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Rancière

Extraits

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Philosophie

Jacques Rancière. L'égalité des intelligences

Explorer les conditions d'une émancipation authentique, aujourd'hui. Depuis la Leçon d'Althusser, qui refuse d'opposer science et idéologie, jusqu'à ses derniers ouvrages sur l'égalité esthétique de nos "temps modernes", Rancière fait de l'égalité des intelligences la condition d'une émancipation politique et existentielle dans laquelle, comme dans un roman, les vies de tous sont ouvertes à chacun.

09/2019

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Essais

Jacques Rancière et le monde des images

Jacques Rancière a beaucoup écrit sur le cinéma, même s'il n'existe pas à ce jour d'ouvrage spécifiquement consacré aux relations entre le philosophe et l'art des images en mouvement. Cet essai vient combler ce manque en proposant un parcours raisonné à l'intérieur de textes aux formats très variés (livres monographiques, articles rassemblés en recueil, recensions de film dispersées dans des revues, entretiens...) et portant sur des formes filmiques elles-mêmes d'une grande diversité (western, documentaire, burlesque, fiction historique, etc.). Il s'agit également d'inscrire ces écrits dans un état actuel du cinéma, en montrant comment la pensée de Rancière permet d'explorer les relations toujours convulsives entre le cinéma et d'autres régimes d'images en mouvement (télévision, internet, jeu vidéo, médias sociaux...). En résulte tout "un monde des images" , cinématographiques et audiovisuelles, dont Rancière dresse la carte aujourd'hui, tout en mettant en lumière la vivacité persévérante de la création en cinéma.

02/2023

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Ouvrages généraux

Gestes, figures et écritures de maîtres ignorants. Platon, Montaigne, Rancière

Que serait la philosophie de Platon sans Socrate ou l'écriture des dialogues ? Que resterait-il du travail de Montaigne sans le "maistre des maistres" socratique ou la "manière" des Essais ? Enfin, l'oeuvre de Rancière aurait-elle la même teneur sans Joseph Jacotot, figure incontournable de "maître ignorant" ? La pensée de ces trois auteurs n'existe pas indépendamment de ces figures et de ces écritures si particulières. On ne saurait résumer leurs philosophies, par ailleurs très singulières et différentes, à quelques questions, thèses ou concepts, en les amputant de la mise en scène de ces figures de maîtres si frappantes ou de l'invention stylistique qui leur donne corps et redouble, par les choix d'écriture, leurs gestes philosophiques. Ceci reviendrait à les trahir et à s'interdire l'expérience d'un autre rapport au savoir qu'elles nous invitent à vivre, chacune à sa façon. Cet ouvrage étudie comment ces trois philosophes pensent, à travers ces incarnations, leur relation aux savoirs de leur temps et dans quelle mesure les figures et les écritures de maîtres ignorants qu'ils composent et mobilisent dans leurs textes leur permettent de faire expérimenter au lecteur les gestes philosophiques significatifs de ce rapport au savoir.

06/2022

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Cinéma

Le cinéma de Roland Barthes. Suivi d'un entretien avec Jacques Rancière

C'est un lieu commun qu'il a entretenu lui-même : Roland Barthes n'aimait guère le cinéma. Ce livre - le premier consacré à la question - ne nie pas cette résistance, mais il en montre les ambivalences et les enjeux plus profonds. Il met aussi en lumière un ensemble d'écrits souvent méconnus : Greta Garbo, Claude Chabrol, Marlon Brando, le genre du péplum ou celui du film de gangster, le cinémascope, Sergueï Eisenstein, André Téchiné, Michelangelo Antonioni... tous ont fait l'objet de réflexions et d'analyses qui montrent que pour Barthes, le cinéma constituait un terrain d'expérimentation privilégié. Philip Watts analyse finement comment sa pensée s'est reconfigurée en rebondissant sur des objets à la fois artistiques et populaires. En cinq chapitres chronologiques, faits de retournements et d'insistances, Le Cinéma de Roland Barthes propose à la fois une relecture de Barthes depuis la question du cinéma, une riche enquête historique sur les études cinématographiques, d'André Bazin à Jacques Rancière, ainsi qu'une réflexion très actuelle sur les articulations possibles entre politique et esthétique. L'essai de Philip Watts est suivi d'un entretien avec Jacques Rancière. Le philosophe y revient sur sa propre relation à Roland Barthes et sur le rapport de ce dernier au cinéma.

