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Philippe Forest

Extraits

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Critique Roman

Philippe Forest, l'autre côté du savoir

Cette étude menée à partir de l'oeuvre de Philippe Forest tente un "coup double" : c'est à la fois la première thèse de doctorat entièrement consacrée à cet écrivain déjà majeur du XXIe siècle, une monographie qui s'efforce d'embrasser l'ensemble protéiforme de sa production (récits, romans, essais, articles critiques et journalistiques), et simultanément une réflexion sur la relation que nous entretenons aujourd'hui avec le savoir, les sciences, plus largement avec la connaissance et la transmission de ce qui fait son coeur sensible et vif. L'écriture et la pensée de Forest font surgir ce champ d'interrogation, l'ouvrent même brutalement, à la mesure de l'expérience qui a été la sienne lorsque le décès de sa fille Pauline, en 1996, a bouleversé son existence. La césure infligée alors au temps de la vie, la littérature qui en résulte, ne semble pas pouvoir être traitée à l'aune unique d'un improbable "récit de deuil" (dont l'auteur démontre l'impossibilité et même l'inanité) : c'est pourquoi cet essai cherche à élargir et sédimenter plus profondément ce que Forest, depuis un événement personnel, dévoile de notre présent et des manières singulières dont la mort, la perte et le manque trouent les discours du social, du politique, de la rationalité positiviste et chiffrée. Philippe Forest combat toute tentation nihiliste : l'auteur oppose à la maîtrise d'un certain savoir la connaissance sensible et désirante du non-savoir (qui d'ailleurs n'empêche ni l'érudition, ni la pensée rigoureuse) ; à l'illusion du pouvoir de la littérature la puissance de son impouvoir. A la croisée des champs académique et artistique où il intervient tour à tour, Forest invite à sonder les savoirs fantômes, oubliés, refoulés, nourris de lectures d'enfance et de récits enfouis, d'expériences sensibles et d'énigmes murmurées par l'existence. Il oblige à entendre - sans la dissoudre ! - toute l'ambivalence de notre époque, tiraillée qu'elle est entre les demandes de certitude adressées à la science et aux technologies, et les soupçons toujours plus virulents envers tout discours d'autorité.

02/2022

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Critique littéraire

Philippe Forest, une vie à écrire. Actes du colloque international

La littérature survient dans la vie et la vie revient dans la littérature. Ce mouvement est profondément illustré par l'oeuvre de Philippe Forest, que la perte d'un enfant a mené à l'art du récit et du roman et qui interroge les genres de l'autobiographie et de l'autofiction avec une sincérité et une empathie qui ont attiré à lui de très nombreux lecteurs. Essayiste, critique, spécialiste des avant-gardes, auteur d'une grande biographie de Louis Aragon, Philippe Forest s'est aussi engagé dans une réflexion sur la modernité, le Japon et la photographie, ce qui fait de sa voix l'une des plus originales de la littérature contemporaine. Traduit dans le monde entier, lauréat du prix Femina du premier roman pour L'enfant éternel ou encore du prix Décembre pour Sarinagara, Philippe Forest a été mis à l'honneur par un colloque international, à l'origine des études publiées dans ce volume. Les témoignages de ses traducteurs, un entretien inédit avec l'auteur et une chronologie précise complètent les réflexions de cet essai collectif, qui est un hommage vivant à une oeuvre au coeur de la vie.

03/2018

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Littérature française (poches)

Philippe Sauveur

Un bruit a longtemps circulé : Ramon Fernandez aurait écrit un roman dont le personnage principal est homosexuel, fait très rare dans la littérature du début du XXe siècle, et surtout de la part d'un auteur (passant pour) hétérosexuel. Ce Philippe Sauveur était devenu mythique. Existait-il bel et bien ? Mais oui. Proust a même eu le manuscrit en main et l'a commenté. Dans Ramon, son fils Dominique Fernandez raconte les curieuses circonstances dans lesquelles ce manuscrit confidentiel, et que l'on croyait perdu, a été retrouvé. C'est lui qu'on lira ici, dans ses trois versions successives.

11/2012

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Histoire internationale

Philippe Guillon

Philippe Guillon Date de l'édition originale : 1888 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu.

10/2020

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BD tout public

Philippe Auguste

Philippe Auguste est l'un des monarques les plus connus et admirés de la France du Moyen Age, en raison non seulement de sa longévité sur le trône, mais aussi des importantes conquêtes territoriales qui lui ont permis d'affermir le pouvoir royal ainsi que de la victoire lors de la célèbre bataille de Bouvines en 1214. Mais s'il laisse cette image prestigieuse forgée par les chroniqueurs capétiens, son règne, débuté à l'ombre des rois anglais, dont Richard Coeur de Lion, fut aussi marqué par des revers et des difficultés.

