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Taguieff

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Sciences politiques

Pierre-André Taguieff, l'antiracisme en débat

Depuis les années 1970, l'antiracisme n'est plus ce qu'il était. Loin de définir un courant politique cohérent, clair sur ses valeurs, précis sur ses objectifs et uni contre des adversaires exactement identifiés, il est devenu un champ de confrontations politiques incessantes. Il offre le spectacle sans cesse recommencé d'une division de ses acteurs. A la fois dominant dans le discours public et inconsistant puisque susceptible de multiples interprétations contradictoires, l'antiracisme semble en plus impuissant, puisque les discours de haine de toutes natures se diffusent librement sur les réseaux sociaux. Les actes haineux suivent. Différentialisme ou universalisme ? Pierre-André Taguieff est l'un des chercheurs qui, dans l'espace francophone, ale mieux saisi le dilemme de l'antiracisme. Pour comprendre comment l'antiracisme s'est transformé depuis quatre décennies, ce livre suit l'itinéraire intellectuel et politique de Taguieff, depuis ses origines, à la gauche de l'échiquier politique, jusqu'à nos jours. Cet intellectuel érudit a suivi une évolution singulière parmi les chercheurs engagés contre les racismes et les haines. Taguieff a influencé le débat public, sans doute plus que bien des auteurs plus connus. "National-populisme", "bougisme", "nouvelle judéophobie", "islamo-gauchisme" sont des néologismes qu'il a proposés. Historien des idées racistes et philosophe, il est à la fois un analyste et un acteur de ce débat. Son évolution nous plonge au coeur de la discussion française sur le racisme et sur l'antisémitisme.

09/2019

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Sociologie

Sortir de l'antisémitisme ?

"Peut-on sortir de l'antisémitisme ? Et comment ? " Cette question conduit Pierre-André Taguieff à s'interroger sur le philosémitisme, qui désigne originellement, dans les rapports entre chrétiens et Juifs, le passage du mépris hostile au respect et à l'estime. Dans ce nouveau livre, il procède à l'examen approfondi des stratégies et des positions marquées par la haine ou la défense (ou l'amour), parfois ambiguë, des Juifs, auxquels on reproche soit leur universalisme, soit leur communautarisme. Ce livre examine les argumentations pro- et anti-juives développées par un ensemble d'auteurs et de figures publiques, du grand historien Michelet au journaliste Yann Moix. Il y est question des postures ambiguës des penseurs des Lumières, mais surtout de l'antisémitisme du XIXe siècle et du xxe sous toutes ses formes, ainsi que de l'antisionisme radical du XXIe. On croise des personnages aussi différents que Mirabeau, l'abbé Grégoire, Wagner, Nietzsche, Drumont, Zola, Renan, Bernard Lazare, Clemenceau, Barrès, Bloy, Bernanos, Blanchot, Gide, Maritain, plusieurs papes, Céline, Rebatet, Xavier Vallat, Alain, Sartre, Simone Weil, Arendt, etc. , dont Taguieff analyse avec brio les positions souvent variables, ambivalentes ou contradictoires, non sans traquer aussi les faux-semblants. Cet ouvrage fait oeuvre de salubrité publique. Il est précieux pour déchiffrer les nouvelles phraséologies des discours identitaires qui se plaisent à fantasmer l'ennemi, alimentant l'esprit du soupçon et aiguisant les tensions entre les groupes humains.

02/2022

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Philosophie

L'émancipation promise. Exigence forte ou illusion durable ?

Dans ce livre savant et moqueur, Pierre-André Taguieff passe au scalpel l'idéal moderne par excellence, celui d'émancipation, qui exalte, mobilise et aveugle depuis longtemps les Modernes. Le temps est venu de soumettre à un examen critique sans complaisance cette notion qui fait partie du prêt-à-penser dont se sont emparés les utopistes et les démagogues de toutes obédiences. Comment expliquer que cette notion banale ait pu devenir un thème philosophique et politique majeur depuis la fin du XVIIIe siècle, sous la forme du projet universaliste de l'émancipation du genre humain comme sous celle de l'autonomie croissante de l'individu ? Taguieff analyse la formation philosophique de l'idée d'émancipation, explore ses usages politiques et dissèque ce qu'il appelle "l'émancipationnisme ", produit de la corruption idéologique de cette idée-force. Car l'émancipation comme projet global appelle une critique fondamentale : ce qui est rejeté subrepticement, voire diabolisé, ce sont les attachements, les fidélités, les enracinements, les mémoires particulières, donc la transmission. Il s'agit d'un programme de refonte anthropologique, visant à créer l'" homme nouveau ", chimère d'une société mondiale d'individus également émancipés. La généalogie d'une idée floue, pour penser librement le monde de demain.

09/2019

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Histoire et Philosophiesophie

Le sens du progrès. Une approche historique et philosophique

Dès ses premières conceptualisations, aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'idée de progrès implique l'abolition des limites jusque-là imposées au savoir et au pouvoir de l'homme : l'humanité est indéfiniment perfectible, l'avenir ouvert et constellé de promesses. Maître de la nature, sujet souverain, l'homme dispose du réel qu'il imagine malléable et manipulable à l'infini. C'est au cours du XXe siècle que les croyances progressistes vont être ébranlées par la découverte d'une barbarie scientificisée et technicisée. La crise environnementale, le constat des " dégâts du progrès " renforceront la vision catastrophiste d'un progrès " meurtrier ". La puissance dangereuse mais bénéfique de Prométhée s'est transformée en pouvoir de destruction. D'où le dilemme paralysant : retour impossible à l'optimisme progressiste ou fuite nihiliste dans la désespérance. La promesse d'une amélioration de la condition humaine demeure cependant un horizon de sens pour l'humanité. Aussi importe-t-il de repenser le progrès. Une telle entreprise suppose d'en retracer quatre siècles d'histoire conceptuelle et politique et d'en analyser les principales théorisations, mais aussi de clarifier les raisons des débats contemporains entre néo- et antiprogressistes. Un exercice de pensée qui se propose de rompre avec les évidences reçues. Car si le progrès a un avenir, c'est à la condition d'être " défatalisé " et " désutopisé ".