09/2015

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Epistémologie

Jacques Rancière, aux bords de l'histoire. Recherche sur les noms de l'histoire

"Poétique du savoir : étude de l'ensemble des procédures littéraires par lesquelles un discours se soustrait à la littérature, se donne un statut de science et le signifie" . C'est de cette façon, en apparence modeste, que Jacques Rancière débute Les noms de l'histoire (1992). Mais comment comprendre cette affirmation a priori paradoxale selon laquelle une telle poétique utiliserait des "procédures littéraires" pour mieux se soustraire à la littérature ? Que penser, en outre, de cette idée selon laquelle l'historiographie telle qu'elle s'est pratiquée jusqu'ici aurait systématiquement occulté les conditions même de toute historicité ? L'essai s'avère rapidement être une critique lucide et radicale des fondements mêmes du savoir historique, prenant appui sur certaines hypothèses majeures que le philosophe n'aura de cesse de développer durant tout son parcours : le nouage entre politique et esthétique, l'alliance entre littérature et démocratie caractérisée par un désordre salutaire de la parole. Pourtant, malgré le caractère familier de ces termes pour le lecteur de Jacques Rancière, l'essai conserve toute sa densité, et même une certaine part d'équivocité : c'est parfois entre les lignes qu'il convient de traquer la position de l'auteur, et surtout de cerner les contours de cette "histoire hérétique" vers laquelle il nous entraîne et qui conserve toute son actualité. Fruit d'un travail collectif consacré à cet essai, le présent ouvrage a pour ambition de rassembler des contributions dissensuelles : à l'image de la philosophie qui les inspire, celles-ci, en confrontant Rancière à ceux avec qui il entre en dialogue (Michelet, Benjamin, Althusser, Thompson et d'autres), visent à leur tour à éclairer la force, et parfois les zones d'ombre, de la poétique de cette pensée qui se veut elle-même "hérétique" .

10/2021

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Littérature française

Courts voyages au pays du peuple

Au bout de la ligne, un peu à l'écart du fleuve, vit cet autre peuple qu'on appelle simplement le peuple. Des voyageurs s'arrêtent, surpris. Wordsworth, le poète des lacs, traverse la Révolution française, Büchner croise un pèlerin de l'Utopie saint-simonienne, Michelet et Rilke, devant la servante ou l'ouvrière, rêvent de vie réconciliée pendant que les prolétaires rêvent des mers du Sud et vont quelquefois y chasser la baleine. Sur l'écran, Ingrid Bergman incarne la femme du monde découvrant l'autre côté de la société. Dans ces Courts voyages, Jacques Rancière nous invite à repenser les rapports entre les images et les savoirs, l'utopie et le réel, la littérature et la politique.

12/1990

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Philosophie

Le maître ignorant. Cinq leçons sur l'émancipation intellectuelle

En 1818, Joseph Jacotot, révolutionnaire exilé et lecteur de littérature française à l'université de Louvain, commença à semer la panique dans l'Europe savante. Non content d'avoir appris le français à des étudiants flamands sans leur donner aucune leçon, il se mit à enseigner ce qu'il ignorait et à proclamer le mot d'ordre de l'émancipation intellectuelle : tous les hommes ont une égale intelligence. Il ne s'agit pas de pédagogie amusante, mais de philosophie et de politique. Jacques Rancière offre, à travers la biographie de ce personnage étonnant, une réflexion philosophique originale sur l'éducation. La grande leçon de Jacotot est que l'instruction est comme la liberté elle ne se donne pas, elle se prend.

09/2004

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Droit

Aux bords du politique

Parler du politique et non de la politique, c'est indiquer qu'on parle des principes de la loi, du pouvoir et de la communauté et non de la cuisine gouvernementale. Le politique est la rencontre de deux processus hétérogènes. Le premier est celui du gouvernement. II consiste à organiser le rassemblement des hommes en communauté et leur consentement et repose sur la distribution hiérarchique des places et des fonctions. Je donnerai à ce processus le nom de police. Le second est celui de l'égalité. II consiste dans le jeu des pratiques guidées par la présupposition de l'égalité de n'importe qui avec n'importe qui et par le souci de la vérifier. Le nom le plus propre à désigner ce jeu est celui d'émancipation.

