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Rebatet

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Histoire de France

Lucien Rebatet. Le fascisme comme contre-culture

L’attribution du prix Nobel de littérature 2014 a fait resurgir les fantômes des années noires de l’histoire française. Patrick Modiano a été le premier écrivain à explorer les tabous de notre mémoire et à s’introduire dans l’imaginaire des collabos. Dans Place de l’Etoile, dès 1968, il évoque ainsi Céline et Rebatet, le maître et le disciple, deux prophètes de l’ordre nouveau nazi fondé sur le rejet de la culture des Lumières. Les historiens se sont ensuite emparés du dossier qui a suscité des débats animés. Parmi les sujets encore discutés et disputés la nature du régime de Vichy, les enjeux de la collaboration et l’existence d’un fascisme tricolore. Ce livre se propose de réexaminer cette question à travers la biographie d’une des plus éminentes figures de la collaboration : Lucien Rebatet (1902-1972). Critique d’art renommé, signature emblématique de l’hebdomadaire fasciste Je suis pari tout, il est l’auteur du best- seller de l’Occupation avec Les Décombres, pamphlet torrentiel célébrant la défaite comme la promesse d’une Europe «libérée» de la démocratie et du judéo-christianisme. Condamné à mort à la Libération, puis gracié, c’est en prison qu’il tente de devenir le «véritable» écrivain qu’il rêvait d’être depuis toujours en publiant chez Gallimard un-puissant et talentueux roman autobiographique, Les Deux Etendards. Rebatet en attendait un effet de rédemption littéraire et de relativisation de son engagement politique. Comme chez d’autres écrivains collabos, on observe aujourd’hui une tendance de la mémoire à opposer et à rendre inconciliables l’engagement et l’oeuvre. Comme si la culture pouvait immuniser contre le pire. Le point de vue de ce livre est différent, il défend l’idée que c’est en récusant cette vision binaire de l’itinéraire politico-littéraire de Rebatet que l’on peut accéder à la matrice originelle de son engagement : une vision crépusculaire de l’homme qui s’inscrit parfaitement dans l’idéologie pessimiste et agonique des fascismes européens. Or, cette conception n’a pu trouver audience en France autrement que sous la forme d’une contre-culture minoritaire, que ce soit sous la République ou sous Vichy, impuissante à ébranler les fondements de l’identité républicaine française.

11/2015

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Histoire de France

Le dossier Rebatet. Les décombres ; L'inédit de Clairvaux

Lucien Rebatet est l’auteur d’un livre maudit qui fut le best-seller de l’Occupation : Les Décombres, livre qui lui a valu, entre autres raisons, d’être condamné à mort en 1946 avant qu’il voie sa peine commuée en détention à perpétuité. Ce texte est réédité dans son intégralité pour la première fois depuis 1942, après avoir reparu dans les années 1970 amputé de ses chapitres les plus délirants, notamment celui intitulé «Le ghetto». Pour la première fois aussi, alors que l’ouvrage est en libre accès sur le Net, il est accompagné d’un appareil critique conséquent, qui permet de le lire en connaissance de cause, de le resituer dans le climat de l’époque, avec ses outrances, ses haines et ses préjugés dont Rebatet fut l’un des plus véhéments porte-parole. Annoté par l’une des meilleures spécialistes de l’Occupation, Bénédicte Vergez-Chaignon, ce livre, emprunt d’un antisémitisme viscéral et obsessionnel, apparaît aujourd’hui comme un document historique édifiant sur l’état d’esprit, les phobies et les dérives de toute une génération d’intellectuels se réclamant du fascisme. L’auteur n’étant pas dénué de talent d’écriture, comme l’ont prouvé ses romans, notamment Les Deux Etendards, publiés par la NRF, et son Histoire de la musique, qui figure au catalogue «Bouquins», Les Décombres constituent également une oeuvre littéraire à part entière, reconnue comme telle, y compris par ses détracteurs les plus résolus. Ce Dossier ne manquera pas de susciter réactions et commentaires quant à l’opportunité de sa publication. Pascal Ory, qui a soutenu dès l’origine l’idée d’une réédition intégrale, mais encadrée et commentée, fournit dans une préface très éclairante les explications qui la justifient aujourd’hui.

10/2015

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Musique, danse

Une histoire de la musique

L'ouvrage est admirable. L'étendue des connaissances confond chez un simple mélomane. La science séduit, mais aussi l'entrain, la clarté, l'équilibre, une équité remarquable, la constance dans la sûreté et l'autorité du jugement. Cette Histoire s'adresse à tous ceux qui voient dans la musique autre chose qu'un fond sonore et ne se contentent pas de ce que l'on appelle la musique d'ameublement. Elle s'adresse aussi aux simples amateurs de lecture. C'est l'oeuvre d'un écrivain comme on en voit peu. Quand on a entre les mains un livre de ce genre, on peut difficilement résister au plaisir de l'ouvrir dans tous les sens pour voir ce que l'auteur dit de celui-ci ou de celui-là. Ce n'est pas du tout comme cela qu'il faut lire Une histoire de la musique. Ce vaste et foisonnant récit n'a rien d'un catalogue, ni même d'une galerie de portraits. Aussi ce livre est-il d'un bout à l'autre le livre du mouvement. On y suit la marche constante de la musique, on y refait ses conquêtes, depuis les flûtes aurignaciennes, 60000 ans avant Jésus-Christ, jusqu'à Boulez et Xenakis. Sous peine de n'y pas saisir grand-chose, il faut le prendre au départ et suivre son merveilleux courant.