10/2006

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Histoire internationale

Les "Protocoles des sages de Sion". Faux et usages d'un faux, Edition revue et augmentée

Le retour du plus célèbre faux de la littérature antijuive dans l'actualité, les Protocoles des Sages de Sion, nous a conduit à publier une nouvelle édition revue et augmentée de l'étude, épuisée depuis plusieurs années, que lui avait consacré Pierre-André Taguieff en 1992. Les " Protocoles " ont été fabriqués à Paris, en 1900-1901, par les services de la police politique secrète du Tsar, l'Okhrana, qui a fait appel, pour réaliser ce travail, au faussaire Matthieu Golovinski. Ce document, se présentant comme les minutes de séances secrètes tenues par les plus hauts dirigeants du " judaïsme mondial ", était censé révéler leur programme de conquête du monde. Dès 1921, la démonstration philologique a été faite qu'il s'agissait d'un faux paraphrasant le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, pamphlet alors bien oublié de l'avocat Maurice Joly, publié à Bruxelles en 1864, et dirigé contre Napoléon III. Cependant, après cette démonstration sans appel, les " Protocoles " n'en ont pas moins continué leur course, jusqu'à devenir un best-seller planétaire. Le principal but des faussaires de l'Okhrana était de disqualifier toute tentative de modernisation " libérale " de l'Empire tsariste en la présentant comme une " affaire juive " ou " judéo-maçonnique ". De 1903 à la révolution d'Octobre, les " Protocoles " sont restés une arme idéologique dans les mains des antisémites russes et des policiers manipulateurs. Le faux n'est devenu le principal vecteur du mythe de la " conspiration juive mondiale " qu'après 1917. Le " péril juif " a pris les couleurs du " péril rouge " avec le meurtre de la famille impériale (17 juillet 1918), dénoncé comme un " crime rituel " commis par les " bolcheviks juifs ". Utilisés d'abord comme machine de guerre idéologique contre le bolchevisme, les " Protocoles " ont été exploités à d'autres fins : expliquer après coup le déclenchement de la Grande Guerre comme la défaite de l'Allemagne par une machination juive, dénoncer la prétendue collusion des Juifs et de la " haute finance internationale ", réduire les régimes démocratiques à des masques d'une " ploutocratie mondiale à tête juive ", stigmatiser le sionisme comme une entreprise juive occulte de domination du monde, enfin démoniser l'État d'Israël, mythifié en tant que centre du " complot juif mondial ". Les " Protocoles " sont ainsi présents dans l'attirail idéologique du " nouvel antisémitisme " qui se déchaîne après la guerre des Six Jours (juin 1967). Depuis, la nouvelle judéophobie à base " antisioniste " s'est enrichie des négations du " révisionnisme ", tandis que, dans les pays d'Europe de l'Est (communistes, puis post-communistes) comme dans les pays arabes et plus largement dans le monde musulman, la " conspiration juive internationale " est devenue le " complot sioniste mondial ".

10/2004

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Sciences politiques

Du diable en politique. Réflexions sur l'antilepénisme ordinaire

"L'antilepénisme ordinaire a pris l'allure d'une machine fonctionnant dans un seul sens : empêcher de connaître et de comprendre l'ennemi désigné, interdire toute discussion libre et informée sur le mouvement lepéniste, substituer l'indignation morale et la condamnation diabolisante à la critique argumentée et à la lutte politique. La diabolisation de l'adversaire empoisonne le débat démocratique et profite en définitive au parti lepéniste, qui tire habilement parti de la dénonciation vertueuse et consensuelle dont il est l'objet pour se poser en victime du "Système". Toute dénonciation extrémiste fait le jeu de l'extrémisme dénoncé. Le seul moyen de dire clairement en quoi les orientations du FN sont inacceptables consiste à analyser le programme de ce parti sans lunettes idéologiques, donc sans le lire à travers les stéréotypes accumulés au terme d'une longue tradition "antifasciste". Face au FN, il faut d'abord vouloir le connaître, puis le juger sur les résultats locaux, dans la gestion municipale, et non plus seulement sur ses intentions déclarées ou ses projets". Ce livre, qui analyse la diabolisation dans tous ses aspects, s'efforce de penser l'extrémisme politique, sur la base de multiples exemples historiques. Il s'impose pour faire face aux extrémismes contemporains.

05/2014

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Sociologie

La force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles

La question du racisme serait-elle un des tabous les plus puissants du monde contemporain ? Si personne ne se déclare raciste, tout individu est soupçonnable de l'être. Il faut donc se donner les moyens théoriques de comprendre comment et pourquoi s'est produit un tel obscurcissement de la question. Tout se passe en effet comme si la réflexion approfondie sur le racisme, hors des modes et des invectives, s'était arrêtée, en France, aux interventions de Claude Lévi-Strauss et aux travaux de Léon Poliakov et de Colette Guillaumin. Reprenant une à une les théories "raciales" et "racistes", puis leurs pendants opposés, Pierre-André Taguieff trace une véritable généalogie intellectuelle des pensées différentialiste et inégalitaire. Cet ouvrage est la première réflexion d'ensemble consacrée aux divers racismes et antiracismes, mêlant l'étude épistémologique, l'analyse lexicographique, les apports des biologistes et généticiens, aux contributions des philosophes et des anthropologues. L'homme peut-il échapper à un comportement ségrégatif ? Peut-il maîtriser son penchant à l'exclusion ? D'où vient cette force du préjugé ? Comment penser les fondements philosophiques d'un antiracisme conséquent ? Pierre-André Taguieff répond sur le fond à ces questions essentielles, n'hésitant pas à dénoncer bon nombre d'idées reçues.