01/2004

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Cinéma

Béla Tarr, le temps d'après

D'Almanach d'automne (1984) au Cheval de Turin (2011), les films de Béla Tarr ont suivi la faillite de la promesse communiste. Mais le temps d'après n'est pas le temps uniforme et morose de ceux qui ne croient plus à rien. C'est le temps où l'on s'intéresse moins aux histoires, à leurs succès et à leurs échecs qu'à l'étoffe sensible du temps dans laquelle elles sont taillées.

11/2011

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Critique littéraire

Les bords de la fiction

On le sait depuis Aristote : ce qui distingue la fiction de l'expérience ordinaire, ce n'est pas un défaut de réalité mais un surcroît de rationalité. Elle dédaigne en effet l'ordinaire des choses qui arrivent les unes après les autres pour montrer comment l'inattendu advient, le bonheur se transforme en malheur et l'ignorance en savoir. Cette rationalité fictionnelle a subi à l'âge moderne un destin contradictoire. La science sociale a étendu à l'ensemble des rapports humains le modèle d'enchaînement causal qu'elle réservait aux actions d'êtres choisis. La littérature, à l'inverse, l'a remis en cause pour se mettre au rythme du quotidien quelconque et des existences ordinaires et s'installer sur le bord extrême qui sépare ce qu'il y a de ce qui arrive. Dans les fictions avouées de la littérature comme dans les fictions inavouées de la politique, de la science sociale ou du journalisme, il s'agit toujours de construire les formes perceptibles et pensables d'un monde commun. De Stendhal à João Guimarães Rosa ou de Marx à Sebald, en passant par Balzac, Poe, Maupassant, Proust, Rilke, Conrad, Auerbach, Faulkner et quelques autres, ce livre explore ces constructions au bord du rien et du tout. En un temps où la médiocre fiction nommée " information " prétend saturer le champ de l'actuel avec ses feuilletons éculés de petits arrivistes à l'assaut du pouvoir sur fond de récits immémoriaux d'atrocités lointaines, une telle recherche peut contribuer à élargir l'horizon des regards et des pensées sur ce qu'on appelle un monde et sur les manières de l'habiter. Né à Alger en 1940, Jacques Rancière est professeur émérite de philosophie à l'université Paris VIII. Il a consacré de nombreux ouvrages aux relations entre politique, art et littérature. Il a notamment publié au Seuil, dans " La Librairie du XXIe siècle ", Courts voyages au pays du peuple (1990), Les Mots de l'Histoire (1992), La Fable cinématographique (2001) et Chroniques des temps consensuels (2005).

09/2017

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Philosophie

Le philosophe et ses pauvres

La première question philosophique est une question politique : qui peut philosopher ? Pour Platon, les citoyens doivent accepter un " beau mensonge " : la divinité a donné aux uns l'âme d'or des philosophes, aux autres l'âme de fer des artisans. Si les cordonniers ne s'occupent que de leurs chaussures, la cité sera en ordre et la philosophie protégée de la curiosité des " bâtards ". Au XIXe siècle, les cordonniers s'agitent et des philosophes viennent proclamer le grand changement : le producteur désormais sera roi et l'idéologue esclave. Pourtant, à suivre le parcours de Marx, la science du nouveau monde prend une allure déconcertante : le " vrai " prolétaire est toujours à venir, le Livre interminable, et le savant récuse tous ceux qui tentent d'appliquer sa science. Sartre affronte ce paradoxe : l'ouvrier devient le gardien absent du monde du philosophe, et ce dernier doit loger ses raisons dans les raisons du Parti. Chez Bourdieu, la critique supposée radicale des distinctions culturelles et des illusions philosophiques condamne les dominés à avoir les goûts et les pensées imposés par la domination. Le philosophe n'est plus roi. Mais le professionnel de la pensée s'assure à bon compte d'un regard " lucide " sur l'aveuglement de son voisin, pour la bonne cause d'un peuple toujours prié de rester à sa place.