03/2012

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Littérature française

Lettres de prison. Adressées à Roland Cailleux, 1945-1952

L'homme incarcéré à Fresnes après la Libération pour intelligence avec l'ennemi n'est plus l'auteur adulé des Décombres. En pleine déroute, Rebatet, polémiste antiparlementaire, antibourgeois et antisémite qu'il était depuis 1935, n'aspire plus qu'au roman. En prison, il lit beaucoup et écrit à son confident épistolaire Roland Cailleux, qui l'incite à terminer Les deux étendards. Ce roman cristallise tout l'enjeu de la correspondance ; son aboutissement occulte très vite toute autre préoccupation. Et l'incertitude sur le temps qui lui reste à vivre en prison, si elle le stimule jusqu'à sa condamnation à mort, puis jusqu'à sa grâce, devient intolérable dès qu'il se sait sauvé.

08/1998

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Littérature française

Les deux étendards

Michel est un garçon de vingt ans, ancien élève des Pères, ardent, intelligent et pauvre, qui débarque à Paris dans les années vingt pour y terminer ses études. Il découvre Paris : musique, peinture, théâtre, littérature, et le plaisir. Il y a de quoi l'enivrer quand intervient un événement qui le fait changer de direction. Son ami Régis, demeuré à Lyon, lui apprend qu'il veut devenir prêtre, et même jésuite, et en même temps qu'il aime une jeune fille nommée Anne-Marie. Quand Régis entrera au Séminaire, Anne-Marie commencera son noviciat dans un ordre féminin. L'évocation de l'amour mystique et pur, mais brûlant, qui les unit, bouleverse si bien Michel qu'il tombe à son tour amoureux d'Anne-marie sitôt qu'il la rencontre. Le seul moyen de rejoindre Anne-Marie lui paraît être de rejoindre à la fois Régis et Anne-Marie dans leur aventure spirituelle...

09/1991

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Littérature française

Les Epis mûrs

Rebatet ! Lucien Rebatet ! On entend déjà les commentaires. À quoi bon exhumer, rendre à la lumière, rehausser sur le pavois éditorial, photo d’époque, préface émue et dossier critique, les oeuvres de celui qui fut, après avoir bataillé à l’Action française, le porte-plume le plus incisif et vitriolant de la Collaboration intellectuelle. Celui qui, à côté de la grande et déferlante célinienne, sanieuse, somptueuse, offrit, avec Les Décombres un scanner amer de l’avant-guerre et de la défaite de 40, pointant là ce qui, pour lui, était les signes sombres de la décadence française : les politiciens, la démocratie, les juifs. En effet, pourquoi. Parce qu’il y a, à Rebatet, un autre Rebatet. Au publiciste pronazi répond en effet, dès les années trente, un esthète, un amateur encyclopédique de littérature, peinture, cinéma et, avant tout, un musicologue éclairé, ardemment moderniste. Ce dernier, on le trouvera s’exprimant dans l’opulente Une histoire de la musique, mais également dans ces Épis mûrs que Gallimard publia en 1954 et que réédite aujourd’hui Le Dilettante avec une étude du critique musical Nicolas d’Estienne d’Orves. Ce Doktor Faustus (Thomas Mann) à la française déploie pour nous le destin fracassé de Pierre Tarare, rejeton frondeur d’un chapelier et d’une mère anxieuse et surtout, avant tout, génie musical en herbe. Depuis les premiers tapotis prometteurs sur le piano familial jusqu’à l’adoubement solennel de Fauré et d’Enesco, ce roman nous expose la croissance contrariée, l’expansion douloureuse d’un autre Berlioz ou Wagner, infatigable et conscient de son avant-gardisme génial. Une « courbe de vie » endiguée par la férule imbécile du père, troublée par les soubresauts de la sexualité et le traditionalisme, finalement bienveillant, des professeurs. À l’heure de la reconnaissance et de la célébrité internationale, c’est un autre tonnerre qui attend Pierre Tarare : celui de la Première Guerre mondiale. Chronique d’un gâchis dénoncé, ce roman est également une peinture passionnée, et cocasse, des combats houleux de la modernité musicale des années trente. Comment a-t-il pu y avoir des « maîtres chanteurs » à « Nuremberg » ? Telle est toujours la question.

04/2011

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Critique littéraire

Etude sur la composition des Deux Etendards

François Mitterrand divisait le monde entre " ceux qui avaient lu Les Deux Etendards et ceux qui ne l'avaient pas lu ". Le roman de Lucien Rebatet (1903-1972) est pourtant un ouvrage tabou depuis sa parution en 1952 chez Gallimard. Et malgré ses 20 000 exemplaires écoulés, il demeure selon Georges Steiner " l'un des chefs d'oeuvre secrets de la littérature moderne ". Les Deux Etendards n'aborde pourtant pas la politique mais l'amour, la religion et l'art. Son intrigue a pour protagonistes trois jeunes gens : Michel, le double de l'auteur qui dans les années vingt rejette son éducation cléricale et monte à Paris pour se consacrer à l'art et à la séduction ; Régis, son ami d'enfance qui habite Lyon où il étudie pour intégrer la Compagnie de Jésus, et Anne-Marie, lycéenne pure et mystique qui vit une relation, telle Héloïse, avec ledit Régis... Ce qu'il en advient constitue le noeud et le génie d'un roman qui éclaire subtilement le sort de notre condition humaine. Etude sur la composition des Deux Etendards, rédigé à Clairvaux derrière les barreaux, entre 1950 et 1951, est un document inédit, unique et fascinant qui lève le voile sur le processus intime de la création romanesque à travers l'histoire d'une oeuvre et de sa gestation. C'est le roman d'un roman, qui se lit comme un roman.