04/1990

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Que-sais-je ?

L'antisémitisme

Tributaire d'une vision racialiste, le terme " antisémitisme " prête à confusion et ne suffit pas à rendre compte de toutes les haines antijuives. Le phénomène est ancien et protéiforme, de la judéophobie antique, qui s'oppose à la religion juive, jusqu'à l'antisionisme radical, en passant par l'antijudaïsme chrétien, la judéophobie antireligieuse des Lumières, celle, anticapitaliste et révolutionnaire, du socialisme des origines, et l'antisémitisme à proprement parler, racial et nationaliste. Il restait à en dresser la typologie et la généalogie. C'est ce à quoi s'applique Pierre-André Taguieff, qui fait ici le tour de toutes les judéophobies pour montrer en quoi elles se fondent sur des rationalisations a posteriori destinées à légitimer des aversions, des peurs et des passions injustifiables.

11/2022

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discriminations, exclusion, ra

Où va l'antiracisme ? Pour ou contre l'universalisme

Dans ce bref essai, Pierre-André Taguieff s'interroge sur le devenir de l'antiracisme, qu'il analyse comme un ensemble de croyances et de pratiques oscillant entre le pôle des valeurs universalistes et celui des valeurs identitaires ou différentialistes. Soumettant les discours antiracistes contemporains à un examen critique, il analyse la tentation croissante du relativisme culturel radical alimentée par le déconstructionnisme et le constructivisme social, la racialisation de tous les problèmes de société, la sacralisation des "minorités" érigées en victimes et la séduction exercée par ce qu'il appelle le néo-antiracisme, c'est-à-dire un antiracisme réhabilitant l'idée de race ou d'identité raciale, faisant ainsi surgir, par un retournement paradoxal, un antiracisme racialiste, voire raciste. Nourrie de slogans et de mots de passe ("racisme systémique" , "racisme d'Etat" , "intersectionnalité" , "privilège blanc" , etc.), une nouvelle langue de bois pseudo-antiraciste s'est diffusée dans le champ des sciences sociales, ainsi que deux grands dogmes idéologiques : la principale forme de racisme serait aujourd'hui représentée par l' "islamophobie" , et le racisme serait toujours et exclusivement le fait des "Blancs" , légitimant dès lors ce qu'il faut bien appeler un racisme anti-blanc. Face à ces dévoiements inquiétants du néo-antiracisme, seule l'exigence d'universalité peut permettre de penser une fraternité qui ne soit pas tribale et une solidarité qui ne soit pas sectaire.

04/2023

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Sociologie

L'antiracisme devenu fou. Le "racisme systémique" et autres fables

Le mot "racisme" est une arme symbolique redoutable employée dans les guerres idéologiques contemporaines : il sert à condamner une attitude, un camp coupable d'infâmie. Il s'ensuit que chaque forme d'antiracisme a sa définition du racisme. La nouvelle mode antiraciste, lancée aux Etats-Unis avant de déferler en Europe, consiste à voir du racisme partout et à tout expliquer par le racisme, qui se confondrait avec le fonctionnement de l'ordre social dans les " sociétés blanches " . De nombreux chercheurs en sciences sociales se sont ralliés à cette vision du racisme qui postule l'existence d'un " système de discrimination raciale " à travers lequel " se maintient la domination raciale " . Ceux qui, notamment parmi les activistes d'extrême gauche, postulent que la société française est " racialisée " , c'est-à-dire organisée suivant une hiérarchie sociale favorisant le "privilège blanc" , avancent l'idée d'un " racisme systémique " : nos sociétés, assurent-ils, démentent le modèle de l'universalisme républicain qui prône l'indifférence envers la " race " (en fait, la couleur de peau). En découle une vision politique qui remplace la négrophobie par la leucophobie - la haine et le rejet des Blancs. Cet ouvrage a pour objectif d'examiner ce retournement de l'argumentation racialiste contre les Blancs. Qu'en est-il, en réalité, d'un point de vue sociologique, historique et philosophique, du racisme systémique ? S'appuie-t-il, comme le prétendent certains, sur un racisme d'Etat à peine masqué qui continuerait de nourrir les discriminations ?

11/2021

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Sociologie politique

Qui est l'extrémiste ?

La notion d'extrémisme est une notion confuse. Censée permettre une classification, elle est surtout une diabolisation de l'adversaire. Mais ce terme polémique oublie souvent de décrire ce qu'il considère comme le Mal absolu. Pour reconstruire la catégorie d'extrémisme et la rendre opératoire dans l'analyse des attitudes et des comportements politiques contemporains, il faut supposer l'existence d'une connexion entre trois composantes : 1° la légitimation de la violence comme méthode de résolution des problèmes politiques ; 2° l'intolérance et le sectarisme ; 3° le fanatisme, impliquant l'intransigeantisme, le manichéisme et le jusqu'au-boutisme, qui supposent de placer la défense de la Cause au-dessus de tout. Alors peut-être pourra-t-on redéfinir un horizon politique désirable par-delà les extrémismes en tout genre qui brident nos libertés. Car on devrait pouvoir concevoir des limites légitimes et respectables en sortant du cercle des extrémismes.