11/2018

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Critique littéraire

Philippe Sollers

Exception telle est la règle en art et en littérature. Philippe Sollers

10/1992

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Critique littéraire

Philippe Soupault

" Poète, vagabond. Voyageur. Contestataire ", Philippe Soupault (1897-1990), fondateur du mouvement surréaliste avec André Breton et Louis Aragon, a vécu en marge, à dessein et par inadvertance. A dessein, il s'est tenu à l'écart des projecteurs, n'aimant ni l'idée ni les servitudes de la gloire. Et c'est par inadvertance qu'il est resté dans l'ombre : trop occupé à vivre, il a oublié de préparer sa postérité... Auteur avec Breton, en 1919, des Champs magnétiques, un des livres les plus marquants du XXe siècle, il est avant tout poète. Mais c'est aussi un romancier de talent (du Bon Apôtre aux Dernières Nuits de Paris), et un critique prolifique, inclassable. Editeur, journaliste à Paris-Soir et à L'Excelsior, directeur de Radio-Tunis, producteur à Radio-France, sa vie professionnelle est variée et passionnante, marquée par de nombreux voyages, de multiples rencontres. Proche de la résistance gaulliste, il connaît les geôles vichystes à Tunis. Considéré comme l'un des plus authentiques écrivains de la littérature française, on le retrouve en 1944 professeur dans une université chic de la côte Est des Etats-Unis. Sa vie, retracée ici à travers son oeuvre et de très nombreux inédits, suit les soubresauts littéraires et politiques du siècle, du mouvement dada aux errances du surréalisme, de la montée du nazisme en Allemagne à la dictature du gouvernement de Vichy, de la création de l'URSS à la décolonisation. De Paris à Mexico, de Tunis à New York en passant par Berlin, Prague et Rio de Janeiro, c'est une longue vie pleine de poèmes et de traversées, cherchant sans cesse un difficile équilibre entre l'écriture, les amitiés et les amours.

04/2010

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Histoire de France

LOUIS-PHILIPPE

Humilié, comme tous ceux de sa lignée, par les Bourbons, critiqué, puis menacé durant la Révolution, éternel candidat au moindre trône vacant d'Europe, opportuniste ou passant pour tel (il fut quasi jacobin dans sa jeunesse et finit sa vie en monarque autoritaire chassé par une émeute), moqué par ses adversaires politiques des deux bords au cours de son règne, Louis-Philippe a laissé dans la mémoire des Français une image ambiguë et contradictoire. Par surcroît, ce n'est que depuis peu de temps que sont accessibles aux historiens les archives permettant d'éclairer sa figure de façon définitive. Guy Antonetti est le premier d'entre eux. Qui était donc le dernier roi sous lequel les Français ont accepté de vivre ? Faudrait-il, comme on le fait souvent des personnages mal connus, le statufier, le créditer d'avoir fait avancer la démocratie libéra-le et d'avoir donné au pays près de vingt ans de stabilité ? Certes non. Si son règne ne fut pas le désastre que l'on a dit et si nombre de ré-formes positives portent son empreinte propre, il est clair que Louis-Philippe a échoué. La monarchie issue des Trois Glorieuses était à ses yeux d'une perfection indépassable. Il était convaincu que le choix fait alors - le "juste milieu" entre l'absolutisme de l'Ancien Régime et l'anarchie jacobine , garanti par la charte 1814 révisée, était le seul possible. Il se prenait pour un homme de son temps, alors qu'il n'était au fond qu'une figure éminente de cette aristocratie éclairée du xviiie siècle qui se rallia au tiers état en juin 89 en rêvant de transformer la monarchie en une royauté constitutionnelle on connaît la suite. Rejetant la leçon, Louis-Philippe ne sut pas évoluer, en depit d'une in-telligence et d'un courage évidents. La même insurrection qui l'avait mis sur le trône en juillet 1830 le balaya en quelques jours en février 1848. Né en 1773, il prolonge, au siècle de la vapeur, l'époque des Lumières. N'a-t-il pas, enfant, croisé Voltaire, lequel avait vingt ans en 1715 et n'a-t-il pas dîné avec Robespierre et avec Washington, mais son père n'a-t-il pas été l'homme le plus riche du royaume, et n'était-il pas lui-même quatre fois l'arrière-petit-fils de Louis XIV ? Louis-Philippe a voulu être roi, un vrai roi, un grand roi. Il a seulement oublié que la France ne voulait plus de roi du tout, ni petit ni grand. Professeur à l'université de Paris II, Guy Antonetti, agrégé de droit, est historien du droit, spécialiste des questions financières et économiques.