04/2017

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Théâtre

Des ruines

Des ruines est ce premier volet où l'auteur s'ouvre à la fragilité et convoque ces ruines qui l'ont constitué, de l'esclavage à la dictature, de l'intime à la mondialisation, ou comment se reconstruire sur les champs de ruines, comment renaître et rester debout, de là où il écrit ? Les mots sont des piliers, la voix rebâtit l'édifice du corps.

03/2013

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Sciences politiques

Vingt ans d'Action Française et autres souvenirs

Qualifié par Lucien Rebatet de "chef d'oeuvre ignoré", Vingt ans d'Action Française, paru en 1926, a été pillé par les historiens du mouvement royaliste, mais il n'avait jamais été réédité. Voila que la chose est faîte. Son auteur, Louis Dimier (1865-1943), fut membre de l'Action Française dès son origine et y joua un rôle important jusqu'en 1920 : conférencier, journaliste, administrateur du quotidien, président de la Ligue d'Action Française. De ce fait, nul autre que lui n'était mieux placé pour relater les vingt premières années du grand mouvement monarchiste français et pour décrire ses grandeurs et ses faiblesses ainsi que celles de son maître, Charles Maurras.

01/2017

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XXe siècle

Rencontre à La Boisserie

5 décembre 1946 : Georges Bernanos rend visite à Charles de Gaulle, lequel tenait à lui présenter sa fille Anne, dix-huit ans et trisomique. De cette rencontre historique, Christophe Gaillard tire le roman présenté ici, dans lequel on découvre la face cachée du Général, ainsi que les intérêts méconnus de l'écrivain. Le tout se cristallisant autour du personnage fragile de la fille, le drame intime de la famille De Gaulle. Parfaitement documenté, cette rencontre est remarquablement mise en valeur par la prose efficace de l'auteur : "Excusez-moi, mon cher ami, jamais, jamais je ne vais savoir être vieux ! J'aurai jusqu'à ma mort l'âme d'un potache. Potache, podagre, pochard... Je ne sais dans quel ordre de préférence mettre ces trois morts. "Ce pochard de Bernanos", disait ce fumier de Rebatet."

09/2023

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Littérature française

Pensees et aphorismes

De tous les écrivains voués aux gémonies à la Libération, il est celui qui a refusé de baisser la tête, qui ne s'est pas excusé ni soumis. Pierre-Antoine Cousteau, journaliste de talent, est avant tout un combattant, un bretteur, un "puncheur" . Ses pensées, aphorismes et autres impitoyables sentences restent autant de "coups de revolver" tirés au milieu de l'assommant concert du conformisme ambiant. Dans ce recueil, qui regroupe deux carnets inédits et des extraits de son journal de prison, il brocarde tour à tour et non sans humour Dieu, la démocratie, les moralistes, "les gens de la Conscience universelle" . Décrit par son ami Rebatet comme "le plus voltairien de nous tous" , il nous livre le témoignage caustique d'une pensée iconoclaste qui ne s'est jamais reniée.

11/2021

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Sciences politiques

Chroniques pour une révolution conservatrice. Tome 3

Dans ce volume, Rodolphe Arfeuil a lu pour nous des ouvrages politiques, philosophiques, mais aussi des essais historiques, des romans et des ouvrages religieux. Le combat politique ne se déroule plus uniquement sur un échiquier droite-gauche piégé par les valeurs dites indépassables que sont la démocratie et le libéralisme, mais il se situe nécessairement aujourd’hui sur une sphère anthropologique et métaphysique. Dans ces Chroniques pour une révolution conservatrice 3, Rodolphe Arfeuil nous livre ses lectures de : Marc Crapez, Jean-Louis Harouel, Alain Quilici, Oliver Stone, Paul Yonnet, François Huguenin, Jean d’Ormesson, Natacha Polony, Pierre de Villiers, Régis Debray, Eric Zemmour, Sébastien de Courtois, Marcel Gauchet, Etienne de Montety, Rod Dreher, Michel Bernard, Réginald Gaillard, Patrice Jean, Robert Redeker, Bertrand Lançon, François Cheng, Benoît Duteurtre, Lucien Rebatet, Jean Raspail, Pierre Le Goff, Xavier Grall, Rémi Brague et quelques autres.

10/2019

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Vichy

Le grand festin des collabos. A l'ombre du Maréchal, une grande galerie de portraits

On a voulu faire du mot " collaboration " un bloc, un collectif qui serait né de l'attractivité pour le nazisme, c'est mal connaitre le sujet que d'accepter cette vision à la fois fausse et réductrice qui mettrait sur le même plan, des industriels, des artistes de cinéma, des fanatiques idéologiques, des journalistes, des soldats... Plus grave encore, elle refuserait de faire apparaître de très fortes oppositions intellectuelles d'hommes venus de tous les horizons politiques. Pour comprendre (ou tenter de se replacer dans un contexte en rapport avec l'époque), l'auteur nous propose un texte émaillé de nombreuses références politiques, littéraires, culturelles... Et nous offre aussi une galerie de portraits, noms souvent évoqués et détestés, mais sur lesquels il reste beaucoup à apprendre : Pétain et Laval, bien sûr, Doriot, Fernandez, Déat, Brasillach, Rebatet, Drieu La Rochelle, Darnnd, Luchaire, Céline, Le Vigan, Paquis, De Brinon, Mauras Saint-Loup, Bonnard, Arletti...

