cahiers de la Quinzaine", rejoint avec allégresse son affectation de lieutenant d'infanterie aux premiers jours de la Grande Guerre. Un mois plus tard, le samedi 5 septembre 1914, veille de la bataille de la Marne, il meurt à Villeroy, tué d'une balle au front à l'âge de 41 ans. En dressant son portrait, c'est à ce Péguy mort au champ d'honneur, représentant emblématique d'une certaine mystique républicaine et patriotique française, que son ami André Suarès rend ici un vibrant hommage. "C'est vers Péguy que je me tourne. C'est lui que je visite. Entre les saints de la Marne, c'est lui que j'ai le mieux connu et que je vis le dernier. Et en célébrant la plus grande victoire de tous les temps, la plus pure et la plus belle, c'est Péguy que je célèbre". Le texte est suivi des biographies de Charles Péguy et André Suarès.

12/2023

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Critique littéraire

Péguy

À la fin de sa vie, en pleine désillusion sur l'URSS de Staline, Romain Rolland ressent le besoin de revenir sur Péguy, son vieux compagnon de combat mort trente ans plus tôt, pour nous livrer une biographie qu'il était le seul à pouvoir faire, et qui reste inégalée. C'est une œuvre péguyste sur Péguy : seuls comptent la mémoire et le travail de remémoration, et non la froide histoire impersonnelle des « historiens » et des « sociologues », que Péguy détestait. Le romancier reconstitue le parcours du poète philosophe, raconte la genèse et le contenu de son œuvre gigantesque, tout en dressant un portrait saisissant des fabuleuses années 1900, durant lesquelles Einstein formule sa première théorie, ou les papes condamnent le relativisme et mettent Bergson à l'index, où Maurras tente de rallier les intellectuels à son combat antisémite et antirépublicain. Mais il ne cache pas non plus l'exaltation nationaliste de Péguy avant la guerre de 1914, sa haine de Jaurès. On est frappé par la profondeur du travail et le style de cette véritable œuvre littéraire : le texte le plus contemporain que nous ait laissé Romain Rolland. En rendant compte de l'ensemble de la vie, mais surtout de l'œuvre de Péguy,  Romain Rolland nous entraine dans ce fleuve qui le (et nous) déborde de toute part.   Le sens des engagements de Péguy – que l'ami Rolland n'a pas toujours partagés, loin s'en faut – fait l'objet d'un décryptage minutieux. Son dreyfusisme « mystique », son socialisme irréductible, sa détestation de la Sorbonne et du « parti intellectuel », son bergsonisme jamais pris en défaut et son appel à la révolution dans l'Église deviennent enfin compréhensibles dans leur surprenante complémentarité. Romain Rolland montre le caractère irrécupérable par l'extrême droite (« Moi seul ai la plume assez dure pour réduire un Maurras », écrivait Péguy à Bergson en 1914) de cette œuvre gigantesque, dont tous ceux qui ne se résignent pas au pouvoir de l'argent n'ont pas fini de découvrir l'importance.      Après une première édition en deux volumes (Albin-Michel, 1944), ce livre était devenu introuvable. Quand il créait la collection Cahiers libres, François Maspero citait Charles Péguy : « Ces cahiers auront contre eux tous les salauds de tous les partis ».

01/2015

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Critique littéraire

Parking Péguy

"Tout a commencé par une erreur d'aiguillage sur internet. Alors que je cherchais Clio de Charles Péguy, je suis tombé sur une image et sa légende : Parking Péguy, " Stains (93) ". Je savais que celui que je considère comme le plus grand écrivain français du XXe siècle souffrait d'un statut marginal. Mais qu'on associe son nom à un parking, c'était une autre affaire. Après de nouvelles investigations, j'ai découvert des centaines de rues Péguy éparpillées en France, plutôt tristes, principalement à la périphérie de l'espace urbain. Or rien n'importait plus à l'écrivain que ce territoire et le changement qu'il subit. Guidés par la seule toponymie, le photographe Léo Lepage et moi sommes partis sur les routes. Lors du voyage, j'ai écrit un journal, chacun des lieux me ramenant à des extraits de l'oeuvre de Péguy. Léo a pris des photos qui ouvrent des parallèles, suggèrent des contrastes ou des associations avec ces mêmes textes. Surtout, contre une vision commémorative du patrimoine littéraire, nous avons souhaité faire lire Péguy aujourd'hui."

08/2019

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Religion

Charles Péguy

Peu d'écrivains auront souffert autant que Péguy (1873-1914) des caricatures récupératrices et des idées reçues. Honni par l'Action française pour son dreyfusisme et récusé par les autorités romaines pour son christianisme " au porche de l'Eglise ", socialiste militant mais opposé à tout " esprit de système ", Charles Péguy ne cesse de nous interpeller alors même que nous l'interprétons sans cesse. Il fut tout à la fois écrivain, philosophe du temps et de la mémoire, théologien de la communion des saints. Ce " mécontemporain ", toujours aussi indigné qu'apaisé, s'est engagé, par les Cahiers de la Quinzaine, à dire " toute la vérité, bêtement la vérité bête... ". Mais il savait, avec ses amis Juifs, que " la mystique est la force invincible des faibles ", et il croyait, comme tous les hommes de la Bible, que " l'Espérance, cette petite fille pourtant, traversera les mondes ".