08/2022

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Histoire internationale

Israël et la question juive

" Une guerre idéologique totale est aujourd'hui menée contre Israël et le sionisme. Cette guerre non conventionnelle est d'autant plus efficace qu'elle n'est pas déclarée. " Si vous n'y croyez pas c'est le moment d'ouvrir les yeux. Les bouleversements dans les pays arabes accoucheront peut-être d'une nouvelle forme de liberté, mais déjà une forme nouvelle de lutte contre l'Etat juif a bien été imaginée : ce sera l'appel au boycott contre l'" apartheid " israélien et la stratégie de l'isolement diplomatique avec un déferlement d' " indignés " et de provocations sur chacune de ses " frontières ". Ce sera un 9/11 à l'envers : avec beaucoup de martyrs. " Antisionistes de tous les pays, unissez-vous ! " Le conflit israélo-palestinien paraît plus vaste et oppose à des " criminels professionnels " la multitude intrépide des innocents mobilisés. Car s'affirmer " pour la Palestine " c'est se placer dans le camp du Bien : " il n'y a pas de cause plus émouvante ", et la vraie religion communiste c'est la lutte finale contre ce denier racisme : au XXIe siècle le monde sera sans le sionisme. Car comment faire la paix avec cet Etat supposé raciste, dominateur, pervers, Israël, et comment faire entendre raison à ce peuple à la nuque raide, qui s'arroge le droit, " sûr de lui-même ", au retour seul ? Comment détruire le sionisme sans éliminer tous les sionistes et abolir leur rêve d'une souveraineté juive sur la sainte terre ? " Nous avons libéré la bande de Gaza, mais avons-nous reconnu Israël ? ", demande le Hamas, et on connaît la réponse " pour les Palestiniens la mort est devenue une industrie ". Déjà la Shoah n'est plus qu'un mince rempart idéologique, qui paraît avoir été un mythe odieusement fabriqué pour effacer la mémoire de la Naqba. " Tout redevient possible, tout recommence " et devant la seule nouveauté de l'histoire, les " indignés " déjà ne s'émeuvent plus. Dans ce livre magistral, Taguieff donne la leçon ultime : celle qui permet une dernière fois de reprendre ses esprits en contemplant le rêve brisé de l'Occident avant le grand soir. Parce qu'elle nous place devant l'abîme elle nous rend libres, et parce qu'elle ressemble à la vérité elle peut redonner le goût, et peut-être la force, de vivre. Jamais on n'aura été aussi bien renseigné. Le maximum que vous puissiez demander à l'histoire.

06/2011

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Histoire et Philosophiesophie

La bioéthique ou le juste milieu. Une quête de sens à l'usage du nihilisme technicien

La justification de ce qu'on appelle, depuis le début des années 1970, la bioéthique, réside dans l'inquiétude diffuse devant l'accélération des progrès techno-scientifiques qui, notamment dans le domaine biomédical, paraissent menacer l'humanité de l'homme. Les pouvoirs accrus nés des avancées du savoir biologique mettent en évidence la fragilité et la vulnérabilité de ce qui est humain, mais tout autant de ce qui relève du vivant en général. D'où le sentiment que la position de limites est d'une extrême urgence. La peur a conduit à la conscience d'une responsabilité nouvelle des hommes vis-à-vis de leur nature comme de la nature, c'est-à-dire de la biodiversité. Dans cet essai, Pierre-André Taguieff montre que la bioéthique illustre la quête contemporaine du consensus par la délibération et le compromis, en tant que mode de résolution des conflits. C'est pourquoi elle se présente idéalement comme un discours du juste milieu, à égale distance des thèses jugées extrémistes, issues soit de l'intransigeantisme religieux, soit du scientisme technophile. Mais peut-on trouver un compromis acceptable entre des positions incompatibles, sinon par des opérations rhétoriques plus ou moins réussies ? La bioéthique ne se confond pas avec l'éthique médicale. Elle doit être repensée comme éthique de la vie ou du vivant, et rejoindre ainsi le souci écologique. Loin de se réduire à une morale humaine, trop humaine, elle est vouée à s'accomplir dans une perception inséparablement éthique et esthétique de la nature.

05/2007

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Sociologie

Judéophobie, la dernière vague. 2000-2018

Pierre-André Taguieff revient sur la récente séquence judéophobe, celle de la période 2000-2018. Les attentats djihadistes commis en France ont provoqué une prise de conscience de la menace, d'une ampleur qui n'avait pas été nettement pressentie, bien qu'annoncée par des signes inquiétants : dès 2001, l'auteur avait donné une première analyse du phénomène émergent. Il fallait donc redessiner le paysage et tenter de repenser la nouvelle configuration antijuive, en perpétuelle métamorphose, dans laquelle se rencontrent les extrémismes : complotisme, concurrence victimaire, anti­sionisme radical, négationnisme et islamisation croissante des discours. Pierre-André Taguieff retrace la généalogie, depuis 1967, de la haine des Juifs telle qu'elle s'est idéologisée dans le monde arabo-musulman post-nassérien. Cet imaginaire judéophobe s'est ancré en France, puis en Europe, à compter de la seconde Intifada (2000), et se diffuse désormais massivement sur les réseaux sociaux, dans un contexte marqué par la déstabilisation du Moyen-Orient. Dans l'espace politico-intellectuel français, la dernière vague judéophobe est moins portée par les milieux nationalistes traditionnels que par des milieux gauchistes et islamistes qui instrumentalisent et retournent contre les Juifs (les " sionistes " , disent-ils ordinairement) des représentations empruntées à l'antiracisme, à l'anticolonialisme, à l'anti-impérialisme, à l'antifascisme ou à la critique du communautarisme. C'est cette configuration inédite, qu'il qualifie d'" islamo-gauchiste " depuis le début des années 2000, que l'auteur prend pour objet de réflexion.