03/2021

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Littérature française

Les Maudits. Ces écrivains qu’on vous interdit de lire

Les " maudits ", ce sont les écrivains épurés à la Libération : Brasillach, Drieu la Rochelle, Rebatet, Céline, et plus d'une centaine d'autres, entraînés, plus ou moins consciemment, dans la grande fièvre politique des années 1930 et 1940. Loin d'amener à remettre les choses en perspective, le temps qui s'est écoulé a au contraire favorisé la banalisation d'une imagerie manichéenne, où il n'y a plus que des (très) bons et des (très) méchants. Les opinions ont été transformées en délits, et une pensée unique veut imposer les limites d'un culturellement correct. Il existe une littérature immorale et des auteurs indécents, et leur traque est de salubrité publique. C'est contre cette grande entreprise de la bêtise universelle, contre cet " esprit des listes noires " que les auteurs, universitaires, journalistes ou écrivains eux-mêmes, mais toujours esprits libres, appellent à se dresser. Sans sombrer dans la bêtise inverse, ils nous invitent à lire les livres des " maudits " pour ce qu'ils sont : des livres, bons ou mauvais.

12/2019

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Critique littéraire

Céline seul

«J'ai désiré en finir une bonne fois avec la bêtise qui englue la question Céline. Bêtise des anticéliniens et bêtise des céliniens, cécité de Sartre et bêtise rebattue de Rebatet, bêtise maximale des antisémites et bêtise râleuse des moralisateurs...On a beaucoup écrit sur l'épineux cas Céline, de très bonnes choses parfois - rarement, qu'on se rassure -, mais il semble que nul n'ait traité la question en adoptant une position fondamentalement littéraire (ni historique, ni universitaire, ni psychanalytique, ni éthique, ni critique), en laissant autrement dit le texte de Céline penser la position spiralée de Céline. Prenant le parti de laisser le génie de Céline éclairer son propre parcours, j'ai découvert que du Voyage jusqu'à Rigodon, en passant par les pamphlets, Céline a su et a dit quel était son rapport à la question juive. Non point contre, mais face à face. Face à la Bible, et surtout face à Proust. Lecteur, la guerre est déclarée, il faut choisir ton camp. Non pas : Céline ou les juifs, mais : Céline, les juifs et la littérature, ou bien le reste du monde.»Stéphane Zagdanski.

12/1993

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Histoire de France

Les années interdites. Auteurs, journalistes et artistes dans la Collaboration

En 1940, suite à la défaite militaire de la France et à l'abolition de la République, nombreux sont les écrivains, artistes et journalistes à choisir la loyauté au maréchal Pétain, à relayer la propagande de Vichy ou à flirter avec l'occupant. Souvent par opportunisme, mais aussi par conviction. Moins de cinq ans plus tard, tous auront à répondre de leurs choix devant les tribunaux de l'épuration. Ceux, du moins, qui n'ont pas trouvé refuge à l'étranger ou argué de commodes "services rendus à la Résistance". Il y a ceux, fascinés par l'Allemagne hitlérienne, partisans de la collaboration, qui assument sans rien renier et le paieront parfois de leur vie (Brasillach, Céline, Drieu, Rebatet...). Ceux qu'aveuglèrent leur pacifisme, leur anticommunisme ou leur foi dans la Révolution nationale (Béraud, Chardonne, Jouhandeau, Maurras...). Ceux qui finirent par exprimer des regrets, tout en s'accordant des circonstances atténuantes (Denoël, Fernandel, Guitry, Montherlant...). Plus nombreux encore furent ceux qui parvinrent à dissimuler leurs "années interdites" et connurent après-guerre des carrières enviables : Audiard, Barjavel, Cocteau, Duverger, Vlaminck... Sans oublier quelques intellectuels insoupçonnables, tels Sartre, Beauvoir ou Duras, dont le comportement sous l'Occupation aura laissé à désirer.

11/2018

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Poches Littérature internation

Noeuds et dénouements

Quoyle est un ballot que la vie a piétiné. Petit journaliste dans une feuille des environs de Boston, il s'est marié à une harpie qui finira par le quitter, non sans avoir tenté de vendre leurs deux filles à un pédophile. A la mort de sa femme, il s'exile, le cœur brisé, avec ses filles et sa tante, au pays de ses ancêtres, Terre-Neuve. Peu à peu, il rebâtit sa vie comme une maison en ruine battue par des vents furieux. Nœuds et dénouement est l'histoire d'un homme et d'un père transfigurés par l'apprentissage d'un bonheur simple. " Il se peut parfois qu'un amour existe sans chagrin ni souffrance. " La charge émotive et la puissance d'évocation d'un des plus grands écrivains américains contemporains nous en convainquent.

09/2005

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Témoignages

Andréa. Je voulais juste être heureuse

L'histoire d'une relation toxique vécue par l'auteure, et les différentes étapes qui lui ont permises de se reconstruire et de s'épanouir dans sa nouvelle vie. Tombée au fond du trou à cause d'un homme qui na jamais compris qu'il était devenu le père de deux enfants et qui lui a fait vivre des années d'humiliations, de reproches et de violences. C'est ce qu'Andréa a vécu et qu'elle raconte en détail dans ce livre. Elle partage ici cette période de sa vie ainsi que les clefs de sa reconstruction, afin de donner de l'espoir à celles qui vivent ce genre de relation destructrice. Aujourd'hui elle rebâtit autour d'elle un univers simple et joyeux, loin du stress et des crises d'angoisse qu'elle n'a que trop enduré.