01/2007

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Philosophie

La méthode de l'égalité. Entretien avec Laurent Jeanpierre et Dork Zabunyan

« Je suis quelqu’un qui n’aime pas parler et qui aime les mots, qui pense que la puissance de l’événement est malgré tout liée à la puissance des mots capables de le qualifier ». Littéraire et cinéphile, Jacques Rancière élabore depuis les années 1960/1970 une philosophie de l’émancipation, celle de la participation de tous à l’exercice de la pensée, et donc au gouvernement de la cité. Contre ces intellectuels qui prétendent détenir la vérité, il se bat pour l’abandon de la traditionnelle distinction entre savants et ignorants. Dans ce livre d’entretien, Dork Zabunyan et Laurent Jeanpierre croisent avec lui le parcours biographique, l’oeuvre philosophique et le regard du philosophe sur le monde. Nous relisons avec eux les années de formation et le parcours intellectuel, l’ENS, les maîtres, le séminaire d’Althusser, la thèse sur la nuit des prolétaires, Foucault, le cinéma, mais aussi des moments et des questions de notre histoire commune comme la guerre d’Algérie, le Parti communiste, 68, ou encore les révoltes arabes, l’écologie politique, le vote des étrangers... Une vie qui se veut tout sauf exemplaire, dédiée à l’exercice de la philosophie c’est-à-dire à l’émergence de nouveaux mondes possibles.

10/2012

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Philosophie

Le travail des images

La pensée de Jacques Rancière a profondément modifié la réflexion contemporaine, en particulier dans sa façon nouvelle d'articuler les rapports entre esthétique et politique. Bien qu'elle ait pris une place grandissante dans son oeuvre, à la faveur des derniers livres notamment, la question des images et de leur pouvoirs n'avait pas encore fait l'objet d'une interrogation spécifique. Une conversation, assortie d'une introduction par Andrea Soto Calderón, afin de mieux cerner en quoi les images sont le site d'une reconfiguration des possibles.

04/2019

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Cinéastes, réalisateurs

Pedro Costa. Les chambres du cinéaste

" Le cinéma ne peut pas être l'équivalent de la lettre d'amour ou de la musique des pauvres. Il ne peut plus être l'art qui simplement rend aux humbles la richesse sensible de leur monde. Il lui faut se séparer, consentir à n'être que la surface où cherche à se chiffrer en figures nouvelles l'expérience de ceux qui ont été relégués à la marge des circulations économiques et des trajectoires sociales. Il faut que cette surface accueille la scission qui sépare le portrait et le tableau, la chronique et la tragédie, la réciprocité et la fêlure. Un art doit se faire à la place d'un autre. La grandeur de Pedro Costa est d'accepter et de refuser en même temps cette altération, de faire en même temps le cinéma du possible et celui de l'impossible. " - Jacques Rancière Ce livre rassemble d'abord cinq textes consacrés par Jacques Rancière au cinéma de Pedro Costa, puis des conversations entre le philosophe et Cyril Neyrat autour de moments choisis des films du cinéaste ; enfin, des discussions publiques entre Jacques Rancière et Pedro Costa, au Musée Reina Sofia de Madrid, à l'Institut français de Barcelone et à Lille (manifestation " Cité Philo ").

07/2022

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Esthétique

Les Voyages de l'art

Le moment où l'art a été identifié comme une sphère d'expérience autonome et installé dans les musées et les salles de concert est aussi celui où s'est imposée à lui la nécessité de sortir de lui-même, de devenir autre chose que de l'art. La musique a prétendu être plus que l'art des musiciens : la langue de l'esprit ou le drame de l'avenir. L'architecture a voulu construire non plus seulement des bâtiments, mais un monde nouveau et cherché pour cela à s'envoler dans les airs. Les artistes révolutionnaires ont décidé de confectionner non plus des tableaux, mais les formes de la vie nouvelle. Et les performances et installations de l'art contemporain se tiennent sur la frontière indécise du dedans et du dehors, de l'art et de la politique. En suivant quelques-uns de ces voyages, Jacques Rancière montre aussi comment les vieux maîtres, Kant et Hegel, nous aident à en comprendre les détours.