05/2018

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Droit

L'illusion populiste. Essai sur les démagogies de l'âge démocratique

Le populisme n'est ni une idéologie politique ni un type de régime. C'est un style politique, fondé sur le recours systématique à l'appel au peuple. C'est parce qu'il est une forme vide, remplie à sa manière par chaque leader, que le populisme peut être mis au service d'objectifs antidémocratiques non moins que d'une volonté de démocratisation. Telle est son ambiguïté : il oscille entre une orientation autoritaire et antidémocratique, illustrée naguère par le fascisme italien ou les populismes nationalistes latino-américains, et une orientation hyperdémocratique. Le populisme se reconnaît en outre à l'indétermination et au syncrétisme de ses orientations. Au rejet de la classe politique nationale il ajoute des ingrédients idéologiquement variables, à base de libéralisme économique et de nationalisme ethnique, de libre-échangisme et de protectionnisme, de xénophobie anti-immigrés et de défense " chauvine " de l'Etat-providence, de rejet des élites et de peurs identitaires. Le leader populiste fait un usage particulier, exclusif et systématique du principe de la souveraineté du peuple, à l'exercice duquel il réduit la vie démocratique ; pour défendre sa propre cause, il fait ostensiblement sienne la cause du peuple ; il est aussi ce tribun, guide et sauveur du peuple, qui se présente comme un homme providentiel et faiseur de miracles - ou d'avenirs radieux. L'extension planétaire des mobilisations populistes, à dominante protestataire ou identitaire, est un signe à déchiffrer et invite à un effort de définition auquel se livre Pierre-André Taguieff, à l'issue d'une enquête approfondie.

03/2007

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Actualité médiatique France

Le retour de la décadence. Penser l'époque postprogressiste

La " religion du Progrès ", soit le progressisme au sens fort du terme, fait l'objet d'une incrédulité croissante. L'apparition d'une nouvelle religion séculière, l'écologisme, est à l'origine d'une puissante vague de pessimisme, voire de catastrophisme, qui rejoint les diagnostics de déclin ou de décadence portant sur la civilisation occidentale, par ailleurs accusée de tous les maux (capitalisme, racisme, sexisme, colonialisme, productivisme). La solution est-elle dans la décroissance et une limitation des naissances ? En tout diagnostic de la décadence, il faut distinguer entre les faits observables et parfois mesurables, les interprétations ou les évaluations inévitablement subjectives et les instrumentalisations plus ou moins cyniques. Prendre au sérieux la question de la décadence, c'est faire un tri entre les discours décadentistes. Aujourd'hui, le " retour de la décadence " s'entend de trois manières : un vieux refrain chanté dans l'espace idéologico-politique, un diagnostic portant sur un ensemble de faits dans l'évolution des sociétés occidentales, enfin, une catégorie de l'interprétation historique. La décadence se développe dans un récit, sous la forme d'un mythe susceptible d'infinies interprétations. Mais ce mythe alimente aussi des politiques de la peur qui se traduisent par des chasses aux sorcières. Ce refrain de la décadence est entonné par des intellectuels de tous les bords politiques. Il faut se demander pourquoi, et aussi vers quoi ce sentiment nous conduit. Faut-il se contenter de cultiver les peurs ou pratiquer le déni ? Ou bien s'engager à répondre aux défis que le sentiment décadentiste cache et révèle tout à la fois ?

03/2022

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Que-sais-je ?

Les théories du complot

Par "théories du complot", on désigne des explications douteuses ou fausses qui s'opposent aux thèses "officielles" et mettent en scène un ou plusieurs groupes agissant en secret pour réaliser un projet de domination ou d'exploitation. Les conspirateurs fantasmés sont supposés être à l'origine de tous nos maux. Le moteur de ces raisonnements ? L'insatisfaction cognitive face à des événements traumatisants. C'est de cette frustration porteuse de suspicion que dérive le discours complotiste contemporain, qui met l'accent sur le doute. Mais les réponses données, factuellement fausses, constituent de nouveaux dogmes véhiculés par les réseaux sociaux. Pierre-André Taguieff fait l'hypothèse que le complotisme répond à une demande de sens et de cohérence : l'ennemi invisible et diabolique explique tous les malheurs des hommes. En cela, les récits complotistes réenchantent le monde, fût-ce pour le peupler de démons. Mais ils alimentent en même temps des accusations mensongères. Comment dissiper de telles illusions ?

03/2021

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Faits de société

Théories du complot. Le mal du siècle

Une grande partie de ses travaux de recherche et de ses réflexions au phénomène conspirationniste. Ses travaux, marqués par les analyses pionnières de Karl R. Popper, Hannah Arendt, Richard Hofstadter et Léon Poliakov, ont été ponctués par la publication de plusieurs ouvrages de référence, de sa somme sur les Protocoles des Sages de Sion (Un faux et ses usages dans le siècle, 1992 et 2004) à son Court Traité de complotologie (2013), en passant par La Foire aux "Illuminés" (2005) et L'Imaginaire du complot mondial (2006). Dans le présent essai, Pierre-André Taguieff nous livre une magistrale synthèse des recherches conduites en Europe et aux Etats-Unis sur le complotisme et nous propose ses propres réflexions critiques sur ce phénomène multidimensionnel appelant des approches pluridisciplinaires. Multipliant les exemples et les études de cas, à distance des polémiques stériles entre complotistes et anticomplotistes, il nous offre une introduction claire et argumentée aux problèmes posés par la globalisation contemporaine des croyances conspirationnistes, dans une langue accessible à tous ceux que la question intéresse.