03/2021

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Histoire de France

Clairvaux en guerre. Chronique d'une prison (1937-1953)

Prison depuis le XIXe siècle, l'ancienne abbaye de Clairvaux renferme durant les sombres années de la Seconde Guerre mondiale, outre les " droit-commun ", nombre de détenus politiques. Sous l'Occupation, pour certains avant d'être déportés dans les camps nazis, communistes et opposants au nouveau pouvoir — dont Guy Môquet, Jean-Pierre Timbaud, Pierre Daix — y demeurent sous la seule garde de Français. Les Allemands, quant à eux, s'y rendent surtout pour exécuter des otages. Le conflit à peine terminé, vient le temps de l'épuration qui réunira, derrière les hauts murs, soutiens et responsables du régime de Vichy. Aux côtés d'anonymes, se retrouveront des noms célèbres, tels Charles Maurras, Xavier Vallat, Lucien Rebatet, Pierre-Antoine Cousteau, Jacques Benoist-Méchin... Lourdement condamnées, souvent pour haute trahison — parfois condamnées à mort —, toutes ces personnalités jouiront d'un étonnant régime de faveur et bénéficieront de grâces et de remises de peine successives qui allégeront considérablement leur incarcération. S'appuyant sur les archives pénitentiaires accessibles depuis peu, Dominique Fey et Lydie Herbelot retracent avec minutie, de 1937 à 1953, la vie quotidienne et le comportement de ces hommes — connus ou inconnus — emprisonnés dans un même lieu et qui furent, selon les périodes, espions à la solde de l'Allemagne, résistants ou collaborateurs.

01/2019

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Littérature française

Croque-vie - suite de casimir l'ardechois

Nul doute que le lecteur aura plaisir à retrouver Croque-Vie, ce personnage rencontré dans "Casimir l'ardéchois" , premier tome de la saga romanesque écrite par Guy Dürrenmatt. Nous avions laissé sa famille, le vieux Casimir (parpaillot républicain de la seconde moitié du XIX ème siècle), sa femme Lydie et leur petit-fils "Calamité" (Raymond Crouze de son vrai nom), tandis que ce dernier quittait le logis familial du hameau de Rebatet pour aller louer ses services.
C'est le temps des premiers sous gagnés chez le meunier de Mariguet, des premières amours, puis celui de l'armée. Il partira trois ans en Afrique, comme zouave et c'est là-bas, sous le soleil et les drapeaux, que Calamité recevra le surnom de Croque-vie. A son retour, il participera à la construction de la voie ferrée du Mastrou, d'abord comme manoeuvre puis comme employé aux écritures. Nous quitterons de nouveau "Calamité - Croque-vie" alors qu'il achète une épicerie à Lamastre après avoir fêté ses accordailles- à l'ardéchoise - avec Bertille, héroïne du prochain tome à paraître.
Ce roman, ponctué de vieux dictons en patois de là-haut, est un regard à la fois curieux et tendre, souvent inattendu sur la vie de toute une région. Guy Dürrenmatt, dont la mémoire est riche en souvenirs, nous offre une fois encore un ouvrage savoureux et réjouissant.

03/2010

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Sociologie

Sortir de l'antisémitisme ?

"Peut-on sortir de l'antisémitisme ? Et comment ? " Cette question conduit Pierre-André Taguieff à s'interroger sur le philosémitisme, qui désigne originellement, dans les rapports entre chrétiens et Juifs, le passage du mépris hostile au respect et à l'estime. Dans ce nouveau livre, il procède à l'examen approfondi des stratégies et des positions marquées par la haine ou la défense (ou l'amour), parfois ambiguë, des Juifs, auxquels on reproche soit leur universalisme, soit leur communautarisme. Ce livre examine les argumentations pro- et anti-juives développées par un ensemble d'auteurs et de figures publiques, du grand historien Michelet au journaliste Yann Moix. Il y est question des postures ambiguës des penseurs des Lumières, mais surtout de l'antisémitisme du XIXe siècle et du xxe sous toutes ses formes, ainsi que de l'antisionisme radical du XXIe. On croise des personnages aussi différents que Mirabeau, l'abbé Grégoire, Wagner, Nietzsche, Drumont, Zola, Renan, Bernard Lazare, Clemenceau, Barrès, Bloy, Bernanos, Blanchot, Gide, Maritain, plusieurs papes, Céline, Rebatet, Xavier Vallat, Alain, Sartre, Simone Weil, Arendt, etc. , dont Taguieff analyse avec brio les positions souvent variables, ambivalentes ou contradictoires, non sans traquer aussi les faux-semblants. Cet ouvrage fait oeuvre de salubrité publique. Il est précieux pour déchiffrer les nouvelles phraséologies des discours identitaires qui se plaisent à fantasmer l'ennemi, alimentant l'esprit du soupçon et aiguisant les tensions entre les groupes humains.