09/2023

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Philosophie

Chroniques des temps consensuels

Le consensus ne signifie pas la pacification des esprits et des corps. Nouveau racisme et épurations ethniques, guerres humanitaires et guerre à la terreur sont au cœur des temps consensuels; les fictions cinématographiques de la guerre totale et du mal radical ou les polémiques intellectuelles sur l'interprétation du génocide nazi figurent aussi en bonne place dans ce livre. Le consensus n'est pas la paix. Il est une carte des opérations de guerre, une topographie du visible, du pensable et du possible où loger guerre et paix. Il est aussi un usage du temps qui lui confie mille tours: diagnostic incessant du présent et politiques de l'amnésie, adieux au passé, commémorations, devoir de mémoire, explications des raisons pour lesquelles le passé refuse de passer, répudiation des avenirs qui prétendaient chanter, exaltation du siècle nouveau et des utopies nouvelles. Ces tours et détours vont vers un même but: montrer qu'il n'y a qu'une seule réalité à laquelle nous sommes tenus de consentir. Ce qui s'oppose à cette entreprise a un nom simple. Cela s'appelle la politique. Ces chroniques voudraient contribuer à rouvrir l'espace qui la rend pensable. J. R.

10/2005

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Sciences historiques

La nuit des prolétaires. Archives du rêve ouvrier

Tout commence à la tombée de la nuit quand, dans les années 1830, un certain nombre de prolétaires décident de briser le cercle qui place le sommeil réparateur entre les jours du salaire : cercle d'une existence indéfiniment vouée à entretenir les forces de la servitude avec celles de la domination, à reproduire le partage qui destine les uns aux privilèges de la pensée, les autres aux servitudes du travail. Le rêve éveillé de l'émancipation ouvrière est d'abord la rupture de cet ordre du temps qui structure l'ordre social, l'affirmation d'un droit dénié à la qualité d'être pensant. Suivant l'histoire d'une génération, ce livre met en scène la singulière révolution intellectuelle cachée dans le simple nom de "mouvement ouvrier". Il retrace ses chemins individuels et collectifs, ses rencontres avec les rêves de la communauté et les utopies du travail nouveau, sa persistance dans la défection même de l'utopie.

11/2012

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Sciences politiques

La haine de la démocratie

Hier encore, le discours officiel opposait les vertus de la démocratie à l'horreur totalitaire, tandis que les révolutionnaires récusaient ses apparences au nom d'une démocratie réelle à venir. Ces temps sont révolus. Alors même que certains gouvernements s'emploient à exporter la démocratie par la force des armes, notre intelligentsia n'en finit pas de déceler, dans tous les aspects de la vie publique et privée, les symptômes funestes de l'" individualisme démocratique " et les ravages de l'" égalitarisme " détruisant les valeurs collectives, forgeant un nouveau totalitarisme et conduisant l'humanité au suicide. Pour comprendre cette mutation idéologique, il ne suffit pas de l'inscrire dans le présent du gouvernement mondial de la richesse. Il faut remonter au scandale premier que représente le " gouvernement du peuple " et saisir les liens complexes entre démocratie, politique, république et représentation. A ce prix, il est possible de retrouver, derrière les tièdes amours d'hier et les déchaînements haineux d'aujourd'hui, la puissance subversive toujours neuve et toujours menacée de l'idée démocratique.

10/2005

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Cinéma

La fable cinématographique

Une fillette et son tueur devant une vitrine, une silhouette noire descendant un escalier, la jupe arrachée d'une kolkhozienne, une femme qui court au-devant des balles : ces images signées Lang ou Murnau, Eisenstein ou Rossellini, iconisent le cinéma et cachent ses paradoxes. Un art est toujours aussi une idée et un rêve de l'art. L'identité de la volonté artiste et du regard impassible des choses, la philosophie déjà l'avait conçue, le roman et le théâtre l'avaient tentée à leur manière Le cinéma ne remplit pourtant leur attente qu'au prix de la contredire. Dans les années 1920, on vit en lui le langage nouveau des idées devenues sensibles qui révoquait le vieil art des histoires et des personnages. Mais il allait aussi restaurer les intrigues, les types et les genres que la littérature et la peinture avaient fait voler en éclats. Jacques Rancière analyse les formes de ce conflit entre deux poétiques qui fait l'âme du cinéma. Entre le rêve de Jean Epstein et l'encyclopédie désenchantée de Jean-Luc Godard, entre l'adieu au théâtre et la rencontre de la télévision, en suivant James Stewart dans l'Ouest ou Gilles Deleuze au paye, des concepts, il montre comment la fable cinématographique est toujours une fable contrariée. Par là aussi, elle brouille les frontières du document et de la fiction. Rêve du XIXe siècle, elle nous raconte l'histoire du XXe siècle.