03/2023

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Histoire des idées politiques

Liaisons dangereuses : islamo-nazisme, islamo-gauchisme

En France, un nouveau grand clivage idéologico-politique oppose les anti-islamistes aux anti-islamophobes, lesquels sont soit des islamistes, soit des "islamo-gauchistes" - c'est-à-dire des militants ou des activistes d'extrême gauche qui forment des minorités actives, et dont l'influence sur les réseaux sociaux et au sein de l'espace universitaire est inversement proportionnelle au nombre de leurs membres. Ceux qui sont aujourd'hui traités d'" islamophobes "ou accusés de "racisme anti-musulman" répliquent en dénonçant les islamistes ou les "collabos de l'islamisme" qui les accusent. La division des esprits est profonde. Tout se passe comme si les citoyens français n'avaient pas d'autre alternative possible entre être "raciste" ou "collabo" , "islamophobe" ou pro-islamiste. Aussi, comment, dans ce climat social, sortir de ce dilemme ? Comment préserver la liberté d'expression, et plus particulièrement la libre critique des religions, quand, dès lors qu'on défend le principe de laïcité, c'est nécessairement faire preuve d'" islamophobie " (donc d'une certaine forme de racisme) pour les islamistes et ceux qui les soutiennent plus ou moins ouvertement dans les champs politique et culturel ? P. -A. Taguieff nous livre ici sa réflexion sur cette question cruciale de société, de façon simple, accessible et engagée.

03/2021

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Nietzsche

Les nietzschéens et leurs ennemis. Pour, avec et contre Nietzsche

Nietzsche aura été le philosophe du siècle. Parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Retournant contre le prophète de Dionysos le marteau philosophique que lui-même employait pour ébranler les idoles, Pierre-André Taguieff livre avec acuité, verve et élégance une relecture inédite, iconoclaste et critique de l'histoire de la pensée contemporaine, de ses incohérences et de ses abîmes. Il explore le vaste continent des écrits nietzschéens et antinietzschéens qui continuent d'inspirer et de diviser les philosophes, les écrivains et les artistes, notamment face à la question de la décadence et à celle du nihilisme. Comment comprendre la fascination récurrente exercée par Qu'ont et sa pensée ? Qu'ont en commun les nietzschéens de droite et les nietzschéens de gauche ? Pourquoi puisent-ils au môme fond de métaphores, de paraboles, d'images survoltées pour les surinterpréter ? Comment comprendre cette bataille d'appropriations qui semblent contradictoires mais qui se rejoignent souvent dans le môme culte de la force et de la destruction ? Cet essai est déterminant pour lever nos cécités sur le plus enthousiasmant et le plus aveuglant des philosophes. Un exercice de lucidité qui marque un tournant dans la pensée française et européenne.

04/2021

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Histoire des idées politiques

Le grand remplacement au fil des siècles

Quelles sont les origines intellectuelles de ce mythe politique qui fait le bonheur des nouvelles droites nationalistes ? Depuis son irruption dans le langage politique français au début des années 2010, "le Grand Remplacement", présenté comme l'objet d'un constat ou comme une théorie, traduit avant tout une grande peur idéologisée qui est apparue au cours de la seconde moitié du XIXe siècle sous la plume de divers auteurs : la peur de la fin d'un monde. Le thème du déclin de l'Occident est ainsi revenu à l'ordre du jour. Telle est la thèse de ce nouveau livre de Pierre-André Taguieff, archéologie passionnante d'une vision mythique des causes de nos malheurs. Si la croyance au "Grand Remplacement" est devenue populaire, c'est parce qu'elle n'a cessé d'être alimentée par les réels problèmes d'intégration posés par une immigration d'origine non européenne, ainsi que par la peur légitime du terrorisme djihadiste. Le déni persistant du malaise global qui en résulte ne fait que provoquer une radicalisation des révoltes contre le "Système". Las ? ! On ne répond pas sérieusement à un mythe aussi mobilisateur par une utopie comme celle de la "créolisation du monde", avancée par les nouveaux idéologues gauchistes. Pierre-André Taguieff rappelle qu'il s'agit de chercher des solutions aux vrais problèmes, en se tenant à égale distance de l'angélisme aveugle des adeptes du "politiquement correct" et du catastrophisme des nationalistes exaltés, qui dénoncent à grands cris l'"immigration-invasion".

11/2022

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Critique littéraire

Céline, la race, le Juif. Légende littéraire et vérité historique

Génie littéraire ou salaud ? Depuis les années trente, la querelle est vive et sans fin entre les défenseurs du romancier et les contempteurs du pamphlétaire Céline. Le Voyage au bout de la nuit rachète-t-il Bagatelles pour un massacre (1937), L'Ecole des cadavres (1938), Les Beaux Draps (1941), ses lettres ouvertes publiées dans la presse collaborationniste et autres interventions politiques ?En 1937, Céline choisit de devenir un écrivain antijuif : il s'engouffre opportunément dans la nouvelle vague idéologique, contre le « péril juif » et le « péril rouge ». Il se fait polémiste, plagiant les plagiaires antisémites et conspirationnistes, zélateurs de la raciologie nazie écrivant au service de la Propagande allemande et ses diverses officines (tel le Welt-Dienst). Pour confectionner ses pamphlets, il puise dans cette littérature et met en musique idées et slogans. Pendant l'Occupation, son aura d'écrivain sert la cause antijuive. Il fait alors figure de nouveau « prophète »,  de pape de l'antisémitisme.Cette vérité historique heurte frontalement la légende de l'écrivain, celle de l'« écriture seule ». Le cas de Céline est-il comparable à celui des autres intellectuels du collaborationnisme ? Jusqu'à quel point adhère-t-il à la vision hitlérienne ? Jusqu'où est-il allé ? Que peut-on reprocher à Céline, des mots seulement, ou des actes ?Ce livre est une somme, le livre de référence que l'on attendait sur le cas Céline. Il croise l'histoire des idées, l'analyse littéraire, l'histoire des milieux conspirationnistes et antisémites en France et dans le monde. Un livre érudit et polémique pour une vision « décapée » de l'écrivain.