02/2022

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Actualité et médias

La droite brune. UMP-FN : Les secrets d'une liaison fatale

Sans chef, sans tuteur, sans repères, où va tomber la droite française ? Va-t-elle s'abandonner aux délices de son extrême, ce lepénisme à visage humain rafraîchi par la "fille du Diable" qui lui tend les bras pour accéder demain au pouvoir ? A défaut de réformer en profondeur le pays, le sarkozysme a changé la droite. Nicolas Sarkozy a engendré une véritable Révolution culturelle de la droite française. Seule la figure de Nicolas Sarkozy, autorité crainte et incontestée par les siens, garantissait l'UMP contre la tentation de l'extrême. Le chef à terre, l'UMP, orpheline, est désormais libre de se laisser aller à ces vieux démons de l'alliance "à droite toute". Travaillée par des idéologues tels Patrick Buisson ou Guillaume Peltier, l'UMP échafaude un corpus de "valeurs communes" avec le FN propres à sceller, demain, la grande "union des droites". C'est à une exploration de ces méandres idéologiques, et des arrières cuisines où se concoctent ces dangereux rapprochements entre droite et extrême droite, que nous invite cette enquête fouillée pleine de révélations et de témoignages inédits. Pour mieux comprendre sur quelles bases inquiétantes se rebâtit l'année zéro de la droite française.

10/2012

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Histoire de France

Pierre-Antoine, l'autre Cousteau

Qui ne connaît les milliers d'heures d'exploration sous-marine du célèbre commandant Jacques- Yves Cousteau ? Qui n'a jamais parcouru l'un ou l'autre de ses albums et apprécié son style d'écriture ? Il est pourtant "un autre Cousteau", son frère aîné Pierre-Antoine, né en 1906 à Paris, journaliste, polémiste et écrivain voltairien. Son fils Jean-Pierre présente ici sans langue de bois ni complaisance celui qui fut, d'après Jean Galtier-Boissière, "le plus brillant des chroniqueurs de sa génération". Venu de l'extrême gauche, il évolue vers le fascisme, notamment sous l'impulsion de Pierre Gaxotte et devient avec Lucien Rebatet et Robert Brasillach l'âme du quotidien collaborationniste Je suis partout. Auteur de canulars fameux dans les années trente, on lui doit le mythe d'un Edouard Herriot promu au grade supposé de colonel de l'Armée rouge lors de sa visite en URSS, et plusieurs livres d'une écriture exquise empreinte d'impertinence : Mines de rien, Les Lois de l'hospitalité, Hugothérapie, Proust digest, ainsi que Intra-muros, journal de prison encore inédit, et un recueil de Pensées. Condamné à mort à la Libération, il parvient à plusieurs reprises lors du procès à provoquer l'hilarité de l'assistance, et reçoit le soutien de Jacques Yonnet, résistant membre du parti communiste, qui témoigne à décharge : "c'est un ennemi loyal", et celui de son frère Jacques-Yves, résistant lui aussi, qui ose revêtir pour l'occasion son uniforme d'officier de marine, ce que De Gaulle ne lui pardonnera jamais. Gracié par Vincent Auriol en 1947, libéré en juillet 1953, il meurt prématurément des suites de sa captivité en 1958.

06/2016

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Critique littéraire

La littérature de la défaite et de la collaboration

Pour mieux l'asservir, l'Allemagne nazie voulait "libérer le peuple français de ses parasites" et lui révéler les sortilèges de la communauté des destins français et allemand menacés par la "ploutocratie anglo-saxonne" et le "judéo-bolchevisme". Mais ce peuple avait-il encore assez d'énergie vitale pour s'intégrer à "l'Europe nouvelle", ou continuerait-il à s'abimer dans sa décadence ? Le Reich pouvait-il compter en France sur le concours d'élites régénérées, capables de donner à la littérature un cours nouveau ? Directeur de l'Amt Schrifttum de l'Office Rosenberg, service de propagande spécialisé dans le domaine du livre, Bernhard Payr scrute avec attention, en idéologue accompli, l'image donnée de l'Allemagne par les écrivains français depuis juin 1940. En 1942, son ouvrage Phönix oder Asche ? (Phénix ou Cendres ? ) - dont on trouve ici une traduction intégrale - analyse les écrits de soixante-dix auteurs. Les "illustres" (Rebatet, Céline et autres Brasillach...) comme les sans-grade retombés dans l'obscurité dès la Libération donnent quelques raisons d'espérer. Avec le temps, les effets conjugués de la censure - listes Otto et Bernhard -, d'une habile répartition des livraisons de papier, de la complaisance de quelques éditeurs et d'une promotion en France et en Allemagne de la littérature de collaboration concourront à mettre la pensée française à l'unisson des visées "européennes" du régime national-socialiste. Les archives inédites de l'Amt Schrifttum, de la Propaganda-Abteilung et des dossiers de travail de Payr permettent à Bernard Loiseaux de faire la chronique attentive du rôle de l'Allemagne au sein d'une fraction non négligeable du monde intellectuel français entre 1940 et 1945.