10/1994

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Cinéma

Philippe Torreton

Pour beaucoup, les histoires sont écrites. Plus rares sont ceux qui réinventent leur destin. Philippe Torreton est de ceux-là. L'enfant né au milieu des années soixante à Rouen, d'une mère institutrice et d'un père employé d'une station-service, est un jour devenu le grand comédien que nous connaissons. Au cours de sa jeunesse, le collégien se montre plutôt timide, réservé. L'inscrire à un stage de théâtre organisé par son établissement scolaire l'aiderait peut-être à se désinhiber... L'expérience se révèle déterminante, une ferveur dévorante s'empare de l'adolescent, ne le quittera plus. Cet ouvrage est agrémenté d'entretiens exclusifs, le comédien se livre en toute simplicité et dévoile comment le gamin qui n'osait envisager une carrière artistique, s'est retrouvé littéralement happé par le souffle de la passion puis propulsé dans la spirale d'une irrésistible ascension. En 1987, Philippe Torreton passe le concours d'entrée du Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Il va fréquenter les classes de Catherine Hiegel et Daniel Mesguich. En 1990, il entre à la Comédie Française comme pensionnaire. Il en devient sociétaire en 1994. Mais comment retracer les débuts de la carrière de l'acteur normand sans évoquer sa rencontre avec Bertrand Tavernier ? Cette collaboration avec l'immense metteur en scène contribuera à la naissance de sa carrière cinématographique. Philippe Torreton recevra le César du meilleur acteur pour son rôle dans Capitaine Conan en 1997. Quand on demande au comédien quelles sont les personnalités qui l'ont le plus marqué, il hésite, elles sont si nombreuses ! Après une brève réflexion, le quinquagénaire confie : " Je pense à Bob Villette de la Compagnie errante, à mes professeurs au Conservatoire puis au Français. A Daniel Mesguich mais aussi à Antoine Vitez qui m'a engagé à la Comédie Française. A Bertrand Tavernier pour le cinéma et sans doute à Jeanne Moreau, Claude Rich et Jean-Claude Brialy pour les acteurs... " Philippe Torreton porte un regard sur son époque mais se confie également sur ses hobbies, ses projets, ses espoirs... Un artiste dont le talent n'a d'égal que l'humilité. Un homme capable de relever tous les défis, celui de passer du rôle de Cyrano à celui de Napoléon, de Robert III d'Artois dans les Rois maudits à celui d'Hamlet de Shakespeare, un comédien sans frontières qui n'a pas fini de nous étonner !

02/2019

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Histoire internationale

Philippe II

Philippe II incarne l'Espagne au faîte de sa puissance. Son père Charles Quint lui a légué les royaumes de Castille et d'Aragon, une grande partie de l'Italie, la Franche-Comté, les Pays-Bas et, au-delà des océans, l'Amérique, source inépuisable de richesses. Pendant cinquante ans, il maintient et accroît cet héritage. Roi Catholique, champion de la Contre-Réforme, il lance à l'assaut du monde ses armées et ses flottes, ne craignant pas de s'attaquer au pape, à la France, à l'Angleterre . Son frère don Juan est victorieux du Turc à Lépante. Le duc d'Albe s'empare du Portugal et Alexandre Farnèse restaure son pouvoir aux Pays-Bas. A ses sujets il impose une loi de fer. L'Inquisition allume ses bûchers. Les morisques sont déportés. Un tribunal de sang est instauré dans les Flandres. La répression s'abat sur l'Aragon. Mais l'heure des revers a sonné. Les éléments déchaînés dispersent l'Invincible Armada, Henri IV chasse à jamais les Espagnols de France. Homme de cabinet, penché nuit et jour sur ses dossiers, Philippe II assume pleinement la responsabilité de sa politique. Jugeant de tout, il n'hésite pas devant des mesures extrêmes, comme l'incarcération de son fils dément, don Carlos. La légende noire s'empare alors de son personnage. Et pourtant la personnalité du roi a bien d'autres facettes. Sa vie privée révèle des aspects attachants. Son humanité s'exprime dans le goût de la nature et l'amour des arts. Son règne qu'illustrent de grands peintres, Titien, Greco, célébré par un Lope de Vega et un Cervantes, inaugure le Siècle d'Or de la civilisation espagnole. Le palais-monastère de l'Escurial, huitième merveille du monde, en est le reflet prestigieux.