02/2017

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Revues

Front populaire N° 11

Dossier : La gauche (im)morale N'en déplaise aux apôtres du politiquement correct, la droite n'a pas le monopole de l'immoralité. Des guerres de Vendée au Traité de Maastricht en passant par la colonisation, l'histoire de la gauche française est jonchée de crimes et de fautes, qui n'effacent pas bien sûr les acquis sociaux et la conquête des libertés, mais qui devraient pour le moins inspirer une certaine humilité aux progressistes d'aujourd'hui. Retrouvez dans ce numéro les analyses de Michel Onfray, Barbara Lefebvre (sur le pédagogisme), Jacques Sapir (sur le virage de 1983), Anne-Sophie Nogaret (sur la gauche germano-pratine), Pierre-André Taguieff (sur l'islamo-gauchisme), Régis de Castelnau (sur les Tartuffe sexuels de la Nupes)...

12/2022

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Religion

Philosophie de l'antisémitisme. Suivi de Que signifie haïr les Juifs au XXIe siècle ?

"" Ecrire une philosophie de l'antisémitisme au-delà de la tentation politique impose à un Juif de notre terrible siècle un défi sans pareil. La présence du phénomène est telle que les philosophes eux-mêmes n'ont pas su toujours résister aux captieuses questions, ni même aux promesses de lumière. Le Juif n'est plus Satan dans l'obscurité, mais la nuit elle-même. De Dreyfus à la dictature des pétrocraties, Jacob devenu Israël par sa victoire sur l'Ange ne parvient pas à maîtriser son diable ? : l'antisémitisme. Sans quitter jamais l'esprit de l'homme moderne, il devient système, aventure horrible ou parole. Nulle philosophie n'est possible aujourd'hui hors des limites tracées par les expériences totalitaires. L'holocauste assure la continuité à l'ère de l'inflation et des ordinateurs. Comme si les grands chiffres de la ""crise""avaient conçu à l'avance une théorie du charnier et de la tyrannie dans laquelle la haine doit trouver son "compte". Economie de la persécution diraient nos actuels sophistes. Pourquoi porter préjudice à l'histoire de quelques erreurs de calcul ?? Si l'antisémitisme n'est qu'un des visages de la bêtise, de l'hybris ou de la bestialité, comment expliquer l'odieux itinéraire qui mène la nation juive de l'émancipation à Auschwitz, à travers le siècle du pacifisme et de l'ennui ?? Combien de temps nous faudra-t-il pour raconter à nos enfants que l'idée du bonheur a conduit le peuple à la nuque raide du Sanhédrin de Bonaparte aux Viatlags ?? " Michaël Bar-Zvi, Philosophie de l'antisémitisme " L'oeuvre secoue, dérange. Son auteur a l'audace de distinguer entre les formes diverses de l'antisémitisme, de diagnostiquer les dernières venues, de proférer (d'un ton calme, avec un humour presque trop secret) des vérités désobligeantes... " Pierre Boutang " Plénitude et pertinence de la réflexion, excellence de l'écriture. " Emmanuel Levinas "Nourri d'une immense culture, Michaël Bar-Zvi est allé à l'essentiel, sans se soucier de respecter une quelconque orthodoxie. " Pierre-André Taguieff

10/2019

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Sociologie politique

Crise de la raison publique. La vie démocratique et ses ennemis

La raison publique, comprise comme une exigence de rationalité élargie au politique, est un projet essentiel des Lumières. Cet idéal se traduit concrètement dans le droit et par le fait d'autoriser chacun à communiquer librement ses pensées selon toutes les modalités de l'échange pour les soumettre à la réflexion critique d'une communauté de citoyens libres. Or force est de constater que cette raison publique est aujourd'hui en crise. La raison publique est désormais le lieu d'expressions et de revendications particulières, sans visée universaliste. Et ce qu'il y a d'inquiétant dans cette dérive, c'est que l'hyper-subjectivisme contemporain se présente comme une forme d'émancipation. D'où l'urgence de réinterroger à nouveau compte cette raison publique qui vacille aujourd'hui. Avec les contributions de : Jacques Billard, Jean-François Braunstein, Natalie Felzenszwalbe, Fabien Ollier, François Rastier, Wiktor Stoczkowski, Pierre-André Taguieff, Serge Valdinoci.

02/2022

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Actualité et médias

Le Débat N° 192, novembre-décembre 2016

Le choc migratoire : Didier Leschi, Choses vues en Seine-Saint-Denis. Pauvreté, intégration, laïcitéRaffaele Simone, La grande migration intercontinentaleIvan Krastev, L'autre Europe face aux migrantsMutations dans la démocratie : Marcel Gauchet, Droite et gauche en redéfinitionFlavien Dupuis, Gauche et droite : recompositions et permanenceMaurice Merchier, Vers la transdémocratie ? Wolfgang Streeck, L'Allemagne et l'EuropeEconomie : idéologies et réalités : Bernard Colasse, Comptabilité et vision de l'entreprise. Sur les normes comptables internationalesValérie Charolles, Les faits et les chiffres. Sur la mesure de la performanceJean-Luc Gréau, Le néolibéralisme ou Le socialisme retournéFranck Dedieu - Frédéric Teulon, Les leçons de la dévaluation Blum. Septembre 1936 et septembre 2016Autour de Pour une école de l'exigence intellectuelle de Jean-Pierre Terrail : Jean-Pierre Terrail, L'école de l'échec et comment en sortirStella Baruk, Exiger l'exigence intellectuelleDenis Kambouchner, L'enquête, le réquisitoire, l'utopiePhilippe Meirieu, Justice pour les pédagoguesJean-Pierre Terrail, Le changement à entreprendreFrançois Vatin, Une crise sans fin ? L'Etat, l'enseignement supérieur et les étudiantsPierre-André Taguieff, Face au racisme, à quoi sert le savoir ? Le débat du Débat : Pierre Avril, La Constitution ou "La lettre volée"