09/1995

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Sciences politiques

Les écrivains et la politique en France. De l'affaire Dreyfus à la guerre d'Algérie

De l'affaire Deyfus à la fin des années 1960, on ne compte plus les écrivains qui ont incarné en France la figure de l'"intellectuel", celui qui s'engage dans la cité en mobilisant son pouvoir symbolique. On pense tout de suite à Zola. Mais aussi à Aragon, à Malraux, à Sartre, à Simone de Beauvoir, et à tant d'autres. Autrement dit, d'abord aux écrivains de gauche ou, à tout le moins, réputés "progressistes". Cependant, si Malraux fut le premier ministre de la Culture français, et si le modèle sartrien de l'engagement a connu une diffusion mondiale, il ne faudrait pas oublier pour autant ceux qui, au nom de leur engagement à droite, se sont illustrés dans les années sombres de notre histoire : Maurras, Brasillach, Rebatet, Drieu la Rochelle, Céline. Le regain d'intérêt pour leurs écrits les plus virulents dans un contexte de montée de l'extrême droite et de la xénophobie nous invite au contraire à un retour sur l'histoire de leurs engagements. De fait, toutes les représentations étudiées dans ce livre demeurent profondément ancrées dans notre culture politique et ont même connu un regain d'actualité depuis les années 1990, qu'il s'agisse des catégories de droite et de gauche (malgré les tentatives de nier leur validité), du débat Orient/Occident (le choc des civilisations), ou encore des affrontements politiques autour de l'"identité nationale". Elles constituent le vivier auquel puisent les intellectuels, les prophètes et les idéologues d'aujourd'hui, comme en témoigne l'épilogue de ce livre. D'où la nécessité d'en revisiter l'histoire et d'en comprendre les ressorts culturels et professionnels, comme nous le propose cet essai documenté et profondément neuf, qui interroge aussi les formes de l'engagement.

09/2018

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Beaux arts

L'antisémitisme dans le monde des arts et de la culture (1900-1945)

L'antisémitisme n'est certes pas né en 1900 (l'affaire Dreyfus en porte témoignage), mais il s'est développé parmi une importante fraction de l'opinion publique et chez de nombreux intellectuels dès le début du XXe siècle. L'installation à Paris – à Montmartre, puis à Montparnasse – de jeunes artistes juifs venus des pays de l'Est (Chagall, Soutine, Kisling, Pascin, etc.) ou d'Italie (Modigliani) contribue à créer un courant d'hostilité, car ils révolutionnent la perception des formes et des couleurs contre certaines traditions picturales françaises. Cet ostracisme n'affecte pas que les peintres. Il répond à une idéologie de rejet d'individus supposés être peu travailleurs, âpres au gain, intrigants... Ce que reprennent des hommes politiques, des journalistes, des écrivains. Mais c'est entre 1940 et 1944, sous l'Occupation (partie la plus importante du livre), que se déchaînent les extrémistes à la radio, dans la presse, dans la littérature : notamment Céline, Brasillach, Rebatet, Léon Daudet... Dans ce livre, Jacques Lambert, se référant à des faits précis, traite de la littérature, de l'art, du cinéma, du théâtre, du music-hall, de la chanson, du journalisme,... qui n'échapperont pas, surtout durant la Seconde Guerre mondiale, à ce phénomène de l'antisémitisme qui va diviser les Français : certains, à des degrés divers, collaboreront avec les représentants de l'Allemagne nazie, d'autres entreront en résistance, en particulier plusieurs Juifs courageux tels que les époux Aubrac, Jean-Pierre Aumont ou Jeanne Modigliani, fille du peintre... Ce livre, riche d'informations et d'anecdotes soigneusement contrôlées, passionnera tout lecteur épris de vérité en une époque qui voit refleurir en France (mais pas seulement) des comportements haineux et agressifs envers la communauté juive.

05/2019

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Histoire de France

Ces français qui ont collaboré avec le IIIe Reich

La poignée de mains de Montoire, le 24 octobre 1940, entre le maréchal Philippe Pétain et le chancelier du IIIe Reich Adolf Hitler, est le symbole d'une collaboration qui s'annonce entre un pays vaincu et son vainqueur. Dans son discours aux Français du 30 octobre 1940, le chef de l'Etat français emploie lui-même le terme de collaboration : "J'ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich. Cette rencontre a suscité des espoirs [... ]. Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J'en ai accepté le principe [... ]. Cette collaboration doit être sincère". Par ce discours, les bases d'un rapprochement politique entre les deux pays sont bien jetées. Dès lors, certains pousseront très loin leur collaborationnisme avec les nazis, au point d'avoir du sang sur les mains. Ce livre trace le portrait des plus significatifs d'entre eux : hauts ou modestes fonctionnaires, militaires (Raoul Dagostini, Joseph Darnand, René Bousquet...), responsables politiques et économiques (Jacques Doriot, Philippe Henriot dit le "Goebbels" français...), artistes, écrivains, journalistes (Robert Brasillach, Ferdinand Céline, Alphonse de Châteaubriant, Lucien Rebatet...), et voyous (Henri Lafont, André Francis dit "Gueule-Tordue" , Maurice Solnlen...) se mettent, pour beaucoup, au service de l'occupant. Un ouvrage passionnant qui s'intéresse aux individualités afin de comprendre comment ces hommes ont glissé, basculé dans la collaboration. Un travail d'enquête minutieux, s'appuyant sur de nombreux documents d'archives. Surnommé "le détective de l'histoire" , Jean-Paul Lefebvre-Filleau, ancien colonel de gendarmerie, diplômé de l'université en droit, criminologie et théologie, a publié une vingtaine d'ouvrages, dont le dernier, La Franc-maçonnerie au coeur de la République, de 1870 à nos jours, réédité aux éditions De Borée en 2016.

