Portraits

Nikos Tsouknidas

Librement inspiré par la véritable histoire de la photographie, inventée par Nicéphore Niepce et perfectionnée par Louis Daguerre, cet album imagine le séjour du père du Daguerréotype sur une île grecque, dans la maison d'un vieil ami, pour peser le bien-fondé de son invention.

Sa boîte qui fige en quelques minutes l'instant présent ne risque-t-elle pas de changer à tout jamais le rapport des humains au monde qui les entoure, en leur permettant de saisir, sans les mots, des faits et des émotions ? Cette avancée technologique ne risque-t-elle pas de bousculer à tout jamais les rapports que les humains entretiennent avec le réel ?

A l'heure où les débats font eage entre pourfendeurs et défenseurs de l'intelligence artificielle, on ne peut que saluer l'angle choisi par Nikos Tsouknidas pour aborder les enjeux de la photographie.

Pour mener à bien ce débat intéressant, le scénariste et dessinateur se permet de faire entrer en scène un tout jeune inventeur un peu distrait, Marko Gavras, qui n'hésitera pas à recourir à la boîte magique de Daguerre pour immortaliser les dans traditionnelles de son île.

Ne reculant ni devant les anachronismes (le sirtaki, cette danse à la Zorba n'était pas une tradition avant le célèbre film sorti en 1964, on ne donc pouvait la pratiquer en 1838..., de même pour la bicyclette que le jeune Gavras est censée avoir inventé sur son île à l'écart du monde, 22 ans avant le brevet du premier modèle à pédales) ni devant les entorses à la logique (alors que la photo n'est pas encore pratiquée, qui pourrait entrevoir l'enjeu des images en mouvement qui permettront le cinéma ?), le dessinateur et scénariste aujourd'hui installé à  Londres signe avant tout une jolie déclaration d'amour aux paysages et clichés de son pays d'origine (ça tombe bien, quand on évoque la naissance de la photo, les stéréotypes son autorisés.)

Un album à lire plutôt pour le dépaysement qu'il offre et les intuitions loufoques qu'il se permet sur les questionnements de la première moitié du XIXe siècle que pour sa vraisemblance. 

 

Une michronique de
Nicolas Ancion

Publiée le
10/07/2023 à 14:53

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Portraits

Nikos Tsouknidas trad. Jérôme Wicky

Paru le 02/06/2023

120 pages

Dargaud

21,50 €