09/1998

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Littérature française

Colère de Péguy

La démarche provocante de Péguy défie la sensibilité moderne. En ce sens, il est un auteur scandaleux. A la fois catholique et anticlérical, d'une vigilance exemplaire pendant l'affaire Dreyfus, Péguy est un paradoxe vivant, lui qui toujours s'oppose aux forces diverses que peut revêtir le progrès. Il se bat contre les institutions : la Caisse d'Epargne, l'Eglise, les historiens positivistes et tous ceux qui font de la science une nouvelle religion. Ses ennemis sont autant les "curés laïcs" que les "curés ecclésiastiques". Sa hantise : la question de la culpabilité. Alors Péguy, un écrivain catholique ? un apôtre du nationalisme ? L'affaire n'est pas classée. Au terme d'une lecture attentive de son oeuvre, Jean-Michel Rey découvre, dans cette Colère de Péguy, une des grandes figures de la mystique chrétienne. Un écrivain célèbre et mal connu.

09/2014

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Critique littéraire

Péguy point final

1914, commencement de la guerre, mort de Charles Péguy, le 5 septembre, au début de la bataille de la Marne. Mais l'histoire continue, et tente de le reprendre. De Gaulle voulut le "panthéoniser". Péguy reste enterré près de Meaux au côté de ses hommes. Reste à l'arracher à sa légende, à déboutonner l'uniforme pour faire apparaître l'énergie d'une langue et l'acuité d'une pensée. Point final aux contresens qui ont entouré l'homme et l'oeuvre. Point final, mais aussi point de fuite : Péguy échappe à l'histoire. Son oeuvre ne s'y inscrit qu'en la dépassant. La mort héroïque n'est pas évacuée, mais n'est pas non plus une fin en soi. Elle est l'horizon différé de son écriture, l'événement répété dans des proses souvent posthumes, où Péguy pense l'histoire et défait l'héroïsme napoléonien. On découvre comment il voulut se sauver de et dans l'histoire. Pas de fin, donc : ouverture, où tout reprend. Point d'origine, alors : Péguy prit les histoires à rebours pour atteindre le moment où l'éternel soudain s'incarne dans le temporel. Ainsi l'affaire Dreyfus n'est pas ce qu'en ont fait les politiques : remonter à son commencement, c'est entendre la révolution morale dont elle était porteuse. De même pour l'histoire de France, du peuple juif ou du christianisme. Revenir en amont de toutes les fondations, c'est relancer les possibles, ici et maintenant.

01/2014

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Critique littéraire

Notre cher Péguy

"Péguy, c'est ma jeunesse. Je revois, à Sainte-Barbe, une cour aux murs peints en rose, pour nous faire oublier sans doute l'ennui de notre vie cloîtrée. C'est là que Péguy est tombé, un jour, au milieu de notre petit groupe qui préparait l'Ecole normale. Singulier camarade ! Il venait de faire à Orléans son année de service militaire. Cela lui donnait à nos yeux la physionomie de quelqu'un qui déjà n'appartenait plus à notre espèce collégienne. Il y a quelque trente ans, dans ce petit désert où se dresse toujours le même arbre défeuillé dont j'ignore l'espèce et le nom, nous bâtissions ensemble, avec le cher Péguy, la Cité harmonieuse". Il ne faut pas attendre de cette biographie qu'elle se substitue à l'oeuvre de Péguy, qui attend qu'on commence par elle et par elle seule. Les frères Tharaud restent au seuil et la laissent intacte, reconnaissent d'ailleurs qu'ils n'ont pas su toujours la comprendre. Mais il faut volontiers considérer leur livre comme une oeuvre à part. En 1926, le public lisait les Tharaud et l'occasion s'offrait à lui de découvrir Péguy. Combien ne l'ont connu alors que par eux ? Cent ans après la mort de Péguy, quand "chacun hésite (encore) à l'ouvrir" seul, cette réédition de Notre cher Péguy voudrait inviter à l'ouvrir pour de bon, mais pas seulement, à redécouvrir aussi la prose artiste des Tharaud.

10/2014

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Revues

Critique N° 887, avril 2021

Une fois n'est pas coutume, Critique fête l'un des siens, Michel Deguy, entré à son comité de rédaction en 1963. Le saluer est affaire d'amitié. Lui rendre hommage, c'est dire que la poésie est toujours là qui marche, discrète et puissante. N'était Deguy, nous finirions par oublier qu'elle est une force de proposition : "le poème fait des propositions - logiquement, érotiquement". On trouvera dans ce numéro, assemblé par Martin Rueff, quatre poèmes inédits suivis d'un entretien, et un ensemble d'études, les unes transversales, les autres plus particulièrement consacrées aux publications récentes de Michel Deguy.