12/1996

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Histoire de France

Philippe Henriot

Il se rêvait poète ou écrivain, admirait Flaubert et Anatole France, et chassait les papillons qu'il collectionnait avec passion... Et pourtant, de Philippe Henriot, l'Histoire retiendra qu'il a été le plus ardent et le plus célèbre propagandiste de Vichy, le "Goebbels français", comme l'avaient baptisé les dignitaires nazis. Mais comment devient-on Philippe Henriot ? Comment le catholicisme français peut-il parfois nourrir de tels dévoiements, qui conduisent à la trahison même de son pays ? L'historien Christian Delporte retrace le parcours de celui qui, au faîte de sa carrière, était devenu bien plus que le chroniqueur incontournable de Radio-Paris, tribun insatiable exhortant chaque jour les Français à la soumission devant l'occupant. Dans un livre soigné, qui vient rompre avec les clichés, Christian Delporte retrace le parcours du troisième homme fort de Vichy en s'appuyant sur des archives inédites. Parmi celles-ci, les rapports des RG nuancent considérablement son influence sur ses compatriotes, en particulier auprès des ouvriers et des paysans. Ministre de la Propagande en 1944, Philippe Henriot mena sans répit la "guerre des ondes" contre Radio-Londres, l'antenne française mise à disposition de la Résistance par la BBC, précipitant sa mort sous les balles d'un "commando" ordonné depuis Londres...

01/2018

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Monographies

Philippe Cognée

Philippe Cognée (né en 1957) est un peintre français. C'est l'un des artistes de sa génération reconnu pour avoir donné une nouvelle impulsion nouvelle à la peinture, médium décrié dans le milieu institutionnel français durant les années 80. Il a développé une technique qui lui est propre et qui a pour objectif de créer un effet de ''floutage et amélioration'' de l'image : elle consiste notamment à recouvrir la peinture d'un film plastique sur lequel un fer à repasser chauffe la cire pour la liquéfier, étalant et déformant les formes. Le film plastique, lorsqu'il est décollé, produit à certains endroits des manques dus à l'arrachage de la couche picturale. L'image semble alors piégée sous une surface glacée. Sa technique lui permet de transcender la banalité quotidienne, qui devient mystérieuse en perdant le sujet dans le flou.

03/2023

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Littérature française (poches)

Le nouvel amour

" Il paraît que l'amour n'est pas la grande affaire dans l'existence des hommes, qu'ils ne grandissent pas en pensant qu'il y a devant eux cette chose affolante, ce souci d'être à quelqu'un d'autre où se tient tout le sens possible de leur vie. Il paraît que de telles fables sont l'affaire exclusive des femmes. Que ce sont elles seules qui calculent tout de leur temps en raison de l'amour qui viendra. Je ne sais pas. Il me semble que j'ai toujours pensé que l'amour m'attendait, que j'allais à sa rencontre, et que si par malheur je le manquais, j'aurais tout manqué avec lui. Qu'il n'y avait au fond rien d'autre que cela à attendre de la vie. Rien d'autre, oui, si ce n'est l'amour. Et comme l'écrit un poète, tout le reste m'est feuilles mortes. " Philippe Forest raconte l'étrange effervescence amoureuse qui vient à ceux dont l'existence survit au chagrin, et sonde, avec une rare intégrité et intelligence, la naissance d'un nouvel amour.

01/2009

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Littérature française (poches)

Toute la nuit

" Quand vient le temps de se dire au revoir restent les mots-talismans. A l'un ou à l'autre, Pauline murmure : "Je pense à toi toute la nuit !" Puis, l'un ou l'autre lui répond : "Moi aussi, ma chérie, je pense à toi toute la nuit." Et c'est vrai, la pensée ne disparaît pas quand la conscience s'est assoupie. Elle lui survit et persiste. Au moment d'éteindre la lumière, il s'agit de se promettre encore qu'il n'existera pas de forme d'oubli où puisse s'effacer la présence de qui l'on a vraiment aimé. "Je pense à toi toute la nuit" signifie : la nuit n'est rien de plus que l'un des moments de ma pensée où je te prends (ne crains rien) avec moi. Et si elle dit : "Je pense à toi toute la nuit", j'entends : Aie confiance, aie confiance, aucune nuit n'aura jamais raison de la pensée où tu vis avec moi. "

01/2013

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Littérature française

Le chat de Schrödinger

Attraper un chat noir dans l'obscurité de la nuit est, dit-on, la chose la plus difficile qui soit. Surtout s'il n'y en a pas. Je veux dire : surtout s'il n'y a pas de chat dans la nuit où l'on cherche. Ainsi parle un vieux proverbe chinois à la paternité incertaine. Du Confucius. Paraît-il. J'aurais plutôt pensé à un moine japonais. Ou bien à un humoriste anglais. Ce qui revient à peu près au même. Je crois comprendre ce que cette phrase signifie. Elle dit que la sagesse consiste à ne pas se mettre en quête de chimères. Que rien n'est plus vain que de partir à la chasse aux fantômes. Qu'il est absurde de prétendre capturer de ses mains un chat quand nul ne saurait discerner, même vaguement, sa forme absente dans l'épaisseur de la nuit. Mais Confucius, si c'est de lui qu'il s'agit, ou bien le penseur improbable auquel on a prêté son nom, n'affirme pas que la chose soit impossible. Il dit juste que trouver un chat noir dans la nuit est le comble du difficile. Et que le comble de ce comble est atteint si le chat n'est pas là. J'ouvre les yeux dans le noir de la nuit. Des lignes, des taches, des ombres, le scintillement d'une forme qui fuit. Quelque chose qui remue dans un coin et envoie ses ondes ricocher au loin vers le vide qui vibre.