10/2001

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Sociologie politique

Les trente inglorieuses. Scènes politiques

Il y a trente ans les augures annonçaient le triomphe mondial de la démocratie et l'avènement d'un âge consensuel où la considération réaliste des problèmes objectifs engendrerait un monde apaisé. Si ces belles espérances ont été cruellement démenties, ce n'est pas seulement par l'agression de forces externes. C'est de l'intérieur que le consensus s'est révélé comme la violence d'un capitalisme absolutisé et comme une machine à fabriquer toujours plus d'inégalité, d'exclusion et de haine. Les interventions réunies ici suivent les étapes de ce retournement à travers les campagnes de la pax americana, de l'invasion de l'Irak à celle du Capitole, et la progression continue chez nous d'un racisme d'en haut qui a su enrôler à son service les progressismes désenchantés. Mais elles s'attachent aussi à suivre la dynamique des mouvements qui n'ont cessé d'affirmer, contre la logique mortifère du consensus, la puissance des égaux assemblés et leur capacité d'inventer d'autres formes de monde.

01/2022

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Critique littéraire

Les noms des l'histoire. Essai de poétique du savoir

Une histoire, au sens ordinaire, c'est une série d'événements qui arrivent à des sujets généralement désignés par des noms propres. Or la révolution de la science historique a voulu révoquer le primat des événements et des noms propres au profit des longues durées et de la vie des anonymes. C'est ainsi qu'elle a revendiqué en même temps son appartenance à l'âge de la science et à l'âge de la démocratie. Mais l'âge de la démocratie et de la science des grands nombres est aussi celui du trouble littéraire et révolutionnaire : de la multiplication des paroles, des récits séduisants et des mots excessifs. Des rois y perdent leur tête et la rationalité semble parfois s'y abîmer. Les historiens veulent garder leur tête et connaître les choses en les dépouillant de leurs noms trompeurs. Mais les choses de l'histoire ont cette propriété déroutante de s'évanouir quand on veut les rendre à leur simple réalité. La limite de la croyance scientiste en histoire, c'est l'évanouissement de l'histoire elle-même, le nihilisme révisionniste et la rumeur désenchantée de la fin de l'histoire. Il apparaît alors que l'histoire, pour devenir science sans se perdre elle-même, a besoin de quelques tours de littérature : une autre manière de raconter la mort des rois, un autre usage des temps du récit et l'invention de personnages d'un genre nouveau, les témoins muets. C'est seulement ainsi qu'elle peut articuler en un seul discours un triple contrat scientifique, narratif et politique. Dans ce livre, Jacques Rancière propose une poétique du savoir : étude de l'ensemble des procédures littéraires par lesquelles un discours se soustrait à la littérature, se donne un statut de science et le signifie. La poétique du savoir s'intéresse aux règles selon lesquelles un savoir s'écrit et se lit comme discours spécifique. Elle cherche à définir le mode de vérité auquel il se voue.

10/1992

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Ouvrages généraux

Penser l'émancipation

Penser l'émancipation, c'est maintenir ouverte la capacité de changer la vie en démocratie. Un autre monde est possible. Par la redistribution des places dans la société, la résistance à l'économie de marché, la relance écologique, l'engagement des femmes ou encore la mobilisation de la jeunesse. "? Ces cinq riches dialogues avec l'auteur du Maître ignorant et du Partage du sensible réussissent la synthèse de plusieurs concepts essentiels de la philosophie de Jacques Rancière. ? " Nicolas Mathey, L'Humanité Jacques Rancière est l'une des plus grandes figures intellectuelles contemporaines. Auteur d'une soixantaine de livres, il est traduit et commenté dans le monde entier. Aliocha Wald Lasowski est philosophe. Il a déjà publié une vingtaine de livres, traduits en plusieurs langues.