04/2021

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Philosophie

René Girard et le problème du mal

Textes rassemblés par Michel Deguy et Jean-Pierre Dupuy.

11/1982

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Philosophie

Michel Foucault

A sa parution en 1989, cinq ans après la mort de Foucault, cette biographie fut internationalement saluée comme un événement. Explorant les archives inédites, Didier Eribon y restituait magistralement les mille visages, connus et inconnus, d'un philosophe dont toute l'oeuvre peut se lire comme une insurrection contre la violence des normes et de la normalité. Captant la singularité d'un homme énigmatique et d'une pensée passionnément critique, il la réinscrivait dans ses différentes époques et dans ses multiples dimensions - philosophique, politique, sexuelle... - pour proposer une vaste fresque de la vie intellectuelle française de la deuxième moitié du XXe siècle. Cette nouvelle édition, entièrement remaniée, est largement augmentée de nombreux éléments concernant les relations - positives ou négatives - de Foucault avec Georges Dumézil, Louis Althusser, Jacques Derrida, Pierre Bourdieu, ou encore Simone de Beauvoir... Elle revient également sur les rapports de Foucault à la sexualité ou aux drogues. Qu'est-ce qu'une existence philosophique? Comment un geste théorique s'ancre-t-il dans l'expérience vécue? Telles sont les questions que cet ouvrage entend à nouveau poser, afin de rendre au geste foucaldien et à son héritage leur radicalité.

02/2011

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Théâtre

Michel Vinaver

Le parcours atypique de Michel Vinaver lui a appris à se trouver à la fois au coeur et à distance de toute chose, et c'est peut-être l'un des fondements de sa pratique d'auteur. Venu au théâtre par hasard, il ne s'est pas contenté de l'écriture de pièces : ses Ecrits sur le théâtre, entre autres, en témoignent et soulignent son acuité de lecteur, de spectateur autant que ses relations houleuses mais fécondes avec la mise en scène. "Aujourd'hui est le plus beau jour de ma vie", déclare un de ses personnages. Collision entre le quotidien et les fissures de l'Histoire et des mythes, l'oeuvre de Vinaver, depuis les années 50, instaure un rapport vivant et inédit au monde, un ici et maintenant vers lequel tout converge. Son écriture fragmentaire aux allures de chronique, innervée par l'ironie, ne cesse de fouiller le réel, d'en proposer la redécouverte en inventant gaiement les voies pour le traverser et résister à ses assauts. A bien des égards iconoclaste et précurseur, le théâtre de Vinaver invite, dialogue, en même temps qu'il bouscule, mais sans jugement. Ce livre propose de cheminer dans une "dramaturgie du passage" afin de rendre sensible la remarquable intégrité d'un auteur qui chante le monde avec la persévérance, la distance et la poésie d'un clown-blanc.

10/2019

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Beaux arts

Michel-Ange

Michel-Ange est l'un des plus grands artistes de tous les temps, un des sculpteurs les plus connus au monde. Un livre pour découvrir qui il était, ce qu'il a sculpté ou peint, comment il sculptait ou peignait, quelles techniques il a inventées ou perfectionnées et pourquoi il est toujours aussi célèbre. Un génie de la Renaissance, une période à découvrir ici aussi.

02/2022

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Essais biographiques

Michel-Ange

"Pareil à l'éclair, je flambe au moindre feu que je rencontre", lit-on dans un sonnet adressé par Michel-Ange à Tommaso dei Cavalieri. Cette figure du génial titan, Marcel Brion la fait revivre dans ce livre passionnant. "Ce feu intérieur, lorsque Michel-Ange taille la pierre ou peint, habite les corps : feu du dynamisme de l'action, feu de la passion, feu spirituel de la foi chrétienne forgée dans l'ascèse savonarolienne puis éclairée par les doctrines des "illuminés" du cercle des amis de Vittoria Colonna. Comme tous les grands Toscans, violents et tendres, Michel-Ange contient dans son être le plus secret cette braise du feu sacré qui, des grands sensuels aux grands mystiques, est feu d'amour" (Marcel Brion).

02/2022

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Que-sais-je ?

Michel Foucault

Dénoncer les relations de pouvoirs occultes, provoquer des résistances, permettre aux voix trop souvent étouffées de s'exprimer, produire des savoirs vrais qui puissent s'opposer aux gouvernementalités dominantes, défier nos libertés et nos possibilités d'action, faire surgir l'historicité de nos systèmes de savoir, de pouvoir et de subjectivation, montrer que rien en nous n'est fatalité, en définitive changer nos vies : telle est la tâche du philosophe selon Michel Foucault. A partir de l'analyse de ses oeuvres, cet ouvrage nous montre comment la philosophie de Foucault s'élabore dans des récits — histoires de la folie exclue, de l'accueil de la mort, des systèmes de pensée, des prisons, des guerres ou encore de l'aveu ou des plaisirs — qui, s'ils ne recherchent plus des significations ultimes, nous permettent de nous inventer à nouveau.

08/2022