01/2013

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Beaux arts

Eloge de l'aplomb et autres textes sur l'art et la peinture

"Tout a commencé sur un malentendu", explique Philippe Forest préfaçant ses "textes sur l'art". Allant de Hubert Robert et Hippolyte Flandrin pour le passé, Picasso et Chagall pour le XX ? siècle, jusqu'à Fabrice Hybert et Yayoi Kusama pour le contemporain, ils se trouvent réunis dans l'ouvrage qui paraît aujourd'hui. Comme ses essais sur Raymond Hains ou Araki Nobuyoshi, publiés déjà dans la collection "Art et Artistes" en 2004 et 2008, ils sont nés des chroniques littéraires que le romancier donnait dans le magazine d'art contemporain art press et qui lui ont valu, depuis vingt ans, d'être régulièrement sollicité afin d'écrire également sur un domaine qui, pourtant, a priori, n'était pas le sien. L'art, reconnaît Philippe Forest, appartient d'abord aux artistes et aux historiens de l'art, aux créateurs et aux critiques. "Mais, ajoute-t-il, à côté de celui qu'ils tiennent, un autre discours sur l'art est également possible qui assume explicitement sa dimension subjective et l'ignorance relative sur laquelle il repose". C'est pourquoi Eloge de l'aplomb appartient de plein droit à l'oeuvre littéraire de Philippe Forest, à l'intérieur de laquelle ce nouveau livre entre en résonance avec tous les autres.

11/2020

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Histoire de France

Napoléon. La fin et le commencement

Napoléon comparait sa vie à un roman. Il en fut le héros et l'auteur. Seul ce roman nous reste. Depuis deux siècles, il continue à s'écrire sans lui. Et avec lui se perpétue ce "songe immense mais rapide comme la nuit désordonnée qui l'avait enfanté" dont parlent les Mémoires d'outre-tombe. Chateaubriand dit de Napoléon : "Il n'a pas fait la France, la France l'a fait". Mais peut-être la France, au fond, Napoléon l'a-t-il faite par sa défaite autant que par ses victoires. Car, outre des institutions et des lois qui existent toujours, le vide qu'il laisse a duré plus longtemps que le monument qu'il avait édifié et dont ne nous demeurent que des vestiges et des symboles". Le soleil qui s'était levé à Austerlitz, écrit Hugo, se couche sur Waterloo". Avec le romancier des Misérables, les plus grands écrivains du passé sont venus visiter la légende obscure et éclatante sous la forme de laquelle, pour notre présent, cette histoire reste encore vivante. Philippe Forest interroge l'aventure de cet homme, et de la France qu'il a faite, au miroir littéraire de l'épopée dont il nous a légué l'impérissable souvenir.

11/2020

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Sociologie

L'université en première ligne. A l'heure de la dictature numérique

L'Université se retrouve en première ligne du front numérique. En ouvrant la voie à une adoption plus large du "distancie)" dans l'enseignement supérieur, la crise pandémique va accentuer les évolutions profondes déjà engagées dans les apprentissages universitaires et leurs évaluations. Elle met au jour sa vulnérabilité aggravée à l'emprise toujours plus forte des logiques managériales sur un lieu dont la vocation critique consiste pourtant à les tenir à bonne distance. Car le numérique n'est pas une forme vide ; il porte en soi certaines manières de faire et de dire auxquelles, précisément, l'Université ne saurait sans résistance se plier, au nom d'un enseignement libre, incarné et divers — et par là aussi, de son temps. Il y a urgence à agir.

09/2020

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Littérature française

Je reste roi de mes chagrins

Le roman ressemble au théâtre puisqu'ils sont tous les deux pareils à la vie. Le monde entier est une scène, dit Shakespeare, et nous y sommes tous des acteurs. Depuis la nuit des temps, tous les soirs, les mêmes fables se répètent pour le plaisir du public. A tour de rôle, on reconnaît la sienne en n'importe laquelle des histoires qui se jouent sous nos yeux. La morale, amère, en est toujours la même : dépossédé enfin de tout ce qui fut à lui, chacun, au bout du compte, règne seulement sur les chagrins qui lui restent et dont il ne garde que le souvenir, dont il ne conserve que le secret. Mais lorsque les acteurs, sous les sifflets ou sous les applaudissements, se préparent à regagner leurs loges, une image persiste que tout homme peut peindre, s'il le souhaite, lui donnant par exemple l'apparence de cet étang où, parmi les fantômes qui flottent à la surface, il aperçoit les flèches de feu de quelques poissons d'or brillant dans la lumière qui baisse. Les trois coups retentissent. Le silence se fait dans la salle. Le rideau se lève. La scène se situe en Angleterre. L'action se déroule vers le milieu du vieux XXe siècle. Un homme, le plus célèbre des Premiers ministres du Royaume-Uni, pose pour un autre qui le peint. On n'en dira pas plus pour l'instant. Drame ou comédie, le spectacle peut maintenant commencer, qui raconte à chacun le récit de ce qui fit sa vie.