01/2017

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Religion

Paysages et destins balzaciens

Le livre cristallin du philosophe Ponceau ne saurait être un simple ouvrage de tourisme. Certes, de ce seul point de vue on peut l'aimer… Grâce aux rappels délicats, aux prestes et sensibles résumés de M. Ponceau, ils (paysages et destins) se raniment. Notre mémoire excitée les rebâtit et les recolore. Ce volume devient le vademecum du Balzacien, - et qui peut se refuser à être balzacien ?… S'il eût vécu plus longtemps, il eût enrichi la bibliothèque balzacienne d'autres essais, accessibles et charmants comme celui-ci. Le lecteur qui fermera Paysages et destins aura gagné un ami, et regrettera de l'avoir perdu. Robert KEMP. Paysages et Destins Balzaciens… Le titre de l'ouvrage dit assez qu'entre les pays et les âmes, entre les villes et les destinées des créatures qui y passent leur brève existence, il est des harmonies secrètes, de mystérieuses consonances. Inaperçus du commun distrait, ces rapports n'ont pas échappé aux lanternes de Balzac. Mais il les a si étroitement intégrés à son œuvre qu'il fallait, en quelque mettre, les y redécouvrir et les mettre en évidence. La chose exigeait à la fois la pénétration d'un philosophe expert aux analyses de l'âme et la plume translucide d'un poète délicat. C'est pourquoi le livre d'Amédée Ponceau est de ceux auxquels on revient toujours pour s'y enrichir à chaque fois d'une ferveur nouvelle pour la France de Balzac. André MAUROIS.

04/1997

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Littérature française

Merde à l'an 2000

Le meilleur des articles publiés dans la presse quotidienne et magazine de 1964 à 2000, année de sa disparition. Du Boudard brut et giclé dru, paru entre 1959 et 1999, des colonnes du Crapouillot à celles du Monde, en passant par les pages vallonnées de Playboy, et d'autres encore. Si le début s'avoue rude, et même plus, avec le récit de l'enterrement de sa mère subi, entre deux flics, les menottes aux poignets, notre homme étant pour l'heure en tôle, la suite pétule à fond et congratule à pleins bras. Tout le monde est de la revue, des amis aux ennemis, des mornes tristesses aux enchantements profonds et autres ardeurs roboratives. Boudard salue ses morts, mais pas au clairon, une dernière tape dans le dos et un ultime pour la longue route avec Hardellet, Fallet, Brassens, Losfeld, Gen Paul. Autre temps de la revue : Défense et illustration de la lecture, la bonne fée qui s'est penchée sur son grabat, à lui l'enfant miséreux, l'ado délinquant, le résistant vaillant. Boudard lit comme on retrouve l'air après un plongeon, comme le naufragé se cramponne à son fragment d'épave. Et là, on va à l'essentiel, aux grands vitaux que sont Zola, Giono, le tant aimé Marcel Aymé, Céline certes et Rebatet pour faire grincer les dentiers. L'occasion, à chaque ligne, de capter l'amitié comme on chasse le papillon, mais aussi d'évoquer le vieux Paris défunt, défiguré par les urbanistes chantres de la modernité, de témoigner sur la Libération de Paris ou la fermeture des bordels, l'une suivant l'autre, de revenir sur l'abolition de la peine de mort avec un point de vue bien à lui. Et tout cela écrit en boudarien : un rameau de la langue française reconnaissable aux frissons de plaisir qu'il suscite au long des lombaires et à l'euphorie qu'il déclenche à tous coups. Alors, garçon, un Boudard, sinon rien !

11/2023

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Critique littéraire

La Guerre des écrivains. 1940-1953

Pourquoi certains écrivains ont-ils collaboré sous l'Occupation quand d'autres choisirent de résister et d'autres encore d'embrasser la cause d'un pétainisme triomphant ? Loin de l'approche classique, qui voit dans chaque prise de position l'aboutissement logique d'une histoire singulière, Gisèle Sapiro montre, au long d'une démonstration implacable et fortement documentée, que les attitudes politiques des uns et des autres furent avant tout fonction de la place qu'ils occupaient dans le champ littéraire, autrement dit que les clivages politiques s'éclairent à la lumière des querelles littéraires, des rivalités entre générations, des divergences entre moralistes et tenants de l'art pur. Autrement dit encore, que rien de ce qui se joue sous l'Occupation n'est étranger aux querelles littéraires d'avant-guerre, que rien de ce qui se jouera ensuite n'est compréhensible sans la guerre. La première partie du livre traite des logiques littéraires de l'engagement des écrivains, à partir d'une enquête statistique et d'une étude des débats sur la " responsabilité de l'écrivain ". La deuxième analyse la façon dont se sont comportées quatre institutions : l'Académie française, l'Académie Goncourt, La NRF, le Comité national des écrivains (CNE). Véritable chronique au jour le jour des querelles littéraires de la France en guerre, elle met en scène petits et grands écrivains, vieilles gloires et jeunes ambitions, passions et sentiments en tous genres. Le tout fondé sur un dépouillement systématique de fonds d'archives peu exploités ou fermés jusque-là. Enfin, la troisième partie se concentre sur la restructuration du champ littéraire après la Libération, marquée par la constitution de la " liste noire ", l'épuration et les polémiques qu'elle a soulevées jusqu'en 1953, date de la seconde loi d'amnistie, qui marque un véritable changement d'époque. Tel est le cadre général de l'essai, une autre façon de peindre la vie littéraire en France, de regarder agir Aragon, Mauriac, Paulhan, Drieu La Rochelle, Maurras, Gide, Massis, Montherlant, Eluard, Henry Bordeaux, Ajalbert, Rebatet, Céline, Sartre, et tant d'autres avec eux - qu'ils soient passés ou non à la postérité.

09/1999