11/2023

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Autres

Les mots et les torts. Dialogue avec Javier Bassas

En dialoguant avec le jeune philosophe espagnol - et traducteur de ses ouvrages - Javier Bassas, Jacques Rancière explicite et illustre une idée qui est au coeur de tout son travail : les mots ne sont pas, comme on le dit souvent, les ombres auxquelles s'oppose la réalité solide des choses. Les mots sont eux-mêmes des réalités dont l'action construit ou subvertit un ordre du monde. En politique, le combat des opprimés a constamment emprunté aux maîtres leurs mots et détourné le sens de ces mots pour briser le consensus, c'est-à-dire le rapport établi entre les choses et les mots qui compose le paysage sensible de la domination. Cette puissance des mots qui défait un ordre établi en subvertissant le paysage normal du visible, Jacques Rancière la montre encore à l'oeuvre dans les mouvements démocratiques récents depuis la révolution de jasmin tunisienne jusqu'aux mouvements d'occupation des places. Rendre compte de cette puissance des mots dans les combats de l'émancipation implique toute une conception de l'écriture. En répondant aux questions acérées de son interlocuteur, Jacques Rancière revient, pour l'expliciter, sur une autre thèse qui soutient tout son travail : l'écriture n'est pas l'illustration de la pensée Elle est un travail de la pensée qui défait le tissu consensuel des rapports entre le perceptible et le pensable. L'écriture a été pour lui le moyen de faire sauter les barrières qui excluent ou hiérarchisent : séparation des compétences disciplinaires et, plus radicalement encore, séparation entre ceux qui pensent et ceux qui sont tout au plus des objets de pensée. Dans l'écriture philosophique comme dans les processus d'émancipation politiques, il s'agit de construire des plans d'égalité en détruisant les barrières qui enferment les humains, leur expérience et leur pensée dans des mondes séparés. C'est ainsi tout un discours de la méthode égalitaire que Jacques Rancière développe dans ce dialogue et que Javier Bassas l'amène à préciser en confrontant ses analyses à d'autres entreprises théoriques : marxisme althussérien, phénoménologie ou déconstruction derridienne.

02/2021

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Notions

Penser l'émancipation

Penser l'émancipation, c'est maintenir ouverte la capacité de changer la vie en démocratie. Un autre monde est possible. Par la redistribution des places dans la société, la résistance à l'économie de marché, la relance écologique, l'enga­gement des femmes ou la mobilisation de la jeunesse. En cinq dialogues, Jacques Rancière et Aliocha Wald Lasowski échangent sur les formes, expériences et partages de l'émancipation. Cinq domaines sont abordés ? : la réinvention du politique, la création en art, la pratique littéraire, l'héritage de la philosophie marxiste, la révolution populaire du cinéma. Autant d'étapes décisives sur le terrain des luttes et des idées, dans la mêlée de projets concrets, utopistes ou radicaux, pour imaginer le monde de demain. Jacques Rancière est l'une des plus grandes figures intellectuelles contemporaines. Auteur d'une soixantaine de livres, il est traduit et commenté dans le monde entier. Aliocha Wald Lasowski est philosophe. Il a déjà publié une vingtaine de livres traduits en plusieurs langues.

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Essais

Psychanalyse, philosophie et politique. Le sujet en questions - Entretiens avec O. Mannoni, F. Dolto, E. Jalley, S. Kofman, M. Godelier, C. Melman, V. Jankelevitch, D. Lecourt, J. Ranciere

Le fil rouge de ce recueil d'entretiens concerne la question du sujet en psychanalyse, philosophie et politique. Dès les années 1980, ces figures, O. Mannoni, F. Dolto, S. Kofman, V. Jankélévitch, C. Melman, E. Jalley, M. Godelier, D. Lecourt, J. Rancière, ont accompagné toute une génération. Au-delà de l'écrit, leurs paroles témoignent des enjeux toujours actuels de la psychanalyse et révèlent un véritable nouage entre la philosophie, la psychanalyse et le politique.

11/2021

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Autres

Philosophique 2022. l'esthetique, le principe

La présente livraison est principalement articulée autour de deux thèmes de l'agrégation de philosophie, l'esthétique et le principe. L'intérêt est double : offrir des études sur des auteurs classiques (Hegel, Kant, Duns Scot, Arendt) aux agrégatifs, et ouvrir des pistes de réflexion en donnant à voir certains problèmes de la recherche philosophique actuelle. Ce numéro contient également un entretien avec Louis Ucciani, l'occasion d'un regard rétrospectif sur le parcours de celui qui fut le directeur de la revue jusqu'à présent ; ainsi que trois notes de lecture consacrées à Jacques Bouveresse, Jean-Hugues Barthélémy et Jacques Rancière.