12/2016

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Sciences politiques

Laurent Bouvet. Un portrait intellectuel et engagé

Un hommage vibrant à Laurent Bouvet, politologue engagé et fondateur du Printemps républicain, par quelques-uns des plus grands intellectuels français. Politologue, essayiste, professeur d'université, membre du Conseil des sages de la laïcité... En une trentaine d'années de carrière et d'engagement, Laurent Bouvet a marqué la recherche et le débat public, s'emparant avec conviction et courage de nombreux sujets qu'on disait sensibles ? : le multi-culturalisme américain, la social-démocratie européenne, la gauche française, la question du populisme, celles de l'identité et de la laïcité... Reprenant les thèmes phares qui ont nourri les travaux de ce républicain universaliste, vingt et une grandes figures de la vie intellectuelle et politique française brossent avec respect et admiration son portrait, parmi lesquelles Dominique Schnapper, Marcel Gauchet, Raphaël Enthoven, Pierre-André Taguieff, Nathalie Wolff, Brice Couturier ou encore Pierre-Henri Tavoillot. Laurent Bouvet est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Le Communautarisme. Mythes et réalités (Lignes de repères, 2007), Le Sens du peuple. La gauche, la démocratie, le populisme (Gallimard, 2012), L'Insécurité culturelle. Sortir du malaise identitaire français (Fayard, 2015), La Gauche zombie. Chroniques d'une malédiction politique (Lemieux éditeur, 2017), La Nouvelle Question laïque. Choisir la République (Flammarion, 2019) et Le Péril identitaire (L'Observatoire, 2020). Né en 1968, il est mort le 18 décembre 2021 à l'âge de 53 ans. Illustrations intérieures de Xavier Gorce.

02/2022

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Violence

Réflexions sur la violence

Les Réflexions sur la violence sont le plus connu et le plus méconnu des livres de Georges Sorel, penseur politique inconformiste et intempestif dont l'influence n'a cessé de s'exercer au cours du XXe siècle dans les milieux les plus divers, des traditionalistes contre-révolutionnaires aux révolutionnaires anarchistes ou communistes, en passant par les nationalistes de droite ou de gauche et les révolutionnaires-conservateurs. Philosophe de la violence, Sorel a tenté de penser l'impensable même : une violence créatrice et régénératrice, source de moralité, exercice de liberté. C'est pourquoi sa pensée, perçue comme scandaleuse et provocatrice, est restée une énigme et un objet de fascination, particulièrement à une époque où un pacifisme humanitariste et sentimental tient lieu à la fois de morale et de religion. Reconnaître une positivité à la violence en voyant en elle l'indispensable source d'énergie pour lutter contre la décadence, tel est le coeur de la philosophie politique sorélienne. Aux yeux de tous ceux qui furent à la recherche de "dépassements" du clivage droite-gauche, la pensée de Sorel a paru esquisser une troisième voie, pensée et repensée par chaque génération. Si, pour les contemporains de Sorel, sa pensée politique était associée à l'autonomie ouvrière et au syndicalisme révolutionnaire ou d'action directe, l'un de ses héritages contemporains pourrait être trouvé chez certains théoriciens de la démocratie directe. Esprit libre étranger à toutes les orthodoxies, Georges Sorel aura été l'un des plus influents penseurs politiques français depuis la fin du XIXe siècle. Pierre-André Taguieff

06/2023

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Histoire de la philosophie

Naissance du sous-homme au coeur des lumières. 2e édition

Un mérite essentiel de l'esprit des Lumières ? Avoir promu et fortifié la haute idée d'une unité du genre humain. Tous les traités, tous les manuels, tous ceux qui forgent l'opinion en réitèrent l'affirmation avec un tel ensemble et un tel enthousiasme, qu'il est probable qu'ils y croient. Etrange phénomène : la réalité est très différente. L'esprit de libre examen, dont également sont crédités avec ferveur les philosophes ceux-ci l'ont appliqué, parmi d'autres objets de quelque conséquence, à la notion même de l'humanité, qu'ils en sont venus à nier comme essence au nom du progrès. Il en résulte, sous leur plume, au moins à titre de tendance très appuyée, une dilution du genre humain dans l'animalité, dilution d'autant plus séduisante à leurs yeux qu'elle bat en brèche, comme dépassée scientifiquement, la conception biblique de l'homme. Les retombées n'en sont pas minces. L'humanité, dans le propos des philosophes devient friable. Lorsque ceux-ci vont jusqu'au bout des conséquences de leurs principes, des éboulements s'en suivent, qui sont spectaculaires : ce sont des pans entiers de la famille humaine qui se trouvent dissociés de l'humanité pleine, qui sont bestialisés ou sous-humanisés, ou exposés à l'être. Pierre-André Taguieff avait pu l'écrire : le siècle des Lumières est bien celui, effectivement, de la construction intellectuelle du sous-homme . Vont en faire les frais des minorités. très majoritaires : les ethnies exotiques, le sexe féminin, le peuple en général. Cet effondrement de l'image de l'homme appellera des suites. Il pèsera sur toute l'anthropologie du XIXè siècle. Au bout du compte, en procéderont un peu plus tard des hécatombes qu'il est curieux, voire incongru, de n'imputer tout au contraire qu'à la noirceur de prétendues et irnprobables anti-Lumières. Selon une méthode qui a fait ses preuves, l'auteur cite massivement les documents d'époque, pèse prudemment ses analyses, et ne s'autorise aucun schématisme interprétatif. AUTEUR Xavier Martin, historien des idées politiques et du droit, est professeur émérite des Universités. Ses travaux sur l'anthropologie révolutionnaire remettent parfois en cause de façon très inattendue la saisie historique de la vision de l'homme au siècle des Lumières.

05/2023