08/2019

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Littérature française

Le siècle des nuages

" Ils descendaient depuis l'azur, laissant vers le bas grossir la forme de leur fuselage, traçant doucement leur trait au travers des nuages. Le vrombissement des quatre moteurs, juchés sur le sommet des ailes, enflait, vibrant dans le vide, résonnant jusqu'à terre. Leur ventre touchait enfin la surface de l'eau, projetant à droite et à gauche un panache puissant qui retombait en écume, bousculant tout avec des remous épais qui dérangeaient les barques amarrées et remontaient haut sur le bord des berges. C'était l'été sans doute. Les vacances étaient déjà commencées. Il avait couché son vélo dans l'herbe toute brûlée par la chaleur du soleil. Peut-être attendait-il allongé sur le sol ou bien se tenait-il assis sur un ponton, les jambes se balançant au-dessus du courant très lent. A perte de vue, le grand ciel bleu du beau temps recouvrait le monde. II regardait descendre vers lui le signe en forme de croix de la carlingue et des ailes. Lorsque l'avion heurtait l'eau, le choc le ralentissait net. Forant dans le fleuve une tranchée immatérielle, il creusait son sillage entre les rives, rebondissant formidablement d'avant en arrière, basculant sur l'un et puis l'autre de ses flancs, oscillant sur ses deux flotteurs jusqu'à ce qu'il s'arrête enfin : rond avec son ventre vaste comme celui d'une baleine, inexplicable parmi les péniches et les navires de plaisance, immobile comme un paquebot étrange mouillant au beau milieu des terres ".

08/2010

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Littérature française (poches)

Sarinagara

Sarinagara signifie cependant. Ce mot est le dernier d'un des plus célèbres poèmes de la littérature japonaise. Lorsqu'il l'écrit, Kobayashi Issa vient de perdre son unique enfant: oui, tout est néant, dit-il. Mais, mystérieusement, Issa ajoute à son poème ce dernier mot dont il laisse la signification suspendue dans le vide. Cette énigme est l'objet du roman, convergence de trois histoires: celles de Kobayashi Issa, le dernier des grands maîtres dans l'art du haïku, de Natsume Sôseki, l'inventeur du roman japonais moderne, et de Yamahata Yosuke, qui fut le premier à photographier les victimes et les ruines de Nagasaki. Ces trois vies rêvées forment la matière du roman qui interroge à son tour la manière dont un individu peut parfois espérer survivre à l'épreuve de la vérité la plus déchirante. Entraînant avec lui le lecteur de Paris à Kyôto puis de Tôkyô à Kôbe, lui faisant traverser le temps de l'existence et celui de l'Histoire, Philippe Forest reconduit le rêveur vers le lieu, singulièrement situé de l'autre côté de la terre, où se tient son souvenir le plus ancien: là où l'oubli abrite étrangement en lui la mémoire vivante du désir.

04/2006

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Littérature française

Une fatalité de bonheur

«Je prends au hasard vingt-six mots plus ou moins présents dans la poésie de Rimbaud de sorte, cependant, que leurs initiales correspondent aux vingt-six lettres de l’alphabet. Je regarde les phrases ou les vers d’où ils viennent et que je considère comme leur glose. J’en fais un texte où je les interprète comme s’ils me concernaient. Le miracle est que l’oracle dit vrai. La série des commentaires s’arrange en une sorte de roman où je retrouve celui de ma vie». P F De Deuil à Enfant, de Kallipyge à Moderne, en passant par Néant, Oracle, Vertige ou encore Zanzibar, Philippe Forest propose, en vingt-six mots empruntés à l’oeuvre rimbaldienne, une lecture de sa vie. Dans l’ombre bienveillante du poète, l’auteur se révèle tout entier et déploie d’entrée en entrée sa pensée. Il livre ainsi un portrait à la fois original et virtuose.

03/2016

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Littérature française

Tous les enfants sauf un

Dix ans après, Philippe Forest revient sur l'événement qui fut à l'origine de son premier roman, L'enfant éternel. Le récit d'hier est devenu un essai. Que peuvent signifier dans notre monde aujourd'hui la maladie et la mort d'un enfant ? Le chagrin provoqué par la perte, l'effarement devant la vérité crue et la révolte exigent d'être pensés sans répit. Les mythologies mensongères, le prétendu " travail de deuil ", le recours à la religion et à tous ses substituts, la sentimentalité carnassière avec laquelle la société considère la souffrance des enfants forment les questions de fond soulevées dans ce livre. " Tous les enfants, sauf un, grandissent ", écrivait James Barrie au début de son Peter Pan. Le premier roman de Philippe Forest citait cette phrase qui donne son titre à l'essai qu'on va lire, car la mort d'une enfant constitue en soi une exception à la règle de la vie.