03/2022

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Philosophie

La démocratie des murmures

L'abstention, le désintérêt, le désespoir et la haine que suscite "la politique" appellent à changer désormais la stratégie. Le terme de stratégie, interrogé sous le prisme des implications que peuvent avoir ses connotations militaires en termes d'affects et de désaffection, le type d'action politique qu'il parait induire, ouvre un commentaire précis de Jacques Ranciére, de ses positions et intentions. En passant par la littérature, car "l'homme est un animal politique parce que c'est un animal littéraire", Vincent Jarry dessine alors autre chose en résonance : une démocratie des murmures loin des donneurs de leçon, piste pratique cherchant à conjurer le manque de sensibilité dont souffre trop souvent le militantisme.

02/2019

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Essais

Almanach de cinéma. Edition 2023

Emmanuelle André - Jacques Aumont - Paul Aymé - Raymond Bellour - Bernard Benoliel - Anne Bertrand - Damien Bertrand - Christa Blümlinger - Jacques Bontemps - Gabriel Bortzmeyer - Nicole Brenez - Erik Bullot - Mathieu Capel - Amadis Chamay - Serge Daney - Pierre Eugène - Jean-Paul Fargier - Harun Farocki - Hélène Frappat - Jean-Michel Frodon - Oliver Fuke - Hervé Gauville - Yervant Gianikian - Matthieu Gounelle - Philippe Grandrieux - Marie Anne Guerin - Ryûsuke Hamaguchi - Shiguéhiko Hasumi - Vinzenz Hediger - Nicolas Helm-Grovas - Radu Jude - Friedrich Kittler - Alexander Kluge - Romain Lefebvre - Mathieu Macheret - Catherine Malabou - Eva Markovits - Kira Mouratova - Laura Mulvey - Raphaël Nieuwjaer - Jacques Rancière - Mark Rappaport - Clément Rauger - Bert Rebhandl - Judith Revault d'Allonnes - Jacques Rivette - Jonathan Rosenbaum - Peter Szendy - Noah Teichner - Antoine Thirion - Marcos Uzal - Amos Vogel - Peter Wollen - Dork Zabunyan - Eugénie Zvonkine.

12/2022

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Notions

Abécédaire de la déconstruction

Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Michel Foucault : tels sont certainement des noms qui résonnent à l'oreille de nos contemporains. Et il s'agit, en effet, des philosophes les plus connus d'un courant de pensée que l'on peut raisonnablement qualifier de "déconstruction". Toutefois, loin de se limiter à l'étude de ces trois figures, cet Abécédaire de la déconstruction aborde également les idées et les concepts développés par Maurice Blanchot, Roland Barthes, Jacques Rancière, Jean-Luc Nancy, Giorgio Agamben, Judith Butler et par bien d'autres encore. C'est le succès rencontré par la déconstruction dans les milieux intellectuels, tant à l'Université que dans la sphère politico-médiatique, qui se trouve à l'origine de cet ouvrage.

03/2021

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Géopolitique

L'arme invisible de la Françafrique. Une histoire du franc CFA

Lorsque ses colonies d'Afrique ont accédé à l'indépendance, à l'orée des années 1960, la France a réussi un tour de passe-passe redoutable. Elle a of ? ciellement reconnu la souveraineté politique des nouveaux Etats tout en gardant la mainmise sur leur économie grâce à une arme aussi puissante qu'invisible : leur système monétaire. Depuis la création en 1945 du franc des colonies françaises d'Afrique (CFA), le sigle a évolué et désigne désormais deux monnaies : celle de la " communauté ? nancière africaine " en Afrique de l'Ouest et celle de la " coopération ? nancière en Afrique centrale ". Mais c'est toujours Paris qui décide de la valeur externe de ces monnaies. Et la zone franc, qui assurait le contrôle économique des colonies, garantit encore à l'économie française un avantage comparatif sur le continent africain. Les auteurs décortiquent ces mécanismes monétaires et racontent comment les dirigeants français ont combattu tous ceux, experts ou dirigeants africains, qui se sont élevés contre cette servitude monétaire. Depuis quelques années, le franc CFA est également devenu l'enjeu de luttes populaires. Conscients que les questions économiques sont éminemment politiques, les citoyens africains sont de plus en plus nombreux à réclamer une pleine souve-raineté monétaire.

01/2024