01/2007

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Beaux arts

Raymond Hains, uns romans

De Raymond Hains, n'importe quel dictionnaire contemporain vous apprendra (et cela ne vous avancera guère) qu'il compte au nombre des artistes français les plus singuliers du siècle tout juste passé et que la formidable longévité de son talent lui permet de prétendre inscrire son nom aux annales nouvelles du siècle qui vient juste de commencer. Le même dictionnaire (ou un autre) vous dira comment, né à Saint-Brieuc en 1926, Hains développe depuis maintenant près de soixante ans une œuvre unique qui se décline en expositions étranges aux quatre coins du pays et aux deux bouts de la planète. Et si la mémoire paresseuse des encyclopédies retient surtout de lui qu'il fut associé aux grands jours du Nouveau Réalisme, qu'on lui doit de célèbres affiches arrachées renouvelant en leur temps (les années cinquante et soixante) la déjà vieille invention du ready-made, l'essentiel, comme toujours, est probablement ailleurs : dans un long travail déguisé sous les apparences légères d'un jeu et portant sur la texture analogique du monde, travail commencé du côté de la photographie, poursuivi dans la compagnie des peintres et des plasticiens, se développant enfin selon la singularité insolite d'une démarche tellement libre et parfois incongrue qu'elle conduit à reconsidérer - en toute ironie mais avec le plus grand sérieux - le statut et la signification de l'objet d'art au temps de sa reproduction, au temps de sa dissolution. (Philippe Forest)

04/2004

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Beaux arts

Araki enfin. L'homme qui ne vécut que pour aimer

Né en 1940 à Tokyo, Araki Nobuyoshi est désormais universellement reconnu comme l'un des tout premiers artistes du Japon contemporain, comme l'un des principaux photographes d'aujourd'hui. Le secret du succès planétaire d'Araki n'est pas bien difficile à trouver. Il tient à la formule à laquelle on réduit le plus souvent son oeuvre en ne retenant d'elle que sa capacité à manufacturer de séduisantes images qui satisfont le désir un peu stéréotypé de l'Occident attendant d'un artiste japonais un certain mélange attendu d'érotisme et d'exotisme, de modernité et de tradition. Mais, lorsqu'il atteint de telles proportions, le succès n'est-il pas toujours au prix du contresens, du malentendu ? Araki a fait lui-même de sa vie une légende. Selon la formule singulière du "watakushi-shôsetsu" (le "roman du Je" japonais), son oeuvre de développe à la façon d'un formidable récit personnel où la prolifération des photographies prises, tout en réfléchissant le monde dans le contexte des fantastiques mutations connues par le Japon contemporain, se rapporte à l'insistante confrontation d'un individu avec une expérience de la perte et de la possession amoureuses dont l'image, iincessamment déclinée, du nu féminin devient l'emblème. Une fiction s'inscrit ainsi chez l'artiste japonais. Afin d'interroger la vérité qu'elle contient, "Araki enfin" se donne comme la fiction de cette fiction.

09/2008

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Littérature française (poches)

L'enfant éternel

"J'ai fait de ma fille un être de papier. J'ai tous les soirs transformé mon bureau en théâtre d'encre où se jouaient encore ses aventures inventées. Le point final est posé. J'ai rangé le livre avec les autres. Les mots ne sont plus d'aucun secours. Je fais ce rêve. Au matin, elle m'appelle de sa voix gaie au réveil. Je monte jusqu'à sa chambre. Elle est faible et souriante. Nous disons quelques mots ordinaires. Elle ne peut plus descendre seule l'escalier. je la prends dans mes bras. je soulève son corps infiniment léger. Sa main gauche s'accroche à mon épaule, elle glisse autour de moi son bras droit et dans le creux de mon cou je sens la présence tendre de sa tête nue. Me tenant à la rampe, la portant, je l'emmène avec moi. Et une fois encore, vers la vie, nous descendons les marches raides de l'escalier de bois rouge."

10/1998

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Littérature française (poches)

Crue

Marqué par un deuil déjà ancien, un homme décide de revenir dans la ville où il est né et où il a autrefois vécu. Tout a changé. Pourtant, petit à petit, les mêmes fantômes fidèles s'en retournent vers lui sous les apparences étranges et familières qu'ils ont désormais revêtues. Dans le quartier où il s'est installé, de grands travaux sont en cours. Les immeubles en passe d'être démolis voisinent avec les constructions nouvelles. Autour de l'homme qui raconte son histoire, les signes se multiplient. La demeure où il a élu domicile lui semble comme une maison hantée perdue au beau milieu d'un vaste terrain vague. Il y fait la connaissance d'une femme et d'un homme dont il finit par s'imaginer qu'ils détiennent peut-être la clef du mystère qui les entoure. Le roman vécu se transforme alors en une fable fantastique dévoilant le vide où s'en vient verser toute vie et qui en révèle la vérité.

01/2018

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Critique littéraire

Aragon

Aragon s'est beaucoup raconté, en prose et en vers ; il n'a cessé d'appliquer avec virtuosité le principe du "mentir vrai" à sa vie riche déjà de tant d'énigmes et de paradoxes : enfant illégitime à qui le secret de ses origines fut longtemps caché ; antimilitariste décoré de la Grande Guerre puis médaillé de la Résistance ; dandy dadaïste devenu militant discipliné du parti de Staline et de Thorez ; poète surréaliste converti au réalisme socialiste ; homme à femmes - et quelles femmes ! - métamorphosé en chantre de l'amour conjugal, avant de découvrir sur le tard le goût des garçons... Tous ces personnages différents n'en font qu'un seul dont l'itinéraire littéraire, intellectuel et politique transcrit le génie et le chaos du siècle. Philippe Forest recompose à nouveaux frais le roman somptueux de cette longue existence, avec ses chapitres glorieux et ses pages lugubres. Il révèle le jeu de miroirs par lequel se réfléchissent l'oeuvre et la vie d'un écrivain surdoué à qui aucune des formes de la littérature n'était étrangère. Et si cette oeuvre continue à nous toucher, alors que cette vie n'en finit pas de nous déconcerter, c'est qu'elle possède une jeunesse, une insolence, une énergie sur lesquelles le temps n'a guère eu de prise. Aragon a été aimé autant que haï, admiré autant que décrié, à la fois pour de bonnes et de mauvaises raisons. Il ne s'agit dans ces pages ni de l'acquitter ni de le condamner, mais d'en revenir au mystère même de celui dont on a pu dire qu'il avait été sans doute "le dernier des géants de notre temps".

09/2015

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Sociologie politique

Déconstruire, reconstruire. La querelle du woke

Depuis peu, les militants de la cause woke défrayent la chronique en raison des actions qu'ils mènent dans les universités pour y interdire toute forme de pensée considérée comme attentatoire aux principes qu'ils défendent. Dans les débats en cours, un point essentiel est passé inaperçu. Avocats et adversaires du wokisme partagent un même mot d'ordre. Il faut, affirment-ils tous, "reconstruire" après avoir "déconstruit". Le projet est le même auquel étrangement souscrivent deux camps que, pourtant, tout distingue. En ce sens, le wokisme et l'antiwokisme se caractérisent pareillement par leur opposition à l'idée de déconstruction. Encore faudrait-il savoir ce que le mot signifie et se donner ainsi une chance de comprendre l'étrange "reconstructionnisme" qui prévaut aujourd'hui et dont la logique conduit fatalement à l'affrontement de deux identitarismes adverses. Car il importe moins, contre l'opinion unanime, de reconstruire enfin ce qui avait été hier déconstruit que de déconstruire encore ce qui prétend se reconstruire aujourd'hui. Selon une leçon que la littérature nous prodigue aussi, essentiellement réfractaire au diktat et aux simplifications d'un certain discours militant.

03/2023

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Critique

Rien n'est dit. Moderne après tout

L'époque voudrait nous convaincre que la modernité, c'est fini. Qu'il faut en revenir aux canons, et au bon vieux récit, celui qui plaît, celui qui enchante le public. Comme si rien ne s'était passé, précisément, avec ces avant-gardes dont on ne peut pourtant contester qu'elles ont animé le XXe siècle. Revenant sur l'histoire de la modernité et sur les définitions qui en ont été données, Philippe Forest analyse la façon dont, ces trois dernières décennies, l'idée s'est imposée d'une littérature ayant à se réconcilier avec elle-même afin de se réconcilier avec le monde. Sous couvert d'un plaisir de lecture qui aurait été malmené par des expériences formalistes ou autres, on serait désormais invité à la répétition du même, puisque tout aurait été dit, et excellemment dit. Et si, au contraire, tout restait à dire, sans cesse ? A contre-courant du bruit journalistique et de l'académisme ambiant, l'auteur nous invite à questionner les conditions de possibilité d'une parole littéraire qui ne renonce pas à l'exigence moderne. Ce questionnement concerne davantage que le strict champ de l'esthétique et emporte avec lui toutes sortes de conséquences - notamment une conception de la culture devenue une chose inessentielle et presque dérisoire.

04/2023